La Lanterne (politique, sujets de société)

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31 décembre, 2011

Malheur au vaincu

Classé dans : Diplomatie — llanterne @ 12:31

 Malheur au vaincu dans Diplomatie latern

Transféré le 30 novembre 2011, au centre de détention de La Haye, Laurent Gbagbo a comparu pour la première fois, devant la Cour Pénale Internationale, le lundi 5 décembre dernier, au travers d’une série d’audiences qui se poursuivent, à l’heure actuelle. L’ex-président ivoirien est le premier chef d’Etat, à comparaitre devant le Tribunal Pénal International, né en 2002. Il est poursuivi pour quatre chefs d’accusation, en tant que co-auteur indirect, au cours de la récente crise post-électorale ivoirienne, ayant tourné à la guerre civile entre décembre 2010 et avril dernier, entre le nord et le sud de la République de Côte-d’Ivoire. Les grands mots sont de sortie, à cette occasion : « Crimes contre l’humanité, communauté internationale, justice ».

Le procureur du TPI y tenait, lui qui n’avait pu accrocher à son tableau de chasse, le soudanais Omar El-Beshir, qui est toujours président de son pays. Certes, cette juridiction est un progrès historique du droit et de la justice. Le TPI est une épée de Damoclès au-dessus de la tête des tyrans, on ne le conteste pas, surtout dans le cadre de conflits civils particulièrement cruels, où des populations innocentes sont le plus souvent prises pour cible. Ils ne sont plus impunis et ne peuvent plus jouir de leurs crimes et de leurs rapinages, sur le principe. Mais ce grand progrès historique se révèle également, il convient de l’analyser, être la mise en forme judiciaire d’une des plus vieilles lois de l’humanité et qui n’a, elle, rien de nouveau : « Malheur aux vaincus ». Car Laurent Gbagbo n’aurait -hélas- jamais été jugé, s’il n’avait pas perdu la guerre civile, qui l’opposa à son adversaire, Alassane Ouattara (aidé par l’armée française). On reproche à Gbagbo de n’avoir pas accepté sa défaite électorale. Mais rien ne prouve -tels l’ont établi de nombreux spécialistes- qu’il a davantage triché que son rival. Et personne ne sait, ce que sont devenus les officiers de Ouattara, ayant commis d’autres crimes contre les civils, non moins affreux. Non seulement, ils n’ont pas été jugés, mais ils ont été promus par le nouveau président ivoirien.

Ce conflit n’était d’ailleurs pas un bras de fer entre des « gentils » et des « méchants ». Mais une lutte pour le pouvoir entre les représentants d’ethnies, composant la population d’un Etat africain aux frontières tracées artificiellement -tenu sous la férule autoritaire d’Houphouët-Boigny, durant une quarantaine d’années-, et dans le cadre de problématiques antérieures à la colonisation, ressurgies à partir des premières manifestations de 1994, en Côte-d’Ivoire, à la faveur de la hausse des prix du cacao, et de la politique opportuniste poursuivie par ses successeurs -à commencer par Henri Konan Bédié-, autour du concept d’ivoirité. Et si pour les partisans de Alassane Ouattara, c’est ainsi la victoire de leur camps, pour les pro-Gbabo, cette victoire post-électorale ne serait que la traduction politique d’une descente de l’Islam vers le sud du pays, interrompue et ralentie durant l’épisode de la colonisation. Ainsi, ce conflit ivoirien n’est, hélas, en rien résolu sur le fond, comme nous le savons bien. Par ailleurs, avant Gbagbo, des officiers serbes ont eux aussi, connu la paille des cachots hollandais. Pas des tendres, non ces serbes, ni des innocents, on ne le conteste pas. Mais surtout des vaincus, qui durent subir la loi des avions de l’Otan. Certains officiers croates ou bosniaques, ne sont pas moins absous de nombreux crimes, perpétués durant ces conflits d’ex-Yougoslavie, particulièrement cruels à l’égard des populations civiles. Personne ne jugera Poutine, pour avoir massacré les Tchétchènes. Personne ne jugera les dirigeants du parti communiste chinois, pour avoir envoyé les chars sur les manifestants de la place Tian’anmen, le 4 juin 1989, faisant de très nombreuses victimes. On pourrait continuer longtemps cette nouvelle version du deux poids / deux mesures…

