La Lanterne (politique, sujets de société)

31 mai, 2011

« Z comme Zemmour » – Le vrai – faux retour de la Françafrique

Classé dans : Diplomatie,Monde — llanterne @ 18:05

Dans sa chronique matinale sur RTL, le journaliste Eric Zemmour est revenu sur la Côte d’Ivoire récemment. Nicolas Sarkozy fut le seul chef d’Etat européen, à assister à la cérémonie d’investiture du nouveau chef d’Etat ivoirien, Alassane Ouattara. Ce qui est d’autant plus paradoxal, pour un Sarkozy, qui avait manifesté la volonté de marquer une rupture dans la politique étrangère de la France, comparée à Chirac, et d’enterrer la « Françafrique de papa ». Mais en effet, « la politique étrangère des nations a des constantes, qui s’imposent aux chefs d’Etats eux-mêmes ».

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30 mai, 2011

Ras-le-bol à Puerta del sol

Classé dans : Europe,Politique,sujets de societe — llanterne @ 17:14

Ras-le-bol à Puerta del sol dans Europe latern

Lancé le 15 mai dernier, à Madrid et dans plusieurs villes espagnoles (Barcelone, Grenade, Valence…), ce mouvement des indignés, « los indignados », a démarré à la veille des élections municipales du 22. En Espagne, la place Puerta del Sol, à Madrid, est devenue un foyer symbolique de la contestation. Les manifestants forment un groupe ambigu et hétérogène d’étudiants, de chômeurs, de retraités, voire de familles parfois, souhaitant exprimer leur ras-le-bol, à une classe politique espagnole corrompue, qu’ils jugent coupés de leurs réalités. Mais quelles sont les racines de ce mouvement ?

Depuis le 15 mai, « los indignados » occupent ainsi la fameuse place Puerta del Sol, comme d’autres occupaient la place Tahir, au Caire, il y a quelques mois. Un mouvement qui est partiellement activé par les réseaux sociaux également, à l’initiative de Démocracia Réal ! -Une vraie démocratie vraiment !-, ayant obtenu l’appui de plus de 200 petites associations. Ces manifestations sont le fruit d’une lassitude exprimée, à l’égard du bipartisme en vigueur en Espagne, où les deux grands partis majoritaires alternent successivement au pouvoir, à savoir le Parti Populaire (PP), et le Parti Socialiste Ouvrier Espagnol (PSOE), de Zapatero. Campant sous des tentes et des bâches bleues, des centaines de manifestants restent mobilisés sur la célèbre place madrilène (km zéro de la ville) et le théâtre de nombre d’évènements historiques, de la rébellion du dos de mayo (2 mai 1808), immortalisée par la célèbre toile de Goya, en passant par la proclamation de la IIe République par Primo de Rivera, jusqu’aux manifestations pour la liberté d’expression de l’après-franquisme.

Le jeune premier ministre espagnol, José-Luis Zapatero, élu démocratiquement en mai 2004, a annoncé sa retraite politique, à la fin de son second mandat. Il avait déclaré s’attendre sans surprise à une défaite de son parti, aux élections municipales. Ajoutant par ailleurs, qu’il comprenait parfaitement les motivations de ce mouvement, et que s’il avait vingt-cinq ans aujourd’hui, il manifesterait sûrement avec les jeunes dans la rue. On ne peut faire plus compréhensif, habile, politicien et démagogue aussi. Ce qui tue tout romantisme révolutionnaire dans l’oeuf, qui a toujours besoin de bouc-émissaire, voire d’un tyran et de la répression. Si ce n’est quelques débordements, comme à Barcelone où la Guardia Civil a dispersé des centaines de manifestants, on ne constate rien de tout cela à Madrid et dans d’autres villes espagnoles. On laisse les manifestants aller et venir, s’exprimer librement. On touche aussi à la problématique d’un pouvoir contesté, mais qui est démocratiquement issu du peuple. Les jeunes espagnols rêvent de révolution, mais sans Ben Ali ou Moubarak à chasser.

Soit une révolution introuvable, une révolution de la parole, qui ne peut ainsi déboucher sur rien, comme l’avait diagnostiqué Raymond Aron, en son temps, au sujet des évènements de mai 68. A la différence près, que l’Espagne se trouve dans une situation économique et sociale très difficile, qui est le contrecoup de l’explosion de la bulle immobilière, à la source de cette croissance bienfaisante mais artificielle, depuis une décennie. Le phénomène touche spécifiquement les jeunes espagnols, qui ont l’impression fondée, qu’ils auront moins de chance que leurs parents. Vient s’ajouter ce plan de rigueur adopté, coupant drastiquement dans les dépenses sociales. Et les jeunes espagnols se disent que droite et gauche ne changeront rien à tout cela, dans l’immédiat. « Puisqu’au dessus du pouvoir politique, du clivage droite / gauche, au-dessus du peuple même, soit disant souverain, il y a ces marchés qui imposent leurs lois rigoristes, au nom de l’argent qu’ils prêtent ou ne prêtent pas », comme l’analysait Eric Zemmour. Ces marchés anonymes, lointains, insaisissables, l’argent étant « un monarque volatile et désinvolte, qui joue à saute-mouton avec les frontières ».

Il n’y a plus de Roi à embastiller et à guillotiner, plus de deux cent familles à identifier et chasser, de fortunes à saisir et confisquer. C’est la problématique de la démocratie moderne, surtout dans un pays comme l’Espagne, qui en a été privée durant si longtemps, et qui a été vécue comme un cadeau par leurs aînés, après la guerre civile, la dictature et le franquisme. On considère presque l’alternance, comme un jeu de dupe. Le phénomène s’est même étendu par effet de contagion, au Portugal voisin, avec quelques manifestations à Lisbonne, les plus importantes depuis la révolution des oeillets. Le gouvernement socialiste de José Socrates a d’ailleurs démissionné le 23 mars dernier. En Grèce, l’agitation est importante également. La semaine dernière, c’était jour de grève à Athènes, accompagné de manifestations contre les mesures d’austérité, et les privatisations décidées par le gouvernement. Plus personne ne croit sur les marchés à la capacité de la Grèce de rembourser sa dette, avec des taux plafonnant à 25 %. Un plan de restructuration de la dette grecque a été proposé récemment, et tout le pays est contraint de se serrer la ceinture.  

