La Lanterne (politique, sujets de société)

22 avril, 2011

« Crimes et fraudes en Côte-d’Ivoire » – Jacques Vergès et Roland Dumas

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Maître Jacques Vergès a livré une conférence de presse, le 8 avril 2011, à Paris, annonçant la sortie de son dernier livre - co-rédigé avec Roland Dumas -, « Crimes et fraudes en Côte d’Ivoire » (éditions Edites). Coutumier des prises de position à contre-courant, Maître Vergès présente ainsi son interprétation, chaque camps ayant autant triché que l’autre et les élections en Côte d’Ivoire étant de son point de vue, à réorganiser, tel qu’il l’expose au travers de cette intervention au ton sulfureux, mais qui reste intéressante et à découvrir…

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Carnet littéraire – Coups de coeur

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« Charly 9 », Jean Teulé, Julliard  

Jean Teulé a publié récemment son treizième roman, « Charly 9″ ». Après « Le Montespan », « Mangez-le si vous voulez », l’ami des poètes (Verlaine, Rimbaud, Villon) nous fait revisiter les méandres du règne de Charles IX, associé dans l’imaginaire collectif au massacre de la Saint-Barthélémy. Sa responsabilité réelle continue de diviser les historiens, mais l’auteur présente cependant « Charly 9″ » en pantin placé entre les mains de sa mère, Catherine de Médicis. En proie aux remords et aux hallucinations, le jeune roi aurait accumulé les initiatives désespérées. Sa santé ayant toujours été médiocre, les tumultes d’un complot déjoué contre lui, finirent de l’affaiblir, et atteint de maux divers, il s’éteint le 30 mai 1574, un mois avant son vingt-quatrième anniversaire. C’est ainsi le bref règne de celui, de tous les rois de France, qui aurait été « l’un des plus calamiteux », que Jean Teulé nous fait redécouvrir, à sa manière, dans ce style bien à lui.

« Eloge des frontières », Régis Debray, Gallimard

Et si le sans-frontiérisme n’était pas plutôt « un leurre, une fuite, une lâcheté » ? C’est l’interrogation soulevée par Régis Debray, dans « Eloge des frontières ». Le philosophe rassemble dans ce petit essai, le contenu de conférences prononcées en mars 2010, à la Maison franco-japonaise de Tokyo, tournant progressivement au fil du récit, à l’attaque en règle des chantres d’une globalisation indifférenciée. En « bon Européen », Régis Debray choisirait ainsi « de célébrer ce que d’autres déplorent : la frontière comme vaccin contre l’épidémie des murs ». Parce que partout « sur la mappemonde, et contre toute attente, se creusent ou renaissent de nouvelles et d’antiques frontières »… L’ancien militant d’extrême-gauche s’inscrit dans un positionnement quelques peu chevènementiste, au travers de ce petit manifeste à rebrousse-poil, à découvrir.

 « J’y crois pas », Orimont Bolacre, David Reinharc & Parti de l’In-nocence

Contredire Stéphane Hessel, par son passé de résistant, sa carrière, son âge, et surtout au travers de son succès littéraire récent (avec Indignez-vous !), peut sembler ardu, médiatiquement parlant. Même si pourtant, Stéphane Hessel ne laisse en face de lui, que des portes ouvertes, « y compris celles qu’il défonce doucement ». Et c’est l’exercice malaisé, auquel s’est livré Orimont Balacre (avec un talent relatif), dans un récent opuscule « J’y crois pas », que l’auteur a voulu du même format que l’ouvrage auquel il répond, et qui a attiré récemment mon attention dans une librairie, placée sur un présentoir, juste à côté d’« Indignez-vous ».

A savoir certes, un opuscule à l’intitulé pour le moins laconique, elliptique et succinct, mais en guise de réponse à un autre ouvrage au titre non moins lapidaire. Agé de trente et un ans, l’auteur ne parle pas de si haut. Mais visiblement proche du parti de l’In-nocence du controversé Renaud Camus, il s’est évertué cependant à décrypter ces « indignations » successives destinées aux « jeunes générations », les jugeant prévisibles et assez sélectives. Tous ces « grands principes de la Résistance, invoqués par l’ancien ambassadeur, [qui] ne seraient plus opérationnels en ce début de XXIe siècle mondialisé »

 

 

 

 

 