La guerre, c’est malheur au vaincu, nous l’avons dit. Mais les lois de la guerre traditionnelle entre rois européens, qui ont régi pendant des siècles les relations internationales, ne condamnaient pas le vaincu au nom de la morale. Cette inflexion est récente. Elle date du XXe siècle. Les Allemands furent considérés, moralement, comme responsables de la guerre de 14-18. Et c’est d’ailleurs poussé par une opinion publique traumatisée par la guerre, et prétextant que « le boche doit payer », que les exigences envers l’Allemagne ont pu être considérées par certains comme exorbitantes, nombre d’historiens contemporains estimant que Clémenceau porte une certaine responsabilité dans les erreurs du traité de Versailles. Les grands dignitaires nazis furent jugés à Nuremberg pour crimes contre l’humanité, ce qui fut un grand progrès dans l’histoire de la justice internationale, à l’image du « procès de Tokyo », mené par le tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient, inculpant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, vingt-huit personnalités nippones.

Cependant, cette manière de juger l’adversaire vient plutôt de la tradition anglo-saxonne. Napoléon était déjà présenté par la propagande anglaise, comme un ogre, ennemi de l’humanité. Et les Américains conjugueront cet héritage anglais, avec leur isolationnisme originel. S’ils se décidaient à guerroyer en-dehors de leurs frontières, ce ne pouvait être à leurs yeux puritains, que pour faire le bien. Et leur adversaire ne pouvait donc incarner que le mal, dans une vision manichéenne qui ne les a jamais quittés, sur le plan diplomatique. Saddam Hussein fut présenté comme un nouvel Hitler. Le paradoxe est que les Américains n’ont jamais reconnu, ni ratifié le traité de Rome, qui fonda la Cour Pénale Internationale, dans une problématique qui devra bien conduire à une résolution diplomatique sur la forme, un jour ou l’autre. La justice, ils la rendent eux-mêmes, en faisant la guerre sur le territoire de ceux qu’ils considèrent comme une incarnation du mal. « A l’ancienne »

                                                                                                                   J. D.

L’éternelle fracture

Classé dans : Europe,Politique,sujets de societe — llanterne @ 11:20

 L'éternelle fracture  dans Europe latern

L’Europe est de nouveau au cœur du débat politique, ce dont on a eu la confirmation, avec le récent discours -début décembre-, de Nicolas Sarkozy, et on peut même dire, que l’on retrouve au-delà du clivage habituel gauche / droite, cette fracture de Maastricht, vieille de dix-neuf ans. « Plus rien ne sera comme avant ». On se souvient, Charles Pasqua le proclamait goulument, le soir du référendum sur Maastricht, en 1992. Mais ni Philippe Séguin, ni Philippe de Villiers, ni Charles Pasqua, ni Jean-Pierre Chevènement, les champions du non d’alors, n’ont jamais réussi à rassembler les républicains des deux rives, « pour faire turbuler le système », pour reprendre deux expressions chères à ce dernier. Jean-Marie Le Pen lui n’a jamais essayé.

