La Lanterne (politique, sujets de société)

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30 novembre, 2010

Emmanuel Todd : après la démocratie

Classé dans : Focus litteraire — llanterne @ 1:20

Focus littéraire : « Après la démocratie », Emmanuel Todd, Folio actuel

« L’élection de Nicolas Sakozy semble avoir placé la France en état d’apesanteur : cadeaux fiscaux aux plus riches, socialistes passés à droite, atlantisme, exhibitionnisme présidentiel, reniement des engagements, dévalorisation de la politique, etc ». Mais dénoncer l’action de Nicolas Sarkozy ne suffit pas, car c’est en partie grâce à ses défauts qu’il aurait été élu. C’est la thèse avancée par Emmanuel Todd dans son dernier essai paru récemment - « Après la démocratie ». Sous la diversité des symptômes, selon l’auteur, c’est d’une véritable crise de la démocratie dont il s’agit. Et pour la comprendre, au présent et dans une perspective historique, sont identifiés par ce-dernier, plusieurs « facteurs lourds » : vide religieux, stagnation éducative, nouvelle stratification sociale, impact destructeur du libre-échange, appauvrissement et prolétarisation des classes moyennes, égarement des classes supérieures…

En se replaçant dans une perspective sociologique et historique longue, Emmanuel Todd tente de faire comprendre, au lecteur – dans un style très dense, mais aussi plus corrosif et acide qu’à l’accoutumée -, pourquoi, en 2010, « par l’ébranlement général de la démocratie », la société française hésite désormais entre repli identitaire et retour de la lutte des classes…             

Conférence d’Emmanuel Todd, présentation de son ouvrage « Après la démocratie »                                                                                                               

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22 novembre, 2010

Notre diplomatie économique : un véritable marché de dupes

Classé dans : Diplomatie,Economie,Politique — llanterne @ 1:53

Notre diplomatie économique : un véritable marché de dupes dans Diplomatie latern

Le président de la République Populaire de Chine, M. Hu Jintao, s’est vu dérouler le tapis rouge au cours de sa récente visite d’une semaine dans l’hexagone. Ce qui laisse quelques peu dubitatif. En effet, aucune prise de position réellement courageuse n’a été prise à l’occasion de cette visite. Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera, avait averti Alain Peyrefitte. Et la Chine entretemps s’est levée… Elle a pris un essor phénoménal, prédateur redoutable et pour le moins irrésistible. Sa diplomatie économique est sans failles et elle a encore une fois tiré ses épingles du jeu. On ne peut que s’interroger devant la couardise de Paris et son manque de combativité, en matière de diplomatie économique. Il conviendrait d’opérer un bilan de cette visite, dans un premier temps, placée sous le signe d’une indéfectible amitié entre notre pays et l’empire du milieu, suivie par la dernière réunion G20.

Des commandes auraient été passées par la Chine à des entreprises françaises – à hauteur de 20 milliards d’Euros -, en particulier à certains de nos fleurons hexagonaux : Areva, Total, Alcatel-Lucent, PSA… Mais en réalité, cela s’opère bel et bien au détriment du « Made in France »… Des contrats passés, en réalité souvent déjà négociés, ressortis à l’occasion de cette visite telle une grande victoire arrachée. Une commande de 102 airbus a été passée, Areva s’est vu confirmer un contrat de 3,5 milliards de Dollars, soit la fourniture de 20 000 tonnes d’uranium sur dix ans, au groupe d’électricité chinois CGNPC et juste un accord de coopération. Total a confirmé la signature d’une lettre d’intention concernant la construction en Mongolie intérieure d’une usine de transformation et Alcalet-Lucent, comme cela était commenté dans un article récent de Marianne 2 (http://www.marianne2.fr/), « plus gâté », a décroché un contrat de 1,1 milliard de Dollars. PSA se serait peut-être vu confirmer l’installation d’une usine automobile en Chine !…

