La Lanterne (politique, sujets de société)

15 avril, 2012

Les adieux à la Reine

Classé dans : Culture,theatre et 7e art — llanterne @ 16:58

Les Adieux à la reine

« Les Adieux à la Reine », c’est le dernier film de Benoît Jacquot - s’inspirant du roman bien documenté, de Chantal Thomas - sur le Versailles du 13 au 17 juillet 1789, continuant à vivre dans l’insouciance et la désinvolture, loin du tumulte grondant à Paris, et le basculement des jours suivant la prise de la Bastille. Et c’est tout d’abord une séduisante manière de contempler la fin du siècle, celle d’un régime, d’un monde clos, le château de Versailles, la cour et l’arrière-cour de Louis XVI, dans une sorte d’unité de lieu.

Le spectateur suit ainsi la trajectoire de Sidonie (Léa Seydoux), simple lectrice de la Reine - personnage fictif, au demeurant -, mais réussi, en ce qu’il focalise sur Marie-Antoinette (Diane Kruger), ce regard de pure fascination, une forme d’amour dévot, entre érotisation, sacralisation. Bouffie de sommeil et dévorée de moustiques, dans une mansarde du château de Versailles, du haut de ses vingt ans à peine, à l’aube du 14 juillet 1789, Sidonie est aussi sûrement engoncée dans ses certitudes et sa soumission que sa maîtresse, Marie-Antoinette, peut l’être dans ses toilettes de cérémonie. Dans ce scénario, la jeune lectrice passe souvent d’un état à l’autre, et les 1ères séquences décrivent bien, le microcosme versaillais dans lequel les jeunes suivantes (également représentées par les comédiennes Lolita Chammah, Julie-Marie Parmentier), telle une caste inférieure à laquelle appartient Sidonie, se préoccupent d’abord de se trouver un protecteur, éventuellement un mari. Elle veut croire, qu’elle est indispensable au bonheur de la souveraine de France, au travers ses mots aimables, qu’elle lui dispense.

Mais Sidonie écrase également, en jeune fille bien éduquée, ses compagnes de sa chasteté affichée souffrant peu d’impasses, et de son savoir, sa position de lectrice, et à son tour, écrasée par les dames de compagnie de la Reine (Dominique Reymond, Anne Benoît, Noémie Lvovsky), ces femmes chargées les unes des distractions, les autres des tenues. Le réalisateur prend son temps de les montrer, dans leur habitat naturel, la cour, avec ses rituels pesant, ses querelles s’y inscrivant, dans un déroutant huit clos. Jacquot prend ainsi plaisir à disséminer les signes d’un mal intérieur, pire que les révolutionnaires, venant attaquer Versailles, le grand canal, le marais infesté de rats et de moustiques, la saleté ambiante, la galerie des glaces, les courtisans agglutinés dans des couloirs lubugres. Quelques moments comiques nous sont apportés, mais aussi révélateurs de la nature humaine, la dureté des moeurs, la pauvreté et le manque d’égard, desservie par l’endettement, entre luxe et pourriture intérieure.

Arrive alors la nouvelle de la prise de la Bastille, rapportée par un valet, comme au théâtre, et la comédie de gynécée vole en éclats, un très beau plan-séquence suivant la course incertaine de Sidonie dans les couloirs sombres des étages du château. Accompagnée d’un vieil historien (Michel Robin, émouvant de désespoir incrédule), la suivante tente de déchiffrer les bribes de nouvelles à la lueur incertaine des bougies, et la mobilité de la caméra, la pénombre baignant la scène ne font que rendre compte de la panique grandissante. Mais ce sont aussi des expressions cinématographiques modernes, qui ne trouvent généralement pas leur place dans les films historiques. On se réveille ainsi, un matin, sans savoir que le soir venu, le peuple aura changé au point d’en être méconnaissable. Bien que ce ne soit pas pour autant, que les êtres qui le peuplent, auront eux-mêmes changé.  

Parallèlement, Sidonie devient, à son corps défendant, l’instrument d’une querelle amoureuse entre Marie-Antoinette et sa favorite, Gabrielle de Polignac (Virginie Ledoyen). Eperdue d’amour et d’inquiétude, la Reine n’en tente pas moins d’y aller de son influence – particulièrement négative -, souhaitant encore écraser la révolte parisienne. Diane Kruger se tire avec une certaine élégance – tout en prenant l’accent autrichien -, de cette accumulation de contradictions, et cela objectivement parlant (prouvant là, qu’elle est une comédienne plausible, dans différents rôles). Dans une atmosphère de chaos réel, les masques tombent, les 15, 16 et 17 juillet, les accompagnatrices n’épargnant plus leur maîtresse, dans les coulisses, mais cette même ambivalence prenant sur la relation entre Sidonie et Marie-Antoinette. L’accélération du cours dérègle tout l’ordonnancement de la cour, la pauvre Sidonie, grisée par l’accès à l’intimité, ne finissant par ne plus distinguer l’irréel du réel, ce qui reste le motif central de ce beau film. Aristocrates aggripés à leur dignité, et dames de compagnie, à l’image de Dominique Reymond (en prédatrice prête à tous les pillages), ils sont tous là, bien dépeints.

