La Lanterne (politique, sujets de société)

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31 décembre, 2010

Après la Grèce, le tour du Portugal

Classé dans : Diplomatie,Economie,Europe,Monde — llanterne @ 22:11

Après la Grèce, le tour du Portugal dans Diplomatie latern

Après la Grèce, vient maintenant le tour du Portugal, comme dans une implacable théorie des dominos. Le salut de la zone euro viendrait-il de l’Empire du Milieu ? C’est l’interrogation que l’on finit par soulever.

En octobre dernier, les Chinois volaient déjà au secours de la république hellénique, englué dans la crise financière, s’offrant au passage la dernière activité compétitive de la Grèce : sa marine marchande et son activité portuaire. Et c’est maintenant l’annonce d’une aide chinoise au Portugal, qui s’est vue de nouveau réserver un bon accueil à Bruxelles, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, saluant ouvertement « le soutien exprimé par les autorités chinoises » à « la stabilité de la zone euro ». Selon le quotidien économique lusophone Jornal de negocios, la Chine serait prête à acheter quatre à cinq milliards d’euros de dette souveraine portugaise, à l’image des achats de titres grecs d’octobre dernier. Mais alors qu’une aide chinoise à l’économie espagnole commence déjà à se profiler, ce soutien inattendu est décidemment peu analysé et commenté. Car il a pourtant ses dessous et conséquences politiques. Et cela me fait penser de nouveau à « l’histoire du loup dans la bergerie »… 

Ce soutien chinois au Portugal, comme pour la Grèce, pourrait certes sembler bien venu au premier abord. Et il est vrai, Bruxelles ne peut de tout de façon, empêcher la Chine d’acheter des obligations. C’est encore une fois, le principe même du libéralisme. Mais un libéralisme auquel la Chine applique souvent sa propre conception. Les Chinois se fichent, en effet, des lois de l’économie de marché, étant sur ce point encore communistes. La Chine conserve une monnaie sous-évaluée, dans un implacable dumping salarial et monétaire, sourde à toutes remontrances. L’Empire du milieu pratique l’espionnage industriel sans vergogne, pillant le savoir-faire technologique occidental, les responsables chinois rétorquant aux rodomontades épisodiques de l’OMC ou de l’UE, au nom des bons principes, avec un haussement d’épaules et une mauvaise foi caractéristique, « nous n’avons toujours pas touché les royalties de la boussole, de la poudre ou du papier ». Et petit à petit, l’Empire du Milieu nous dicte sa loi en matière économique. Face à une Commission européenne qui se refuse à tout protectionnisme mesuré et raisonnable, auquel le président Obama se résout pourtant aux Etats-Unis. Et qui continue à croire aux dogmes du laissez-faire, laissez-passer, au nom de vertus libérales nullement ébranlées par la crise de 2008, et sans qu’aucune voix ne s’élève au passage dans le paysage politique européen.   

Car cette aide n’est évidemment pas désintéressée, elle a ses dessous. Avec leurs 2 648 milliards de dollars de change en 2010, les Chinois essaient avant tout de diversifier leurs réserves de change, par tous les moyens. Ils ont aussi un intérêt direct à préserver la santé économique de l’Europe, à savoir leur principal débouché commercial - qu’ils inondent de leurs produits textiles et high-tech  »bon marché » – passée devant les Etats-Unis se relevant progressivement de la crise. Les Chinois atténuent ainsi leur dépendance à l’égard de la dette américaine, rendant les Européens vulnérables et de plus en plus redevables à leur égard, et se dotant de moyens de pression non négligeables en matière diplomatique. Les Chinois rachètent ainsi la dette du Portugal et de la Grèce, pour consolider un euro déjà beaucoup trop fort, ruinant les efforts de nos dernières industries encore compétitives à l’exportation, comme nous le dénoncions dans le cas récent de la Grèce. 