 Mais il s’agit de la face émergée de l’iceberg. Car les avions airbus seront fabriqués dans des usines chinoises, détenues à 50 % par des capitaux chinois, accompagnés de transferts technologiques, soit un vrai marché de dupes comme à l’accoutumée. Car bientôt, les Chinois sauront fabriquer leurs propres airbus, pour nous concurrencer sur ce même marché ensuite. Il en a été ainsi d’Alstom, implanté en Chine pour un fructueux contrat ferroviaire, accompagné d’un transfert de technologie acquis. Et qui n’a pas été renouvelé en 2009, les Chinois ayant décidé de construire 42 lignes de TGV désormais, tous seuls… Il en a été de même pour Areva. Il n’y a que le groupe de grande distribution, Carrefour, qui ait parvenu à se maintenir. Accepter ce principe du transfert de technologies, c’est tout bonnement scier la branche sur laquelle nous sommes assis. La Chine ne se contente plus seulement d’être l’atelier du monde, ni même son laboratoire, elle aspire à elle, toutes les richesses, le travail, les sociétés à fort potentiel technologique. Bientôt, les Chinois seront présents à l’exportation dans certains nouveaux secteurs, avec une combattivité imbattable, liée à leur faible masse salariale. Car le décollage économique chinois, précisons-le, n’est nullement accompagné d’une réduction des inégalités sociales et salariales. Le pauvre salarié mingong continue d’être exploité et sous-rémunéré, car tout ce dynamisme économique chinois repose sur ce dumping salarial et monétaire, que les oligarchies chinoises ne sont près pour rien au monde, à remettre en cause.

A Séoul, pour le G20, les tensions ont été très fortes et c’est bel et bien un conflit qui s’est déroulé autour de la table; mais auquel la France n’a pas réellement pris part. Ce conflit est monétaire et commercial. Il a déjà chamboulé les rapports de force internationale et les alliances traditionnelles, ayant même vu les Allemands s’alliaient aux Chinois contre les Américains ! La presse outre-Rhin titrait ainsi, il y a peu : « La Chine ou la mort ». La convergence franco-allemande et européenne est inexistante sur ce point. Les Allemands font notamment cavalier seul. En effet, la Chine et l’Allemagne sont les deux plus grands pays exportateurs de la planète et grands accumulateurs de devises – il est bien connu que les Allemands sont imbattables sur le marché des machines-outils, où ils nous taillent des croupières à l’exportation, constamment depuis des années. Mais la crise de 2008 a laissé les Etats-Unis sur le carreau, à savoir un important marché. Les consommateurs américains surendettés et appauvris, recommencent tranquillement à épargner. Obama a réinjecté 600 milliards de Dollars dans leur économie. Le plan de sauvetage américain a été plus conséquent d’ailleurs qu’en France, même s’il a fallu pour cela faire jouer la planche à billets. Mais il faut dire que les Américains, eux, disposent encore de cette marge de manœuvre.

Pour le reste du monde, les conséquences immédiates seront de tout de façon, l’inflation et la récession. Les Chinois s’en fichent, ils ont calé leur yuan sur le dollar. « Ils se moquent des lois de l’économie », étant sur ce point encore bel et bien communistes, comme le soulignait ironiquement M. Zemmour. Les Allemands ont sinon hurlé, au cours du G20 – et cela pouvait paraitre légitime -, au sujet de l’Euro qui va encore monter et rogner les ailes de leur magnifique machine exportatrice. Mais élément pondérateur, les Allemands opèrent 65 % de leurs exportations au sein de l’UE et là, miracle monétaire de l’Euro, leurs concurrents ne peuvent jouer le jeu de la dévaluation, comme le font les Américains avec le Dollar.

