La Lanterne (politique, sujets de société)

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28 février, 2011

Gauche caviar contre droite « bling-bling »

Classé dans : Politique — llanterne @ 12:29

Gauche caviar contre droite

Ces derniers jours, l’actualité politique française -partiellement éclipsée par les évènements internationaux-, a été dominée par les polémiques autour de la candidature socialiste. Il vient s’y ajouter médiatiquement les atermoiements autour du caractère hypothétique de cette candidature, accentués par le silence troublant du candidat concerné et les effets d’annonce de son épouse. Et les attaques de bas étage ont fusé de part et d’autre, entre l’UMP et le PS.

Dominique Strauss-Kahn apparaît visiblement comme un épouvantail à moineaux à une frange de la droite, celui qu’il faudrait à tout prix empêcher de concourir. Les ténors de l’UMP s’en sont récemment donnés à coeur joie, le bal ayant été ouvert par le porte-parole, Christian Jacob, qui estime que Strauss-Kahn n’incarne pas l’image de la France, ou du moins celle qu’il aime. Le député Pierre Lelouche a fustigé le candidat de « la gauche caviar », Jean-François Copé dénonçant l’air faussement désolé, la carence ultime de DSK, « il ne vit plus en France depuis maintenant cinq ans ». Le porte-parole du Parti socialiste, Benoît Hamon, a pris la mouche du coche, dénonçant les relents très cramoisis de la déclaration de Christian Jacob, y voyant des relents poujadistes, dans la veine des attaques du papetier de Saint-Céré contre Mendès-France, ou de celles dirigées contre Léon Blum durant l’entre-deux-guerres… Intenter un procès en illégitimité à DSK, affirmer que le président du FMI n’incarne pas la France, c’est sous-entendre qu’il serait un apatride, un tenant du parti de l’étranger. Mais parce que les socialistes savent bien aussi, que lorsque Christian Jacob déclare « avec sa fausse rusticité de paysan mal dégrossi », que DSK n’incarne pas bien la France, il touche aussi au principal talon d’Achille du candidat de Washington, incarnation de la « gauche bobo » entre son ryad à Marrakech et son appartement de la place des Vosges.

S’y ajoutent les interventions de sa charmante épouse, Anne Sinclair. Elle écrit et s’exprime, car elle n’est pas tenue par l’obligation de réserve de son époux, et ses propos et écrits sont relayés, commentés, sous-pesés, analysés. Car Anne Sinclair n’est pas seulement la femme de DSK, mais aussi et surtout une ancienne talentueuse journaliste et l’héritière d’un des plus grands marchands de tableaux du début du siècle dernier. Mais le patrimoine de Dominique Strauss-Kahn, son appartement de la place des Vosges, son pied-à-terre à Washington, c’est aussi elle. Dixit E. Zemmour, Anne Sinclair « c’est l’ancienne présentatrice de Sept sur Sept (…), la Dame au pull en mohair… », qui se faisait remplacer à l’antenne, quand elle devait recevoir Jean-Marie Le Pen, incarnation d’une gauche bourgeoise des années 80, qui s’était convertie au néo-libéralisme après le tournant de la rigueur de 83, et qui arborait la petite main jaune pour se donner un supplément d’âme. Mais depuis, de nombreux socialistes ont aussi analysé de manière critique cette période qui s’est achevée sur le Waterloo de Lionel Jospin en 2002.

Ils ont cherché à comprendre, pourquoi l’électorat populaire les avait abandonné en masse et n’était jamais réellement revenu à deux depuis. « Pourquoi ils avaient donné l’impression d’avoir laissé choir le peuple et la nation, au nom de l’Europe et du marché (…), d’avoir endossé la tunique rutilante, de ce que Jean-Pierre Chevènement appelait les élites mondialisées ». Et l’ennui pour Anne Sinclair, c’est que DSK est déjà sensible à ce type de critiques. Mais Anne Sinclair n’essaye même pas de corriger l’image de son mari, elle l’accentue, l’aggrave. Elle incite aussi ses adversaires à se dévoiler et à hisser sur le pavois, une Martine Aubry pourtant rétive. Du point de vue de l’image, Nicolas Sarkozy a eu sinon, le même type de souci en 2007. Le PS dénonçait « le candidat de Neuilly/Seine, atlantiste et libéral » -dixit Eric Besson, encore socialiste à l’époque-, puis le président « bling-bling ». Ce même Nicolas Sarkozy, qui s’évertue à se donner une patine de terroir, ces derniers temps, au travers de ses nombreux déplacements en province et sa défense électoraliste du monde rural.

