Les enseignements du déconfinement
Au sortir de ce confinement global des Français (et de près d’1 / 3 de l’humanité), de nombreux enseignements sont à tirer. Quel est le rôle des politiques libérales dans la décision de ce confinement général de l’économie ? Macron a reconnu quelques ratés dans la gestion de cette crise sanitaire, d’ordre structurel selon lui. Sa stratégie est-elle la bonne ? Quelles ont été les erreurs commises ? Quelles seront les conséquences pour l’économie française ? Macron va-t-il réellement changer de paradigme dans sa gestion des politiques publiques hexagonales ?
Tel qu’il est pratiqué, ce type de confinement généralisé prouverait son inefficacité (relative), selon certains experts. Mais les précédents historiques sont faibles. Outre des mesures locales, c’est inédit en France. Sous Louis XV, pour endiguer la peste de Marseille en 1722 (ayant emporté 1 / 3 de la population de la ville), la cité phocéenne a été mise en quarantaine pendant plusieurs mois. Durant la période contemporaine, face à une épidémie de variole en 1954-55 sévissant dans le Morbihan (la dernière du genre en France), rapportée d’d'Indochine par un appelé, des quarantaines hospitalières ont été mises en place dans le département, jusqu’en avril 1955. Mais c’était circonscrit et local. Par ailleurs, en procédant de la sorte, on joue dans la durée. D’autant plus que le coronivarus ou Covid-19 n’en est peut-être qu’à sa première vague pandémique (la grippe espagnole en ayant connu trois). Il apparaît que ce sont les consignes sanitaires, mais surtout les progrès scientifiques qui sont venus à bout des maladies contagieuses, par le passé. Dans l’histoire, les épidémies et pandémies ont été régulières. Au XXe siècle passé, il y a eu trois pandémies sans aucun confinement décidé : la grippe espagnole (25 – 50 millions, voire 100 millions de morts), la grippe asiatique de 1957 (2 millions de morts) et la grippe de Hong-Kong en 1968 (4 millions de morts).
Les pandémies ont été régulières (depuis le néolithique), mais aussi les catastrophes dites naturelles ou accidentelles. Les conséquences politiques furent souvent sérieuses (comme peut-être pour le PC chinois, l’UE et les gouvernements en place aujourd’hui). En 430 av. J-C., la peste d’Athènes emporta la moitié de la population et marqua le début du déclin de la cité, selon les historiens. La peste antonine (entre 165 et 190) fit près de 10 millions de morts, diminuant considérablement la population romaine et contribua au déclin de l’Empire romain d’Occident. La grippe espagnole de 1918-19 a fait 2,3 millions de morts en Europe (dont près de 400 000 en France), près de 650 000 aux Etats-Unis. Mais c’est dans les pays du Tiers Monde qu’elle a le plus tué (18 millions de morts en Inde, préparant très certainement les esprits à l’indépendance). Gorbatchev estime dans ses mémoires que la gestion de la catastrophe nucléaire de Tchernobyl (en 1986) par les autorités soviétiques était l’une des causes de la dislocation de l’URSS, survenue cinq ans plus tard (en 1991). Les conséquences économiques sont toujours sérieuses comme aujourd’hui, surtout par les effets du confinement.
Les politiques ont dédramatisé la situation au début, s’affichant en public, comme Macron le 9 mars, avant de décider le confinement au dernier moment quelques jours plus tard. C’est une épreuve psychique imposée, pas si anodine pour l’économie, ayant été privé de notre liberté individuelle par le gouvernement durant deux mois, surtout par son manque de prévoyance, le confinement étant une mesure de dernier recours. La mauvaise gestion de la crise constituera un précédent, car le confinement moderne est moléculaire. C’est cette méthode que nous devrions nous efforcer d’appliquer en cas de 2e vague. Mais encore faudrait-il pour cela en disposer des moyens matériels et intellectuels. Notre société et notre économie ouverte, ultra libérale et sans frontriériste (véhiculée par l’UE) a laissé se délocaliser les productions (masques, etc). Notre dernier fabricant de masques français, situé dans les Côtes- d’Armor et produisant 200 millions de masques par an, a été racheté par le groupe américain Honeywell qui a délocalisé la production en Tunisie, en septembre 2018. Les solutions palliatives sont chronophages dans leur application. Par ailleurs, des erreurs ont été commises par les pouvoirs publics.
