Sarkozy tente de conserver sa droite
Christine Boutin a annoncé, hier, en Seine-Saint-Denis, à Montfermeil, la candidature de son parti aux présidentielles de 2012. La présidente du PCD n’a donc pas tenu compte, de l’appel à la retenue de l’UMP, au rassemblement de la droite et du centre, autour de la probable candidature de Nicolas Sarkozy. Mais elle ne sera pas la seule. La gauche n’est plus la seule à se diviser, c’est aussi le temps de la droite plurielle…
On en sentait les prémices depuis plusieurs mois. Le pas a été franchi. Christine Boutin se lance, Borloo se prépare, et Bayrou n’a jamais renoncé. Sans oublier Villepin, qui s’obstine… L’UMP avait été fondé, en 2002, pour éviter la dispersion à la présidentielle, qui avait favorisé l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour. Mais l’UMP a échoué. Car non seulement, elle n’aura pas le monopole de candidature à droite, mais en son sein, les sujets de discorde se multiplient, à l’image de la fronde des députés UMP, ces derniers mois, et alors que les clivages s’aiguisent entre la droite populaire et les centristes, comme au bon vieux temps du RPR et de l’UDF.
Nicolas Sarkozy sait qu’en 2007, il avait gagné la présidentielle, dès le soir du 1er tour, sur son score dépassant les 30 %. Et il fait tout pour les arrêter, mais pour l’instant, en vain… Mais il ne faut pas oublier, que les droites françaises ont aussi une longue tradition de division. Et les temps des disputes homériques entre Chirac et Giscard, entre Chirac et Barre, et enfin Chirac et Balladur pourraient revenir. Mais pas seulement à cause des ambitions personnelles. C’est le compromis idéologique ayant fondé l’UMP, qui est en train d’exploser, ou en tout cas, qui semble avoir fait son temps. Le ralliement du RPR aux thèses de l’UDF, libérales en économie, mais aussi sur le plan des moeurs, européistes, décentralisatrices, avaient permis la progressive fusion des deux anciens ennemis, qu’étaient le courant centriste et le parti néo-gaulliste.
Les héritiers du gaullisme -réels ou supposés-, gardaient les places. Et la droite est parvenue à garder son unité, du moins formellement, jusqu’à aujourd’hui. Mais désormais, chacun reprend son baton de pélerin, Christine Boutin défendant la famille traditionnelle, Villepin, l’indépendance nationale, et Dupont-Aignan, le refus de la domination à Bruxelles. Au sein de l’UMP, les centristes -arc-boutés sur leurs valeurs républicaines- parlent de droitisation. Ils sont le sentiment d’être « trahis », du moins électoralement. Ils sont furieux et ils croient en leurs chances, Borloo et Morin en tête. Mais la supposée droitisation n’est qu’un mirage, une illusion d’optique. Il suffit de relire le programme du RPR de 1980 à 1990, pour s’apercevoir que Chirac versait déjà dans le populisme. Le programme du RPR était le frère jumeau de celui du Front National.
Derrière ces stratégies électoralistes, deux hypothèses se présentent, en réalité, selon le candidat de la majorité sortant, au soir du premier tour. Si le président sortant le soir du 21 avril 2012, parvient à s’extraire à ce magma idéologique, ces rivaux de droite rallieront presque tous le candidat vainqueur au second tour. Mais si Sarkozy renouait avec les scores médiocres de Chirac, en 2002, ou voire même si la gauche passait, alors le grand parti majoritaire ne pourrait qu’imploser sous le poids des contradictions accumulées…
J. D.