Les mouvements de contestation gagnent ainsi nombre de pays européens, s’en prenant aux gouvernements en place, en Espagne, au Portugal, en Grèce, et même en Italie où Berlusconi risque de perdre les prochaines municipales. Mais comme l’a analysé le philosophe Maxence Hecquart, la démocratie moderne – qui est après tout, une construction législative et intellectuelle encore récente -, paraît de plus en plus fondée sur des relations matérielles comparables à des contrats commerciaux, par la communication et un certain « mercantilisme » politique. Ce régime ne donne plus l’impression, d’être à proportion humaine, les gouvernants paraissant coupés plus que jamais de la masse et les gouvernés raisonnant au rythme des images, avec leur part d’illusion.

La démocratie est une religion absolutiste, en rupture avec un ordre ancien, amenant à aller toujours vers plus de démocratie (directe, participative…). Mais ce qui se révèle être, hélas, qu’un miroir aux alouettes, dans des sociétés où le politique a rétrocédé nombre de ses prérogatives…

                                                                                                                                                              J. D.

28 mai, 2011

Les soutiens inattendus de DSK

Classé dans : Politique,sujets de societe — llanterne @ 8:22

Les soutiens inattendus de DSK dans Politique latern

Cette affaire DSK n’en finit de mettre en émoi. Quelques personnalités -parfois des proches de l’accusé atteints par les échos de cette affaire lointaine- ont pris parti, se disant scandalisés par le traitement, qui lui a été réservé. Dans la sphère politico-médiatique, les réactions ont été ainsi nombreuses et parfois inattendues, à savoir souvent des marques d’indignation, voire des appels à la retenue adressés au président de la République même, de Robert Badinter à BHL, en passant par Jean-François Kahn ou Jean-Pierre Chevènement.

Il est vrai, la gauche française est émouvante dans cette affaire. Elle est prête à tout pour défendre l’un des siens, jusqu’à en piétiner, tous les principes qu’elle défend la main sur le coeur. Imaginons un autre instant, un Nicolas Sarkozy ou voire Jean-Marie Le Pen, impliqué dans un scandale similaire… Ce qui pourrait être objet à de multiples et diverses interprétations. Fort heureusement, DSK échappe à ses procès dans le procès. Mais le positionnement de certains de ses défenseurs ne manque parfois pas de cachet, ni de piquant. A commencer par les déclarations de Jack Lang, qui s’est fait le chantre d’un féminisme militant ou de la dignité féminine, durant des années. Ou encore le grand juriste Robert Badinter, qui a pourtant longtemps vanté avec des trémolots dans la voix, les mérites du système accusatoire américain, où l’avocat a autant de droit que le procureur et l’accusé a des droits imprescriptibles. Mais qui retrouve maintenant des vertus à la justice française, après en avoir longtemps dénigré les archaïsmes inégalitaires, hérités du code Napoléon…

Aux Etats-Unis, c’est le parquet qui instruit à charge et c’est la défense qui doit elle, assurer les recherches pour la décharge de l’accusé. Chez nous, c’est en principe un juge d’instruction, qui instruit à décharge. Cela dit, notre procédure est sans doute préférable, bien qu’imparfaite, car moins brutale. Mais les Américains mettent ainsi en oeuvre leur habituelle procédure judiciaire. En France, nous avons la présomption d’innocence, il est vrai. Auquel vient s’ajouter la loi d’Elisabeth Guigou, votée en 2000. Même si l’application en est parfois discutable. Alain Carignon ou Loïk Le Floch-Prigent ont bien été offerts en pâture aux journalistes, en leurs temps, et Michel Roussin a bien été arrêté à la sortie de son ministère. Tandis qu’Eric Woerth aura bénéficié de la présomption d’innocence… Mais outre les dessous politiques dans le traitement de certaines affaires, il est vrai sinon, que l’on peut ressentir une légitime compassion pour un destin brisé, son entourage, sa famille, ses proches. Notre narcissisme hexagonal peut également en ressortir chatouillé.

Mais certains avocats / défenseurs de principe de DSK, desservent plus la cause qu’ils prétendent servir, démontrant surtout un réflexe de caste arrogante. La même erreur a d’ailleurs été commise, dans d’autres affaires de moeurs, comme avec Frédéric Mitterrand ou avec le réalisateur international, Roman Polanski. Ce sont d’ailleurs les mêmes, le plus souvent. Mais alors, il est vrai que l’on est en droit de se demander, si Dominique Strauss-Kahn a-t-il vraiment besoin de soutiens si frangibles dans cette affaire ?

                                                                                                                                                         J. D.

 

Une affaire digne d’Hollywood

Classé dans : Politique,sujets de societe — llanterne @ 0:38

C’est le scandale de moeurs du moment, sur lequel ont été braqués tous les feux de l’actualité. Une histoire qui peut sembler folle, au premier abord et absolument invraisemblable, digne d’un mauvais scénario de film hollywoodien. Le président du FMI, Dominique Strauss-Kahn, économiste et homme politique français de haute volée, arrêté pour tentative de viol, coups et blessures et séquestration, sur la personne d’une femme de ménage, dans un hôtel où il séjournait à New-York.