Ce sont bien-sûr des questions d’image, des clichés, des raccourcis. Mais il est aussi des attaques qui peuvent devenir dangereuses, revenant comme un boomerang… Car comme l’analysait la journaliste au Figaro, Anne Fulda, lorsque la majorité attaque « la gauche caviar » de DSK, l’écho lui renvoie aussi « la France bling-bling du Fouquet’s ». Mais avec un risque pour l’UMP et le PS, en 2012, c’est qu’à l’arrivée, les électeurs se disent DSK / Sarko, c’est bonnet blanc / blanc bonnet… Du pain béni pour Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, les deux grands candidats anti-système.

                                                                                                                                                                                         J. D.

26 février, 2011

La crise lybienne et ses nombreuses dialectiques

Classé dans : Diplomatie,Monde — llanterne @ 6:00

 La crise lybienne et ses nombreuses dialectiques dans Diplomatie latern

La situation en Lybie fait réagir le monde entier. Elle vient s’inscrire dans la suite logique, de ces révolutions dans le monde arabe. Et tout le monde condamne le « colonel Kadhafi », au pouvoir depuis une quarantaine d’années, de l’ONU à l’Europe en passant par les Etats-Unis, la France, l’Allemagne et même la Ligue arabe. Kadhafi fait l’unanimité contre lui, et se voit menacé d’ostracisation, de mise au ban des nations, de sanctions économiques et de boycott. Mais cependant, il n’a toujours pas quitté le pouvoir, « au prix d’une boucherie », menace-t-il. Les médias locaux sont verrouillés et le « Guide suprême de la Jamahiriya arabe lybienne » semble prêt à vendre chèrement sa peau. Mais à l’aune de cette insurrection lybienne, de nombreuses dialectiques et problématiques viennent aussi se recouper. 

Une première dialectique, qui est d’abord celle de la répression et du pouvoir, suivant l’analyse récente du journaliste E. Zemmour, sur le sujet. Le régime de Téhéran n’a pas hésité à réprimer brutalement les manifestations étudiantes, en 2009, étouffant le mouvement d’opposition dans l’œuf. Tout comme les apparatchiks du PCC, en 1989, qui écrasèrent dans le sang, la révolte étudiante de la place Tian’anmen à Pékin, faisant près de 2600 morts et 7000 blessés. A la même époque, en Europe centrale, la plupart des régimes communistes refusèrent de basculer dans la répression et chutèrent comme un château de cartes, les uns après les autres. « Tirer ou pas sur le peuple, une question aussi vieille que les révolutions ». Mais aujourd’hui, les pouvoirs ont aussi la télévision contre eux. Le phénomène internet a encore modifié la donne, comme nous l’avons vu lors de la « révolution du Jasmin » en Tunisie, et durant cette « révolution du Nil », en Egypte, ces massacres déclenchant des réactions très rapides. Mais c’est là qu’entre en compte, une autre dialectique. Face à un dictateur lybien qui sait s’adapter diplomatiquement aux circonstances, ayant su manœuvrer habilement ces dernières années, se reconstruisant une forme de respectabilité et une image d’interlocuteur, à l’échelle du monde arabe. 

Kadhafi y va de ses prédictions, avertissant du chaos consécutif à son départ et ne se voulant pas démuni d’arguments face aux menaces de rétorsion et d’ostracisation, en « pointant un pistolet sur la tempe de l’Europe », à savoir l’immigration. Il est vrai que nombreux Lybiens pourraient ainsi prendre la voie de l’exode, débarquant sur les côtes italiennes voisines. Le ministre italien des affaires étrangères, Franco Fratini, a d’ailleurs prévenu récemment, que selon lui, en cas de chute de Kadhafi, l’Italie verrait débarquer de 200 à 300 000 immigrés. « Ce serait un exode biblique ». Suite à cette « révolution du jasmin », des milliers de Tunisiens ont ainsi traversé la Méditerranée pour prendre le chemin de l’exil. Ils étaient près de 5000 à débarquer ces derniers jours à Lampedusa, petite île située au sud de la Sicile, à 138 km des côtes tunisiennes, une des portes d’entrée de l’immigration clandestine vers l’Europe (à l’image de Ceuta et Mellila). Car les problèmes sont toujours là, les Tunisiens restant en l’occurrence, toujours englués dans une situation économique intenable, avec un taux de chômage record. La répression pousse à la fuite. Mais la chute d’un régime ouvre les vannes également. Et ce phénomène d’exode à bord d’embarcations de fortune, se veut comme « une mise en bouche », auquel pourrait venir s’ajouter d’autres vagues. Alors ça suffit, ou encore plus ?

L’Italie est en première ligne, débordée et impuissante, en appelant même à la solidarité des Etats voisins et de l’Union européenne, qui a promis des fonds récemment et des mesures pour enrayer l’exode. Qui tient qui ? Qui menace qui ? Et sinon, remplacer des régimes despotiques, policiers et corrompus, en place depuis près de trente ans. Mais par quoi, par qui et surtout comment ? Ce sont là aussi, d’importantes dialectiques sous-jacentes, qui sont loin d’être anecdotiques ou anodines, et qui n’ont pas fini de se poser…    

                                                                                                                                      J. D.

 

Analyse de Laurent Bazin – La France a-t-elle perdu sa voix ?