Jusqu’à la chute finale, et la fuite en berline - déguisée des pieds à la tête - vers la Suisse, en compagnie du couple Polignac. A cet égard, le départ de Sidonie, cet adieu à la Reine est aussi un adieu à une foi réelle, le simple constat d’un monde, qui s’est dissolu. Benoit Jacquot nous fait découvrir un monde à part, avec ses décors, ses références, son personnel, ses courtisans, dans un film à costumes, empreint d’un certain académisme cinématographique, superficiel, pour jouer avec les illusions, comme Marie-Antoinette, avec ses favorites.

                                                                                                                               J. D.

Le choc des tribuns

Classé dans : Politique — llanterne @ 16:57

Le dernier week-end, avant le premier tour, sera marqué par des « métingues », disons hors-normes, en tout cas spectaculaires : François Hollande au château de Vincennes, Nicolas Sarkozy, place de la Concorde, ce sera dimanche. Et puis la veille, samedi, Jean-Luc Mélenchon sur la place du Prado à Marseille, puisque après un premier accord tacite venant de la mairie, il a finalement obtenu le feu vert, l’autorisation de la préfecture. C’est une grande victoire symbolique, qu’a remporté Jean-Luc Mélenchon. Il a remis au goût du jour, le métingue en pleine ville. Le « métingue » entre les murs, au cœur de la foule, « le métingue à la papa ». Hollande, puis Sarkozy pour imiter Hollande, ont décidé de répondre au défi que leur a lancé Mélenchon. Ne veulent pas se laisser intimider, distancer, démoder, ne veulent pas lui abandonner la rue.

Eux aussi sont capables de faire venir, les foules innombrables et chaleureuses. Eux aussi sont à même de les galvaniser. Eux aussi sont des orateurs, des tribuns. Eux aussi aiment ça. Mais Mélenchon a des intonations de voix à la de Gaulle, et bien Hollande imitera Mitterrand. Et Sarkozy imitera Sarkozy. Mais le défi lancé par Mélenchon, n’est pas seulement un mano à mano viril, de tribuns à l’ancienne. Ils recouvrent un enjeu politique, idéologique. Quand il se rend place de la Bastille à Paris, place du Capitole à Toulouse, et samedi, au Prado à Marseille, le candidat du Front de Gauche choisit des sites emblématiques, de la geste prolétarienne. Il lit les poèmes de Victor Hugo, il incarne entre admiration et pastiche, les Blum, Thorez, Gambetta, Lamartine. Il conte les grandes heures de l’histoire, quand la France était le volcan de l’Europe, il tente par le verbe, de ressusciter la dignité et la fureur d’un peuple révolutionnaire… A l’heure de la mondialisation et de l’Europe, il veut faire croire que nous sommes encore à une époque, où la politique est le destin des hommes, comme disait Napoléon. Mais après tout, au commencement était le verbe.

Sarkozy et Hollande n’ont pas mis leurs pensées, en accord, avec les arrière-pensées de Mélenchon. Les endroits choisis par eux, ne correspondent pas à leurs imaginaires politiques. Les socialistes ne s’installent ni à la Bastille, ni à la République. La place de la Nation ne leur dit plus rien, depuis longtemps. C’est Vincennes, qu’ils choisissent finalement. En 1958, le général de Gaulle qui incarnait, lui, l’ultime trace de cette haute époque – comme dans une continuité de l’ancien régime -, avait songé à quitter l’Elysée, pour installer la présidence de la République, au château de Vincennes… Avant d’y renoncer. Sarkozy, lui, est à peine plus heureux avec la Concorde. L’endroit est majestueux. La symbolique de l’ancienne place Louis XV est très forte. C’est ici même, que l’infortuné Louis XVI aura fini sur l’échafaud. Tous les régimes qui suivirent, ont voulu faire de la place, le symbole de la réconciliation des deux Frances. Mais Sarkozy a rejeté avec véhémence, « une campagne pépère de père de la patrie rassembleur », pour le bruit et la fureur du candidat du peuple, en lutte contre les oligarchies. Il y a fêté sa victoire en 2007, certes. Mais c’est bien près du Fouquet’s.

Mais peu importe le passé, pourvu que l’on ait la foule. Peu importe le flacon, pourvu que l’on est l’ivresse. Cette vaine campagne fait ressembler la politique à la chanson. Pour séduire un public désillusionné et nostalgique, on revient au bon vieux trente-trois tours et au spectacle vivant. Alors, à quand un métingue sans micro, tel Jean Jaurès harranguant les ouvriers.

                                                                                                      J. D.

Le « carton » juvénile de Marine Le Pen

Classé dans : Politique — llanterne @ 16:56

C’est la surprise du jour, dans la campagne présidentielle, selon un sondage CSA pour le journal Le Monde, Marine Le Pen arrive en tête des intentions de vote, chez les 18-24 ans, avec 26 %, devant François Hollande à 25 %, et loin devant Nicolas Sarkozy et François Bayrou, respectivement à 17 et 16 % d’intentions de vote, chez les jeunes. C’est la grande satisfaction de sa campagne, qui connut pas mal de désillusions. De quoi faire enrager les candidats de gauche, qui se croient propriétaires de la jeunesse du monde depuis 1789. De quoi compenser, en partie, son décrochage dans l’électorat des plus de soixante ans. Car pas de chance pour elle, mais c’est celui qui est le plus nombreux, et qui vote massivement. Mais il y a une certaine logique matérialiste, dans cette dialectique des vases communicants.