16 avril, 2011

Cette victoire des « verts » outre-Rhin

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 Cette victoire des

L’évènement de la fin mars-début avril, chez nous, c’était les cantonales. Mais en Allemagne, c’était les élections régionales, qui ont été marquées par la percée éclatante du parti écologiste, dans le Bade-Wurtemberg. Pour la première fois dans l’histoire politique allemande, les Verts allemands, vont présider un Land, infligeant une défaite aux chrétiens-démocrates, au pouvoir dans cette région depuis plus de cinquante ans. Ils se sont imposés au sein d’une coalition de gauche, et un ministre-président issu des verts devrait donc, pour la toute première fois dirigée ce land allemand, très riche. C’est dans ce fief industriel de Damler et de Porsche, le fameux Land de Bade-Wurtemberg, que les verts allemands ont été élus. Pour une victoire électorale Outre-Rhin -remontant à une dizaine de jours-, qui a été peu analysé et qui mériterait l’attention du courant écolo hexagonal…

Jusqu’à présent, les verts allemands avaient l’habitude d’être cantonnés à l’arrière de la scène politique, par une image assez prononcée et caricaturale, correspondant à leur jeunesse post-soixante-huitarde. Mais ce qui ne correspond pas vraiment au profil de Wilfried Kretschmann, le nouveau président vert du Land, qui ne cache pas une foi catholique vibrante et se déclare sans fard, très conservateur. On est loin du mariage homosexuel, cher à Noël Mamère, et du combat pour les sans-papiers, cher à Dominique Voynet. Certes, ils sont quand même verts allemands et ils ont gagné ces élections dans le Bade-Wurtemberg. Le débat nucléaire a été certainement fondamental, dans ce Land, abritant quatre des dix-sept centrales nucléaires allemandes. Les causes conjoncturelles de cette victoire sont nombreuses : accident nucléaire japonais, lutte contre la construction d’une grande gare à Stuggart… Les verts allemands n’ont remporté leur combat politique, avant tout parce qu’ils ont renoncé à leur anticapitalisme des origines et à leurs combats sociétaux les plus subversifs…

Paradoxalement, les verts allemands reviennent également aux sources de l’écologie politique, qui naquit d’abord sur les rives d’une droite réactionnaire, qui refusaient depuis le XIXe siècle, les certitudes progressistes et scientistes de la gauche… En France, c’est sous la présidence de Pompidou, que la nébuleuse écologiste a vécu sa période de plus intense développement sur le plan politique, bien déterminée à manifester sa vitalité dans sa première élection de 1974. C’est la candidature de René Dumont, agronome retraité, à la campagne iconoclaste très remarquée, qui était venu à la télé avec un verre d’eau qu’il but, le présentant comme une ressource non inépuisable… Mais l’écologie politique est alors plus recentrée sur ses problématiques initiales. Par une évolution tacticienne remontant aux années 1990, le courant écologiste français en ait ainsi devenu, un mouvement transfuge d’extrême-gauche associant post soixante-huitards reconvertis à quelques écologistes avérés. Mais en Allemagne, on constate qu’ils s’allient aux grands patrons de l’industrie automobile, pour inventer la fameuse nouvelle donne verte. Ils assument leur inscription critique dans le système capitaliste mondialisé. Et ils ont toutes les qualités pour remplacer dans ce rôle-là, les socio-démocrates, affaiblis par le recul des syndicats et la désagrégation de la classe ouvrière.

Les verts allemands seraient en train de réaliser le rêve des verts français, remplacer les socialistes. Ils accomplissent la mission que leur a accordé, Daniel Cohn-Bendit, devenir le grand parti réformiste libéral de gauche, avec bien-sûr, une forte dose environnementale. Les Français tergiversent encore devant ce reniement, qui leur ouvrirait les portes du pouvoir et de l’assemblée. Mais faute de mieux, certainement y viendront-ils.

                                                                                                                                                            J. D.

L’abrogation du bouclier fiscal

Classé dans : Politique — llanterne @ 0:55

L'abrogation du bouclier fiscal dans Politique latern

Nicolas Sarkozy a tranché dans le débat. Le fameux bouclier fiscal a été abrogé, mais il a par contre renoncé à supprimer l’ISF. Sarkozy se promettait de transformer la France de fond en comble. Mais il a du renoncer à la plupart des mesures-phare de l’été 2007. Outre la problématique de fond, on se demande où est passé l’hyper-président ? Décrié par ses adversaires les plus acharnés, comme concentrant à l’excès tous les pouvoirs, le président ne peut même pas décider de la suppression de l’Impôt sur la Fortune.  Sa majorité parlementaire ne l’aurait pas accepté. Mais que l’on soit pour ou contre, cette suppression, la problématique est plus profonde…

Il est vrai, « Michel Debré avait pourtant rédigé la constitution de la Ve République, pour permettre à l’exécutif de tordre le bras, à des assemblées rétives ». D’ailleurs, la Ve République a toujours été qualifiée de monarchique. En fait, les outils sont intacts, mais Sarkozy n’ose s’en servir… Comme si, il ne s’en sentait ni la force, ni la légitimité, affaibli qu’il est par les sondages, les divisions au sein du parti majoritaire et les calculs électoralistes… On s’était déjà aperçu de sa faiblesse, lorsqu’il n’était parvenu à imposer comme premier ministre, Jean-Louis Borloo ou un autre candidat potentiel, à un groupe UMP qui ne jurait alors que par Fillon. C’est aussi le quinquennat, qui a probablement produit là ses effets délétères, ayant transformé le monarque républicain de naguère, en un président américain privé de toute latitude (plus d’un an avant son hypothétique réelection).