Classé dans : Diplomatie — llanterne @ 1:53

Dans une récente allocution matinale, sur RTL, les chroniqueurs Laurent Bazin et Vincent Parizot revenaient sur la diplomatie française actuelle. A savoir notamment une tribune qui fait beaucoup de bruit : une quarantaine de diplomates anonymes réunis sous le nom de code « Marly », dénonçant les« improvisations » et « l’amateurisme » de Nicolas Sarkozy. Et avec une question qui ait ainsi posée, à force de revirements diplomatiques et de polémiques médiatiques : la France a-t-elle perdu sa voix ? Une tribune assez subversive, mais aussi intéressante sur le fonds, et révélatrice d’un profond malaise, à l’heure actuelle, régnant au sein des grands corps de l’Etat.

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24 février, 2011

Ce rapport annuel de la Cour des comptes…

Classé dans : Politique,sujets de societe — llanterne @ 8:57

 Ce rapport annuel de la Cour des comptes... dans Politique latern

Comme chaque année, la Cour des comptes a publié son rapport annuel, moment très attendu. Le rapport de la Cour des comptes, c’est un peu comme le « Beaujolais nouveau ». On y goûte, on le déguste, et puis on l’oublie… Ainsi, comme chaque année, un constat très sévère est dressé par le comité des sages, sur la gestion des finances publiques. Et le « cru 2011″ ne déroge pas à la règle. Publié ce jeudi 17 février, ce rapport distille encore d’innombrables recommandations et décerne quelques bonnets d’ânes aux mauvais gestionnaires des deniers publics. Et comme tous les ans, on s’offusque devant ces gaspillages recensés, ces incohérences accumulées, ces déficits cumulés…

Cette année, la juridiction financière épingle notamment la prime pour l’emploi -PPE-, visant à inciter les chômeurs à reprendre une activité, car trop complexe, faiblement incitative, mal pilotée, et surtout faisant doublon avec le « RSA activité ». Le comité des sages dresse également « un bilan décevant » de la campagne de vaccination contre le virus H1N1 de l’hiver 2009-10, qui a fait beaucoup de bruit pour rien. Elle aura coûté finalement 662,6 millions d’euros pour à peine 5,4 millions de personnes, contre les 510 millions d’euros annoncés-soit 60 euros par vaccin et 110 euros par personne vaccinée. Parce que les contrats d’achat de vaccin ont été mal négociés avec les laboratoires, et qu’une organisation dispendieuse a fait déraper les coûts. Les magistrats financiers dénoncent également le fonctionnement du CNFPT -l’organisme chargé de l’emploi et de la formation des agents des collectivités territoriales-, marqué pendant de longues années, par la « persistance de graves anomalies de gestion ». La cour préconise aussi le gel du salaire des fonctionnaires jusqu’à la fin de année 2013, la suppression du régime du « quart de place » touchant aux tarifs SNCF des militaires, et la remise en cause des niches fiscales des arbitres internationaux. Mais seulement, comme tous les ans aussi, après l’euphorie de la publication du rapport, plus rien…

Suivant l’expression de la journaliste au Figaro Anne Fulda, « la Cour des comptes est comme un gendarme sans bâton ». Le comité des sages pointe des dépassements et des anomalies, et émet des recommandations, mais il ne dispose d’aucun droit de suite, d’aucun pouvoir de sanction directe. Et son seul vrai pouvoir est donc de répéter, année après année, que décidément « Madame la marquise, tout ne va pas très bien ». Alors évidemment, au bout d’un certain temps, s’installe une certaine lassitude. La dénonciation des dépassements et la répétition de l’urgence, en deviennent presque coutumières. Certes, à l’initiative du nouveau président socialiste, Didier Migaud, pour montrer que la vieille juridiction créée en 1807, peut aussi être énergique et tenace en matière de réajustements, une sorte de classement a été établie pour la première fois. Sont mis en exergue les mauvais élèves, les multirécidivistes de la mauvaise gestion. Le port de Marseille figure en tête du classement, avec pour exemple la grille salariale des grutiers, percevant une rémunération allant de 3500 à 4500 euros nets, pour douze heures de travail hebdomadaire. Le Centre National de la Fonction Publique y figure également, ainsi que le programme Chorus, « prologiciel » interministériel de gestion comptable et budgétaire, parmi tant d’autres.

Mais ce classement et ces bonnets d’âne d’un nouveau genre, auront-ils réellement un effet dissuasif. C’est peu probable. Mais alors, une sérieuse question se pose… A quoi sert finalement d’avoir une Cour des comptes, si elle n’est dotée d’aucune capacité de sanction ?