L’Alsace n’a pas été placée en quarantaine, en février, en tant que foyer principal, pour confiner les malades jusqu’à leur guérison. Macron n’a pas voulu fermer les frontières, au début de la pandémie, pour protéger le marché européen. Il a cherché à respecter les protocoles de l’UE, très lourds et lents, avant de passer les appels d’offres de masques. Les victimes de la pandémie (26 000 en France, soit approximativement le nombre de décès annuels imputés aux grippes A, B, C et D) sont avant tout des morts de l’économie et de la société ouverte. L’idée européenne (confédérale) s’avère mortelle et fatale pour les Français depuis 1992. Macron cherche ainsi à faire croire qu’il était en avance. Mais ce qui n’est que de la communication politique, stratégique au coeur de nos décisions publiques depuis longtemps, pointant la faillite intellectuelle de nos élites. A ce titre, cette pandémie est révélatrice du déclin français.
Dans le contexte actuel, la France ne dispose plus de sa souveraineté et ne peut mener aucune politique publique d’envergure. C’est le grand bal des hypocrites dans les médias, les « eurobéats » nous promettant hausse des salaires et relocalisations, alors que l’UE par son mode de fonctionnement ne le permet pas. Dans une autre approche exemplaire, le rapprochement esquissé entre Siemens et Alstom (en vue de la création d’un Airbus européen du ferroviaire) a été retoqué par l’autorité de la concurrence européenne, étant pourtant la seule solution pour peser face au géant américain General Electric et aux concurrents chinois émergents dans le secteur. Aucun patriotisme européen n’est favorisé par l’UE, à l’heure actuelle. Mais personne n’est dupe et personne n’y croit. Il s’avère probable que l’Etat soit provisoirement obligé de monter au capital de certaines grandes entreprises (notamment Air France), pour éviter des faillites en cascade.
Comme le titrait Marianne, « Macron est covidé de sa substance. Qu’a-t-il encore à nous vendre ? ». Avant tout, nous manquions de moyens depuis le début face à cette grippe à la mortalité et à la viralité relative. Tel l’analysait récemment l’historien Arnaud Teyssier dans Le Figaro, la pratique administrative a été subvertie par une insupportable doxa. Le coronivarus a révélé la désorganisation de l’Etat en France, coexistant paradoxalement avec des dépenses publiques très élevées. Certains y voient l’impuissance de l’Etat, d’autres au contraire, celle de son utilité, en étant arrivé à un point « où ce sont les faits qui gouvernent ». Pour citer Arnaud Teyssier la « pandémie met crûment en évidence la fragilité de notre système de santé publique ». Sa réputation reste entière, mais il connaît depuis des années une crise profonde de moyens. Mais aussi existentielle, le malaise des personnels soignants et le départ de nombreux praticiens en sont les symptômes criants.
Ce confinement a infantilisé les Français durant deux mois, les contraignant à circuler avec une attestation, en vue d’un contrôle de police, sous peine de contravention. Ce virus aurait pu être combattu différemment à l’image des politiques de confinement partiel ou moléculaire adoptés par différents pays (la Finlande, l’Allemagne dans certains länders, la Suède ou la Corée du sud), bien qu’il n’y ait cependant pas d’exemples parfaits. En comparaison le nombre de victimes du Covid-19 par habitant est identique à celui de la France en Suède (sans confinement), mais il en ne va pas de même du nombre de lits d’hôpitaux et du personnel hospitalier par habitant (largement supérieur au nôtre) et cela sans les impacts économiques. Il est difficile de prévoir les aléas de toute crise sanitaire, personne n’ayant pu prédire les développements de cette pandémie à ses débuts (fin 2019), on peut naturellement l’accorder. Mais gouverner, c’est aussi prévoir. Face au développement pandémique et au manque de moyens pour y faire face, les autorités publiques n’ont pas eu d’autres choix que de mettre en place le confinement, mais parce qu’elles y étaient contraintes.
Le président a également voulu protéger ses équipes de conflits d’intérêts nuisant à la macronie actuellement. La tenue du 1er tour des municipales (à forte mobilisation des personnes âgées) était un choix politique, d’autres erreurs ayant été commises (dont la non-mobilisation des 10 000 lits de cliniques privées, la mobilisation des ARS au détriment des médecins, la non-expérimentation de la chloroquine, parmi d’autres traitements…). Le confinement (décidé à la mi mars) est aussi politique, visant à effectuer l’union sacrée autour de la peur et à éviter la saturation des urgences. Car depuis les années 1980, 13 % des lits ont été supprimés (soit moins de places aujourd’hui qu’en 1995, alors que nous sommes 8 millions d’habitants en plus), tel le rapporte Fanny Vincent (100 000 lits supprimés en 20 ans) et cela alors que la France a le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé en Europe. La loi oblige chaque département à avoir trois hôpitaux, mais la réforme est mal appliquée (par des technocrates, au lieu de consulter et d’y associer des spécialistes). Ainsi dans l’Orne, on compte sept petits hôpitaux sans service d’urgence.