Ostracisé par tous les autres, Le Pen avait le magot, le peuple. C’est lui qui posait la question, qui intéressait l’électorat populaire, depuis les années 1980, l’immigration, l’insécurité, questions devant lesquelles les autres tournaient pudiquement la tête. Bien que certaines de ses questions n’étaient traitées que dans quelques lignes dans le programme de 1974 du FN. Elles furent progressivement développées, au fil du temps, à partir du regroupement familial en 1977, par pragmatisme. A savoir, une équation insoluble qui a fait la fortune successive de Chirac et de Sarkozy, qui ont l’habileté de faire campagne sur des thèmes souverainistes : fracture sociale et sécurité pour le premier, identité nationale pour le second, s’accompagnant de la prudence de gouverner, en se soumettant aux canons européens… C’est parce que la gauche n’a jamais eu ce culot, empêtrée qu’elle est dans ses utopies internationalistes, et par sa répulsion contre-productive pour tout ce qui est national, qu’elle a perdu le peuple et trois présidentielles successives. Les départs successifs des souverainistes de gauche, de Chevènement à Mélenchon, n’ont jamais réussi à détruire la vieille maison socialiste, qui est redevenu ce qu’elle était, quand elle s’appelait la S.F.I.O., à savoir un parti d’élus locaux servi par leur clientélisme et leur savoir-faire de notables. Vous connaissez la célèbre formule du cardinal de Retz, ressortie par Mitterrand : « On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment ». En 2007, Nicolas Sarkozy, en réduisant le grand écart entre Henri Guaino et Alain Minc, avait réconcilié les artisans du oui et du non au référendum sur l’Europe de 2005.

De même, en 2009, la fille de Jacques Delors s’abouchait avec la gauche du non, pour arracher l’appareil du PS à Ségolène Royal. Et voilà que la crise de l’euro, la rigueur imposée par les agences de notation et Berlin, détruisent ce savant travail tactique et projette une lumière crue, sur cette cruelle réalité. Le clivage entre la droite et la gauche n’existe plus. Sarkozy défend la rigueur et Hollande veut donner du sens à la rigueur. Mais si Marine Le Pen a remplacé son père, personne n’a remplacé Séguin et Pasqua, du côté des gaullistes. En dépit des valeureux efforts de Dupont-Aignan, qui y va vraisemblablement, avant tout de sa stratégie personnelle. L’UMP, à part la frange de la droite populaire qui conserve le silence le plus absolu, s’est ralliée à l’intégration européenne sous la férule allemande. Alain Juppé proclame ainsi sa flamme aux Etats-Unis d’Europe, qui l’aurait fait traiter de « cabri » par le général de Gaulle, et de « parti de l’étranger » par Chirac en 1978, depuis l’hôpital Cochin, lors de son fameux appel (avant de retourner sa veste à plusieurs reprises, car avant tout opportuniste et sans conviction). A gauche, Montebourg et Mélenchon ont donc remplacé Chevènement, mais ils n’osent pas plus que lui, aborder l’autre question majeure de la mondialisation, à savoir l’immigration, et la maîtrise des flux migratoires.

Le même clivage fondamental est ainsi persistant, depuis Maastricht. La France du haut est plutôt pour l’Europe, la France du bas (ouvriers, employés), est plus que jamais contre. Mais elle est également, plus que jamais majoritaire en voix. Mais aucun de ses porte-voix n’ait parvenu à renverser la table, jusqu’à présent. Ainsi, comme dans cette citation d’Il Gattopardo (Le Guépard), du romancier italien Giuseppe Tomasi di Lampedusa, en vingt ans, « tout a changé, pour que rien ne change »

                                                                                                                                                                      J. D.

Les cinq cent signatures, petits arrangements entre amis

Classé dans : Politique — llanterne @ 10:57

Les cinq cent signatures, petits arrangements entre amis dans Politique latern

Nous sommes à l’heure actuelle, en plein tour de chauffe présidentiel, en pré-campagne électorale. Mais c’est aussi la période de la chasse aux signatures, à savoir ce parrainage indispensable pour être présent sur la ligne de départ. Alors Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP a été très clair, sur ce plan, ayant ainsi demandé aux élus du parti majoritaire, de n’apporter leurs parrainages, qu’au candidat de l’UMP et un certain nombre d’autres candidats connaissent ou en tout cas, disent qu’ils connaissent des difficultés : Christine Boutin, Nicolas Dupont-Aignan, Philippe Poutou ou encore Marine Le Pen.