                                                                                                                           J. D. 

 

17 février, 2011

Cette « révolution du Nil » et ses défis

Classé dans : Diplomatie — llanterne @ 22:28

Cette

La pression populaire a finalement eu raison du président égyptien, et l’Egypte vit ainsi ses premiers jours sans Moubarak, au pouvoir depuis 1981. Le raïs a quitté Le Caire pour se réfugier à Charm el Sheik, station balnéaire des bords de la mer rouge. Un départ et une démission qui ont donné lieu à des scènes de liesse dans les rues de la capitale et dans tout le pays. Une foule euphorique célèbre cette « révolution du Nil », et c’est l’armée égyptienne qui assure provisoirement la transition politique. Mais à l’aune de ces bouleversements inédits, cinq jours après le départ de Moubarak, de nombreuses questions restent en suspens.

Dans les faits d’abord, Hosni Moubarak incarnait le régime, mais également l’armée, qui avait repris les rênes du pouvoir dès le début. Moubarak a ainsi été contraint de nommer vice-président le général Omar Suleiman, chef des services de renseignements égyptiens. Le président Moubarak était par ailleurs, très usé par l’âge et la maladie, et il n’était plus tout à fait présent. C’était le premier ministre, qui s’occupait des affaires courantes, et Moubarak ne gérait plus la crise, à proprement parler. Mais la lassitude – légitime et compréhensible -, l’exaspération même à son encontre étaient telles, qu’il a été poussé à la sortie et désavoué par l’armée. Mais il reste cependant de nombreuses zones grises, et le chemin vers la démocratie est semé d’embûches. Les anciennes méthodes ont ainsi la vie dure, dans un pays arabe où le parti au pouvoir avait l’habitude de truquer les élections. Où la corruption, les pots de vin, ont toujours été la norme, et avec une opposition longtemps mise sous la coupe, aux visages inconnus à l’étranger. Le prix nobel de la paix, Mohammed El Baradei, est en réalité peu reconnu, en Egypte. Il est présenté comme un occidental et n’incarne pas réellement l’opposition. Et la normalisation politique sera ainsi longue à se mettre en place.

Par ailleurs, ces évolutions représentent aussi un énorme défi et un énorme espoir, pour l’ensemble des peuples du monde arabe. Mais l’Egypte n’est pas la Tunisie, ni l’Algérie, car chaque pays a ses spécificités. L’Egypte est un pays surpeuplé, qui connaît aussi un revirement constatable vers un Islam rigoriste, depuis ces dernières années. Or, la querelle autour des droits de l’homme, de la démocratie, ne peut s’abstraire de ce contexte. Difficultés économiques encore criantes, illettrisme, explosion démographique, urbanisation anarchique et galopante, replis identitaires et religieux, toutes les problématiques se recoupent. Mais tout type de régime tyrannique s’inscrit dans une certaine configuration historique et socioéconomique. Ainsi considéré, il se substitue toujours difficilement, dans un premier temps, en l’absence d’un degré élevé de sagesse politique dans une société donnée. L’armée égyptienne se veut pour l’instant le garant de la laïcité, un paratonnerre contre l’anarchie, le désordre, les pillages, la remontée des extrémismes. Mais chaque geste ou annonce du Conseil suprême des forces armées, assurant l’intermède, est scruté avec attention par les Egyptiens, prêts à redescendre dans la rue pour protéger leurs acquis. Les revendications économiques, sociales vont être de plus en plus nombreuses. Et il faudra pouvoir les satisfaire dans une certaine mesure, au risque d’une nouvelle explosion sociale.

L’évolution politique des prochains mois, sera ainsi lourde de conséquences sur le plan de la stabilité intérieure. L’aboutissement de cette transition et la normalisation représentent également des enjeux cruciaux sur le plan diplomatique. Car il est certain que l’on assistait depuis 2005 à une remontée en Egypte, de ceux qui ne veulent pas entendre parler des accords de paix. Et l’Egypte a toujours joué un rôle clef depuis Sadate, dans le processus de paix israélo-palestinien. Il y a eu des partis politiques égyptiens, qui sont aujourd’hui dissous. Certains hommes sont parfois encore là, et l’Egypte compte sinon des élites cultivées. Mais la transition politique représente un sérieux défi ; sachant aussi que l’ensemble du monde arabe a les yeux rivés sur l’Egypte, et ces bouleversements inédits en cours…

                                                                                                                                                                                               J. D.

15 février, 2011

Les lectures de l’oeuvre de Muray, par Fabrice Luchini – Théâtre de l’Atelier

Classé dans : Culture,theatre et 7e art — llanterne @ 19:41

Dans la lignée de ses lectures de passages du « Voyage au bout de la nuit » de Céline, ou encore de Paul Valéry, Gustave Flaubert ou des fables de La Fontaine, Fabrice Luchini s’est intéressé récemment, à l’œuvre de Philippe Muray, au travers d’une compilation de quelques textes choisis, écrits essentiellement entre 1998 et 1999.