Les photos de DSK, menotté, les mains dans le dos, à la sortie du commissariat de Harlem, ont fait le tour du monde ! Les premiers titres de la presse américaine ne font pas dans la dentelle (« Le pervers », « L’argent sale »). Les réactions de la presse hexagonale sont plus mitigées, quelques jours après l’arrestation du directeur général du FMI. Les gros titres des journaux français insistent plutôt sur la présomption d’innocence. Car DSK plaide non-coupable. Comme disait Eric Zemmour : « La vérité en de ça de l’Atlantique, erreur au delà ». Par ailleurs, outre l’aspect sordide de cette affaire, sous tous points de vue, il va sans dire que les conséquences pour la direction du FMI, mais également pour les élections présidentielles françaises sont non négligeables.

Pour les Américains, le sexe est le grand tabou, alors que c’est plutôt l’argent pour les Français. Les Américains livrent facilement leurs revenus, quand les Français les taisent avec tabou. Mais ils déballent souvent, hâbleurs, leurs conquêtes féminines, quand les Américains font les louanges hypocrites de la fidélité. En Amérique, on ne plaisante pas de plus, avec les affaires de moeurs, et en l’occurrence avec les crimes sexuels. Ses compatriotes avaient reproché au président Bill Clinton, son manque de fidélité, au travers d’un ou deux scandales, qui avaient manqué de l’acculer à la démission. Tandis qu’en France, Nicolas Sarkozy était plutôt épinglé pour la nuit du Fouquet’s et son escapade en bateau, après son élection, avec l’homme d’affaires Vincent Bolloré. Mais en une semaine, Dominique Strauss-Kahn a transgressé les deux tabous des deux sociétés, dans lesquelles il évolue par sa carrière internationale.

DSK a été aussi pointé du doigt, pour son train de vie, par le passé. On fustigeait cette incarnation de la gauche caviar, entre son appartement de la place des Vosges, à Paris et son riad à Marrakech. DSK est également marié avec une ancienne talentueuse journaliste, Anne Sinclair (qui fait d’ailleurs preuve d’une remarquable retenue, depuis le début de cette affaire). Mais à eux deux, ils formaient un couple symbole de cette gauche bo-bo, convertie aux délices du libéralisme, suite au tournant de la rigueur des années 80, et qui donne toujours l’impression d’avoir laissé choir le peuple et la nation, et d’avoir endossé la tunique rutilante de ce que Jean-Pierre Chevènement appelait les élites mondialisées. Pour en rajouter, DSK était récemment pris en photo, montant dans une Porsche Panamera, appartenant à un ami. Et il se fait arrêter pour tentative de viol dans une suite d’un hôtel de New-York, et délit de fuite !… 

On se dit qu’un homme aussi talentueux et brillant, c’est tout de même étrange. Il était prêt à  rempiler pour un nouveau mandat au FMI ou alors à rentrer en France, pour se lancer dans la bataille des primaires socialistes. On savait en tout cas, que c’était un libertin. Dans un récent ouvrage au titre faussement post-moderne, « Sexus Politicus », deux journalistes -Deloire et Dubois-, nous détaillaient de manière grivoise, avec un style très début du siècle dernier, nombre d’anecdotes touchant à la sexualité des hommes politiques, n’épargnant pas Strauss-Kahn au passage. Les aventures galantes de DSK, depuis sa nomination à la tête du FMI, avaient déjà scandalisé outre-atlantique. Mais cela avait amusé les Français jusque là, car relevant du domaine de l’aventure extra-conjugale. D’ailleurs, c’est une spécificité bien hexagonale. En France, nous avons eu un président de la République, Félix Faure, qui est mort dans les bras de sa maîtresse.

François Mitterrand et Jacques Chirac étaient également des hommes à femmes, mais très habiles et discrets. Et sous l’ancien régime, un Roi -Louis XV-, réputé pour ses amours galants, disposait d’un réseau de rabatteurs, lui ramenant des filles souvent très jeunes, qui étaient logés et entretenus dans ses douillets appartements du Parc-aux-cerfs. Comme l’analysait le chroniqueur Eric Zemmour : « Par héritage monarchique et une mansuétude indécrottable pour les amours de nos grands hommes, il n’est pas certain non plus, que la police française aurait arrêté l’ancien ministre des finances socialiste ». En tout cas, pas dans les mêmes conditions. La police française n’aurait peut-être pas apporté autant de crédit, à l’accusation de la femme de ménage. Nous savons, comment cela se passe. La victime n’a pas la conscience de la victime. Des pressions peuvent aussi être exercées… Mais on savait aussi, que DSK était atteint d’une forme d’addiction.

Il est vrai que l’affaire est sérieuse, si les faits sont avérés. Il y a une différence nette entre liaison extra-conjugale et agression sexuelle caractérisée, sur une femme de ménage dans une chambre d’hôtel. Si la sphère politico-médiatique hexagonale se repaie déjà, depuis fort longtemps, de rumeurs persistantes autour de la vie sexuelle de DSK, jusque là, la loi du silence aura résisté. Dorénavant, on peut se demander pour combien de temps. Il y a un an et demi déjà, le publicitaire Franck Tapiro déclarait à un journaliste, que DSK ne démissionnerait jamais du FMI, pour se présenter aux élections présidentielles françaises en 2012. Il avait trop de casseroles, notamment « sentimentales ». De nombreux journalistes sortent maintenant du bois, dévoilant certains penchants bien connus de DSK, mais étouffés jusque là.