En effet, c’est un rituel à chaque présidentielle, la chasse aux signatures. Même les verts s’y adonnent. Il y a les chasseurs d’élevage, PS et UMP, mais aussi Parti communiste, et l’on soupçonne le malicieux Jean-Luc Mélenchon de s’être rapproché, acoquiné avec lui, au sein du Front de gauche, avant tout pour son excellent réseau d’élus locaux, ultime trace de sa gloire passée. Traditionnellement, le candidat du Front National souffre « mille morts » dans cette épreuve. Jusqu’au dernier jour, lors des échéances passées, Jean-Marie Le Pen n’était pas sûr de pouvoir se présenter, il en avait été empêché en 1981. On le soupçonnait ces derniers temps, d’en rajouter un petit peu, dans la mise en scène médiatique de sa quête, mais sa fille, elle aussi, a du mal. L’élu local est un oiseau rare au FN, et le petit maire apolitique et démocrate, une proie de plus en plus surveillée par les médias, les grands partis et surtout par le président du conseil général de son département, qui pourrait lui supprimer les subventions, dont il avait justement besoin pour restaurer sa petite église ou sa salle polyvalente.

Jusqu’en 1958, le président de la République était élu par les députés et les sénateurs élus en congrès, par la constitution de la IVe République. Le parrainage des élus est le relicat de ce privilège du passé. Quand l’élection au suffrage universel fut instaurée en 1962, le nombre de parrainages était de cent, soit une formalité. En 1974, pour éviter la multiplication des candidatures fantaisistes, ce nombre fut porté à cinq cent, dans le cadre de la constitution d’un corps arbitral, et la formalité devint alors un stratagème. D’ailleurs, on soupçonne les Mitterrandiens d’avoir donné un coup de main au candidat du Front national, pour la campagne présidentielle de 1988. On sait qu’en 2002, les Chiraquiens distribuèrent généreusement les parrainages au candidat d’extrême-gauche. Bien leur en prit, ils furent débarrassés de Lionel Jospin, avant le second tour. Et la même année, Charles Pasqua prétexta le manque de signatures pour renoncer à se présenter.

Pour 2012, les deux grands candidats ont tiré les leçons du passé. C’est verrouillage à tous les étages. Christine Boutin, Nicolas Dupont-Aignan à droite, sont privés d’oxygène. Villepin semblerait plus ou moins se déballonner. A gauche, l’extrême-gauche tire sérieusement la langue. Il est vrai, ce procédé des cinq cent signatures est aussi une assurance démocratique, du moins en apparence. Car il convient de le remémorer, de le replacer dans son contexte historico-politique. Depuis le référendum de 1962, et la loi organique du 6 novembre, le général de Gaulle avait, avant tout, imposé l’élection au suffrage universel, pour arracher la vie politique française à la domination des partis -« ce fameux régime des partis », à l’origine de l’instabilité gouvernementale de la IVe République, dans un contexte d’après-guerre et de décolonisation-, pour établir un contact direct entre un homme et un peuple. Chassé par la porte, les partis sont rentrés par la fenêtre des parrainages. Et le système des primaires bientôt adopté par tous, donnera encore plus de poids politique et démocratique, aux grandes formations partisanes. Un candidat comme Hervé Morin, qui est évalué à 0,5 % par les sondages (!), pourrait aisément se présenter, alors que Marine Le Pen, créditée de 18 % des intentions de votes, pourrait en être écarté…

Des candidats originaux ou iconoclastes, comme l’écrivain Renaud Camus ou l’ex-patron du Cran, Patrick Closés sont éliminés d’avance. Certes, ce dispositif des cinq cent signatures est bien évidemment, une protection et un garde-fou, contre les candidatures les plus fantaisistes. Mais pour retrouver l’inspiration initiale du général de Gaulle et de la Ve République, il faudrait supprimer les parrainages d’élus et les remplacer par ceux du peuple, pour renouer avec un système réellement démocratique. Des millions d’électeurs, à la place de quelques centaines de notables locaux. Mais qui osera ?