Au final, les Français perdent sur tous les tableaux : celui monétaire et celui du libre-échange. Selon un rapport de la Direction du Trésor, 63 % des emplois perdus entre 2000 et 2007 l’ont été à cause de la conjoncture internationale ! Mais Sarkozy n’ignore rien du prix à payer : délocalisation, désindustrialisation et chômage. En guise de traité de paix, il avait proposé une réforme globale du système monétaire international. Au G20, personne ne lui a dit non, mais personne ne lui a dit oui, non plus. Les Français jouaient les éléments pondérateurs, alors que les autres défendaient âprement leur bout de gras, autour de la table des négociations. Il s’imposerait de changer enfin de stratégie. Et c’est d’ailleurs peut-être pour cela que Sarkozy ait rentré pour transformer son équipe gouvernementale en équipe de combat. Du moins espérons-le, car les défis gouvernementaux en matière économique, sont loin d’être négligeables.

                                                                                                                                                         J. D.

20 novembre, 2010

La dernière recomposition gouvernementale

Classé dans : Politique — llanterne @ 22:14

La dernière recomposition gouvernementale  dans Politique latern

Concernant cette recomposition gouvernementale, finalement François Fillon est reconduit et les défis seront nombreux pour cette nouvelle équipe, notamment en matière économique. Un gouvernement de droite, plus classique dans sa composition et cela pour la première fois depuis 2007. A maintenant, il est vrai, moins de deux ans des élections présidentielles. L’objectif semble clairement de se recentrer sur l’électorat de droite. Une recomposition attendue et annoncée depuis des mois, à un tel point que cela en devenait lassant. Elle est marquée par l’entrée d’Alain Juppé au gouvernement, qui reçoit le portefeuille de la Défense. Cela marquerait-t-il son retour sur le devant de la scène politique nationale, cantonné qu’il était à sa mairie de Bordeaux, depuis 2007. Un questionnement soulevé, parmi d’autres. Un ministère a été supprimé, le Centre tire mal son épingle du jeu et certaines personnalités politiques ambigües – issues de l’ouverture ou de la diversité -, sont finalement passées à la trappe.

Par ailleurs, nouveauté passée assez inaperçue, le ministère de l’identité nationale a été supprimé. Fustigé par les médias et méprisé par les beaux esprits parisiens, certains analystes murmurent que sa disparition serait la compensation, pour le renvoi du gouvernement des deux icônes médiatiques, issues de la diversité, Fadela Amara et Rama Yade. Fadela Amera est remplacée au ministère de la ville, par Jeannette Bougrab de La Halde. Rama Yade, elle, a fini par payer sa place au gouvernement, pour ses prises de position certes courageuses, associées à un droit-de-l’hommisme exigeant. Ce ministère de l’identité nationale, au final, n’aura vraisemblablement pas été une tentative très habile. Il ne fallait peut-être pas procéder ainsi, l’idée étant essentiellement d’attirer l’électorat du Front National. Mais l’intitulé de ce ministère portait à la confusion et était plutôt mal défini, comme l’a confirmé le fiasco de ce débat national, lancé dans les préfectures par Eric Besson. L’associer à l’immigration, aux yeux de la gauche et de certains milieux, lui donnait des relents vichystes. En effet, les bien-pensants ont eu vite fait d’ouvrir la chasse aux dérapages. Il faut dire par ailleurs, que nommer une personnalité telle Eric Besson, surtout à ce poste, était ambigüe. Ce-dernier s’est vu échoir le ministère de l’industrie dans ce nouveau gouvernement, ce qui n’a rien à voir, on pourrait dire. Mais il est le seul politique, issu de l’ouverture, encore en poste. Bernard Kouchner quitte enfin un quai d’Orsay, qui ne le regrettera pas. Tout réel retour en politique, sera vraisemblablement malaisé pour le « french doctor ». Il n’a plus de carte au PS et personne ne veut de lui au centre ou à droite.

