La Lanterne (politique, sujets de société)

7 novembre, 2010

Les dessous du traité de défense et de sécurité

Classé dans : Diplomatie,Europe,Politique — llanterne @ 19:07

Les dessous du traité de défense et de sécurité dans Diplomatie latern

Revenons sur le récent traité de défense et de sécurité, signé le 2 novembre 2010, entre la France et le Royaume-Uni. Accords qui concernent entre autres une force expéditionnaire commune, mais aussi une étroite coopération dans la construction et la fabrication des porte-avions, et dans le domaine de la dissuasion, le partage de simulateurs nucléaires en Bourgogne. Mais que signifie cet accord entre notre pays et la « perfide Albion » ? Est-ce un progrès dans la défense européenne ou un accord strictement bilatéral et relevant de la coopération entre deux Etats, sous couvert de l’OTAN ?

Concrètement, ce n’est pas la première fois que les Anglais et les Français édifient des programmes militaires en commun. Nous avons déjà conçu ensemble les avions d’attaque au sol Jaguar – régulièrement employés en soutien, lors d’interventions en Afrique noire dans les années 70 et 80, au point qu’on les a baptisés, les missions « Jaguar ». Aussi les hélicoptères Puma… Pour le reste, ce retour à l’Entente cordiale, cent ans après, ne semble pas s’inscrire dans le cadre d’une défense européenne. Dont les Anglais d’ailleurs, ne veulent pas. D’ailleurs personne n’en veut en Europe… Sauf la France… Pour les vingt-six autres pays de l’UE, la défense européenne s’appelle l’OTAN et le protecteur militaire de l’Europe, en fait les Etats-Unis. Tous les pays européens baissent d’ailleurs leurs budgets militaires. C’est justement plutôt pour additionner leurs queues de cerises budgétaires, que les deux anciennes plus grandes puissances militaires mondiales se mettent ensemble.

Mais les Français font semblant de n’avoir pas compris. Il faut dire que Nicolas Sarkozy avait justifié le retour de la France dans le giron de l’OTAN, dans le cadre d’une stratégie visant à donner enfin sa chance à la défense européenne. Cela devait garantir à la France une position géostratégique et lui accorder le commandement de l’OTAN en Europe de l’ouest notamment. Par agrégation, cette stratégie aurait pu permettre à la France de créer un noyau opérationnel, autour d’elle, au sein de la direction européenne de l’OTAN. Mais même s’il l’a cru un jour, Sarkozy semble en avoir fait désormais son deuil. « En s’associant aux Anglais, les Français veulent seulement en réalité montrer aux Américains qu’ils sont des partenaires aussi loyaux et crédibles que leurs alliés ! » L’Etat-major français – qui a pu goûter au luxe ouaté des bureaux de l’OTAN – aimerait beaucoup traiter les affaires militaires à trois, avec les Anglais et les Américains. Une idée qui va sûrement ravir les Allemands, avec lesquels les désaccords stratégiques se multiplient ces temps-ci. Mais une idée qui semble curieuse aussi, au moment où le président américain prône une forme d’isolationnisme vis-à-vis de l’Europe.

Il y a d’ailleurs un clin d’oeil historique piquant à cette histoire, qui est que cette troïka à la tête de l’OTAN réclamée en sous-main par les Français, correspond exactement au mémorandum proposé par le général de Gaulle lui-même en 1958. Mais le contexte historique était alors différent. Les Américains avaient refusé de partager leur prédominance sur l’alliance militaire occidentale et ce refus américain avait alors poussé de Gaulle à sortir la France de l’alliance intégrée de l’OTAN, où Sarkozy l’a ramené. De Gaulle avait édifié une arme nucléaire indépendante, disposant de vecteurs indépendants. L’histoire de la Force de dissuasion nucléaire française, aussi nommée Force de frappe, commence officiellement en 1958, pendant la guerre froide, lorsque le général de Gaulle décide de doter la France d’une force de dissuasion nucléaire. Alors que les Anglais donnaient aux Américains, une clef de leur armement atomique. 

La base de la doctrine française a toujours reposé sur la volonté de conférer à l’arme nucléaire un rôle fondamentalement politique, concept que ses successeurs - de Pompidou à Chirac, en passant par Giscard et Mitterrand -, n’ont jamais remis en cause.  »Et beaucoup plus inquiétant, quand on entend parler aujourd’hui de collaboration nucléaire entre nos deux pays, cela signifie-t-il alors que les Français mettent sans le dire, ouvertement leur dissuasion nucléaire sous la tutelle des Américains ?! »

                                                                                                                                      J. D.

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