Marine Le Pen a légitimement inquiété les vieux, et surtout leurs économies – épargnées pour leurs retraites - en promettant, parfois un peu légèrement, la fin de l’euro, le retour au franc, mais aussi une dévaluation massive de la monnaie nationale. Elle ne pouvait pas effrayer les jeunes, qui n’ont rien. Surtout les jeunes non diplômés, qui la plébiscitent, et dont souvent les parents n’ont pas grand-chose. Cet électorat populaire et juvénile va au plus révolutionnaire des candidats. Puisque même Mélenchon veut conserver l’euro. Cette logique révolutionnaire des générations est une des clés de l’histoire de France, depuis deux siècles. En mai 68, les jeunes gens nés après-guerre, ont fait souffler le vent de la révolte, contre les caciques de la résistance, groupés autour du général de Gaulle. C’était le meurtre du père, et même du grand-père. Ils ont fait exploser les valeurs traditionnelles de la société : famille, patrie, travail. Ils ont imposé un monde ouvert, dominé par le marché, contre les frontières et les morales traditionnelles. Aujourd’hui, ces mêmes « baby-boomers » prennent leur retraite. Ils sont les patrons de l’époque. Mais aussi, jamais les inégalités de revenus n’ont été aussi importantes entre générations, qu’aujourd’hui.

Le vote pour le Front national, par les jeunes, est donc devenu assez naturellement, le vote de révolte transgressive, contre ces baby-boomers. Le meurtre du père et même du grand-père. Paradoxalement, il est même pour certains, à l’instar des populistes hollandais, un vote pour préserver une société de tolérance. Voter Marine Le Pen, au nom de la tolérance, il est certain que cela reste tout de même, assez tordu. Il doit bien avoir d’autres explications. Plus globalement, cette nouvelle génération - surtout chez les non-diplômés -, est la principale victime de ce fameux « monde ouvert ». Victime des délocalisations, qui les privent d’emplois ouvriers, incapable de se loger à des prix décents, victime d’une concurrence âpre. Dans son livre, désormais célèbre, « Fracture française », Christophe  Juilly décrit bien, dépeint bien ces problématiques, amenant également à un repli sur soit, pour tout à chacun.

Jusqu’aux années 70, l’assimilation à la française, dans une approche plus globale, fonctionnait mieux. Elle donnait notamment, aux ouvriers français un rôle de mentor, de passeur du savoir-faire professionnel, favorisant l’intégration des derniers arrivants. Le multiculturalisme de la gauche anti-raciste, a détruit ce rôle de référent, qui donnait du prestige à « la classe ouvrière », depuis lors, méprisé par les bobos, traités de beaufs, voire de populistes, par la bien-pensance. Au fait d’ailleurs – ironie du sort -, Marine Le Pen est née en 1968.

                                                                                                                J. D.

Le programme estival de Hollande à l’Elysée

Classé dans : Politique — llanterne @ 16:55

A l’aune de ses différents programmes, il serait intéressant de revenir sur le calendrier des premières mesures, que prendrait François Hollande, s’il était élu. Il les a dévoilés mercredi, le matin sur RTL, le soir en métingue à Rennes. Oui, comme on dit « le diable est dans les détails », mais aussi dans leur emploi du temps, si l’on scrute le programme à la loupe. Hollande voulait contrer médiatiquement la mise en scène spectaculaire du programme Sarkozy. Il a surtout dévoilé, certaines de ses propres intentions, précautions, habiletés. Dans le passé, à chaque fois que la gauche gagnait, elle commençait par arroser largement sa base électorale : augmentation du smic et d’allocations diverses, en mai 1981, trente-cinq heures et emplois-jeunes, en 1997.

Du cher et du lourd. Hollande n’a pas les moyens de cette méthode dispendieuse. Alors, il privilégie la symbolique, la gauche qui ne coûte rien, pas le social qui ruine les finances publiques. Mais le sociétal qui flatte l’égo des minorités médiatisées : mariage homosexuel, abrogation de la circulaire Guéant, parmi tant d’autres. L’alternance passe aussi par les symboles, le symbolique. Ce fut aussi la technique de l’Espagnol Zapaterro, de l’autre côté des Pyrénées, dans l’Espagne de l’après-movida, dans une approche sociologique. Comme en France, on fait plaisir aux « bo-bos » des centre-villes – sous les applaudissements des médias - pour mieux suivre à la lettre, les injonctions libérales de Bruxelles. Et encore, au temps de Zapaterro, la croissance économique, même artificielle, mettait du beurre dans les épinards. Hollande, lui, devra enlever le beurre. En tout cas, dans les épinards des riches, des classes moyennes. Il ne faut pas oublier, qu’il y a quelques années, il jugeait que l’on était un riche, à partir de 4 000 euros par mois. C’est la partie estivale du plan Hollande, qui commence, dès juillet, par une hausse massive des impôts, le plafonnement des niches fiscales et un alignement de la fiscalité du capital sur celle du travail. Hollande ne donnera pas uniquement ce coup de bambou fiscal, par plaisir sadique, ou par souci de la justice sociale.

Non, aussi, d’abord, pour rassurer les marchés. Nos sourcilleux créanciers internationaux, qui ne nous feront pas de cadeau. Hollande peut observer actuellement, comment les taux d’intérêt payés par l’Espagne, augmentent dangereusement, alors même que ce pays conduit pourtant une stricte politique d’austérité. Ce qui ne sera même pas le cas de Hollande, pas de réduction de dépenses, seulement des hausses d’impôt. Les marchés pourraient trouver cela insuffisant et attaquer la France, et faire monter les taux. Alors il faudrait donner des gages aux affreux marchés. Les mesures sociales prévues après et après seulement, les 150 000 emplois d’avenir, les 60 000 postes dans l’éducation nationale, la négociation sur l’âge de la retraite, sacrifiés au feu. La pause serait venue, sans attendre la distribution de cadeaux. Le parti du spred aurait encore gagné.