Et Jean-Louis Borloo dans tout cela, a raté Matignon d’un cheveu. Il en est ressorti, fortement déçu et il tente dès à présent, tournant le dos à Sarkozy, blessé et humilié, de se poser en candidat du centrisme pour 2012, à la tête du parti radical. C’est une défaite d’ailleurs – du moins en l’apparence -, pour les centristes, car à part le ministère de la justice, ils se retrouvent sans portefeuille important. Ils excellent en général dans la chasse aux places, entre la droite et la gauche. Comme le rappelait judicieusement Eric Zemmour, Jean-Louis Borloo « est resté célèbre en 2002, pour avoir obtenu un poste ministériel », à l’avance, que ce soit la droite ou la gauche qui passe. Cette habileté proverbiale des centristes suscita longtemps les sarcasmes méprisant de la gauche et de la droite, n’étant pas sans rappeler le positionnement des radicaux opportunistes de l’entre-deux-guerres, sous la IIIe République, les rad’ soc’, qui retournaient sans cesse leur veste, comme dans cette célèbre chanson de Dutronc.

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Cependant, il est vrai, Valéry Giscard d’Estaing avait bouleversé la donne au milieu des années 1970, en fédérant les libéraux et les démocrates chrétiens au sein de l’UDF, présenté comme une alternative à la droite néo-gaulliste, à savoir un parti libéral, européen et décentralisateur, soit tout l’envers du gaullisme. L’objectif sociologique était de rassembler deux Français sur trois, en clair faire de l’UDF, « le parti de la classe moyenne salariée » de la fin des Trente glorieuses. Le centrisme a ainsi percé en 1974, parce qu’il a annoncé en fait, les grandes lignes idéologiques qu’allaient imposer la mondialisation, avec son bras armé, l’Union européenne.

Mais trente ans de mondialisation sont en train de saper les fondements sociologiques de cette idéologie consensuelle du centrisme… Cette France giscardienne de deux Français sur trois meurt sous nos yeux. En effet, de nouvelles fractures et conflits naissent dans une société française marquée par l’implosion de la classe moyenne, en voie de prolétarisation, cumulés à de nombreux problèmes sociaux et sociétaux, tels que l’insécurité, l’immigration, etc. Cette classe politique française de ces dernières années, caractérisée notamment par cette émergence centriste, est plongée dorénavant dans une crise aux profondeurs insondables. Le centre n’a su se positionner et se démarquer par la suite, leurs divisions multiples, leurs querelles d’hommes, en 2007 avec Bayrou, ayant vu le processus de décomposition de l’UDF s’accélérer, servi par les atermoiements du Béarnais.

Mais l’UMP et le PS ne devraient pas se réjouir, ils sont eux aussi atteints par le même danger. Le centrisme est devenu progressivement de moins en moins influent, parce qu’il y a de moins en moins d’électeurs et cela, quoi qu’il en soit, la classe politique actuelle doit l’intérioriser. Le scénario de l’entre-deux-tours de 2002 pourrait très bien sinon se reproduire, et  2012, c’est dans dix-huit mois.

                                                                                                                                                                                     J. D.

7 novembre, 2010

De la rationalisation des AAI (Halde, CNDP, CNCDH…)

Classé dans : Politique — llanterne @ 20:04

De la rationalisation des AAI (Halde, CNDP, CNCDH...) dans Politique latern

L’actualité récente nous offre l’occasion de revenir sur la finalité et l’utilité réelle d’organismes subventionnés par l’Etat, tels la Halde, la Commission Nationale du Débat Public - CNDP - ou encore la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme - CNCDH -, faisant souvent doublon et cela dans un contexte de réduction budgétaire drastique. Il s’en crée en moyenne, un ou une par an. On les appelle les AAI : Autorités Administratives Indépendantes. Il y en a déjà six cent quatre vingt-douze répertoriées, dont quarante-deux plus importantes. La plupart sont inconnues, générant le plus souvent des dépenses conséquentes. Un rapport parlementaire récent préconise de maîtriser les dépenses les concernant, voire de regrouper un certain nombre de conseils, autorités, commissions ou commissariats. Elles logent dans des locaux somptueux, beaucoup plus spacieux que l’administration, dans les beaux quartiers parisiens.