Car après la Grèce et le Portugal, ce sera le tour de l’Espagne, l’Irlande, et en-dehors de ces trois « PIIGS » – charmant surnom en langage technocratique bruxellois, pour désigner les quatre pays membres « à la traîne », à savoir Portugal – Irlande – Italy – Greece – Spain -, peut-être justement l’Italie, voire même ensuite la France. Comme dans une marche irrésistible, les Chinois sortiront à chaque fois leur carnet de chèques, pour « sauver » une zone euro chancelante, un espace économique de moins en moins souverain, et surtout de moins en moins concurrent… 

                                                                                                                                 J. D.

29 décembre, 2010

Le scandale du « Médiator »

Classé dans : sujets de societe — llanterne @ 7:33

Le scandale du

Ce scandale du « Médiator » n’en finit de pas de défrayer la chronique, à savoir ce médicament pour diabétiques en surpoids commercialisé par le laboratoire Servier, et interdit depuis novembre 2009. Et qui se trouve ainsi au coeur d’une affaire, avec jour après jour, son lot de révélations. Et avec en toile de fonds, comme dans l’affaire H1 N1, les connivences, les rapports ambigus et complexes entretenus entre grands laboratoires, experts, autorités sanitaires, et milieux politiques.

Une première étude de la CNAM réalisée en novembre 2009, portant sur plus de 43 000 diabétiques ayant pris du Médiator, faisait ainsi apparaître que ce médicament multipliait par trois les risques de troubles cardio-vasculaires chez les patients concernés. Le Mediator - benfluorex -, est interdit depuis des années, à l’étranger, aux Etats-Unis, en Espagne, en Italie. Mais il est commercialisé par le laboratoire Servier en France, depuis 1975. Il s’agit donc d’une affaire sanitaire s’étendant sur le long terme, en l’occurrence – une trentaine d’années -, ce qui complique l’état des lieux. Ce médicament est d’ailleurs proche dans sa composition d’un autre médicament commercialisé par le laboratoire Servier, à savoir un coupe-faim, l’Isoméride, retiré de la vente en France en 97. Concernant les statistiques, on nous a parlé de 200, puis 500 morts d’après une estimation de la CNAM, certains experts évoquant maintenant le nombre de 1000 victimes et 3 500 hospitalisations, imputables à la prescription de ce dit médicament et à ses effets secondaires, chez certains patients fragiles. Selon des sources fiables, il n’y aurait d’ailleurs pas qu’un seul, mais des dizaines de « Médiator » potentiels. C’est-à-dire des médicaments sous surveillance, potentiellement dangereux, mais continuant à être prescrits. Aujourd’hui en France, 76 médicaments feraient ainsi l’objet d’un suivi national ; certains seraient suspects, étant accusés d’avoir des effets secondaires parfois très graves, pour certains types de patients.

Et il s’agit bien là, d’une vaste et complexe problématique, à laquelle on touche. Nous sommes effectivement dans une société, où il y a une forte appétence de soins. Un nombre incroyable de médicaments nouveaux sortent chaque année et sont commercialisés sur ce marché, d’ailleurs fortement concurrentiel, marqué par l’émergence de géants pharmaceutiques étrangers. Mais la question est complexe en l’occurrence, car relevant aussi et surtout d’un ordre sanitaire et sociétal. Et nos fleurons hexagonaux – Servier, Sanofi Aventis -, défendent leur positionnement, d’où les liens très étroits entre politiques et secteur pharmaceutique hexagonal. L’industrie pharmaceutique se constitue en puissant lobby, particulièrement puissant et influent, par les enjeux, le poids de certains laboratoires, comme Servier et Sanofi Aventis – employant à eux deux, près de 60 000 collaborateurs en France et à travers le monde. Ce secteur défend âprement ses intérêts, y allant de son influence, même concernant parfois la législation. Et l’angle d’analyse pourrait ainsi être porté sur une question comme la maîtrise des dépenses d’assurances-maladies, des coûts concernant les médicaments, l’alignement du remboursement sur les génériques, les laboratoires jouant souvent un rôle pervers en la matière. Les médicaments nouveaux sont de plus en plus chers et les médecins généralistes, mais aussi les spécialistes prescrivent souvent à tors et à travers. Avec une industrie pharmaceutique consacrant un budget marketing considérable au démarchage auprès des médecins, encadrés et relancés par toute une noria de commerciaux derrière. 