Depuis un siècle, la psychanalyse nous a habitué à cette dichotomie, s’interrogeant sur ces mécanismes amenant parfois les hommes à agir, sur leurs motivations conscientes et inconscientes, poussant à tel ou tel comportement. Car cette affaire ramène bel et bien, à cette problématique là. C’est Docteur Strauss et Mister Kahn, comme l’analysait M. Zemmour. « Deux personnalités, deux cerveaux, deux vies (…). Mieux, deux personnes en une, qui s’affrontent dans un combat à mort, une passion commune, jusqu’à ce que la personnalité ancienne, celle du cerveau archaïque, triomphe par chaos ». Son choix de défense sera également cornélien. Il a été finalement libéré sous caution, et a été inculpé par la justice américaine. Tocqueville nous a enseigné, appris aux travers de ses nombreux écrits-témoignages, que la société américaine est régie par un égalitarisme démocratique et sourcilleux, et le souci de la transparence. 

DSK est assigné à résidence, à New-York, dans le quartier de Manhattan. Mais s’il plaide non-coupable, il risque -s’il est confondu-, une lourde peine de prison (vingt ans au minimum). S’il plaide finalement coupable, en versant une forte amende à la victime, il pourrait adoucir sa peine. Mais il peut tirer un trait sur sa carrière politique nationale et internationale, dans les deux cas de figures. 

                                                                                                                                                                                    J. D.

 

8 mai, 2011

Cette affaire des quotas dans le football

Classé dans : Politique,sujets de societe — llanterne @ 3:20

Cette affaire des quotas dans le football dans Politique latern

C’est la dernière polémique récente, dans le domaine sportif. Cette pseudo-controverse touchant le sélectionneur de l’équipe de France de football, qui a pris part à cette discussion, dans l’affaire des quotas de bi-nationaux et des critères de sélection. On en était même venu, à parler de la démission de Laurent Blanc. C’est dire si l’affaire était devenue médiatiquement sérieuse et les soupçons lourds. Cependant, la ministre de la jeunesse et des sports a précisé, qu’elle n’avait jamais demandé la tête du célèbre sélectionneur, ancien champion du monde en 1998… Et Chantal Jouanno s’est même finalement rangée à ses côtés.

Comme l’a souligné ironiquement M. Zemmour : « Peu avant sa mort, le grand intellectuel Jean Baudrillard, disait en plaisantant, que SOS Baleine voulait sauver les baleines, comme SOS Racisme voulait sauver les racistes ». Ce dernier scandale autour de ces révélations et l’émoi inconsidéré, qu’il suscite, jusque chez la ministre des sports, « prouve que suivant l’intuition rigolarde de Baudrillard, l’anti-racisme est devenu la quête perpétuelle et obsessionnelle du racisme même et surtout s’il est imaginaire ». Laurent Blanc est difficilement soupçonnable de xénophobie, de sectarisme ou que sais-je, lui qui est avant tout un sportif, ancien de 1998 et qui a désigné un jeune joueur comme Samir Nasri, capitaine de l’équipe de France. Mais la réalité n’intéresse nos maîtres censeurs, sans aller jamais au fond du problème. D’autant plus, que cette réalité a le mérite d’être simple. Laurent Blanc et les techniciens de la F.F.F. s’inquiètent de la proportion importante de jeunes formés dans les clubs français, mais qui choisissent finalement de jouer dans leurs équipes nationales d’origine. Il s’agit après tout de l’argent public, de l’optimisation et de l’efficience des importants moyens engagés dans nos centres de formation. Un quota de 30 % de joueurs bi-nationaux a donc été décidé, sur « des critères nationaux » d’abord.

L’autre idée est aussi de revenir sur le choix opéré dans les années 90, qui était de privilégier dans les centres de formation, les atouts physiques des joueurs au détriment de leurs qualités techniques. La France aspire à redevenir dans le football, le paradis des petits dribleurs de Kopa à Girès, en passant par Platini. A l’image d’un milieu de terrain de talent comme Ludovic Giuly, évoluant au Paris-Saint-Germain, surnommé par sa petite taille (1,64 m) et sa vivacité « le lutin magique » (641 buts inscrits en club). Mais régulièrement écarté de la sélection nationale, avec regret, en raison de son petit gabarit. Mais comme dit Laurent Blanc, avec une sincérité désarmante, ce qu’il y a actuellement de plus grand et costaud, ce sont les joueurs noirs, les Antillais. « Un stéréotype n’est pas forcément faux, même s’il est simplificateur ». Il s’agit bien-sûr aussi d’un vecteur d’ascension sociale.

Mais les Guadeloupéens ou les Martiniquais, par exemple -dans le sport à haut niveau- sont souvent plus développés musculairement et courent généralement plus vite, par prédestination morphologique. Ce n’est pas un hasard, si tous les Dieux du stade sont noirs et si huit joueurs de l’équipe de France sur onze, sont de couleur… Certes, les quotas sont contraires à l’esprit universaliste de la République française. Mais il y a quota et quota. Tout dépend aussi de la manière dont ils sont appliqués. Quand après tout, Martine Aubry exige 20 % de socialistes issus de la diversité, à la direction du parti. Quand Sciences-po réserve des places à des jeunes venus de banlieue, qui entrent sans concours. Quand la présidente du MEDEF -dans une approche là féministe- Laurence Parisot fait campagne pour les « quotas » de femmes, dans les conseils d’administration. Des « quotas », quelle horreur ! Non, de la « discrimination positive », qu’en ces termes galants, cela est dit.

En France, dans une transposition sémantique intéressante à analyser, c’est l’expression « discrimination positive » qui est ainsi utilisée, pour désigner une politique contre les discriminations « sociales ». Contenant elle-même ironiquement le terme de « discrimination » (à la connotation extrêmement négative), à laquelle l’on a accolé l’adjectif  « positive », à supposer qu’il y en ait une « négative ». Une expression qui est géniale dans sa terminologie, particulièrement révélatrice de l’instrumentalisation politico-idéologique de la question. On joue sur la sémantique, sans toucher au coeur du problème… Mais il en va de même, pour les « quotas » dans le football…

                                                                                                                                                J. D.

De la Corrèze à Bourges, une campagne des plus classiques

Classé dans : Politique — llanterne @ 2:34

De la Corrèze à Bourges, une campagne des plus classiques dans Politique latern

Récemment, lors d’une réception au conseil général de Corrèze, François Hollande recevait Nicolas Sarkozy et Bernadette Chirac, qui n’avait jamais été à pareil plaisir. Mais en se rendant à l’ouverture du Printemps de Bourges, Hollande parlait là aux jeunes. A savoir deux volets traditionnels d’une campagne électorale présidentielle, des plus classiques.