Ces réformes néo-libérales ont contribué à un sous-financement de l’hôpital au regard de ses missions et des réponses nécessaires aux besoins de santé de la population. Les conditions de travail des personnels ont été dramatiquement diminué. Nous vivons « l’un des plus importants mouvement social de l’histoire de l’hôpital public », ralenti par les effets de la crise sanitaire et du confinement. Les problèmes conjoncturels n’ont continué à être lu qu’en termes de manque d’organisation. Les patients le payent aujourd’hui au travers cette pandémie, dans la désorganisation des urgences, les soignants étant appelés à effectuer toujours plus d’heures supplémentaires, alors qu’ils sont déjà à bout. Le système manque de moyens et est de plus en plus inégalitaire et ce n’est que le début, d’un point de vue économique, territorial ou social. C’est pour cette raison, que les responsables du secteur sont restés incrédules devant les contradictions du discours de Macron et le résultat pratique de ses politiques.
Face à la « crise sanitaire la plus grave que la France ait connue depuis un siècle », Emmanuel Macron a fait l’éloge de l’Etat providence, le 12 mars, disant sans ciller « la santé gratuite, quels que soient les revenus, la carrière ou la profession, notre Etat providence, ne sont pas des coûts ou des charges, mais notre précieux atout (…) lorsque notre destin est attaqué ». Ce discours ne correspond en rien à sa pratique de la gouvernabilité, de nombreux hôpitaux continuant d’être fermés et les ressources pour la recherche scientifique d’être réduites. Il est difficile de croire à un vrai changement de paradigme pour l’avenir. Bien qu’il déclare que cette pandémie révèle que des biens et services doivent être placés en dehors des lois du marché et que la santé n’a pas de prix. Car cela impliquerait une profonde rupture idéologique avec les réformes néolibérales menées jusqu’alors.
Macron n’a fait montre d’aucune volonté d’extraire la santé des lois du marché. Mais ce qui est intéressant, c’est d’observer comment ces moments de crise semblent révéler pour les gouvernements l’importance de disposer de services publics forts et efficaces, financés. Depuis plus d’un an, médecins, infirmières, chercheurs se mobilisent pour protester contre la politique néolibérale du gouvernement Macron et dénoncent la dégradation des hôpitaux publics ! Il y a quelques mois, les chefs de services hospitaliers ont démissionné pour protester contre les réformes néo libérales du gouvernement Macron, contre le manque de moyens. Les infirmières françaises sont moins bien payées que les Allemandes (3 533 € contre 4 491 € en Allemagne, soit un salaire inférieur de 21 % en terme de parité de pouvoir d’achat). Bien qu’ayant vanté les vertus de l’Etat – providence dans son récent discours, on voit mal le chef de l’Etat mener une rupture idéologique avec les réformes menées jusqu’alors.
Sa seule marge de manoeuvre est de changer d’équipe gouvernementale, soit toujours de la communication, utilisant Edouard Philippe comme un fusible (à l’image de tous les chefs de gouvernement de la Ve République), sur fond d’impopularité record (65 % d’opinions défavorables), après les affaires Benalla et Griveaux. Les dirigeants européens, Macron en tête, n’ont plus la mentalité étatique, mais ce type de problème se résolvant au niveau étatique. Les élites politiques européistes ne gouvernent plus, car elles ont cédé l’essentiel de leurs prérogatives à l’UE, certains Etats s’en tirant légèrement mieux (Allemagne, Finlande…), car ayant moins coupé cependant dans leurs dépenses publiques de santé et moins délocalisé leurs productions de masques et infrastructures pharmaceutico-industrielles. Il s’agit de contrôler et contrer un virus, mais le fonctionnement de l’UE ne facilite pas toujours les choses, car ultra libérale et sans frontiériste. Ce qui a conduit aux délocalisations, les pays européens n’ayant parfois plus les outils industriels pour réagir (gels, masques), l’exemple le plus flagrant étant celui de la France.