La réduction du mandat présidentiel à cinq ans, après référendum sous Jacques Chirac, a réduit le régime. Et il conduit la France, à une élection permanente… L’exécutif semble ainsi aux mains d’une opinion versatile et toujours insaisissable, et pour avoir voulu exploiter outre-mesure les humeurs de la plèbe, le processus de décomposition s’est accéléré, Sarkozy voyant sa majorité parlementaire lui échapper. Le quinquennat n’est évidemment pas la seule raison, le mal qui ronge le sarkozysme, étant encore plus profond et sournois… Car l’hyper-président, c’était un mythe médiatique, qui arrangeait Sarkozy, qui avait séduit les Français avec le grand retour annoncé du politique. Mais entre les prérogatives de l’Europe, la puissance planétaire de la finance internationale et des grands groupes mondialisés, Sarkozy est davantage « un hypo-président » suivant l’expression d’Eric Zemmour. Depuis 2007, Sarkozy avait en réalité, peu de marge de manoeuvre.

A son arrivée à l’Elysée, il avait cru relancer la croissance française en adoptant le modèle américain, fondé sur l’endettement public et privé. C’était là, l’essentiel de son programme économique. « C’était le temps du travailler plus, pour gagner plus ». Le président avait même envisagé d’adopter le système des crédits hypothécaires (les fameux sub-primes), qui devaient faire exploser la machine américaine en 2008. Après deux ans de tâtonnement, Sarkozy a finalement trouvé en Allemagne, sa nouvelle terre promise, bâtie sur la modération salariale, la rigueur budgétaire et la compétitivité économique. L’Allemagne où n’existe plus l’ISF depuis des années, dont le modèle est plus voisin du notre. Mais nous n’avons pas la puissance de feu des PME exportatrices allemandes, et nos seules machines compétitives sont nos grands groupes qui n’investissent, ni n’embauchent plus guère en France, comme l’atteste l’exemple caricatural de Renault.

Et depuis trente ans, l’histoire se répète. En 1983, Mitterrand renonce à la relance de 81. En octobre 1995, Chirac enterre la lutte contre la fracture sociale. Sarkozy plie lui deux fois, en moins de quatre ans… Nos présidents pourtant légitimes sur le plan politique, ne parviennent plus à imposer leurs visions en matière économique et sociale. On peut accuser leurs incompétences, ou leur cynisme électoraliste qui leur fait promettre n’importe quoi, ou la mondialisation, ou les effets de monétaires de l’euro, ou tout cela à la fois, rendant soudain nos idéaux démocratiques, un peu vides de toute substance. Mais par delà ce constat, trouverons aussi la force et le ressort de dénoncer, la nocivité de nos institutions présentes…

                                                                                                                                                 J. D. 

11 avril, 2011

Schengen à l’épreuve des faits

Classé dans : Europe,Politique — llanterne @ 1:54

Schengen à l'épreuve des faits dans Europe latern

C’est la dernière controverse récente, en matière de politique intérieure. Confrontée depuis plusieurs mois, à un afflux d’immigrants illégaux tunisiens, l’Italie a décidé de leur délivrer des titres de séjour temporaires, valables dans l’espace Schengen. Ce qui a immédiatement enclenché une polémique avec Paris, qui parle d’un comportement inamical. Claude Guéant, ministre de l’intérieur, a rappelé les règles de séjour pour la France : passeport national valide, titre de séjour, titre de voyage, ressources minimum, justification du but de voyage. « S’il n’y a pas de ressources, nous raccompagnerons les personnes en situation irrégulière en Italie », a ainsi prévenu Claude Guéant, au micro de RTL. Et la situation a tourné ces derniers jours au bras de fer diplomatique, entre Paris et Rome, avec Bruxelles en « médiateur ». Mais il est vrai, à la base, qu’est-ce que l’espace Schengen ? A combien de milliers d’arrestations par la police française et de renvoi en Italie ou en Tunisie, les accords de Schengen seront-ils déclarés caducs ?