A l’image de Céline, le philosophe et essayiste, Philippe Muray - décédé en 2006 -, se voulait le chroniqueur de ce qu’il appelait le « désastre contemporain ». Une époque où selon lui, « le risible a fusionné avec le sérieux », et où le « festivisme » fait la loi. Dans un ton rempli de dérision, Philippe Muray a stigmatisé les travers de notre temps, notamment au travers de la figure allégorique de l’« Homo festivus »… Il fut ainsi l’auteur de nombreux néologismes assassins, à l’image d’ « Aristocrate », « rebellocrate », « Mutin de Panurge » (individu à la rébellion factice, en accord avec l’air du temps), ou encore « Maton de Panurge » (individu tentant par tous les moyens, de faire taire les voix s’opposant au consensus d’un certain politiquement correct). Bref, un atypique et un réactionnaire, au style assez copieux, mais plein d’humour et de justesse.

En prolongation jusqu’au mois dernier, au théâtre de l’Atelier, j’ai eu ainsi le plaisir de découvrir Muray, au travers de ses lectures, dans un exercice pourtant malaisé, mais servi par le talent de conteur de Fabrice Luchini, et son sens inné des apartées avec le public.

                                                                                                                     J. D.

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11 février, 2011

Sarkozy face aux Français ou la proximité livrée sur un plateau

Classé dans : Politique,sujets de societe — llanterne @ 19:22

 Sarkozy face aux Français ou la proximité livrée sur un plateau dans Politique latern

Nicolas Sarkozy était l’invité, jeudi soir, de « Paroles de Français » sur TF1  -émission animée par Jean-Pierre Pernault-, à savoir un dialogue entre le président de la République et une dizaine d’invités. Il était ainsi question des préoccupations des Français, dans une démarche de simplicité, de proximité et de sincérité, comme lors de la première édition de cette émission, c’était il y a un an, en janvier 2010. C’est une idée typique de communicant, qui n’est guère nouvelle, à savoir le dialogue direct avec les Français et les questions que se posent nos concitoyens. En son temps, Giscard a parlé aussi aux Français. François Mitterrand s’y est essayé aussi. Chirac a parlé plus particulièrement, lui, aux jeunes Français, comme à la veille du référendum de 2005, expliquant qu’il ne les comprenait pas.

Quand les conseillers du général de Gaulle, lui avaient recommandé de répondre aux questions du journaliste Michel Droit, lors de l’entre-deux-tours des présidentielles en 1965, il avait eu cette réponse célèbre, « vous voulez donc que je paraisse en pyjama ». A l’époque, le souci des partisans du général était de faire descendre un président jupitérien, au niveau des humains, suivant l’analyse d’Eric Zemmour. Depuis lors, cette obsession a été celle de tous les entourages présidentiels. L’Elysée enferme, sacralise, monarchise. Il faut donc décrisper, humaniser les rapports entre le président et les Français. Giscard, Mitterrand, Chirac, ont été confrontés à la même équation, qu’ils ont résolu avec plus ou moins de succès. Mais Nicolas Sarkozy doit résoudre, lui, une équation exactement inverse. Comment devenir président de la République ? Et non comment paraître plus près du peuple. Durant ses quatre années de mandat, il s’est ainsi évertué à désacraliser la fonction, de ses courses à pied, jusqu’à son algarade avec un badaud au salon de l’agriculture, en passant par l’étalage des méandres de sa vie privée, dans un va-et-vient digne d’une pièce de Feydeau.

L’image de l’homme a largement supplanté dans la mémoire collective, l’image du Roi. Et c’est d’ailleurs, ce qu’on lui reproche. En tout cas, certainement l’électorat le plus âgé, qui avait voté massivement pour lui, en 2007. Mais après avoir fait ostensiblement rouler la couronne à ses pieds, il devient difficile de la replacer ensuite sur sa tête. Il est vrai qu’on avait eu le sentiment, depuis quelques temps, que Nicolas Sarkozy s’était employé à se re-présidentialiser, faisant de « louables » efforts à cet effet. On l’a vu marcher dans la neige sur le plateau des Glières, recevoir avec dignité les corps de nos soldats morts en Afghanistan, et des otages du Niger ou encore présider le G20. Mais voilà, que ses communicants lui font faire une rechute. Il s’est retrouvé de nouveau, avec ses Français, qui le houspillent, le brocardent, à portée d’une paire de soufflets. Pour Nicolas Sarkozy, hier soir, dans cette émission, c’était donc « soirée pyjama »