Autour de Bernadette Chirac, Hollande et Sarkozy faisaient assaut de séduction. Mais ce n’était pas pour elle, ni Jacques Chirac, qu’ils brûlaient, mais pour la Corrèze. La Corrèze, qui est un symbole de la France profonde, synonyme de terroir et d’authenticité. « La Corrèze, fabrique de présidents, disait Hollande, sous l’approbation de Sarkozy ». La classique posture barrésienne, la terre qui  ne ment pas. C’est une règle que l’on a longtemps cru d’Erin, sous la Ve République… Chaque président devait posséder son terroir d’origine ou à la rigueur d’adoption. Chirac avait opté pour la Corrèze, tout comme Mitterrand avait opté pour le Nivernais. « Il fallait incarner la figure commune et légendaire, du petit provincial, qui a connu dans la capitale son éducation sentimentale et y a enterré ses illusions perdues ».

Sarkozy avait marqué une nouvelle rupture sur ce plan. Il était le premier à avoir coupé, avec cette symbolique forte. Il était l’élu de Neuilly/Seine et Français d’adoption. C’était la trouvaille communicante d’Henri Guaino, dans un pays où l’urbanisation et les évolutions sociales ont bouleversé le rapport traditionnel à la terre. Ségolène Royal affichait par conséquent, ses quartiers de terroir, pour marquer sa différence. « Pour 2012, DSK est aussi le non-dit de Hollande ». Elu en Corrèze depuis trente ans, Hollande n’a pas de divergence idéologique fondamentale avec son camarade socialiste. Ils sont tous les deux, européistes, ouverts à la mondialisation, des enfants de Delors et de Jospin. Alors pour accentuer le clivage avec le candidat lointain de Washington -concurrent aux primaires socialistes-, Hollande joue sur cette image de terroir, compensant son manque de charisme personnel. Sarkozy a trouvé plus cosmopolite et plus proche des élites mondialisées que lui, en la personne de Dominique Strauss-Kahn, et il a donc décidé d’accuser le contraste, en revenant à une approche plus classique.

Hollande joue sinon sur l’autre tableau, en se rendant récemment à l’ouverture du Printemps de Bourges, moyen de parler aux jeunes. Mais ce n’est guère nouveau, en même temps, tous les politiques s’y sont essayés : Mitterrand, Chirac. Et à l’époque, ils étaient tous aussi ridicules. Mais le problème spécifique de François Hollande et de la gauche, c’est qu’elle a perdu l’électorat populaire. Le 21 avril 2002 n’est pas bien digéré. Les classes populaires ne votent plus à gauche, et François Hollande essaye de récupérer un électorat populaire de substitution. Ségolène Royal avait réussi partiellement en 2007. Mais sans vouloir la médire, certainement aussi, pour ne pas voter Sarkozy, plus que pour voter pour elle. Il y a un enjeu auprès de la jeunesse, dans son ensemble, qui est souvent dépolitisée. Ce qui les amène, comme François Hollande, à parler de leurs chansons préférées au Printemps de Bourges.

François Hollande rejoue ainsi cette double carte, de la candidate socialiste de 2007, pour se lancer dans la course à la présidentielle. Mais il est vrai, on aimerait avoir un projet mobilisateur, à droite comme à gauche, plutôt que de tomber dans cette cosmétique-là. Personne n’est dupe, ni eux, ni même les Français. Chacun joue consciencieusement son rôle, au sein de cette classe politique si fortement discréditée. Mais comme l’a dit Blaise Pascal : « Agenouillez-vous et vous croirez ».

                                                                                                                                                         J. D.

7 mai, 2011

L’Afghanistan, Al-Qaïda, le dessous des cartes…

Classé dans : Diplomatie,Monde — llanterne @ 13:52

L'Afghanistan, Al-Qaïda, le dessous des cartes... dans Diplomatie latern

C’était l’information de la semaine, l’élimination d’Oussama Ben Laden, au Pakistan, par les services secrets américains. La mort d’Oussama Ben Laden est d’abord un symbole, pour les Américains… Car elle prouve qu’on ne les attaque pas en vain, que les méchants sont toujours punis, comme dans les films d’Hollywood et que leurs services secrets n’ont pas perdu complètement la main. Les attentats du 11 septembre furent une horreur absolue avec leurs milliers de morts, mais surtout la marque d’un certain abaissement, d’un déclin de la puissance américaine. Mais naturellement, cela ne marquera pas la fin d’Al-Qaïda, comme nous le savons, qui n’est pas une organisation hiérarchisée, mais une nébuleuse de petits groupes autonomes qui reprennent la marque Al-Qaïda, telle une franchise, marquant leur positionnement idéologique, sans en référer à la maison-mère. La mort de Ben Laden ne changera rien en cela. Dans le Sahel, AQMI continuera à sévir contre les Français. Mais de nombreuses questions sont soulevées, en filigrane, en marge de cette annonce. Pourquoi aura-t-il fallu tant de temps aux services secrets américains, pour localiser, puis éliminer Ben Laden ? En quelle mesure est-ce une victoire contre le terrorisme, et la rebellion en Afghanistan ? Le calendrier de retrait va-t-il être redéfini ? Et surtout que cache sa mort au Pakistan ? 