Depuis 1985, la convention de Schengen promulgue l’ouverture des frontières entre les pays signataires, le territoire ainsi créé étant communément appelé « espace Schengen », du nom du village luxembourgeois, où fut signé le traité entre la France, l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Si la première convention de Schengen date de 1985, cet espace a été institutionnalisé par le traité d’Amsterdam de 1997. Le traité de Lisbonne, signé le 13 décembre 2007, modifie les règles juridiques concernant l’espace Schengen, en renforçant la notion d’espace de liberté, de sécurité et de justice. Celui-ci fait intervenir davantage de coopération policière et judiciaire, et vise à une mise en commun des politiques de visas, d’asile et d’immigration. Désormais les citoyens étrangers qui disposent d’un visa de longue durée pour l’un des pays membres, peuvent circuler librement à l’intérieur de la zone. Or, sur les 22 000 migrants à qui Berlusconi a accordé le permis de séjour italien, la plupart ne rêvent que de la France.

Déjà 1 348 Tunisiens ont été arrêtés par la police des Alpes-Maritimes, durant le mois de mars, renvoyés à Vintimille ou en Tunisie, « dans le strict respect des accords de Schengen », affirment les autorités françaises. Le ministre des Affaires étrangères italien Franco Frattini, a dénoncé le comportement de la France qui renvoie dans son pays et non en Tunisie, les migrants arrêtés à la frontière franco-italienne. « C’est l’un des aspects graves de l’absence de solidarité de la part de la France et d’absence totale de l’Europe, mais il ne revient pas à l’Italie d’ouvrir un contentieux avec la France », a ainsi tonné nerveusement Franco Frattini. La crise migratoire à Lampedusa est d’ailleurs la cause de tensions diplomatiques entre Paris et Rome, depuis le début. De son côté, Roberto Maroni, ministre italien de l’intérieur, a déploré le « comportement hostile » de Paris : « Les Tunisiens auxquels nous accorderons le permis de séjour auront le droit de circuler. La France ne peut pas l’empêcher sauf en sortant de Schengen ou en suspendant le traité »

Pourtant la France, l’Allemagne et trois pays du Benelux, avaient instauré un espace sans frontières à l’époque, dans l’enthousiasme général, comme le soulignait M. Zemmour ironiquement. « Les plus lettrés invoquaient l’Europe de Voltaire ou de Stefan Zweig », qui se promenaient sans passeport. On regardait disparaître sans nostalgie, les guérites des poste-frontières. Les pays signataires rassurèrent les inquiets, la disparition des frontières internes devrait s’accompagner d’un renforcement de la frontière externe de l’Europe, devenue commune à tous. Mais une promesse qui n’est jamais vraiment devenue réalité. Plus l’espace Schengen s’étendait, plus ses frontières reculaient et devenaient poreuses. L’espace Schengen compte désormais vingt-cinq Etats-membres et rassemble quatre cent millions d’âmes. Mais Bruxelles n’a jamais su forger une vraie police européenne et les Etats européens n’ont jamais réellement coordonné leurs actions, en dépit des efforts louables de certains d’entre eux…

L’espace Schengen s’est toujours apparenté plutôt à un gruyère… Il faut reconnaître aussi, que la tâche était ardue. Déjà au temps du blocus continental, les gabelous eux-même, n’avaient pas réussi à tenir toutes les frontières européennes face aux contrebandiers écoulant des marchandises anglaises, souvent par la voie maritime. Aujourd’hui, chaque Etat - après tout souverain – collabore ou ne collabore pas. Certaines frontières sont ainsi réputées pour être des passoires, la Grèce en étant l’exemple le plus connu. Depuis le 21 janvier dernier, la Cour européenne des droits de l’homme a même interdit aux autres Etats, de renvoyer en Grèce, les clandestins arrivés par la Turquie. La Turquie est donc exemptée de tenir sa part de frontières communes… Une bonne nouvelle pour les clandestins venus d’Irak, d’Afghanistan ou d’ailleurs, qui passaient par la Turquie, puis la Thrace. Ils peuvent tranquillement gagner le nord de l’Europe, la France, l’Allemagne ou la Belgique.

Le geste de Berlusconi est le second coup porté à Schengen, médiatiquement parlant, peut-être mortel selon certains analystes… Les Italiens se plaignent que les autres pays européens ne se soient pas portés à leurs secours, que la Tunisie refuse de prendre ces migrants. Ils ont aussi ramené la frontière européenne -de Schengen- à Menton. Pour tenter d’arrondir un tant soit peu les angles, Claude Guéant a rencontré vendredi à Milan, son homologue italien Roberto Maroni… Mais entre les engagements de la France et ses déclarations musclées sur l’immigration, il devra clairement choisir…

                                                                                                                                                                             J. D.

10 avril, 2011

Lybie, Côte d’Ivoire, Afghanistan : la « Grande Muette » sur trois fronts

Classé dans : Diplomatie,Politique — llanterne @ 14:20

Lybie, Côte d'Ivoire, Afghanistan : la

Avec l’Afghanistan, la Lybie et maintenant la Côte d’Ivoire, l’armée française est ouvertement engagée sur trois fronts. Il est vrai, c’est inédit. D’ailleurs des voix s’élèvent, pour vilipender « Sarkozy le va-t-en guerre ».