                                                                                                                                                  J. D.

 

Le nucléaire : en sortir ou pas ?

Classé dans : Economie — llanterne @ 10:27

 Le nucléaire : en sortir ou pas ? dans Economie latern

Récemment c’était tout un pataquès écolo-socialiste : Mogs, Areva, train de déchet. Les débats ont été recentrés sur la question du nucléaire, qui sera à l’évidence au cœur de la présidentielle. Car après Fukushima et la décision allemande de sortir du nucléaire, cette question que l’on pensait pourtant tranchée en France, recommence à diviser. Pour ou contre, moderne ou ringard, responsable ou irresponsable, droite ou gauche, technocrate ou idéologue, secret des lobbies ou transparence démocratique. La vie politique française s’est offerte une actualité, dont elle a le secret, pleine de bruits et de fureurs, d’invectives et de simplismes, de chiffres et de bons mots, de grands principes et de marchandages républicains, un psychodrame !

Aussitôt, les adversaires ont retrouvé leurs réflexes, vieux de quarante ans. Avec d’un côté, les gaullistes alliés aux communistes de la CGT, et de l’autre, les écologistes libertaires, anciens combattants du Larzac. Et adversaires de cette religion du progrès scientiste, qui porte la République depuis le XIXe siècle. D’un côté, on vénère l’Etat colbertiste et le social, de l’autre, l’individu et la nature, et « les socialistes font l’essuie-glace ». Dans l’opposition, ils font des risettes aux écolos, au pouvoir, ils poursuivent l’œuvre de leurs prédécesseurs. Mais il faut reconnaitre, que le nucléaire a toujours été en France, l’objet d’un très large consensus national. Seul l’accident japonais de Fukushima aura fait légèrement osciller les sondages. Les écologistes qui avaient mis la question en sourdine, se sont ainsi rués sur l’occasion, « comme la petite vérole sur le bas clergé », croyant tenir là, leur revanche historique. Ils donnent en exemple, l’Allemagne qui est ressortie du nucléaire. Mais ils oublient seulement de noter, au travers de cette très sérieuse et complexe question énergétique, qu’au travers des exemples étrangers, la chancelière Angela Merkel s’est vue contrainte également de remettre en route ses vieilles mines de charbon, s’empressant de garantir auprès des Russes ses livraisons de gaz. Charbon, gaz : énergies vertes bien connues !… La France serait guettée selon les verts, par « le syndrome Minitel », grand succès hexagonal qui avait dissimulé aux industriels français l’essor d’internet…

Mais si c’était pour une fois, l’inverse. Si les Allemands abandonnaient le terrain, faute de le dominer, faute d’avoir opéré avec succès et efficience, l’offre publique d’achats sur Areva qu’avait tenté Siemens. Et si le nucléaire était un de ses ultimes secteurs, où la France conservait un avantage comparatif sur son grand voisin. Y compris sur l’épineuse question du traitement des déchats nucléaires, mais qui ne sera progresser, en l’absence de crédits de recherche… En Allemagne même, les nouvelles énergies sont loin de répondre à l’ensemble de ses besoins énergétiques… Et elles coûtent chères, très chères, plus chères que le nucléaire. La note d’électricité des Allemands grimpera très sérieusement. Au fond, c’est ce que désirent les verts, qui veulent obliger les ménages à réduire, sous la contrainte, leurs consommations. Vaste débat, certes. Mais l’industrie française peut-elle vraiment se permettre une hausse de ses coûts ? Sur le prix aussi, les discussions sont sans fin et empreintes de mauvaise foi, de tous les côtés. On s’étripe à couts de centaines de milliards d’euro. C’est paraît-il, le prix à payer pour sortir du nucléaire… et pour y rester aussi.