Un virus n’a pas de frontières, mais il est véhiculé par un porteur qui s’arrête à la frontière avec un passeport. L’espace Schengen doit être supprimé, non pas pour rendre les frontières entièrement étanches et hermétiquement closes, mais pour rétablir un contrôle mesuré, leur rôle de filtrage étant prouvé. Le rôle de l’aviation est à souligner dans la propagation du virus. Après la crise bancaire de 2008, la crise migratoire de 2015, la crise sanitaire actuelle est un clou supplémentaire planté dans le cercueil de l’UE. Un ennemi redoutable nous désarçonne n’ayant plus les instruments intellectuels pour y faire face, alors que nous avons des précédents en matière de gestion des épidémies. En tant qu’idéologie, le néolibéralisme considère la concurrence comme la principale caractéristique des relations humaines. Cette idéologie supprime la notion de devoir collectif et de valeurs communes, en pariant sur l’individualisme, affirmant la suprématie de l’économie et du marché sur les valeurs humaines, valorisant l’intérêt égoïste prévalant face à la solidarité.
L’angoisse du futur se nourrit aujourd’hui des vrais problèmes ressentis, le chômage et la précarité du travail en augmentation, la baisse du pouvoir d’achat, l’effondrement de l’ascension sociale, la retraite qui va vers la capitalisation, le manque de logements pour les couches sociales les plus populaires et tous les autres problèmes causés par la mondialisation inclusive. Il faut le retour à l’emploi et à l’indépendance nationale. Le système économique néolibéral et son idéologie ne peuvent plus être viables, car présentant un grand risque de déstabilisation de notre société. Cette crise démontre la vulnérabilité d’un système où 20 % de la production industrielle dépend de la Chine, tel l’analyse Daniel Cohen, chef du département économique de Normal Sup. Libre et affranchi de tout patriotisme économique, notre système engendre la destruction des industries locales, chômage de masse causé par la déindustrialisation, allant jusqu’à omettre le passé politique de la Chine communiste, pourtant exemple de capitalisme d’Etat pragmatique et assumé.
Le patriotisme économique consiste à entreprendre en suivant les principes de souveraineté, de sécurité et d’indépendance nationale, redécouverts aujourd’hui à l’occasion de cette crise sanitaire mondiale. Ce sont des principes essentiels à une politique économique pragmatique, fondée sur le réel, « et également soucieuse d’apporter un écosystème juridique, financier et fiscal favorable à la création des entreprises et à leur développement », pour citer Jean -François Ferrando, président de la CNTPE (Confédération Nationale des Très Petites Entreprises), dans un récent entretien dans Figarovox. C’est ce que l’on appelle l’intelligence économique. Elle concerne autant le marché intérieur qu’international. Cette démarche patriotique et intelligente est promue par Macron, mais les profils chargés de la mettre en oeuvre sont inquiétants. La France est pourtant le seul pays en Europe à disposer d’une école de guerre économique. Il nous faut un système économique libéral s’arc – boutant sur une forme d’indépendance nationale avec une pointe de keynésianisme.
Dans une autre approche, l’essayiste Maxime Tandonnet déplore la culpabilisation dont de nombreux Français font l’objet dans le contexte de la pandémie de coronivarus, les signaux contradictoires reçus constituant le coeur de la question. Tel ce – dernier l’analysait dans un récent article du Figaro, « la crise qui nous frappe est aussi le fruit des défaillances de la France d’en haut ». Le fossé séparant les élites médiatiques et dirigeantes de la majorité silencieuse est confirmé par cette crise sanitaire, le discours dominant ne lésinant « pas sur la culpabilisation de la population ». La mode est à fustiger les Français qui auraient manqué de civisme, au début de la pandémie. Alors qu’en dépit d’effets ponctuels de panique (prises d’assaut des gares pour rejoindre la province et rayons féculents des magasins dévalisés), ces comportements caricaturaux ne sauraient prévaloir de l’état d’esprit général d’une nation. Les Français (la « vile multitude » comme disait Thiers) ont été constamment stigmatisés pour leur supposée indiscipline, notamment par les élites médiatiques, alors que le confinement a été respecté par 95 % d’entre eux, des mouvements de contestation ayant eu lieu à Berlin et en Chine, ce qui n’a pas été vu en France à titre de comparaison.