L’intervention occidentale en Afghanistan avait été d’abord officialisée pour en chasser Ben Laden. Mais comme nous le savons bien, les Américains sont présents dans la région, pour des raisons géo-stratégiques multiples. Car ce n’est pas la lutte contre le terrorisme qui justifie la présence américaine, du moins pas seulement. D’ailleurs à cet effet, les attentats perpétrés à New-York, aux Etats-Unis, en septembre 2001, ne constituaient malheureusement un acte isolé. Ce n’est que le résultat de la politique étrangère américaine menée en Asie centrale, depuis la fin de la guerre froide. Comme l’a analysé le spécialiste François Lafargue, l’Asie centrale est devenue une région d’enjeux stratégiques. La lutte armée en Afghanistan permet aux Etats-Unis de justifier d’une présence dans la région. Cette intervention en Afghanistan n’est qu’un des deux volets de cette stratégie politique. Le deuxième volet fut l’Irak, deuxième bassin pétrolier mondial. Le but des Américains est de contrôler les voies exportatrices, les routes du pétrole, par le GUAM, non pas pour eux, mais pour en priver la république populaire de Chine. Bien que créditeur de la Chine et entretenant des rapports complexes et ambigus avec elle, les Américains ne veulent laisser aux Chinois, la seule prédominance géo-stratégique en Asie centrale.

Les Etats-Unis proposent aux Etats de la région d’adhérer au GUAM, l’idée étant de nouer des amitiés en Asie centrale, comme c’est le cas avec la Géorgie, et les Américains ne sont pas prêts à quitter tout de suite, l’Afghanistan. Dans la mer Caspienne ont été découverts des gisements de gaz et de pétrole (Turkménistan, Ouzbékistan, Kazakhstan, etc.). Ces Etats sont enclavés, et ils ont sollicité pour extraire leurs hydrocarbures des groupes pétroliers américains, dont le groupe UNOCAL (Union Oil of California). Les entreprises américaines ont envisagé trois routes : Iran, Turquie, Russie. La solution qui sera envisagée, c’est de passer par l’est. Mais en 1992-93, ce projet ne peut se concrétiser, car l’Afghanistan est en proie à la guerre civile. Les Américains sont conscients que l’Afghanistan est devenu une poudrière, ce qui amènera à ce rapprochement progressif avec l’allié pakistanais. Le pétrole sera reçu dans des ports pakistanais, et de plus, ce projet permettrait au Pakistan de se doter d’un moyen de pression énergétique, à l’égard de la Chine, allié indéfectible mais qui ne lui livre plus d’armes sophistiquées (radars, etc), depuis plusieurs années. En 1990-91, on constate la radicalisation de certains Afghans, dans un pays en proie à la guerre civile, et ce sera l’engrenage de l’islamisme, avec les talibans. A savoir cette milice religieuse, qui prendra le pouvoir au milieu des années 1990, composée d’Afghans, orphelins de guerre, encadrés par des officiers pakistanais, au début. La zone frontalière avec l’Afghanistan est à dominante pachtoune et le Pakistan en l’annexant insidueusement, envisage d’en faire une base de repli, contre l’Inde voisine.

En 1993, c’est la conquête de la capitale par un Afghan, le Mollah Omar. Ce sont les services secrets pakistanais qui lui donnent de l’argent, le soutiennent. Islamabad veut ramener la paix et la concorde civile, dans l’Afghanistan voisin. Les talibans consolident leur pouvoir, suite à la prise de Kaboul, et cette milice présentée comme une marionnette du Pakistan devient progressivement « un électron libre ». Les talibans promettent à leur arrivée au pouvoir, de raser, brûler les champs de pavots, la culture d’opium s’étant déjà développée en Afghanistan sous l’occupation soviétique, pour financer la résistance. L’opium tiré du pavot est transformé, ce qui permet ensuite d’obtenir de l’héroïne, dite « la blanche » et / ou de la morphine. Mais seulement, quelques hectares seront brûlés, les talibans ayant bien compris que l’argent de l’opium (60 % du P.I.B. de l’Afghanistan), permettrait d’être autonome du soutien de leurs amis : le Pakistan et les Etats-Unis (pour acheter des armes, etc.). En 1995, la culture d’opium poursuivie plaçait l’Afghanistan « au premier rang mondial », ce qui est toujours le cas aujourd’hui. Et c’est là, qu’est intervenu Oussama Ben Laden, à savoir le fils d’une des plus riches fortunes d’Arabie saoudite, ayant fait ses affaires dans le BTP. Et plutôt que de mener une vie de riche mécène, Ben Laden se lança dans la lutte armée pour ses idées, en partant en Afghanistan dans les années 80. Les Etats-Unis soutiendront la résistance afghane, après l’arrivée de Reagan au pouvoir. Il servira d’agent de liaison aux Américains, devenant le pivot entre l’Arabie saoudite, la résistance afghane (le commandant Massoud) et les Etats-Unis. Au départ des troupes soviétiques d’Afghanistan, Oussama Ben Laden rentre chez lui, en Arabie saoudite. 