Les centrales françaises font de la résistance. Elles durent plus longtemps que prévu. C’est un point positif, pour la rentabilité des investissements, disent les experts… C’est mauvais pour la sécurité, disent les écologistes… Sauf que les centrales nucléaires, sont à l’instar des cathédrales rénovées sans cesse, par petits bouts… Les plus vieilles centrales n’ont donc pas l’âge de leur naissance. Et le fameux EPR est la technologie la plus sûre du monde. C’est d’ailleurs même pour cela, qu’il se vend difficilement…

                                                                                                                          J. D.

27 décembre, 2011

La Syrie et l’Orient compliqué

Classé dans : Diplomatie — llanterne @ 17:46

La Syrie et l'Orient compliqué  dans Diplomatie latern

On parlait de moins en moins de la Syrie, dans les médias. Mais la répression entre dans son onzième mois et si les traditionnels cortèges du vendredi sont de plus en plus clairsemés, le recours aux armes contre l’armée se banalise, dans une guérilla qui est essentiellement le fait de déserteurs, dont le nombre ne cesse de se multiplier. On meurt à Damas, mais on ne sait pas bien pourquoi. Pour la liberté, la démocratie, la fin du tyran, mais pas seulement. Les printemps arabes ont dépassé depuis longtemps, le lyrisme ingénu de la liberté guidant les peuples. Les masses se sont ébranlées, l’islamisme gagne partout, les rapports de force entre Etats sont remis en question.

Fragmentée en myriade de groupuscules, qui vont des nassériens aux libéraux laïcs, en passant par les Frères musulmans, les anti-Assad ont beau s’être fédérés dans un CNT installé en Turquie, contrairement aux rebelles de Benghazi, ils n’ont pu « libérer » la moindre place Al-Tahrir du joug baasiste, pour l’instant. Le résultat en est une impasse qui dure. D’un côté, des opposants historiques comme le docteur Radwan Ziadeh exhortent les Nations Unies, à mettre en place une zone d’exclusion aérienne, afin d’entraver la répression de la contestation. De l’autre, Bachar et ses séides se murent dans le déni et l’aveuglement propres aux fins de règne, prétextant que l’opposition s’essoufle et que tout rentrera bientôt dans l’ordre. Les difficultés économiques qui s’aggravent n’arrangent pas les choses, la tension montant et la situation s’envenimant sérieusement. Ces derniers jours, une dizaine d’assassinats ciblés ont ainsi aggravé la paranoïa générale, sur fond de méfiance politico-confessionnelle. Le modèle d’une guerre sale qui fut, rappelons-le, victorieuse pour le régime d’Alger, pourrait tenter Damas.

Ces attentats jouent objectivement en faveur des Assad, qui manient le sempiternel argument : « Moi ou le chaos ». Car la Syrie a longtemps fait - et fait encore -, figure d’exception dans le monde arabo-musulman, en matière de stabilité politico-confessionnelle. De l’Irak au Pakistan, les chrétiens d’Orient sont de plus en plus victimes de violences. Pourtant, dans ce pays, ils cohabitent sans heurts avec l’islam. Dans ce pays du Moyen-Orient, les Chrétiens vivent en paix, présents depuis l’aube du christinanisme, et représentant 10 % de la population, ce qui en fait la communauté chrétienne la plus importante de la région, devant l’Egypte voisine. Les chrétiens avouent qu’ils sont « soutenus » et même « gâtés », « choyés » par le régime. Leur rôle historique est reconnu, qu’il s’agisse de leur participation à la « renaissance arabe » de la seconde moitié du XIXe siècle ou de la lutte pour l’indépendance de 1946. Le gouvernement syrien compte trois ministres et le parlement quinze députés - sur 250 -, chrétiens. 