Venant à Berlin, quémander l’aide allemande, pour lutter contre l’offensive des marchés, le nouveau président français ne pourrait guère exiger de Madame Mekel, la moindre renégociation des traités européens. On se souviendra alors, qu’au début de ses campagnes de primaire, Hollande avait seulement comme ambition de donner du sens à la rigueur.

                                                                                                         J. D.

Opération, au fumet électoraliste

Classé dans : Politique,sujets de societe — llanterne @ 16:54

Opération, au fumet électoraliste dans Politique latern

C’est tout un branle-bas médiatique, que nous avons eu récemment, autour des dernières interpellations d’islamistes radicaux présumés. Le Front national a fustigé la gesticulation électoraliste du chef de l’Etat, François Bayrou se dit opposé à toute mise en scène d’arrestation devant les caméras, et Martine Aubry, elle, s’est dite choquée par la médiatisation de ces opérations. Une opération électoraliste, l’accusation vient de partout, des socialistes, des partisans de Mélenchon, de ceux de Bayrou. Depuis l’entre-deux tours de 1988, l’assaut donné à la grotte d’Ouvéa et la libération des otages du Liban, par le gouvernement de Jacques Chirac, alors dans un duel présidentiel – qu’il perdra d’ailleurs -, avec François Mitterrand, l’accusation revient automatiquement. Comme un réflexe, réflexe conditionné, pavlovien. Lui aussi, finalement électoraliste. Quand François Hollande laisse tomber, qu’on aurait dû intervenir, plus tôt, plus fort, n’est-il pas lui aussi coupable de réflexion électoraliste ?

Le même Hollande – or période électorale -, n’aurait-il pas dénoncé avec véhémence, la stigmatisation de l’Islam. Daniel Cohn-Bendit, lui, parle de rafle, mot connoté depuis la grande rafle du Vel-d’hiv des juifs en 1942. Mélenchon tonne : « il faut que ça s’arrête ». Les attentats, les morts d’enfants. Non, les expulsions d’imams, de militants salafistes, qui affirment sans se lasser qu’il faut exterminer les juifs, tuer les mauvais musulmans et instaurer en France, la Charia. A chacun son électoralisme. Même la médiatisation, évidente, ostentatoire, n’est pas en elle-même scandaleuse. Elle sert évidemment les intérêts du candidat Sarkozy. Mais après tout, l’Etat a le devoir de faire connaître son travail, pour rassurer les populations. « Que les méchants aient peur, et que les bons se rassurent », disait Napoléon III. Mais sur le fond, revenons sur ce que disait François Hollande, on aurait dû, pu, peut-être faire davantage avant… On pourrait instruire le procès inverse de Nicolas Sarkozy. Pourquoi viens-tu si tard ? Pourquoi avoir cédé si longtemps aux lamentos des professionnels de l’indignation anti-raciste ? Pourquoi cette alliance passée avec l’organisation française des Frères Musulmans, grands rivaux du salafisme dans l’intégrisme islamiste ? Pourquoi cette intervention devant une salle remplie de femmes voilées, alors qu’il était ministre de l’intérieur ?

Le salafisme, volonté de revenir à la pureté originelle de l’Islam, est directement issue de la tradition wahabite, qui règnent chez les grands alliés de l’Amérique, l’Arabie saoudite, et des grands amis de la France, le Qatar. Qui n’investit pas seulement dans l’achat de joueurs au Paris-Saint-Germain, mais aussi dans les grandes entreprises françaises, et même dans les banlieues françaises, pour parait-il, dégager l’élite de demain, de la France de la diversité. Le même Qatar, qui a financé les salafistes, dans les campagnes électorales en Tunisie et en Egypte. Car les « Mohammed Merha », ne sont  pas un type nouveau de terroristes. Depuis plus de quinze ans, le criminologue Xavier Rauffer a repéré ce qu’il appelle, « ces hybrides, entre criminels et djihadistes », qui sont à ses yeux, consubstantiels au salafisme armé. Il se situe à l’intersection, entre l’idéologie et la délinquance, entre la religion et la criminalité. Les « Mohammed Merha » sont endoctrinés par ces Imams, que l’on a tant tardé à expulser.

Des prédicateurs islamistes à qui on refuse désormais la présence sur le territoire français, alors que leur présence et leurs discours, ne semble avoir dérangé personne, durant de nombreuses années. Les mauvais coucheurs étaient taxés d’islamophobie. On pourrait à contrario, bénir l’électoralisme, chaque prédicateur, chaque militant du salafisme en moins sur notre territoire, et bien c’est toujours ça de pris. Pas de petit profit et pas de petit répis…

                                                                                                                            J. D.

S comme Sondages

Classé dans : Politique — llanterne @ 16:53

S comme Sondages dans Politique latern

Les dernières enquêtes d’opinion donnent ainsi Nicolas Sarkozy devant au 1er tour, mais annoncent la victoire de François Hollande au 2e tour. Les sondages qui parlent aussi d’une participation légère, et qui peuvent paraître contradictoires. Enfin, ça dépend de quel côté, on se place pour les regarder. Oui, chacun voit sondage à sa porte.