Comme l’analysait Eric Zemmour, je ne doute pas que Sarkozy ait eu réponse à tout, qu’il ait su dialectiquement se tirer de tous les mauvais pas. Il montre toujours sa parfaite maîtrise de ses dossiers, et son « intérêt pour les problèmes des Français ». Mais ce n’est pas ce qu’on lui conteste, ou du moins, pas directement. La question est plutôt, mais que peut-t-il bien dire à ces invités – contradicteurs – et devant les téléspectateurs -, qu’ils ne sachent déjà ? Que répondre à un couple d’agriculteurs, à qui il avait promis de rendre visite, dans une approche ridicule, alors que les discussions autour de la PAC se révèlent, de tout de façon, particulièrement âpres. On ne doute pas que Nicolas Sarkozy ait fait une excellente audience, avec ce numéro, comme il aime à s’en enorgueillir… Mais pour quels résultats ?   

                                                                                                                                                                  J. D. 

10 février, 2011

Marine Le Pen à la barre, à la veille de 2012

Classé dans : Politique — llanterne @ 22:59

Marine Le Pen à la barre, à la veille de 2012 dans Politique latern

Marine Le Pen a été élu présidente du Front National, assez largement, face à son opposant Bruno Goldnisch. Elle espère non seulement rééditer aux prochaines présidentielles, l’exploit de son père en 2002, qui s’était qualifié pour le deuxième tour, mais elle espère même faire mieux encore, galvanisée par sa remontée dans les sondages. Par ailleurs, l’avènement de la fille Le Pen a des conséquences sur le plan idéologique. La sémantique n’est plus la même, signant la clôture définitive de l’après-guerre, dans l’ensemble de la classe politique française. Fini les références à l’occupation, ou la décolonisation, l’Algérie… « Tout cela est rendu aux Historiens »

Avocate de formation et députée européenne, il est vrai, Marine Le Pen est un peu moins diabolisée. Elle explique toujours qu’elle a découvert que son père faisait de la politique, à l’âge de huit ans, lors de ce fameux attentat de la Toussaint 1976 (vingt kilos de dynamite qui firent sauter tout un immeuble, sans faire de victimes !)… Elle explique que son père relativise, ce qui lui a été utile, arrivé à l’âge adulte. Elle a commencé à l’accompagner sur le terrain, dans la vie politique, lors des élections municipales de 1983, dans le XXe arrondissement à Paris. C’est aussi l’année de la percée électorale à Dreux. Dans son dernier ouvrage, publié en 2006, elle tentait habilement de livrer son éclairage sur un certain nombre d’évènements. Il y a toute une ambiance autour du père, et elle tente d’effacer cette image parfois malséante, liée à ces propos récurrents qui ont toujours nourri la suspicion. Elle explique qu’il a été maladroit, qu’il a blessé… Mais qu’il a 83 ans, que c’est un enfant de la guerre, qui a perdu son père alors qu’il avait quatorze ans, car on établit des hiérarchies à l’aune de sa sensibilité personnelle… Ca serait son trait de caractère, car il sait que l’on est peu, entre les mains du destin. Elle rétorque notamment que cette tendance à la relativisation de son père, l’a fait souffrir… Elle se présente en femme de son époque, avant tout dans l’immédiateté et dans le sentiment, répètant fréquemment, que ce qui compte pour elle, c’est l’avenir…

Née en 1968, Marine Le Pen se revendique d’ailleurs d’un héritage sociétal sur le divorce ou l’avortement… Mais le paradoxe, c’est aussi qu’elle se soit imposée récemment, en s’attaquant à l’un des purs produits de cette dérive libertaire, lorsqu’elle dénonça avec une rare efficacité, les dérives sexuelles de Frédéric Mitterrand. Autre paradoxe, elle s’est enracinée dans le Nord de la France, dans son fief d’Hénin-Beaumont, dans une critique serrée de la mondialisation. Certes, déjà du temps de son père dans les années 80, les effets de la mondialisation, en détruisant les emplois des ouvriers, mais aussi en essorant les indépendants, commerçants, petits patrons, avaient rassemblé dans le même camp des victimes, deux électorats, jadis adversaires de classe. Le Front National étant ainsi devenu le premier parti ouvrier de France. La critique de gauche de la mondialisation libérale, s’arrête toujours au sujet tabou de l’immigration. C’est aussi pour cette raison majeur, que les grands dirigeants souverainistes, comme Séguin ou Chevènement, ne sont jamais parvenus à réunir l’ensemble des suffrages populaires, dans les débats autour des grands référendums européens.