Après d’autres affaires identiques, on croyait tout de même, que les structures chargées de donner leur feu vert à la vente d’un médicament, nous prévenaient de tout nouveau drame. Mais les connivences, les lâchetés, les conflits d’intérêts peuvent être décidément plus forts que tout. Et dans ce triste feuilleton, comme dans l’affaire H1 NI, le lobby pharmaceutique démontre encore une fois son poids, sa puissance, sa capacité d’influence jusque dans la classe politique et les autorités de contrôle sanitaires. Cela prouve par ailleurs, en la matière, que les questions inhérentes doivent relever d’une autorité à l’expertise indépendante, dotée de réelles prérogatives et de capacités de sanctions éventuelles. Car derrière tout cela, sont concernés tout le système de santé français, notre système d’assurances-maladies, avec derrière les lobbies, qui dictent leurs lois au détriment de l’intérêt général…

                                                                                                                                      J. D.

Au micro de RTL, allocution du professeur Bernard Debré.

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19 décembre, 2010

« Ressortir des 35 heures », l’éternel débat à droite

Classé dans : Economie,Politique — llanterne @ 17:14

« Ressortir des 35 heures », l'éternel débat à droite dans Economie latern

Faut-il une bonne fois pour toute, revenir sur les 35 heures ? Voilà que la question est de nouveau posée, dans la majorité. On a entendu Gérard Longuet, le président du groupe UMP au Sénat défendre cette position, rejoint par Jean-François Copé. Mais voilà, Xavier Bertrand, le ministre du travail ou encore le ministre du Budget, François Baroin ont dit clairement, que ce n’était pas d’actualité. On croyait la question des 35 heures rangée dans les placards de l’Histoire, mais elle continue à faire débat.

Gérard Longuet déclarait dans un entretien récent accordé au journal Le Monde : « Ou on sort de l’euro ou on sort des 35 heures ». Le président du groupe UMP au Sénat analyse ainsi la crise de la zone euro, à la faveur de la séquence du remaniement. Gérard Longuet a plaidé sinon pour le rachat par la Banque Centrale Européenne – BCE -, de la dette des pays les plus fragilisés. Pour accompagner cette dévaluation de fait, dit-il, il faudra consentir des efforts drastiques. Sarkozy s’était d’ailleurs abondamment servi de cette idée, durant la campagne de 2007, en jouant sur du velours. Les 35 heures avaient déjà pourri la campagne de 2002 de Jospin. Pour la droite, elles demeuraient l’horreur absolue au nom de la valeur du travail et de la compétitivité des entreprises. Mais elles étaient aussi devenues l’ennemi des classes populaires, des ouvriers et employés du secteur des services, à qui elles avaient interdits de mettre du beurre dans les épinards, en opérant des heures supplémentaires. Leur détricotage avait été organisé par le gouvernement Fillon, dans un relatif consensus. Même les socialistes admettaient globalement mesa-voce, qu’il était très difficile de cumuler à la fois les 35 heures et une monnaie européenne tirée vers le haut, par l’excellence de la machine exportatrice allemande.

Dans la guerre de la mondialisation, nos entreprises ne pouvaient supporter le double effet de renchérissement du prix de nos produits, l’euro et les 35 heures de la fille Aubry. « Les dynasties ministérielles ont beau être une tradition française depuis Colbert et Louvois sous Louis XIV, elles coûtent parfois trop chères », comme le commentait M. Zemmour. Mais c’est là que la crise de 2008 est arrivée. Seulement, double effet de cette crise, les entreprises françaises n’avaient et n’ont désormais plus besoin d’heures supplémentaires. Elles avaient déjà du mal à remplir leur carnet de commandes. Les délocalisations se poursuivaient et continuent à se poursuivre sur un rythme immuable. Le détricotage, subtil, s’avérait inutile. Tout l’édifice du « travailler plus pour gagner plus » s’écroulait. Si le gouvernement voulait aller plus loin, supprimer radicalement les 35 heures, faire travailler de nouveau les gens aux 39 heures, le slogan de la campagne de 2012 risquait de devenir, « travailler plus pour gagner moins ». Idéal pour perdre la présidentielle. C’est pourquoi, on est loin de faire l’unanimité à droite.