Nicolas Sarkozy a l’oeil rivé sur le premier tour, où il s’installe désormais en tête. François Hollande ne veut connaître que ceux du second tour, qui lui laisse une très confortable avance inentamée. Jean-Luc Mélenchon se réjouit d’avoir dépassé Marine Le Pen au 1er tour. Mais celle-ci veut croire que comme à l’accoutumée, les instituts sous-estiment le résultat du Front National. « Sondages qui rient, sondages qui pleurent ». Sarkozy retrouve ces chers 30 % de voix, au 1er tour, qui en 2007, lui avait insufflé une dynamique irrésistible, avec la passion quasi-superstitieuse d’un Napoléon III, guettant s’il retrouvait bien les mêmes chiffres de suffrages, à chacun de ses plébiscites. Sarkozy a raison de dire aussi, que le second tour est une autre élection. Mais Hollande a raison de rappeler, qu’arrivé en tête au 1er tour, n’est nullement, un gage de victoire finale. Giscard en 1981 et Jospin en 1995, s’en souviennent encore. Jean-Luc Mélenchon est incontestablement l’homme de ce mois de mars. Comme Jean-Pierre Chevènement fut celui du mois de février 2002, montant lui aussi, jusqu’à 15 % des intentions de vote, rêvant de faire turbuler le système, sous les acclamations médiatiques, afin de venir à 5 % des voix. La progression du tribun de la Bastille, permet au total de la gauche de dépasser de nouveau, les 40 %, chiffre qu’elle observait avec envie et nostalgie. Mais après avoir asséché, les candidatures trotskystes, écologistes, Mélenchon grignote désormais le socle de François Hollande. La cristallisation n’est pas achevée.

Au-delà de la volatilité des électeurs les moins politisés, surtout les jeunes et les femmes, l’abstention décidera du sort de la présidentielle. Car si l’on en croit les sondages, elle devrait tourner aux alentours de 30 %. Oui, chiffre énorme pour la reine des élections françaises. Elle rappellerait le désenchantement de 2002, refermerait la forte participation de 2007, comme une parenthèse exceptionnelle, alignerait  la présidentielle sur l’évolution déclinante des autres échéances électorales, qui toutes, flirtent désormais, avec les 50 % d’abstentions !… Depuis dix ans, cette abstention massive touche avant tout l’électorat populaire, ouvriers et employés, vivant dans ce que l’on appelle le péri-urbain. En 2002, on a cru que leur absence avait défavorisé Jospin, car on vivait encore sous l’ancienne règle de suffrage populaire, vouée de toute éternité à la gauche. On sait désormais, qu’il n’en est rien. Au contraire, dans toutes les élections intermédiaires, les socialistes ont raflé les mises, car seuls les électeurs embourgeoisés des centre – villes, se déplaçaient. Confortablement installés dans la mondialisation, mais le cœur à gauche.

La seule fois, où cet électorat populaire s’est rendu aux urnes, en masse, il a plébiscité Nicolas Sarkozy. Depuis cet électorat déçu, boude. Sarkozy fait tout pour le faire revenir, à ses anciennes amours. Il lui dit les mots qu’il veut entendre : Immigration, Islam, sécurité, protectionnisme. Mais une partie d’entre eux, plus rancunier, persiste à bouder. Les socialistes font activement campagne pour la participation. ils ont tort. L’abstention est la meilleure alliée de leur champion.

                                                                                                                      J. D.

Mali, la suite du feuilleton

Classé dans : Diplomatie,Monde — llanterne @ 16:52

Mali, la suite du feuilleton  dans Diplomatie latern

Les premiers ressortissants français, invités par le Quai d’Orsay, à quitter le Mali, sont arrivés dans la matinée du 3 avril 2012, à Roissy. Un groupe islamiste touareg a pris, hier, le contrôle de la ville de Tombouctou, au nord-ouest du Mali, et il s’agit peut-être là, il est vrai, d’un effet collatéral de la chute de Kadhafi, en Lybie. Ces Touaregs, ces hommes bleus, « c’était les siens ». Ils sont nombreux à avoir combattu pour lui, durant la guerre civile lybienne (les fameux mercenaires africains). Ils le considéraient un peu, « comme leur parrain », lui qui finança les guérillas indépendantistes locales, depuis des années, et qui se faisait souvent le défenseur de leur cause.

A sa chute, des bandes de mercenaires Touaregs se sont repliées, dans leur fief sahélien du nord du Mali, que d’ailleurs, au passage, les Touaregs n’ont jamais considéré réellement, comme étant leur pays (depuis l’indépendance). Le Mali est un pays inventé par la colonisation française, qui n’a jamais été une nation, comme beaucoup d’autres. Les Touaregs n’ont jamais accepté d’y être dominés par la majorité noire, et ils se sont toujours sentis humiliés, rejetés, méprisés, dans cette contrée, où les principes démocratiques s’inclinent, de toute façon, devant les relations tribales et ethniques. C’est ce que n’ont pas compris - ou feint de ne pas comprendre -, les Français et les Anglais en renversant Kadhafi, au nom de la démocratie et des droits de l’homme. Déjà en Lybie aussi, les tribus de l’est du pays revendiquent leur indépendance, et font la guerre au nouveau pouvoir. Les nombreuses armes parachutées par les Français et les Anglais, n’ont pas été perdues pour tout le monde. Toute la région en est déstabilisée. C’est ce qu’avait expliqué à Nicolas Sarkozy, le président tchadien, Idris Debhi, pour le dissuader d’envoyer l’armée française abattre Kadhafi. En vain. Le président tchadien sait bien, lui, que dans tous les pays de la région, la présence de ces tribus de Touaregs, nomades, misérables et se jouant des frontières, constituent une poudrière qui ne demande qu’à exploser.