Sur ce sujet, dans une habile évolution sémantique, Marine Le Pen, elle-même, parle moins d’immigration que son père, et plus d’Islam. Elle reprend, là aussi, l’ancien discours de la gauche. En particulier du PCF et de Georges Marchais dans les années 80, mais qui a été abandonné dans un virage sémantique et idéologique par Robert Hue puis Marie-Georges Buffet, au début des années 1990, sous la poussée de certains courants (notamment trotskistes, analyse-t-on souvent). Un discours qui prône une laïcité rigoureuse, s’attaquant aux féodalités d’argent et prenant même parti contre ces délinquants qui pourrissaient la vie des autres, en particulier des plus modestes. Sur la scène politique européenne, aux Pays-Bas, en Italie, des mouvements dits populistes, font sinon leur irruption sur la scène politique et entrent dans des coalitions gouvernementales. Et Marine Le Pen en a tiré des conclusions stratégiques… En 2007, Nicolas Sarkozy a versé dans une forme de populisme, coupant le Front National d’une base électorale, qu’il ait ainsi parvenu à s’attirer. Certains politicologues et analystes s’accordent même pour dire, que c’est bien cette habile stratégie, qui vient principalement expliquer son excellent score enregistré au 1er tour. Mais depuis les dernières élections régionales, le Front National a réopéré une sérieuse poussée électorale, alors que certains sondages récents, créditent Marine Le Pen de 20 % d’intentions de vote aux prochaines présidentielles, faisant d’elle un « troisième homme » potentiel.

Jean-François Copé dénonce au sein de l’UMP, par exemple, tout accord. Mais au sein du grand parti de la majorité, le collectif de la Droite Populaire – réunissant une trentaine de députés -, a renoué avec le vieux slogan,« pas d’ennemi à droite ». Alors quel positionnement concret pour la droite, vis-à-vis du FN ? Comment ces complexes oppositions idéologiques, au sein de la majorité, pourraient-elles bien se traduire ? Irait-t-on alors, le cas échéant, vers une éventuelle recomposition des droites, face à un FN rebondissant au 1er tour ? Autant de questions et d’énigmes posés, qui trouveront des réponses, dans quelques mois. 

                                                                                                                                        J. D.

 

« Progrès et conservatisme »

Classé dans : Politique,sujets de societe — llanterne @ 21:12


A l’assemblée nationale, la commission parlementaire spéciale sur la bio-éthique a voté ces trois derniers jours, trois amendements, qui modifient sensiblement le projet de loi soumis au conseil des Ministres au mois d’octobre 2010. Mais le texte maintient le statut-quo sur l’essentiel, notamment sur la recherche embryonnaire, et l’anonymat des donneurs de gamètes. Et le commentaire du député Jean-Marc Ayrault a été le suivant : « Le gouvernement est frileux, face aux lobbies les plus conservateurs »

Bouger avec une société qui bouge, changer avec une société qui change. C’est la rengaine que l’on entend depuis des années, en matière de moeurs surtout. A chaque fois, la loi est sommée de s’adapter, encore et encore, « aux désirs et aux foucades de nos contemporains », suivant l’analyse zemmourienne. La gauche s’accapare un certain nombre de sujets, derrière une sémantique de « progrès ». Mais la droite avec Giscard avait aussi pris, plus que sa part. Quand il arrive à l’Elysée, Sarkozy cherche à renouer avec une intuition giscardienne, et s’engage notamment, à prendre en compte « les nouvelles constellations familiales ». Il ouvre une fenêtre aux tenants -très marginaux- du Cuc. Et Nadine Morano envisage une révision du statut de beau-parent, qui ressemble fortement à une reconnaissance tacite de l’homo-parentalité. Et puis, plus rien. La révision actuelle à l’assemblée, des lois de la bio-éthique, désespère nos progressistes. « Pas la moindre avancée à se mettre sous la dent », rien de rien… Sarkozy a abandonné Giscard, pour rejoindre le conservatisme pompidolien, qui ne voulait pas meurtrir un corps social déjà bousculé, par les transformations économiques et sociales.

Nos progressistes dénoncent bien-sûr les évidentes arrière-pensées électoralistes de Sarkozy, soucieux de ne pas froisser l’électorat catholique. Ils incriminent également l’influence néfaste d’un collectif de parlementaires réunis sous la bannière de la Droite Populaire, et dénoncent l’activisme réactionnaire de certains députés, tel Hervé Maryton, qui a théorisé le retour de la droite sur ces questions sociétales. Et le débat politique s’enferme à chaque fois dans une opposition stérile, où chaque tenant argumente dans une sémantique, obéissant à une logique : progrès / conservatisme. Certes, pour une fois que la droite ne se fait déborder par l’activisme médiatique et idéologique de la gauche, on comprend qu’elle ne le digère pas. Mais il faut peut-être dépasser cette dialectique, la problématique étant plus profonde. Et après tout, pourquoi ne pas faire l’éloge d’un conservatisme supposé, en la matière ?