Dès que Jean-François Copé et Gérard Longuet ont ressorti l’idée du placard, Xavier Bertrand, le ministre du travail et le président de la république lui-même se sont empressés de leur claquer la porte au nez. Trop dangereux. Pourtant la note laissée par Martine Aubry et les 35 heures est certes salée : « une vingtaine de milliard d’euros tous les ans, de subventions aux entreprises, pour dédommagements. Une paille. », dixit M. Zemmour. Surtout au moment où notre énorme déficit est dans le collimateur des agences de notation et où le ministre du Budget se bat comme un chiffonnier avec le parlement, pour quelques centaines de millions d’euros d’économies. Vingt milliards d’économies, en seulement quelques années ! Ca fait rêver Bercy. Mais pas la patronne du MEDEF, Laurence Parisot. D’ailleurs, argumente-t-elle, ses subventions ne corrigent pas vraiment le coût des 35 heures, mais compensent les charges sociales sur les bas salaires. On avait du mal comprendre. Ou alors trop bien compris, les poisons et délices du libéralisme à la française.

                                                                                                                                                           J. D.

16 décembre, 2010

La reconduction de Berlusconi

Classé dans : Europe,Politique — llanterne @ 23:11

La reconduction de Berlusconi dans Europe latern

Silvio Berlusconi a sauvé de justesse mardi, sa tête, ou plutôt sa majorité parlementaire. Ce qui a donné lieu à des soupçons de corruption et même à des scènes de violences dans les rues de Rome.  Cela dit, sa majorité de droite reste très fragile. Son avenir est incertain et sa côte de popularité est en berne, de l’autre côté des Alpes. Silvio Berlusconi est l’homme que la gauche aime haïr. Les médias le ridiculisent, le présentant sans cesse sous les traits d’un bouffon ridicule, inculte et grossier – ce qui n’est pas complétement faux, disons du moins non dénué de fondement… Riche, donc voleur, voire mafieux, mais aussi et surtout, un homme de droite italienne, donc fasciste.

Parfois Berlusconi en rajoute, donnant des verges pour se faire battre… Même si les raccourcis sont parfois simples et sommaires. Il y a aussi dans la gauche française, un soupçon de mépris xénophobe, à l’égard du macaroni. On accuse Berlusconi de faire main basse sur la télévision. Mais cependant, la presse italienne est de qualité, talentueuse, libre et coriace. La chaîne de télévision Raï 3 ne lésine pas sur l’anti-berlusconisme. Mais il faut dire, que notre gauche a tellement l’habitude de dominer les médias qu’elle ne pardonne à Berlusconi d’avoir brisé efficacement son monopole. On reproche sinon à la télévision italienne d’être vulgaire, ce qui est souvent vrai, et de laver le cerveau des Italiens. Certes, le bilan de Berlusconi est sinon loin d’être fameux. 

L’Italie est les deux pieds dans la crise. Berlusconi va aussi mal que les autres dirigeants européens, il n’enraye ni la désindustrialisation de l’Italie, ni la spirale de son déficit colossal. S’y rajoute les spécificités de l’Italie, d’une nation sans Etat, édifiée tardivement, ce qui faisait dire à Mussolini : « Ce n’est pas difficile de gouverner l’Italie, c’est inutile ». En fait, Berlusconi règne surtout sur la vie politique italienne, non tant par sa force, que par la faiblesse de la gauche. Les trois grands partis de l’après-guerre – démocratie chrétienne, parti communiste, parti socialiste -, ont disparu. Les juges anti-corruption ont liquidé les deux premiers.

La gauche est tellement démunie, qu’elle a dû se résoudre. L’héritier du parti fasciste italien, Gian Franco Fini, est devenu le porte-voix des bien-pensants de gauche, des deux côtés des Alpes. Il y a dix ans, Berlusconi avait résisté à la pression de la gauche. Et dans ce désert qu’est devenue aujourd’hui la vie politique italienne, après l’intermède Romano Prodi, c’est désormais un « post-fasciste » qui donne des leçons d’opposition…

                                                                                                                                      J. D. 

L’affaire de la crèche

Classé dans : sujets de societe — llanterne @ 23:10

L'affaire de la crèche dans sujets de societe latern

Le conseil des prud’hommes de Mantes-la-Jolie a débouté, hier, l’ex-employée d’une crèche, licenciée pour son refus d’ôter un voile islamique. Et qui protestait contre son licenciement pour faute grave. Une victoire pour les laïcs. La Halde avait donné raison à la plaignante. La société française doit s’adapter aux cultures venues d’ailleurs, elle ne doit plus imposer son mode de vie, au nom de la liberté individuelle et du respect de l’autre, disait la Halde. 