S’y ajoute naturellement le coup d’Etat militaire au Mali qui, le 22 mars, a renversé le régime « modèle » du président malien Amadou Toumani Touré, ajoutant à la confusion régionale. Secouée par les nouvelles rébellions de mouvements touaregs, la bande saharo-sahélienne pâtit également de l’impunité des groupes armés se réclamant d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. Le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) a suspendu les institutions et mis fin au processus électoral, tout en assurant qu’il ne souhaitait pas « confisquer la démocratie », mais simplement « rétablir l’unité nationale et l’intégrité territoriale ». Mais s’il se maintient, rien ne dit cependant que ce régime militaire, unanimement condamné, sera en mesure de retourner la situation à son profit dans un Nord en déshérence. Seule activité économique dans les zones les moins peuplées du Sahel, le tourisme est à l’arrêt. Et de plus, ces derniers mois, le retour de Lybie de milliers de combattants – en majorité touaregs -, la prolifération d’armes et l’explosion des trafics de cocaïne ou de cigarettes ont achevé de propager une guerre larvée.

Ces soulèvements armés touaregs ayant jailli dans les années 1960 dans l’Azawad (Mali), l’Aïr, l’Azawagh (Niger) ou l’Ajjer (Algérie) ne sont guère surprenants, contingents, imprévisibles, car s’inscrivant dans la prolongation de la résistance des Touaregs aux empires coloniaux. Les années 1950 et 1960 virent la création des Etats du Mali, du Niger, de l’Algérie, de la Lybie, du Burkina Faso (anciennement Haute-Volta). Les Touaregs refusèrent d’être « des pièces rapportées sur la trame artificielle des nouveaux Etats » ; mais leur contestation fut écrasée, et se bricolera alors une autre phase de la résistance aux marges. C’est ce qu’ont bien compris, les islamistes d’Aqmi - la branche algérienne d’Al-Qaïda -, qui les enrôle et les finance généreusement, grâce aux trafics de drogue ou aux rançons payées par les pays occidentaux, pour libérer leurs otages, régulièrement enlevés. Un jeu qui s’avère lucratif. Le seul qui sorte ces jeunes touaregs, de la misère endémique.

Et beaucoup s’y précipitent, avec d’autant plus d’enthousiasme, qu’ils ne risquent rien. Ou pas grand-chose. Car à part l’Algérie, aucun pays de la région n’a de structures étatiques, digne de ce nom. Et ce n’est pas le coup d’Etat récent, d’officiers maliens d’une armée en débandade, qui y changera quelque chose. Alors pillage, nomadisme, Islam rigoriste du désert. « Tout se passe comme si cette région de l’Afrique de l’ouest, reprenait le cours millénaire de son histoire, avant que la France  n’y imprime sa marque colonisatrice », pour citer Monsieur Zemmour. Une histoire millénaire, ancestrale, mais transformée, bouleversée par sa rencontre improbable, avec la face la plus noire de la modernité, celle du crime mondialisé ! Trafic d’armes, de drogues, et d’immigrés clandestins aussi. C’est une ancienne colonie, zone d’influence française. On n’interviendra pas militairement, a déclaré Alain Juppé. Que peut faire la France ?

La France n’a que de mauvaises solutions. Soit elle accepte la partition du Mali, et reconnait aux touaregs leur indépendance. On pourrait alors retourner ces farouches combattants, contre les terroristes islamistes. Mais ce serait ouvrir la boite de Pandore. Inadmissible pour tous nos grands alliés dans la région, de la Côte-d’Ivoire au Sénégal. Soit on intervient militairement avec ces pays-là, encore une fois, on chasse les putschistes de Bamako, on réprime la rébellion touareg. Et on offre ces tribus surarmées aux terroristes islamistes d’Aqmi. Ou on ne fait, ni l’un, ni l’autre, ou un peu des deux, et on a tous ses inconvénients. « Au loin, on croit entendre, le rire caverneux de Mouhammar Kadhafi ».

                                                                                                                        J. D.

                                                                                                                 

Sarkozy-Hollande, le duel annoncé qui ne soulève pas le foules

Classé dans : Politique — llanterne @ 16:51

Sarkozy-Hollande, le duel annoncé qui ne soulève pas le foules dans Politique latern

Revenons sur ce sondage ifop, pour le journal du dimanche, sur l’abstention. Sondage selon lequel, à peine plus de quatre électeurs sur dix – donc moins d’un sur deux -, souhaite que le second tour de l’élection présidentielle oppose François Hollande à Nicolas Sarkozy. Oui, c’est l’histoire d’une campagne, « qui ne donne pas envie, qui ne donne pas envie d’avoir envie ». Et l’on se dirige vers un second tour, entre Hollande et Sarkozy, avec une morne résignation… « avec l’enthousiasme du bœuf conduit à l’abattoir ». D’autant plus, que chacun des deux favoris a des défauts rédibitoires, qui font miroir. Sarkozy s’agite trop, Hollande pas assez. Sarkozy est le sortant qui joue au « compétiteur » pugnace, Hollande, le « concurrent », déjà dans la peau du sortant.