On a ainsi entendu le député socialiste Jean-Marie Le Guen, soupçonnait le président de vouloir tirer profit de ces opérations, pour redorer « son blason sondagier », en prévision de la présidentielle… Il est vrai, que la guerre pourrait conférer une aura présidentielle à Sarkozy, après laquelle il court en vain, depuis quatre ans. Mais cela dit, jamais une présidentielle ne s’est jouée et décidée sur la politique étrangère… Sans remonter à Clémenceau ou Churchill, en 1990, les succès dans la guerre du Golfe, de George Bush père, ne l’avait pas empêché d’être laminé par Bill Clinton… Par ailleurs, on ne peut pas tout ramener à de la politique politicienne, parfois ce sont aussi les évènements qui décident. Et la logique interventionniste n’est pas la même partout. 

Ces interventions restent surtout des opérations de gendarmerie internationale placées sous couvert de l’ONU. En Lybie, comme en Afghanistan, l’armée française montre sa dépendance à l’égard de la machine interventionniste de l’OTAN. La défense européenne au nom de laquelle Sarkozy avait ramené la France, au sein du commandement de l’alliance intégrée, s’avère bel et bien une chimère… L’Allemagne et l’Italie ne nous ont pas suivi, ni même soutenu diplomatiquement. C’est le bras armé franco-anglais qui mène la guerre en Lybie, comme en Bosnie en 1995. L’intervention en Lybie est la guerre de Sarkozy, l’idée étant d’effacer l’image malséante de la France, patrie des droits de l’homme, acoquinée avec des élites corrompues. Dans une certaine mesure, c’est une revanche également d’une ingérence humanitaire, chère à Bernard Kouchner et à Bernard Henry-Lévy… Mais les deux autres conflits en Afghanistan et en Côte-d’Ivoire, se sont imposés au chef de l’Etat. Il en a hérité.

L’intervention ivoirienne vient s’inscrire, dans une suite de revirements inattendus. L’issue de la bataille d’Abidjan ne fait aucun doute. L’appui de la France a été décisif, et il laissera des traces. D’après de nombreux spécialistes, le président ivoirien Gbagbo a vraisemblablement choisi la seule issue possible : négocier sa reddition et si possible, trouver une terre d’exil. La DGSE française n’a vraisemblablement, pas été pour rien, dans ce dénouement inattendu. Comme en Lybie, c’est l’heure de gloire des agents secrets et autres barbouzes, comme « au bon vieux temps des films d’Autner et d’Audiard ». Les grandes puissances occidentales n’ont pas, non plus, complètement perdu la main. Même si la France n’ose plus intervenir directement en Afrique – outre la présence passive de la Force Licorne, jusque là -, ses services demeurent efficaces. Car il est évident, que ce coup de théâtre n’est pas le fruit du hasard, mais de longues tractations et d’une longue préparation, entamées en décembre 2010.

Malgré sa résistance opiniâtre depuis la présidentielle contestée du 28 novembre, Gbagbo a été asphyxié par quatre mois de pressions financières et diplomatiques, puis terrassé par l’offensive éclair déclenchée le 28 mars. Il est finalement tombé, comme un fruit bien mûr. Ce n’était qu’une question de temps, de circonstances et de patience. Dans cette offensive ouverte et secrète contre le régime Gbagbo, il y eut d’abord cet ultimatum public imprudent lancé par Sarkozy : « Au 17 décembre, Gbagbo devra avoir quitté le pouvoir ». Le rire énorme de Gbagbo lui ayant répondu, Paris prenait alors la décision de se concentrer sur le travail de sape financier et diplomatique et sur le renforcement militaire du camp Ouattara. A chaque fois, la France a été à la manoeuvre, soutenant Ouattara, reconnu vainqueur par les Nations unies et l’Union africaine, en dépit de doutes réels sur la régularité du scrutin dans les deux camps. L’arrivée d’Alain Juppé au Quai d’Orsay permettait de remettre un peu de méthode dans l’action…