Or, la famille royale saoudienne est très corrompue. Une « cassette » annuelle est collectée par les impôts (pour le Roi). Qui va ensuite la dépenser au casino, en Espagne, à Marbella. La famille royale vit la plupart du temps, à l’étranger. Plusieurs Princes vivent d’ailleurs aux Etats-Unis, et la famille Saoud essuie des critiques. La deuxième controverse est la présence des troupes américaines en Arabie saoudite, suite à l’invasion du Koweit. Le Roi d’Arabie saoudite craint alors une invasion irakienne et appelle les Américains à l’aide, qui envoient 500 000 soldats se déployer dans le royaume. Cette présence américaine armée sur le sol saoudien est insupportable à Ben Laden, la considérant comme « une souillure ». Il faut le savoir, l’Arabie saoudite est considérée comme une immense « terre sacrée » de 2,5 millions de km2. En décembre 1990, les militaires américains fêtent Noël, avec leurs prêtres, leurs pasteurs, leurs rabbins là-bas. Ben Laden critique aussi la politique étrangère américaine (soutien à Israël, etc.), et en 1994, de par ses critiques incessantes dirigées contre la famille royale, il est expulsé d’Arabie saoudite, et déchu de la nationalité saoudienne. A l’été 1994, il est caché au Soudan. Mais l’extradition du terroriste international Carlos, du Soudan vers la France, l’inquiète. Ben Laden préfère quitter le Soudan et il part en Afghanistan, qui est un pays qu’il connaît. Il se liera au régime taliban sur place, avec le Mollah Omar lui-même, et petit à petit, il deviendra « le banquier du régime ». Installé en Afghanistan, Ben Laden poursuivra son combat contre la famille royale saoudienne, se tournant vers le terrorisme et la tactique est celle de l’attentat simultané. Il a fomenté les attentats contres les ambassades américaines du Kénya et de Tanzanie, contre le navire de guerre américain U.S.S. COLE, avec 400 marins à son bords, dans le golfe d’Aden. Enfin, le 11 septembre 2001, ce sont les attentats avec deux avions-suicides détournés à New-York.

En tout cas, les Américains savent que Ben Laden a soutenu « indirectement » ces attentats, et ils demandent à l’Afghanistan de l’extrader, ce-dernier étant ressortissant étranger, et pas afghan de tout de façon. Mais le refus du Mollah Omar décidera ensuite les Américains à lancer une intervention, une opération en Afghanistan « Liberté immuable ». Le régime taliban est renversé en un mois (vers novembre 2001), par les Américains. En 2004, des « élections libres » ont vu élire président, l’Afghan Hamid Karzaï. Deux forces sont en Afghanistan, dont l’ISAF, auxquelles participent 60 000 h., et auxquelles participent la France (Espagne, Pologne…), commandée par l’OTAN. Mais huit ans plus tard, ces forces sont toujours présentes et la situation n’a guère évolué. En Afghanistan, la communauté internationale n’a d’abord pas assez aidé à la reconstruction, après trente ans de guerre civile. Les Américains étaient déjà en Irak, jusqu’à récemment. Sinon, on connaît l’état des finances des Européens. Les Afghans ne voient pas les retombées positives, à ce qu’ils considèrent comme une occupation étrangère. L’armée afghane est une armée de papier (avec 30 % de désertion, les soldats ne touchant pas leurs soldes). Le pouvoir du président d’Hamid Karzaï est fragilisé, par une cruelle absence de légitimité. Et on assiste à une réémergence des néo-talibans recoupant une autre problématique essentielle, qui est de nature ethnico-tribo-linguistique, car ce pays montagneux est une mosaïque de peuples : Pachtouns, Tadjiks, Ouzbeks. Les Pachtouns sont présents dans l’est, le sud et le sud-ouest, où ils représentent 35 % de la population, ainsi qu’au Pakistan, dans la zone frontalière nord-occidentale (dans les zones tribales et au Balouchistan). Et les néo-talibans actuels recrutent et sont très présents, actifs, dans cette zone tampon, à savoir une région tribale échappant de plus en plus au pouvoir central pakistanais et à celui de Kaboul.

L’Afghanistan est un des pays les plus pauvres du monde, qui a tenu tête à l’U.R.S.S., puis à l’O.T.A.N. C’est la plus grande leçon d’humilité, de ces deux conflits afghans, on ne peut rien contre le fanatisme, la volonté, la résistance des hommes. Il suffit pour cela de relire, « Les cavaliers » de Kessel. Comme l’histoire de ce pays vient nous le rappeler, toute intervention de l’étranger, aux yeux d’un peuple si farouche, est toujours si mal perçu. Et à cet effet, la légimité du président afghan, Hamid Karzaï, est fortement contestée. Une transition politique serait nécessaire à Kaboul, pour se diriger vers un gouvernement et un régime bénéficiant de la légitimité populaire, capable de rassembler, le pouvoir en place, négociant en fonction de ses propres solidarités tribales. Le fléau fondamentalise ne saurait être aussi résorbé, que par le développement, une habile coopération, et la reconstruction. La mort de Ben Laden au Pakistan est aussi la confirmation du double jeu pakistanais en Afghanistan. Une partie de l’appareil d’Etat pakistanais cachait donc Ben Laden et joue encore avec Al-Qaïda contre les Américains, officiellement leurs alliés, même si un tournant a peut-être marqué. Mais la tâche sera encore rude…

                                                                                                                                      J. D.

5 mai, 2011

« De la transgression de l’art, à l’art de la transgression »

Classé dans : Culture — llanterne @ 1:48

C’est la dernière polémique, touchant au domaine « artistique », autour de deux oeuvres de l’artiste américain Andres Serrano – deux photographies en couleurs placées sous plexiglas – dont une intitulée « Piss Christ », représentant un crucifix immergé dans de l’urine, réalisée en 1987. L’image diffuse ainsi une lumière orangée, auréolant un crucifix grandeur nature, que l’on pourrait qualifier d’esthétique d’un premier abord, selon l’intérêt porté à l’exposition. Le journal « Libération » présente ainsi l’oeuvre visée au travers un long article, dans un style enamouré de catalogue d’art. Ces deux images ont donc été détruites à coups de marteau, par des « amateurs » du genre, à la collection d’art contemporain d’Avignon, Yvon Lambert, il y a quinze jours de cela. Les réactions d’indignation ont été nombreuses, dans la presse écrite notamment. Mais outre la polémique plus ou moins intéressante en soit, cela ramène à une problématique plus profonde, qui est celle de la provocation artistique, à l’égard de la religion, mais aussi et surtout celle de l’art contemporain, en général.