Pressé « d’exploser son adversaire », comme il dit – excusez-moi, je cite - Sarkozy renoue avec ses réflexes d’adolescent hâbleur. Hollande distille, lui, « un ennui soporiphique ». C’est le grand retour de « flamby », « la force trop tranquille ». Il mène une campagne de président de conseil général, rencontrant les catégories, les unes après les autres, réchauffant ses petites promesses, sur son petit réchaud de candidat. Mais la France n’est pas la Corrèze. On a beau savoir, que la France dans l’Europe et la mondialisation, n’a pas beaucoup plus de souveraineté, qu’une grande région, on en veut à Hollande, de ne même pas faire semblant. Sarkozy, lui, le fait beaucoup mieux, du talent à revendre, et des conseillers d’Henri Guaino, à Patrick Buisson, connaissant par cœur, la chanson de geste, du sacre royal, dans la république gaullienne.

Mais Sarkozy ne parvient pas à faire oublier, qu’il a déjà magnifiquement tenu ce rôle, il y a cinq ans. Il s’y évertue pourtant, mais l’envie d’être séduit, rappelle aussitôt aux électeurs, la peur d’être de nouveau floué. Cet anti-Sarkozysme de sentiment, reste puissant dans le pays. Avec le temps, c’est même devenu le seul, l’unique argument des socialistes, la carte sur laquelle ils misent tout, sur laquelle ils font tapis, comme on dit au poker. Il y a certes, d’autres thèmes qui ont été soulevés. Dans la foulée du discours du Bourget, Hollande a essayé autre chose. Mais les petits marquis du PS n’étaient pas très crédibles, en ennemi de l’argent. Quand Hollande menace Merkel, de renégocier l’accord européen, sur la rigueur budgétaire, on croit revoir et entendre Lionel Jospin, lors des législatives de 1997, avec une même impuissance annoncée. Mais quand Sarkozy promet de réduire de moitié l’immigration, de sortir de Schengen, d’imposer un protectionnisme économique, on a compris aussi que cela imposerait une remise en cause des traités européens, et un conflit majeur avec Bruxelles et Berlin, que le président sortant, n’a ni les moyens, ni l’envie, de mener jusqu’au bout.

N’est pas de Gaulle, qui veut. Hollande et Sarkozy affichent l’ambition de réconcilier les camps du oui et du non, au référendum européen de 2005. Mais ils sont tous les deux, issus du camp du oui. Encore une fois, les champions du non, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon, comme Chevènement, Villiers ou Jean-Marie Le Pen naguère, n’arrivent pas, malgré leurs talents, à se qualifier pour le second tour. Ils rivalisent, se disputent le même électorat populaire, s’insultent même. Ils deviennent des proies, des nids à électeurs, mais que les champions du oui pillent, au second tour, avant de renier. Alors, c’est l’histoire sans cesse recommencée depuis vingt ans – et le référendum sur Maastricht – du blocage de la vie politique française, l’histoire d’une impuissance, d’une morne résignation.

                                                                                                             J. D.

L’Espagne et l’austérité

Classé dans : Economie,Europe — llanterne @ 16:51

Ces derniers jours, nous avons beaucoup parler de la situation en Espagne, évidemment, au lendemain de cette grève générale, qui a paralysé une partie du pays et même dégénéré à Madrid, comme à Barcelone. Mariano Rarol, le président du gouvernement de droite, va présenter un projet de budget d’austérité, qu’il qualifie lui-même de très sévère. Ainsi après le feuilleton grec, qui n’est pas terminé, voici maintenant venu le tour de l’Espagne. Endettement induisant la rigueur, l’austérité, puis mécontentement, et enfin grève générale. Le scénario est toujours le même. Mais qu’en est-il, alors que les Espagnols appellent à la grève générale ?

Ces manifestations dans la rue, ce conflit social ne perturbent pas tant le nouveau premier ministre. Car ils le posent en grand réformateur libéral. Il imite un peu Sarkozy, lors de la réforme des retraites. Tous jouent à Margareth Thatcher, pour séduire les marchés et leur prouver leur détermination sans faille. Dans une approche schématique, tous les gouvernements européens en sont là. Car la politique ne se fait pas au taux d’intérêt. Mais elle se fait au spred, qui détermine le taux d’intérêt, auxquels ils empruntent sur les marchés internationaux. Or, le spred de l’Espagne est au plus mal, il est plus haut désormais que celui de l’Italie. Les Espagnols ont en effet reconnu, qu’ils ne respecteraient pas leur objectifs de réduction des déficits budgétaires. Leur organisation fédéraliste avec leurs régions si puissantes, qui faisait l’admiration de tous les modernes, se retournent contre eux. Les régions sont surendettées, certaines au bord de la faillite, en plus de l’Etat central.