Mais comme le spécialiste Bernard Lugan, le soulignait récemment, la situation ne sera, hélas, pas totalement sevrée pour autant. Car en Côte d’Ivoire comme en Lybie, ce ne sont pas des « bons » démocrates qui s’opposent, et combattent de « méchants » dictateurs. Mais ce sont des tribus et / ou des ethnies, qui s’opposent en raison de fractures inscrites dans la longue durée.   En Côte d’Ivoire où l’affrontement est ethnique, le pays est plus que jamais coupé en deux. Même si l’avantage militaire des partisans d’Alassane Ouattara est confirmé, par le soutien de circonstance de l’Onu et de la France, la crise ivoirienne n’en sera pas réglée. La liquidation de Gbagbo est une chose, mais elle n’est pas tout. Car c’est une véritable boîte de pandore, fermée prudemment par Houphouët-Boigny depuis l’indépendance ivoirienne, qui a été ré-ouverte depuis 1994, à savoir les questions ethniques… En Côte d’Ivoire, la coupure Nord-sud est la grande donnée géopolitique régionale, celle entre le monde sahélien, ouvert et traditionnellement structuré en chefferies d’une part, et le monde littoral, forestier à l’Ouest, lagunaire à l’Est, peuplé d’ethnies politiquement cloisonnées d’autre part… Et si pour la presse occidentale cette victoire annoncée est vue comme celle du président « démocratiquement élu » contre le président illégitime, pour les autres 46 % de la population ayant voté Laurent Gbagbo, l’explication est autre. Aidé par la France et les Etats-Unis, l’ensemble nordiste musulman reprendrait vers l’océan, une expansion bloquée durant la parenthèse coloniale…

En Lybie, la tâche est aussi ardue. Il est vrai, que les révolutionnaires lybiens ressemblent plus à « des héros de 100 000 dollars au soleil » et sont plus risibles, que redoutables. A en juger par leurs revers successifs enregistrés face aux mercenaires tchadiens de Kadhafi, dès que cessent les bombardements de la coalition occidentale. L’action lybienne des services secrets n’est pas simple, devant être discrète -toute présence attestée de services secrets, serait très négative aux yeux de l’opinion publique-, et efficace. Mais ils hésitent aussi à fournir des armes et de l’équipement aux insurgés lybiens, les services américains n’ayant pas envie de revivre, le cauchemar afghan, lorsqu’ils avaient équipé les rebelles luttant contre l’intervention soviétique. Avant que quelques années plus tard, les missiles fournis par la CIA, à l’époque, ne soient tirés cette fois-ci, par des talibans. En Afghanistan, le président Karzaï négocie avec les insurgés, en fonctions de ses solidarités tribales, et en Lybie, « le pseudo comité du peuple lybien », apparait avant tout, comme le syndicat des tribus de Cyrénaïque. Dont les Américains savent qu’elles furent l’un des principaux foyers de recrutement des islamistes, engagés en Irak.

En Lybie, comme en Côte d’Ivoire et en Afghanistan, au nom de la démocratie et des droits de l’homme, la France est plongée dans des guépiers tribaux et ethniques. La Ligue arabe et l’Union africaine ont certainement un rôle, à jouer, dans les deux conflits lybien et ivoirien. Mais comme l’analyse Bernard Lugan : l« actualité confirmant la géographie et l’histoire, les solutions qui ne prendraient pas en compte cette réalité ne sauraient régler la crise en profondeur »…

                                                                                                                                                                       J. D.

 

9 avril, 2011

Ce programme socialiste pour 2012

Classé dans : Politique — llanterne @ 10:05

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Le PS a officiellement présenté, son projet pour 2012, texte présenté par Martine Aubry récemment. C’est la première étape, avant les primaires à l’automne. « C’est l’exercice difficile », comme l’a analysé Vincent Parizot, auquel se sont attelés les socialistes, qui était de présenter un programme avant d’avoir un candidat… Mais un programme qui soit suffisamment attractif, pour ne pas paraître vain, tout en restant assez flou, pour ne heurter aucun des principaux candidats. Mais il est vrai, l’annonce de ce programme est surprenante, avant même la tenue des primaires. Car, si se différencier du programme relève de la posture, comme l’a dit l’un des rédacteurs du programme, alors à quoi servent les primaires. Qu’est-ce qui différenciera les candidats socialistes ? Et si les primaires sont réellement l’exercice démocratique du pouvoir, départageant des candidats selon leur projet de société et leur vision du pays -qui sera forcément différente-, à quoi sert finalement ce programme…

Le Parti Socialiste français n’intègre pas la logique monarcho-bonapartiste de la Ve République, qui cherche quel homme incarnera le destin national. « Quand il n’oublie pas carrément, qu’il y a un destin national, s’inscrivant dans un roman national », dixit Eric Zemmour. Obnubilé qu’il est, par sa tradition internationaliste et son rêve européen… La plume de ce projet, Guillaume Bachelet, évitera soigneusement cet écueil européo-centriste, qui n’est pas au goût du jour… Il ne reprendra pas, lui, la formule de François Mitterrand, « la France est notre patrie, l’Europe notre avenir ». Mais Bachelet qui a voté non, aux deux référendums européens de Maastricht en 1992, et du Traité constitutionnel en 2005, se heurtent au choix européiste de la majorité de son parti, de Martine Aubry et des principaux candidats, Dominique Strauss-Kahn et François Hollande…

