Les trente ans de la politique de la ville
Jeudi dernier, sept anciens ministres de la ville étaient réunis, autour de l’actuel titulaire du poste, Maurice Leroy, pour célébrer les vingt ans de la politique de la ville : Eric Raoult, Claude Bartolone, Jean-Louis Borloo, Fadela Amara, Catherine Vautrin, François Loncle. Ils étaient tous là, sauf Tapie, « le fils maudit« , qui fut le premier ministre de la ville. Et tous ont convenu d’une chose, être ministre de la ville, c’est une tâche ingrate. Mais la politique de la ville est toujours au goût du jour, l’Etat-Providence n’est pas mort, c’est ce qui est ressorti de cette réunion. C’est au cours des années 1970 et 1980 qu’une approche globale, à la fois sociale et urbanistique, des problèmes spécifiques aux villes modernes est apparue. Cette prise de conscience a mené à la création d’un ministère de la ville en 1991. Et cet anniversaire apparaît, comme l’occasion de dresser un bilan de cette politique, consistant en un ensemble d’actions d’Etat visant à revaloriser certains quartiers urbains (appelés quartiers de la politique de la ville).
Bernard Tapie, 1er ministre de la ville
Une politique qui consiste essentiellement à subventionner les associations, réparer les cages d’escaliers, reconstruire les immeubles HLM trop abîmés, « à repeindre les ghettos ». La politique de la ville, ce sont avant tout des dizaines de milliards partis on ne sait où, pour on ne sait quoi. C’est une invention socialiste, que la droite a reprise à son compte. Et qui est devenue un de ses sujets consensuels, que la classe politique s’est appropriée, et dont elle semble si fière, sans jamais oser la remettre en compte. Mais comme l’a dit, un jour, François Bayrou « Quand on pense tous la même chose, c’est qu’on ne pense plus rien ». Horwell aurait adoré cette politique de la ville, avec à chaque fois, l’Etat qui remettait au pot, suite à des mouvements de colère, plus ou moins spontanés, quelques milliards « pour acheter la paix sociale », oubliant ainsi tout sentiment de culpabilité. Une étude administrative récente montre par ailleurs, que les plus défavorisés ne sont pas où l’on croit, mais dans les départements ruraux du centre, comme la Creuse, ou de l’est de la France. Ce qui vient corroborer par exemple, la thèse du criminologue Xavier Rauffer, selon laquelle les départements les plus pauvres, ne sont pas nécessairement les plus criminogènes. Les banlieues au contraire sont proches des grandes métropoles, irriguées par le dynamisme économique de la mondialisation. La Seine-Saint-Denis est un département au tissu d’activités dense, mais habitée par des gens pauvres et massivement au chômage. Cette proximité avec les centre – villes, rend les trafics de drogue très attractifs, si rémunérateurs qu’ils détournent de la recherche d’emploi.
Mais là où le bas blesse, c’est que la politique de la ville ne pourra rien contre cela, ni détruire les ghettos. Car ce n’est pas l’urbanisme qui provoque les ghettos, mais d’abord la délinquance, qui fait fuir les gens honnêtes, dès qu’ils le peuvent. Une politique d’immigration laxiste ensuite - 200 000 entrées régulières par an -, qui ruine tous les efforts d’intégration, et l’abandon par l’Etat et les élites de l’exigence d’assimilation, des codes sociaux et culturels français. « On ne peut pas exalter les différences et obliger des gens trop différents à vivre ensemble ». Malgré toutes les contraintes légales inventées, les aides financières déversées, la politique de la ville n’y pourra vraisemblablement rien. Elle sera au mieux inefficace, au pire même nuisible.
J. D.