Cette injonction culpabilisante, est héritière de l’ambiance et de l’influence laissées par Jeannette Bougrab, au grand dam des équipes mises en place par son prédécesseur, Louis Schweitzer… Le tribunal des prud’hommes est composé des salariés et des patrons, confrontés parfois à des revendications religieuses, dans certaines entreprises. Certes la majorité des immigrés de la deuxième ou troisième génération d’après-guerre, ne pose pas systématiquement, ces problèmes d’assimilation. Mais toujours est-il, que cela vient confirmer, que l’Islam pose bel et bien une question existentielle à la société française. Car cette religion n’est pas seulement une spiritualité, mais aussi un droit, rigoureux, qui repose sur l’alternance stricte entre interdit et permis. Un droit qui n’est pas sanctionné par une autorité hiérarchique comme le Pape et se prête donc à toutes les surenchères pour être plus près de Dieu. Un droit qui englobe tous les aspects de l’existence et de la vie en société. Un droit qui en France, vient se confronter au code civil napoléonien.

Ce week-end, François Fillon a prononcé le mot assimilation, campant sur les positions du président du Haut-Conseil à l’Intégration. S’assimiler, c’est devenir le même et renoncer à un mode de vie culturel, social et religieux, à ce qui choque. Mais ce sursaut reste, hélas, fragile. La décision du tribunal des prud’hommes pourrait aussi être cassée…

                                                                                                                                      J. D.

Les « excuses » de la neige…

Classé dans : sujets de societe — llanterne @ 3:02

Les

François Fillon a décrété hier, la mobilisation de l’ensemble des services publics face à la perspective d’un « nouvel épisode neigeux » attendu à partir de ce soir ou de demain – mercredi 15 ou jeudi 16 décembre. Pas question de revivre la grande « pagaille » de la semaine dernière, selon l’expression de Hortefeux. C’est l’occasion de revenir sur les dessous de cette tempête de neige des derniers jours. Qui fut aussi médiatique… Et  pour un premier ministre qui en privé, reconnaît quand même des erreurs en matière de « communication ».

Enfin la neige est désormais attendue, comme le Prussien jadis… Un plan de guerre est préparé à grands renforts de comités interministériels… On passe d’un extrême à l’autre. Dans les commentaires aussi. Les uns pour dire que l’Etat a failli, les autres pour affirmer que l’Etat ne doit pas nous materner, ne pouvant pas tout contre tout, jusqu’à la neige, la grêle et le gel. Il est vrai, cela dit en passant, que de la neige en décembre, ce n’est pas non plus une situation totalement « inédite et imprévisible ». Cela relèverait même plutôt de la non-actualité…  Les médias – radio, presse écrite -, s’en sont donnés à cœur joie. Surtout au sujet de cette déclaration de Brice Hortefeux, dont il aurait juste dû s’abstenir, en appelant à la rigueur, à quelques précautions. Faire respecter l’ordre et le bon sens pratique aurait suffi. Il est vrai, nos contemporains ne savent décidément plus accepter les lois de la nature…

Mise à part cela, par ailleurs – intéressant aussi dans cette polémique – certains nous ont quand même affirmé que la France était désormais un pays trop pauvre, pour s’offrir quelques sableuses et chasse-neiges. Qui ne seraient utilisées que deux fois par an, pour déblayer la N 118 ou la Francilienne. Là, ce n’est même plus de la rigueur, c’est de la misère… Enfin, comme le soulignait judicieusement le chroniqueur, sur le sujet, aux Etats-Unis, pas vraiment le pays des 35 heures, on demande à tous les salariés de rester chez eux, par temps de grandes tempêtes de neige. Et si la neige a fait autant de ravages en un laps de temps aussi bref, c’est que tous les salariés des grandes métropoles, dans le bassin  parisien en particulier, doivent désormais s’imposer des heures de transports – en commun, personnels -, chassés qu’ils ont été des centre-villes par la spéculation immobilière et parfois des banlieues plus proches.