Certes, ce programme est conçu pour laisser un peu de marge de manoeuvre, à chacun des candidats. Mais d’où sa timidité sur la régulation de la finance, pour ne pas gêner le représentant du FMI et d’où son « système d’écluse aux frontières », une expression pudique pour ne pas avouer clairement une tentation protectionniste, même raisonnée, qui existe à gauche comme à droite. Mais qui est diabolisé par la majorité au sein du PS et par la social-démocratie européenne, bien que Martine Aubry dise le contraire. François Hollande n’a sinon pas tort, quand il refuse l’allocation-autonomie réservée aux jeunes gens, au nom des contraintes budgétaires, en clair les réductions de déficit et la gestion de l’euro.

Mais déjà, le grand retour des emplois-jeunes de Mme Aubry, et les embauches de policiers et de professeurs, ne seront pas indolores pour le budget et la dette. A moins d’une forte, très forte hausse d’impôts sur la classe moyenne, la seule dont les revenus sont encore susceptibles d’être atteints par la machine fiscale française… Mais après tout, dixit cette tirade d’Eric Zemmour, résumant hélas bien le propos, « la hausse massive d’impôts ne serait-elle pas finalement le seul et véritable point commun, entre les différents candidats socialistes ? ».

                                                                                                                                            J. D.

5 avril, 2011

Laurent Fabius et le vote obligatoire

Classé dans : Politique — llanterne @ 14:16

 Laurent Fabius et le vote obligatoire dans Politique latern

Nous connaissions le vieil adage républicain, « le vote n’est pas simplement un droit, c’est un devoir ». Et c’est sur cette base, que Laurent Fabius a fait mardi, une double proposition pour lutter contre l’abstention. Après des élections cantonales pour lesquelles, plus d’un électeur sur deux s’est abstenu, Laurent Fabius propose de comptabiliser les votes blancs et surtout de rendre le vote obligatoire, comme c’est le cas en Belgique. C’est une proposition intéressante, civique et qui ne manque pas de piquant. Mais suivant l’analyse récente de M. Zemmour, il est vrai, elle est aussi dangereuse pour le PS et Laurent Fabius.

En effet, depuis dix ans, à chaque fois que l’abstention a dépassé les 50 % d’électeurs, les élus socialistes l’ont emporté (européennes, régionales, cantonales). « Mais quand la participation a été plus importante, la gauche a mordu la poussière, que ce soit en 2002 ou en 2007« . D’ailleurs, les sondages portant DSK au pinacle, sont biaisés de la même façon. Sachant que près de 30 % des interrogés refusent de répondre aux sondeurs et que 20 % refusent de choisir… Comme si Dominique Strauss-Kahn était devenu le candidat validé par un suffrage censitaire, excluant les classes les moins aisées de la société, que les incantations de l’entre-deux-tours des cantonales n’ont d’ailleurs pas ramené aux urnes…

La crise de défiance est sérieuse et la problématique plus profonde… Contrairement au syndrome du 21 avril 2002 et malgré le branle-bas médiatico-politique de l’entre-deux-tours, le taux d’abstention ait resté parfaitement identique. Certes, il s’agissait d’élections locales et le danger n’était pas le même. Mais peut-être aussi, que certains électeurs se sont dits que les députés, tous bords confondus, n’avaient pas eu beaucoup d’égard républicain pour leurs suffrages, en adoptant le traité de Lisbonne. Sans vouloir s’éloigner du sujet, il est en tout cas évident, qu’une abstention à presque 60 %, c’est un déni, voire un vote. Et plus précisément, un vote protestataire, qui s’ajoute et parfois se substitue au vote FN. Au soir du second tour des cantonales, le premier parti de France, c’était celui de l’abstention. La montée du FN dans l’électorat populaire, devrait d’ailleurs inquiéter l’UMP, mais aussi le PS. « Car c’est la France active, la France qui se lève tôt, qui s’abstient ou vote FN ».

« Nous sommes ainsi revenus en pire, à la situation qui prévalait, à la veille de la présidentielle de 2002. Un président sortant rejeté, mais sans d’appétence électorale pour la gauche ». On ne devrait pas s’en étonner, car l’équipe de campagne est plus ou moins identique. Au PS, tiennent la corde pour la présidentielle : Martine Aubry, Dominique Strauss-Kahn et François Hollande. Nous les avons vus à l’oeuvre de 1997 à 2002, les deux premiers en tant que ministres de la cohabitation, le troisième ayant reçu du premier ministre d’opposition, les clefs de Solférino. Mais même retour en arrière, à droite, où l’ancien candidat de la rupture avec Jacques Chirac, achève finalement son mandat avec un gouvernement chiraco-villepiniste. Et à côté du professionnalisme bienvenu de certains ministres, tous ont vite retrouvé les réflexes politiquement corrects, qui avaient asséché ce second mandat de 2002 à 2007.