Régulièrement, à Noël, le président de la République - obligatoirement musulman selon la Constitution -, se rend dans une église pour assister à la messe. Le grand mufti de Syrie en fait autant. De leur côté, tous les établissements tenus par les églises chrétiennes - écoles, hôpitaux, centres de formation… -, sont largement ouverts aux musulmans. En Syrie, jamais une Européenne ou chrétienne locale ne se fera traiter d’infidèle par un passant parce qu’elle se promène en cheveux. Mais un état de grâce qui reste néanmoins fragile, notamment par la crainte d’un effet de contagion venu de l’Irak voisin, où il resterait aujourd’hui environ 600 000 chrétiens. Le récent exode, qui a conduit près de 300 000 d’entre eux - chassés par les attentats à répétition dont ils sont la cible, à Kirkouk et à Mossoul, depuis 2003 -, à trouver refuge en Syrie, n’est pas le premier de leur histoire, mais c’est sans doute le pire. Et la situation actuelle n’étant pas sans inquiéter, cette communauté exilée.

Vu sous un autre angle, comme le constate avec justesse, Eric Zemmour, c’est également un bouleversement géo-politique régional d’ampleur, qui se dessine à l’horizon. Et le printemps arabe de 2011, n’est pas sans rappeler le printemps des peuples européen de 1848, dans un contexte spatio-temporel et géographique, certes différent. L’Histoire se répète. Avec des variantes, mais avec des articulations du moins intéressantes à analyser, car relativement exemplaires et hélas, souvent vérifiables et prémonitoires. Ainsi dans le passé, à titre de comparaison, dans la vieille Europe, chaque situation révolutionnaire a provoqué des bouleversements géo-politiques. Le printemps des peuples européen de 1848, après révolutions et répressions, s’est conclu par un basculement des rapports de force, et par un affrontement titanesque entre le futur empire austro-hongrois et la Prusse du chancelier Bismarck. Aujourd’hui, au Moyen-orient, les deux puissances en guerre larvée pour la domination du monde musulman sont l’Iran et l’Arabie Saoudite, à savoir le champion des chiites contre celui des sunnites, dont l’hostilité et l’opposition farouche date de la succession du prophète Mahomet.

Ainsi, à chaque fois qu’un soulèvement éclate, nos médias et analystes, notre ministre des affaires étrangères, Alain Juppé, nous parlent de liberté, de démocratie, d’élections et de volonté du peuple. Mais les concernés se demandent plutôt, « si la loi de la majorité permettra de vaincre ou pas ». Car nous n’avons pas « le bon logiciel », pour décripter cet « Orient si compliqué », plaquant notre concept de citoyenneté, sur une réalité communautaire, nécessaire à analyser les évènements. Quand les Américains ont renversé Saddam Hussein en Irak - pays aux frontières artificiellement tracées sur les décombres de l’empire ottoman, à la faveur de l’accord Picot-Sykes -, ils ont donné les clefs de l’Irak baasiste à sa majorité chiite, qui s’empressa de s’en prendre, par vengeance, aux sunnites minoritaires, qui ne les avaient pas épargné dans un passé récent…

Lorsque des émeutes eurent lieu dans l’émirat de Bahrein, en mars dernier, les chars saoudiens réprimèrent aussitôt cette révolte, « qui n’était à leurs yeux que celle d’une majorité chiite contre une dynastie sunnite »… La France et les Américains ne levèrent pas un cil réprobateur. Mais il faut aussi reconnaître que ces-derniers avaient beaucoup à se faire pardonner. Par sa magnifique croisade pour la démocratie au Moyen-Orient, Bush junior a fédéré sans le vouloir, un axe chiite allant de Téhéran, en passant par le golfe persique, jusqu’au Liban, où est implanté le Hezbollah - parti de Dieu -, en passant par Bagdad et Damas. Pour la première fois, dans l’histoire de l’Islam, les chiites atteignent les mers chaudes de la méditerranée. La quête nucléaire iranienne confère ainsi une crédibilité apocalyptique, à cette angoisse saoudienne.