La neige s’avère décidément et étonnamment comme un grand révélateur. A savoir notamment  des mentalités, des idéologies, des conditions économiques et sociales, mais aussi et surtout des tempéraments contemporains. En tout cas, pour conclure sur cette excellente tirade zemmourienne, « si contrairement aux annonces faites il ne neige pas en fin de semaine en région parisienne, il est à parier que François Fillon ne s’en prendra même pas, pour le coup, à Météo France« …

                                                                                                                                              J. D.

14 décembre, 2010

La bataille parlementaire de la rigueur : mais jusqu’où ?

Classé dans : Economie,Politique — llanterne @ 22:50

La bataille parlementaire de la rigueur : mais jusqu'où ? dans Economie latern

Le tournant de la rigueur… Vaste problématique politicienne pour la droite. Et François Baroin, l’ancien petit poulain de Chirac – nommé ministre du budget à la faveur de la dernière recomposition – se bagarre sérieusement en ce moment, au Sénat, pour le vote du budget 2011. Le climat est assez électrique et survolté. Pour quelques centaines de milliers d’euros d’économies, il faut batailler des heures. Mais quand en est-il dans les faits ? Quelle rigueur ? Jusqu’où aller ? Quel en sera le prix électoral ?

Pourtant François Baroin ne devrait logiquement pas avoir à faire de soucis. Michel Debré, le père de la constitution de la Ve République a tout prévu : seconde délibération, dernier mot à l’assemblée sur le Sénat et puis si cela ne suffit pas, vote bloqué et même mise en jeu de la responsabilité du gouvernement sur un texte. Comme l’avait exigé Raymond Barre en 1979, pour briser la rébellion des députés du RPR. Alors les parlementaires craignant d’être démis par une dissolution, se soumettent toujours. Mais il est aussi des victoires parlementaires, qui s’avèrent être des défaites politiques, comme l’analysait M. Zemmour. En 1981, les électeurs avaient renvoyé la droite giscardienne à ses études. La révolte d’aujourd’hui est moins grave, mais la question politique reste tout de même essentielle.  Jusqu’à présent, les parlementaires plaidaient plutôt, à fronts inversés, pour plus d’économies. Le gouvernement dénonce les abus et les sénateurs prédisent le retour du travail au noir. Peut-être que le Sénat pense aussi qu’il y a mieux à faire ailleurs, plus gros en terme d’économies à aller chercher. C’est sûr que la position du gouvernement est affaiblie par la modestie des sommes en jeu, quelques centaines de millions d’Euros.

Les sénateurs socialistes ont beau jeu de dire que la baisse de la TVA sur la restauration, à elle seule, coûte trois milliards. Chacun défend en fait ses clientèles électorales. En effet, les grands gisements sont ailleurs, de tout de façon, dans les substantielles réductions fiscales accordées aux entreprises pour les 35 heures ou encore dans le généreux assistanat social aux sigles innombrables. Devant ces montagnes d’économies à escalader, où l’unité passe à la dizaine de milliards, tout le monde semble tétanisé ! Ainsi lorsque les députés proposent d’imposer un droit d’entrée de 30 euros, pour les clandestins étrangers qui se font soigner gratuitement au titre de l’aide médicale d’Etat, la fameuse ALE, les sénateurs l’annulent. Lorsque le gouvernement met le nez dans les niches fiscales des entreprises, la patronne du MEDEF, Laurence Parisot, se scandalise.