Mais si tout simplement, les principes qui guident notre politique en la matière, depuis 1994, étaient les meilleurs. Et pourquoi changer pour changer ? Le grand premier ministre anglais, Disraéli, disait « je suis conservateur, parce que je conserve ce qui est bien et je change ce qui est mal ». Alors pourquoi détruire ce qui est bien ? Ces lois sur la bio-éthique ont été débattues, comme le cuc, pour faire plaisir et satisfaire des lobbies minoritaires et des intérêts, l’essentiel de l’opinion publique s’en désintéressant. Alors pourquoi renoncer à la dignité de la personne humaine, à l’inviolabilité, à l’intégrité du corps humain ? Pourquoi autoriser les mères porteuses, alors que des féministes éminentes dont Gisèle Halimi, dénoncent elles-même, la marchandisation du corps de la femme ? Pourquoi ouvrir la procréation médicale assistée aux couples de femmes et de célibataires, comme si avoir un enfant était devenu le dernier droit individuel d’une société consumériste et existentialiste ?

C’est le coeur du débat, les sciences sont évidemment détachées de la sphère morale, quelque soit la sagesse et le sérieux, dans la démarche et la méthode de la recherche scientifique. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme », disait Rabelais en son temps. Les progrès incroyables de la science posent ainsi des problématiques nouvelles et lourdes d’un point de vue sociétal. Nous citons toujours en référence, les exemples étrangers, ce qui se passe en Allemagne, en Italie. Mais pourquoi toujours regarder ailleurs ? Et si nous faisions aussi confiance à notre génie national. Au moment, où les prouesses scientifiques nous permettent d’utiliser un embryon humain, uniquement à des fins médicales (!), la France est, peut-être, encore le dernier rempart des valeurs humanistes, menacées par l’eugénisme et l’hubrisme de la technique et du marché.

                                                                                                                           J. D.

9 février, 2011

Europe Ecologie : la « tentation » médiatique

Classé dans : Politique — llanterne @ 19:10

Europe Ecologie : la

Toujours candidate à l’investiture d’Europe Ecologie pour la présidentielle de 2012, Eva Joly demande à Nicolas Hulot de se positionner clairement et rapidement. Nicolas Hulot est en effet, plébiscité par 61 % des Français selon un sondage IFOP, venant détrôner l’ancienne juge d’instruction. Hulot est ainsi en train de s’imposer aux verts, de la même manière que Ségolène Royal s’imposa aux socialistes en 2006. Et ce couple magique ou diabolique sondages / télévision, s’avère le plus fort, allant jusqu’à faire céder l’appareil du parti.

En 1981, Mitterrand est investi par le PS, alors que les sondages plébiscitaient plutôt Michel Rocard. En 1995, Jacques Chirac refusa de laisser passer Edouard Balladur. Mais un réel tournant a été marqué, en 2006, quand François Hollande -alors pourtant secrétaire général du PS-, s’est finalement effacé devant Ségolène Royal, présentée comme candidate favorite des Français. Chez les verts, Cécile Duflot a adoubé Eva Joly, un sondage Ifop établissant alors, que 65 % des Français la considéraient comme une candidate sincère. Mais les gaffes de l’ancienne juge de fer ont tout emporté et inversé la donne, une certaine versatilité étant aussi une des caractéristiques des sondages d’opinion. Dans cette logique, même les communistes ne semblent résister à l’ouragan Mélenchon. C’est à gauche, où la tradition partisane est pourtant la plus ancienne, que l’on résiste le moins bien, au niveau de l’appareil des partis. A droite, on reste plus classique, plus conservateur, presque plus démocratique. 

Jean-François Copé qui ne cache pas son ambition présidentielle, a fait des pieds et des mains, pour prendre la tête de l’UMP. Et Marine Le Pen s’est imposée une longue campagne pour conquérir le FN, face à Bruno Gollnisch. A droite, c’est un homme qui prend la tête d’un parti, pour assurer son destin. Mais à gauche, c’est le parti qui cherche une figure pour diriger l’appareil. La gauche est demandeuse, indéterminée, en situation de faiblesse, et à la recherche de l’homme providentiel. Les socialistes attendent Dominique Strauss-Kahn, les communistes subissent Mélenchon -le sauveur transfuge du PS-, et les verts avaient bien « un sauveur venu d’Allemagne », mais Daniel Cohn Bendit se refuse à toute compromission, alors qu’il est le seul dans son mouvement, à incarner une histoire, une vision de la société, qui a le mérite d’être ce qu’elle est.

L’avènement probable d’Hulot, signera encore, une nouvelle étape. Ou plutôt viendra la confirmer, si l’on peut dire, dans une logique où ce n’est plus le politique qui se sert ainsi de la télévision, mais la télévision qui forge son politique. Le média ne se contente plus de sélectionner le candidat qu’on lui propose, mais l’invente, et les outils d’autrefois -sondages / télévision-, sont devenus les maîtres… 

                                                                                                                                       J. D.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                 

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