Comme a pu l’analyser, l’historienne d’art et conservatrice, Christine Sourgins, «  l’art contemporain cherche non par la beauté mais le scandale » et cette affaire en est emblématique, sur ce point. Aux yeux du journal « Libération », les agresseurs d’Avignon étaient des « vandales », et des « illuminés », l’hebdomadaire « Le Monde » en profitant ainsi pour dénoncer certains courants catholiques intégristes, ainsi l’influence jugée néfaste de l’archevêque d’Avignon. Mais il est vrai, dans une approche schématique mais révélatrice, imaginons aussi « un instant, d’autres oeuvres qui montreraient une Torah dans un bain de sang (…), un Mahomet déféquant, le Moïse de Michel-Ange plongé dans ses excréments », dixit Eric Zemmour. Et imaginons ensuite les réactions des militants du CRIF et d’autres, s’indignant, et bien-sûr, la gêne des journalistes dans la presse écrite, « pris entre la défense de la liberté de l’art et la légitime réaction de minorités outragées ». Mais pour de nombreux « artistes contemporains », l’objectif recherché n’est plus que de créer un « évènement, à tout prix », jusque dans le choix du lieu, et de la date d’une exposition, en pleine période de carême, et surtout à Avignon, ville des papes. C’est là une stratégie communicative et publicitaire bien rodée, visant à engranger les retombées médiatiques, et faisant monter les côtes artistiques, un vaste « mainstream », comme on dit aujourd’hui, visant à récupérer l’indignation artificielle d’un public saturé. A l’exemple de l’oeuvre de Cattelan (1999), « La Nona ora » utilisant l’image du pape Jean-Paul II, ayant déclenché colère, critiques et controverses, lorsqu’elle fut exposée en Pologne, pays d’Europe centrale au catholicisme chevillé au corps. Et qui trouva son public, en partant à des sommes inconsidérées en salle des ventes. 

Le conservateur de l’exposition d’Avignon, Yvon Lambert, est avant tout « un homme de l’art financier, donc il est innocent des blessures infligées aux âmes car celles-ci ne sont pas quantifiable en monnaie sonnante et trébuchante : le dol n’existe pas ». Et ne lui dites surtout pas qu’il faisait de la provocation, « montrer cette photo à Avignon, en temps de carême, relève juste d’une bonne stratégie de com’ ». Le Temple, « le seul, le vrai, c’est le Marché » ; le marché de l’art contemporain, en l’occurrence. Les réactions officielles viennent aussi s’inscrire dans ce courant, le ministre de la culture, Frédéric Mitterrand, ayant condamné en réponse à l’incident, une « atteinte à un principe fondamental, la présentation de ces oeuvres relevant pleinement de la liberté de création et d’expression qui s’inscrit dans le cadre de la loi ». Tout en reconnaissant que « l’une des deux oeuvres pouvait choquer certains publics ». Même s’il était évident que l’exposition atteindrait la sensibilité, et l’objectif attendu, ayant été largement atteint, « surtout avec le montage financier (…) derrière », d’où la concession « pouvait choquer ». A l’aune d’une récente exposition contemporaine controversée, à Saint-Sulpice, à Paris (6e arr), le débat sur l’art contemporain dans les églises avait été également soulevé. Ce terme d’art contemporain qui prétend recouvrir la totalité, comme le dénonçait Marc Fumoroli, « loin de désigner une époque », signalant un genre, « bien distinct de l’Art moderne ou l’Art abstrait, prisés par les pères Regamey et Couturier ».

Pour en revenir à cette exposition d’Avignon, il est certain que la destruction à coups de marteau par quelques-uns, des deux oeuvres en plexiglas, n’a pas empêché le musée de réouvrir ses portes le lendemain, exposant le vandalisme tel quel, l’oeuvre en étant déifiée. Il est vrai qu’accepter la parodie, la caricature et même le blasphème, est la preuve d’une grande maturité spirituelle. « Depuis la religieuse de Diderot, le monde chrétien a fait du chemin », comme l’analysait Eric Zemmour, la religion majoritaire en Europe s’étant habituée à vivre sous les quolibets, voire l’hostilité. L’anticléricalisme du petit père Combes ne choque plus personne et encore moins l’Eglise. Cet anti-cléricalisme serait même plutôt devenu l’idéologie dominante dans les médias, on ne compte plus les campagnes contre le Pape. Mais les autres religions monothéistes refusent également avec véhémence de verser dans la placidité catholique à l’égard de l’outrage, le judaïsme et l’Islam interdisant les représentations de Dieu, et n’ayant donc pas, sur le plan artistique, entretenu ce vieux compagnonnage sensuel des catholiques, de la Renaissance italienne à nos jours.

Suite à d’autres provocations artistiques, du même genre, certains pieds-nickelés ont ainsi préparé leur coup, se vantant depuis longtemps de vouloir passer à un acte « revendicatif ». L’occasion fut la bonne. Sans doute est-ce aussi une conséquence ultime de la déchristianisation en France, qui a fait du catholicisme, dans sa pratique, une religion à son tour quasi-minoritaire. Et du climat mondial aussi, car le christianisme est certainement dans le monde, à l’heure actuelle – en Asie, ainsi qu’au Moyen-Orient – la religion la plus outragée. Mais en tout cas, il est certain dans cette affaire, qu’il est plus commode de dénoncer des influences conservatrices supposées, dans les médias, sans analyse, ni objectivité, ni recul, plutôt que de s’interroger sur la médiocrité d’une oeuvre, mais aussi surtout la supercherie d’un art dit « contemporain », dans son ensemble.

                                                                                                                                                                J. D.

 

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