La chute de la maison Hassad permettrait donc de briser l’arc chiite, tendue vers sa revanche historico-tactico-politique sur l’ennemi sunnite, dans une domination du monde arabo-musulman. On comprend mieux l’enthousiasme médiatique d’Al-Jazira, la chaîne de l’émirat du Quatar - sunnite -, pour les révolutionnaires de Damas. Les encouragements de Paris et Washington, jouant l’alliance traditionnelle avec l’Arabie saoudite contre l’Iran, mais aussi la terreur des minorités en Syrie, chiites bien-sûr, mais aussi chrétiennes, qui sont dans le même bateau des futurs victimes. Comme les Chrétiens en Irak et en Egypte, au nom de la victoire de la démocratie et de la liberté

                                                                                                                           J. D.

La tentation de la droite populaire

Classé dans : Politique,sujets de societe — llanterne @ 6:21

La tentation de la droite populaire dans Politique latern

Le collectif des députés de la droite populaire, soit l’aile droite de l’UMP, a publié récemment des propositions pour 2012. Ils sont quarante-deux députés. Ils proposent notamment la taxation des riches, la fin du collège unique, la lutte contre la fraude et d’autres propositions. Ce qui a été l’occasion pour le Front National de lancer un nouvel appel de pied à ce collectif parlementaire, fondé en juin 2010 par Thierry Mariani et Lionel Luca, tel l’analysait le truculent journaliste au Figaro, Eric Zemmour. Un mouvement qui doit se faire une place entre la droite et l’extrême-droite, sur l’échiquier politique hexagonal.

Au début, on les a moqués, vilipendés, ridiculisés. Et puis la droite populaire a inquiété. Traité de stupidement « populiste », il est vrai qu’elle a aussi été usée juqu’à la corde. Les centristes se sont inquiétés de leur influence, un temps. Les médias ont évoqué avec « des trémolots dans la voix, la droitisation de l’UMP ». Comme si le sort de la République était en jeu… Mais en vérité, la droite populaire tente -et elle en est encore loin-, de revenir à la synthèse politique, qu’avait opéré le RPR, dans les années 80, à savoir un mélange d’autorité et de libéralisme, de patriotisme et d’ouverture sur le monde. Synthèse qui a explosé en décembre 1986, dans les manifestations contre la loi Devaquet. Depuis lors, l’UMP a été formé par les Chiraquiens, sur la soumission des consignes de la bien-pensance médiatique et aux positions des centristes.

Paradoxalement, la droite populaire est une des rares réussites du parti unique de la droite, créé par Alain Juppé en 2002. S’y mêle anciens du RPR et du parti républicain, qui se retrouvent selon des affinités idéologiques et non plus sur des affiliations aux anciens partis. La droite populaire en s’ouvrant aux citoyens, aimerait devenir l’aile conservatrice au sens aglo-saxon du terme, d’un grand parti républicain à l’américaine. Pour la candidature de 2017, au cas où l’UMP aurait des primaires, la droite populaire aurait probablement son candidat, qui affronterait celui des centristes et des libéraux. Alors le peuple de droite trancherait… Mais l’UMP est déjà en équilibre instable, et la droite populaire peut aussi annoncer la destruction du grand parti majoritaire de la droite. Si elle prend trop d’ampleur, trop d’influence, si son ouverture aux citoyens marche trop bien, si les centristes refusent de les cotoyer, alors l’UMP serait morte. Le scénario serait sans doute favorisé par une défaite de Sarkozy en 2012. Et surtout si la gauche introduisait la proportionnelle dans le mode de scrutin aux législatives. Alors une recomposition politique pourrait bien s’engager, qui pourrait bien rassembler, membres de la Droite populaire et membres du Front national.

Une nouvelle alliance, sans doute eurosceptique, anti-mondialisation, qui utiliserait comme arme politique absolue, l’une des propositions-phares de la droite populaire, le référendum d’initiative populaire à la suisse, qui révolutionnerait la vie politique nationale. Déjà le FN appelle la droite populaire à le rejoindre. Mais pour les amis de Marine Le Pen, la droite populaire n’est qu’un nouveau faux-semblant sarkozyen, pour attirer l’électorat populaire et concurrencer le FN sur ses terres, comme en 2007. Dans la réalité des faits, entre le FN et l’UMP, chacun parie que c’est l’autre, qui implosera le premier…

                                                                                                                               J. D.

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