La prudence du gouvernement s’explique : il veut en réalité donner des signes de rigueur aux agences de notation. Pour ne pas mettre en cause notre fameuse note triple AAA, qui nous permet d’emprunter à taux réduits, tout en ne brisant pas le rythme de la consommation des ménages, notre seul moteur de croissance depuis des années. Car la croissance de la Grèce, de l’Irlande, de l’Espagne, ou du Portugal risque d’être tuée par la hache de la rigueur, à la faveur de la crise financière récente, ayant rendu la problématique encore plus excruciante. Seul le Royaume-Uni peut espérer s’en sortir. Mais pour redonner de la souplesse à l’économie britannique, la Livre sterling avait été dévaluée de 30 %, tandis que notre Euro censé nous protéger, est de tout de façon, tiré vers le haut par les performances à l’exportation de l’Allemagne…

                                                                                                                                       J. D.

12 décembre, 2010

La dernière visite en Asie, un miroir aux alouettes…

Classé dans : Diplomatie,Economie — llanterne @ 15:48

La dernière visite en Asie, un miroir aux alouettes...  dans Diplomatie latern

L’actualité des derniers jours aura bel et bien été à la diplomatie. Nicolas Sarkozy a été accompagné dans sa visite officielle en Inde, par sept ministres, et soixante-dix industriels. Depuis son élection en 2007, le président s’évertue à jouer énergiquement son rôle de Vrp de l’Entreprise France, au travers de chacun de ses nombreux déplacements à l’étranger. Il emboîte ainsi le pas à son prédécesseur, Jacques Chirac, qui se déplaçait aussi à chaque fois, accompagné d’une cohorte de chefs d’entreprise. L’Inde que Sarkozy a l’intention de soutenir, dans sa démarche pour un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. De nombreux chefs d’Etat se déplacent d’ailleurs en Asie, actuellement - marché important, continent comptant deux futurs géants du XXIe siècle. Le gouvernement français qui estime que cette visite, va nous rapporter près de 17 milliards d’euros de contrats, signés ou annoncés. C’est la version rose de la mondialisation heureuse, le fameux gagnant-gagnant, que nous ont vanté et seriné depuis vingt ans, les partisans du libre-échange.

Mais un gagnant-gagnant qui se révèle être de plus en plus un miroir aux alouettes. Car à chaque fois que l’on vend à l’Inde, à la Chine ou au Brésil et à d’autres, ces pays exigent des transferts de la technologie la plus récente. Ils développent donc à une vitesse inégalée dans l’Histoire, des concurrents pour nos industries, dans les secteurs les plus en pointe. La Chine prépare un airbus et va construire elle-même 42 lignes de TGV, la Corée du Sud a détrôné Areva sur un contrat, et il ne faut pas oublier que c’est l’Indien Mittal qui avait racheté Arcelor. L’Inde qui perce également dans le secteur informatique – Sarkozy s’étant d’ailleurs déplacé à Bangalore, au coeur de « la silicon valley » indienne -, mais également dans l’industrie pharmaceutique.

Par ailleurs, l’Inde comme la Chine ont dépassé le milliard d’habitants. Les centaines de millions de pauvres restent un réservoir inépuisable pour conserver chez eux, des usines avec une main-d’œuvre très bon marché. C’est désormais la classe moyenne occidentale qui subit une lente mais inexorable paupérisation, après les classes plus populaires dans les années 80 et 90. Pékin comme Delhi et Bombay savourent ainsi avec délectation leur revanche, comme dans un gigantesque retournement historique. En effet, comme le commentait récemment Eric Zemmour : « Au XVIIIe siècle, l’Inde et la Chine tenaient la dragée haute aux Européens les plus avancés. C’est l’ouverture forcée de leur marché, arrachée et imposée à coups de canon par la puissance coloniale anglaise, qui avaient permis aux manufactures de Manchester, de ruiner la concurrence raffinée des tissus indiens. » Et il est vrai « deux siècles plus tard, le même libre-échange est le moyen imprévu de leur revanche historique !… »

Cette mondialisation voulue et imposée par une puissance américaine au fait de sa puissance, à la chute du mur de Belin, et approuvée avec enthousiasme par les élites européennes, aura donc comme résultat de permettre la revanche historique des deux grands vaincus de la diplomatie occidentale des derniers siècles… « Une incontestable réussite… ».