Le loyer de La HALDE - Haute autorité de lutte contre les discriminations, mise en place après les émeutes de 2005 -, est de deux millions d’euros par an. Sarkozy depuis son élection, a toujours rêvé de dissoudre la HALDE, à la tête de laquelle a été placée, Jeannette Bougrab, dont la nomination avait fait temps débat. Au passage, il en va de même de l’association SOS Racisme, faisant doublon avec la LICRA créée en 1927. Mais c’est un autre débat et c’est une question relevant du domaine associatif subventionné. Cela prouve en tout cas, une saine gestion des deniers publics. Une seule est située en banlieue parisienne, une seule autre est en province.On connaît la phrase célèbre de Clémenceau : « Quand je veux enterrer un problème, je crée une commission ». Mais l’origine de ces AAI est à chercher au-delà aussi de la lâcheté ou de l’habileté des politiques, dans toute une philosophie née dans les années 1970, inspirée d’autres modèles – des exemples scandinave ou anglo-saxon  – issu de la doctrine anglo-saxonne du « New Public Management » remettant en cause le rôle régalien de l’Etat, particulièrement puissant, au sortir des années de Gaulle et Pompidou.

En se basant, par exemple, sur les travaux du sociologue Grosier. L’idée était de démembrer l’Etat, afin de le rendre moins dangereux pour les libertés – liberté de penser et liberté économique. Cette notion d’AAI n’a jamais être clairement définie par la loi ou la jurisprudence. Ces structures résultent le plus souvent du mouvement d’agencification. La plupart des Etats modernes disposent d’autorités administratives indépendantes ou d’équivalents (agences indépendantes ou agences régulatrices). Selon le Conseil d’Etat, les autorités administratives indépendantes sont des « organismes administratifs qui agissent au nom de l’Etat et disposent d’un réel pouvoir, sans pour autant relever de l’autorité du gouvernement« . Seulement trente ans plus tard, la situation s’est exactement inversée. L’Etat n’est plus trop fort, mais plutôt trop faible. La plupart de ses compétences le plus souvent régaliennes ont été arrachées par les collectivités locales, l’Europe, le marché et les Autorités Administratives Indépendantes.

Mais ni les commissaires européens, ni les présidents de ses autorités n’ont été élus du peuple. Seul le politique national, mais aussi local est encore responsable démocratiquement. Ces Autorités Administratives Indépendantes ont des pouvoirs de réglementation, pouvant assigner les contrevenants devant les tribunaux ! Elles provoquent doublon et confusion, s’arrogeant des marges de pouvoir exécutif, législatif et judiciaire  »sans aucune légitimité démocratique ». Les rémunérations des agents et contractuels sont accordées en-dehors des règles de la fonction publique. Les contrôles sont tardifs et bien-sûr souvent très peu coercitifs. « Comme si la France vivait sous le règne des vase-communicants », dixit Eric Zemmour. Ce fameux rapport parlementaire évoque leur nécessaire rationalisation en rassemblant des organismes aux compétences voisines. Seulement, il faut aller plus loin et il ne suffit pas de rationaliser, même si cela est toujours un début et pointe le problème du doigt. Il s’agit de remettre réellement en cause la nécessité et la légitimité de ces organismes foisonnant. Surtout en cette période de résurgence partielle du pouvoir étatique, dans un cadre régulateur et protecteur.

C’est l’Etat qui a la légitimité historique et démocratique et lui seul. A la rigueur, certaines problématiques devraient sinon amener à la création de commissions ministérielles, dotées d’une réelle marge de manœuvre. Car c’est de l’Etat et d’aucune autre autorité « que les Français attendent protection et efficacité ». 

                                                                                                                                           J. D.

 

 

Les dessous du traité de défense et de sécurité

Classé dans : Diplomatie,Europe,Politique — llanterne @ 19:07

Les dessous du traité de défense et de sécurité dans Diplomatie latern

Revenons sur le récent traité de défense et de sécurité, signé le 2 novembre 2010, entre la France et le Royaume-Uni. Accords qui concernent entre autres une force expéditionnaire commune, mais aussi une étroite coopération dans la construction et la fabrication des porte-avions, et dans le domaine de la dissuasion, le partage de simulateurs nucléaires en Bourgogne. Mais que signifie cet accord entre notre pays et la « perfide Albion » ? Est-ce un progrès dans la défense européenne ou un accord strictement bilatéral et relevant de la coopération entre deux Etats, sous couvert de l’OTAN ?