Les médias ont même paradoxalement été jusqu’à fustiger les 45 % de Français s’étant déplacés pour aller voter. Le pays devient le bouc émissaire des défaillances, à savoir la France périphérique des gilets jaunes. « L’étrange défaite » de Marc Bloch n’a pas pris une ride. Selon l’auteur, la terrible débâcle de 1940 est le « produit intellectuel des élites dirigeantes, de l’affaiblissement de la culture générale, historique et littéraire ». Comparaison n’est pas raison, mais la crise sanitaire actuelle a en point commun une faillite intellectuelle. Sur le plan économique, en dépit de la culpabilisation sous – jacente chez certains entrepreneurs face aux aides de l’Etat français (prêts garantis, remboursement du chômage partiel, report de charges sociales et fiscales…), tel l’analyse l’IFRAP (très libéral), aux analyses parfois intéressantes, ce n’est qu’un juste retour d’un Etat pressurant leurs marges « par l’impôt et les charges depuis des années ». Alors que les mesures sanitaires du déconfinement sont complexes à mettre en place pour les TPE et PME, avec pour seule protection des fiches de sécurité, la responsabilité pénale du dirigeant étant engagée pour les entreprises qui ne sauront ou ne pourront pas les mettre en application.
Pour l’instant, seuls les indépendants peuvent bénéficier d’une aumône de 1 500 euros, lorsqu’ils sont éligibles. Toute relance doit s’accompagner « d’un plan massif de baisse des impôts de production et des charges des entreprises », en particulier des PME, TPE et indépendants. Le plan de reconstruction annoncé ne doit pas être un énième plan de dépenses. Il faut aussi déverrouiller le code du travail et repousser l’âge de la retraite à 65 ans, parmi d’autres réformes. Il faudrait diminuer le niveau de prélèvements obligatoires et réduire les dépenses et le déficit public, mais les économies n’étant pas à faire dans les secteurs régaliens (santé, armée, police, justice…). Sans quoi, la « cocotte – minute » des colères françaises risque d’exploser. C’est dans la réforme de l’Etat que Macron, présenté tel un président clivant, agaçant, voire arrogant, doit réussir. Depuis peu lancé en politique, ce jeune banquier d’affaires a réussi un coup de poker électoral, face au vide laissé par le hollandisme, le sarkozysme et le chiraquisme dans la classe politique française (après 14 ans de mitterrandisme). Mais qu’en est – il de ses qualités réelles, connaissant son inexpérience ? Certes, il hérite d’une situation mais la politique qu’il mène, son européisme ne le prédestinent pas à changer de paradigme.
Il ne faudra d’ailleurs pas augmenter les impôts, mais les baisser (avec 160 milliards d’euros de recettes fiscales en plus, en 2018), en parallèle de ce plan de relance. Par le poids et le coût de la CSG, les employeurs français sont déjà assommés de charges. L’ISF ne doit pas être rétabli, mais remplacé par une tranche supérieure de l’impôt sur le revenu, s’accompagnant d’une taxation des patrimoines et des revenus des Français établis à l’étranger, sur l’exemple américain. Une légère augmentation de la TVA est envisageable, associée en parallèle à un plan de réduction des déficits, en touchant aux paniers percés de la République. Près de 100 milliards d’euros pourraient être économisés, tous les ans, sans parler de l’exil fiscal, si la France était plus attentive à ses dépenses, tel l’a démontré Jacques Marseille, en coupant dans les dépenses des collectivités locales, de manière indolore et sans couper dans les aides sociales, mais en touchant à la gabegie de certaines dépenses publiques (suppression des doublons au niveau local, maîtrise des dépenses de communication des collectivités locales, suppression du Comité Economique et Social et des placards dorés ou fusion avec le Sénat, regroupement de communes, diminution du nombre d’élus).
Le hastag #OnApplaudit témoigne de la solidarité dans les villes envers les personnels soignants. Mais après cette crise, tel l’a déclaré Thomas Porcher « il faudra que les dirigeants rendent des comptes aux Français et expliquent les raisons » de la casse de notre système hospitalier. Les mesures de déconfinement sont complexes à mettre en place pour les PME et TPE, dont les cafés – restaurants (dont près de 50 % craignent une faillite dans les 3 mois). Cette crise sanitaire (digne du scandale du sang contaminé) ne restera pas sans conséquences pour le pouvoir macronien, l’organisation de notre système de santé et la dette publique. Sur le plan social, le mouvement des gilets jaunes risque de reprendre dans une rentrée qui s’annonce explosive, voire révolutionnaire, tel l’histoire l’a parfois démontré, au lendemain des catastrophes et pandémies…
J. D.