                                                                                                                                                     J. D.

                             

 

Les leçons du rapprochement franco-syrien

Classé dans : Diplomatie — llanterne @ 15:46

Les leçons du rapprochement franco-syrien dans Diplomatie latern

Le président syrien est venu récemment en visite à Paris, durant deux jours. Bachar El-Hassad a été reçu pour un déjeuner à l’Elysée. Et cela juste avant un déplacement officiel prévu de notre chef d’Etat en Inde. Il a sans doute beaucoup été question du Liban et de l’Iran. Et à un moment, où il apparait depuis les fuites diplomatiques de Wikileaks, que l’ouverture de Nicolas Sarkozy au régime syrien depuis 2008, a été très mal vécue à Washington. Ce qui est l’occasion de revenir également sur la stratégie diplomatique sarkozyste, mise en oeuvre au Moyen-Orient, depuis 2007. Mais qui pour une fois, il faut le reconnaître, emboîte le pas à la plus traditionnelle diplomatie française en la matière…

Bien-sûr, nos belles âmes bien-pensantes protesteront une fois encore contre la venue d’un dictateur. Mais il faut le reconnaître, « si on ne traitait qu’avec des démocraties, on sortirait rarement d’Europe », comme le soulignait judicieusement M. Zemmour, sur le sujet. C’est également de Gaulle qui a toujours voulu que la France ait une politique arabe, jouant de son influence historique au Proche-orient. Il est certes nécessaire d’entretenir des relations diplomatiques, ne serait-ce que pour discuter, échanger des points de vue, surtout avec un pays francophone et stratégique tel la Syrie, avec qui nous conservons et entretenons des liens historiques étroits. Bien-sûr les Américains se moqueront encore de ces Français frustrés, tels l’établissent les messages d’ambassades révélés par Wikileaks, qui font tout et son contraire pour renouer avec leur grandeur passée dans cette région.

Pourtant dans cette histoire, « Sarkozy l’américain », ce Nicolas Sarkozy que Villepin présente – souvent d’ailleurs à raison – comme un inculte, qui a sabordé l’indépendance gaullienne, a étonnamment réemboité le pas à la plus traditionnelle diplomatie hexagonale. Il a écarté l’ancien ministre Kouchner, lui préférant pour cela, son conseiller Claude Guéant. L’objectif diplomatique français était en fait de sortir la Syrie de son isolement, pour l’écarter de son unique allié iranien. Cette visite du président syrien à Paris s’inscrit dans le cadre de cette tentative de normalisation des rapports. Accessoirement, « les Syriens devaient fermer en contre partie la route des armes, qui alimente le Hezbollah libanais, Etat dans l’Etat, qui menace à la fois l’intégrité libanaise et la frontière israélienne ». Si l’on s’en fie toujours à Wikileaks, les Américains se seraient gaussés de ces Français crédules prêts à croire n’importe quelle embrouille de ces Syriens retors.

Les Américains ne voient pas à quoi ont servi concrètement ces rapprochements avec les Syriens. Mais la diplomatie française analyse pourtant le voyage récent du président iranien Amadinejad, dans le territoire du  Hezbollah libanais, comme un bras d’honneur aux Syriens, une manière de faire comprendre à un allié désormais devenu distant, qu’il n’avait plus besoin de lui pour dominer le Hezbollah. La Syrie a traîné avant d’envoyer son ambassadeur à Beyrouth, mais l’a quand même fait, en mars 2009. Sarkozy peut se féliciter pour une fois, de son audacieuse stratégie diplomatique. « Un pas en avant, deux pas en arrière… » Même si Dieu sait que rien n’ait jamais gagné d’avance, dans les relations avec cet Orient si compliqué…

                                                                                                                                                    J. D.

 

Pourquoi la France penche-t-elle vers l’Etat administratif ? par Pascal Perrineau

Classé dans : Politique — llanterne @ 3:16

Le mardi 24 mars 2009 se tenait la séance inaugurale du séminaire « Les procès contemporains de la démocratie libérale », dirigé par Pascal Perrineau, directeur du Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF), autour de la question « Pourquoi la France penche-t-elle vers l’Etat administratif ? ». Pascal Perrineau approche le sujet, dans une perspective historique longue, qui nous est livrée au travers de cette intervention filmée en deux parties. A découvrir.

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