Concrètement, ce n’est pas la première fois que les Anglais et les Français édifient des programmes militaires en commun. Nous avons déjà conçu ensemble les avions d’attaque au sol Jaguar – régulièrement employés en soutien, lors d’interventions en Afrique noire dans les années 70 et 80, au point qu’on les a baptisés, les missions « Jaguar ». Aussi les hélicoptères Puma… Pour le reste, ce retour à l’Entente cordiale, cent ans après, ne semble pas s’inscrire dans le cadre d’une défense européenne. Dont les Anglais d’ailleurs, ne veulent pas. D’ailleurs personne n’en veut en Europe… Sauf la France… Pour les vingt-six autres pays de l’UE, la défense européenne s’appelle l’OTAN et le protecteur militaire de l’Europe, en fait les Etats-Unis. Tous les pays européens baissent d’ailleurs leurs budgets militaires. C’est justement plutôt pour additionner leurs queues de cerises budgétaires, que les deux anciennes plus grandes puissances militaires mondiales se mettent ensemble.

Mais les Français font semblant de n’avoir pas compris. Il faut dire que Nicolas Sarkozy avait justifié le retour de la France dans le giron de l’OTAN, dans le cadre d’une stratégie visant à donner enfin sa chance à la défense européenne. Cela devait garantir à la France une position géostratégique et lui accorder le commandement de l’OTAN en Europe de l’ouest notamment. Par agrégation, cette stratégie aurait pu permettre à la France de créer un noyau opérationnel, autour d’elle, au sein de la direction européenne de l’OTAN. Mais même s’il l’a cru un jour, Sarkozy semble en avoir fait désormais son deuil. « En s’associant aux Anglais, les Français veulent seulement en réalité montrer aux Américains qu’ils sont des partenaires aussi loyaux et crédibles que leurs alliés ! » L’Etat-major français – qui a pu goûter au luxe ouaté des bureaux de l’OTAN – aimerait beaucoup traiter les affaires militaires à trois, avec les Anglais et les Américains. Une idée qui va sûrement ravir les Allemands, avec lesquels les désaccords stratégiques se multiplient ces temps-ci. Mais une idée qui semble curieuse aussi, au moment où le président américain prône une forme d’isolationnisme vis-à-vis de l’Europe.

Il y a d’ailleurs un clin d’oeil historique piquant à cette histoire, qui est que cette troïka à la tête de l’OTAN réclamée en sous-main par les Français, correspond exactement au mémorandum proposé par le général de Gaulle lui-même en 1958. Mais le contexte historique était alors différent. Les Américains avaient refusé de partager leur prédominance sur l’alliance militaire occidentale et ce refus américain avait alors poussé de Gaulle à sortir la France de l’alliance intégrée de l’OTAN, où Sarkozy l’a ramené. De Gaulle avait édifié une arme nucléaire indépendante, disposant de vecteurs indépendants. L’histoire de la Force de dissuasion nucléaire française, aussi nommée Force de frappe, commence officiellement en 1958, pendant la guerre froide, lorsque le général de Gaulle décide de doter la France d’une force de dissuasion nucléaire. Alors que les Anglais donnaient aux Américains, une clef de leur armement atomique. 

La base de la doctrine française a toujours reposé sur la volonté de conférer à l’arme nucléaire un rôle fondamentalement politique, concept que ses successeurs - de Pompidou à Chirac, en passant par Giscard et Mitterrand -, n’ont jamais remis en cause.  »Et beaucoup plus inquiétant, quand on entend parler aujourd’hui de collaboration nucléaire entre nos deux pays, cela signifie-t-il alors que les Français mettent sans le dire, ouvertement leur dissuasion nucléaire sous la tutelle des Américains ?! »

                                                                                                                                      J. D.

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