Le fond de la problématique, c’est qu’une abstention à près de 60 % s’apparente surtout à un vote politique de défiance, à l’égard des grands partis de gouvernement, et notre régime politique semble aussi plongé dans une profonde crise existentielle. Imposer par la loi, le vote obligatoire, c’est aussi refuser de le voir et de l’entendre. Mais c’est peut-être là, le but de Laurent Fabius…

                                                                                                                                                                    J. D.

 

 

Haro sur Claude Guéant !

Classé dans : Politique — llanterne @ 13:15

Haro sur Claude Guéant ! dans Politique latern

Le ministre de l’intérieur, Claude Guéant, a fait l’unanimité contre lui. Après ses déclarations sur l’immigration incontrôlée, puis son analyse des résultats des cantonales, les agents et usagers des services publics (hôpitaux, etc.), ne doivent pas montrer de signes religieux ostentatoires, a-t-il déclaré récemment. Au PS, on lui a suggéré de plutôt s’atteler à sa tâche, et le député villepiniste, Jean-Pierre Grand, lui a demandé d’arrêter de dire n’importe quoi et de ridiculiser « la majorité », au travers de ces professions de foi à l’emporte-pièce. Une nouvelle polémique qui continue de s’inscrire dans la stratégie médiatique actuelle. Où chaque tenant d’un supposé « dérapage » -parfois plus ou moins intéressé-, se voit déverser une volée de bois vert, par certains journalistes, médias, politiques et autres « mutins de panurge » selon l’expression du regretté Philippe Muray. Puis on referme le dossier sans toucher au fond du problème, jusqu’à l’éclatement de la prochaine « controverse », dans une logique bien rodée et qui ne souffrirait aucune critique. Par ailleurs, il faut reconnaître que Claude Guéant est aussi une proie de choix.

En effet, il est à la fois le ministre de l’intérieur et l’ancien conseiller de l’Elysée. Et tous ces grands inquisiteurs du politiquement correct se sont trouvés, faute de mieux, une énième victime… Comme au temps du Grand Torquemada et des procès de l’Inquisition, la logique va d’ailleurs assez loin (avec l’auto da fé, en moins). « On va jusqu’à décortiquer les pensées, derrière les pensées, les arrière-pensées et même le non-dit et le non-pensé. Pour enfin condamner le coupable de dérapage et le livrer à la vindicte », dixit le truculent Eric Zemmour. Mais il fut aussi un temps, où la question ne se serait même pas posée. La laïcité à la française (du moins, telle qu’elle doit être conçue aujourd’hui), ne doit pas consister en une négation du fait religieux, dans une République qui donna d’ailleurs, une couleur si anti-cléricale à son concept de laïcité. Mais elle doit être perçue, comme la discrétion des religions, pour ne pas offusquer l’autre. Pour ne pas prendre en otage l’espace public, qui appartient à tous et donc à personne.

Au travers de notre longue histoire, les guerres de religion nous ont appris, où l’affirmation échevelée et arrogante des croyances pouvaient nous mener. C’est cette mémoire là, qui a été perdue et abandonnée. Les droits de l’individu sont privilégiés et exaltés, au détriment des devoirs des citoyens, sur fonds d’exaltations dangereuses des racines et des identités (héritage d’une stratégie électoraliste malsaine remontant aux années 80). S’y ajoute aussi un modèle assimilationniste trop peu exigeant. Et les plus radicaux de chacune des religions en ont profité pour s’engouffrer dans cette brèche libérale. Mais de toute façon, si Claude Guéant peut être condamné -même s’il a fait preuve d’une ou deux maladresses sémantiques récentes-, ce n’est même pas dans le sens où l’entendent « nos Torquemadas de bac à sable »… Car avant tout, les déclarations de Claude Guéant sonnent comme un terrible constat d’échec pour notre classe politique, ainsi que pour Sarkozy, ministre de l’intérieur, puis président depuis bientôt dix ans.

S’y ajoute le flux ininterrompu de l’immigration régulière, principalement au titre du regroupement familial, des mariages mixtes, et l’immigration irrégulière (soit 150 000 à 200 000 personnes par an), qui achève de déstabiliser notre société, pervertie par le relativisme abscons de ses élites. « Ce qui mine de plus, les efforts souvent valeureux d’enfants de l’immigration à la 2e ou 3 génération », et qui voient à raison dans l’exaltation outrancière, et souvent étrange de la différence, comme un piège et l’assimilation à la culture de leur pays d’adoption, comme le plus magnifique instrument d’émancipation…   

                                                                                                                 J. D.

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