La moitié de la jeunesse espagnole est au chômage, l’autre est payée une misère. Certains ingénieurs, jeunes diplômés se retrouvent serveurs. Les Espagnols retrouvent le chemin de l’immigration vers l’Allemagne, le Canada, l’Australie, comme leurs grands-parents étaient venus en France, pour trouver un emploi à la hauteur de leurs compétences, mais aussi dans des secteurs comme le bâtiment, au travers une régression historique inouïe. Le tableau est sombre, et on a le sentiment quand même d’une douche froide, avec ce nouveau plan de rigueur, en Espagne. Parce qu’on pensait tout de même que l’Europe avait évité le pire et mangé son pain noir. On croyait la crise de l’euro partiellement passée, pour l’instant. En France, la campagne présidentielle n’en parlait plus. La Banque Centrale Européenne avait éteint l’incendie, en inondant les banques de mille milliards d’euros confiés au taux ridicule de 1 %. Celles-ci, ravies, ont prêté à leur tour cet argent aux Etats européens, à un taux beaucoup plus élevé. Les banques continuent à s’engraisser et les Etats ont financé leurs précieuses dettes. Tout le monde est satisfait. Mais la crise de l’euro n’est pas seulement un manque de liquidité. Elle est aussi et d’abord une crise de solvabilité. L’économie espagnole n’est pas compétitive. Son modèle de croissance reposait essentiellement sur une bulle immobilière artificielle qui a éclaté. Pour retrouver un certain dynamisme économique, elle devrait dévaluer sa monnaie, de 20, 30 %, peut-être. Mais l’euro ne lui appartient pas. Sa Banque Centrale à Madrid ne sert à rien, la politique monétaire est dictée par la BCE à Francfort. Elle ne peut pas prêter à l’Etat espagnol, et elle ne peut pas financer les investissements pour relancer la croissance.

L’euro est tiré vers le haut, par la super-compétitivité des pays du nord, Allemagne en particulier. C’est le drame de la monnaie européenne, que d’avoir été distribué à des économies structurellement divergentes. Ainsi, pour retrouver sa compétitivité, l’Espagne n’a plus le choix. Puisqu’elle ne peut pas dévaluer sa monnaie, il lui faut baisser les salaires du public, comme du privé, d’au moins de 20 %,  directement, brutalement, sauvagement. Alors après la Grèce, maintenant l’Espagne et demain, à qui le tour ?, pour paraphraser le truculent Zemmour.

                                                                                                                               J. D.

Mademoiselle N. Kosciusko-Morizet, ou les affres d’un(e) porte-parole sans voie

Classé dans : Politique,sujets de societe — llanterne @ 16:47

Mademoiselle N. Kosciusko-Morizet, ou les affres d'un(e) porte-parole sans voie dans Politique latern

Ce matin, évoquons la mise en sourdine de Nathalie Kosciuzko-Morizet, la porte-parole de Nicolas Sarkozy. Ce recul de l’avant-scène étant d’ailleurs particulièrement sensible, depuis le 18 mars, date à laquelle NKM avait fini par préciser par une lettre à la télé, sur France 3, qu’elle voterait pour François Hollande au 2e tour de la présidentielle, plutôt que pour le Front national. Et c’est vrai que depuis, on ne l’entend quasiment plus. Elle se tait et ça vaut mieux. Ce n’est pas entièrement de sa faute, d’ailleurs. NKM est une erreur de distribution. Non pas en soit, non, la jeune ministre ne manque ni de charme et de talent.

Au ministère de l’environnement, la polytechnicienne réunissait les compétences techniques et la volonté politique, le caractère bien trempé, sous une allure fragile. Elle portait les initiales magiques, comme on a les dents de la chance, les trois lettres NKM. Comme il y eut JJSS, VGE, DSK, BHL, sur le modèle inégalable de JFK. Comme porte-parole dans une présidentielle, elle avait tout les atouts, elle eut été parfaite, si ce candidat s’était appelé François Bayrou ou même François Hollande. Pour défendre le droit de vote des étrangers, le mariage homosexuel, la réduction de la dette, la justice fiscale, l’Europe de Schengen, le vivre-ensemble, « l’immigration, une chance pour la France ». Elle aurait pu à la rigueur représenter un Nicolas Sarkozy, candidat du centre et du centre-droit, jouant les modernes, les grands européens, les écologistes, les tolérants. Mais Sarkozy a lancé sa campagne dans la Figaro magazine, pas dans « Tétu » ou « Les Inrocks », a préféré le gros rouge qui tâche de la droite populaire.

NKM avait tout les atouts pour cette campagne de droite populaire. Sauf qu’elle n’est pas de droite, et ne vient pas du peuple, elle est l’incarnation d’une grande bourgeoisie, dont les enfants ont depuis longtemps adopté les valeurs libertaires de la bourgeoisie de gauche, les fameux bobos. Certes, elle a quand même des atouts, dont la jeunesse (trente-huit ans). Oui, elle est d’une génération, qui n’a pas cette culture idéologique, qui donnait à ses aînés un encrage politique plus affirmé. Pour elle les idéologies, c’est désuet, ringard. Elle adhère à la bien-pensance médiatico-politique, comme elle respire. L’évènement politique qui l’a traumatisé, c’est le 21 avril 2002, comme François Hollande, sans s’intéresser pour autant, aux causes structurelles de cette expression sociologique, dans le vote défouloir frontiste. Autrement dit, le peuple.

Elle embrasse comme du bon pain, José Bové, mais elle manifeste la plus profonde aversion pour Marine Le Pen. Son ennemi viscéral, c’est le Front national, le Parti socialiste n’est qu’un simple adversaire. Elle a parfaitement intériorisé les interdits posés par la gauche, à la droite. Elle est une bonne petite élève du politiquement correct. Ce sont pourtant les électeurs politiques du FN, que Sarkozy cherche à arracher à Marine Le Pen ou au moins, à convaincre de se rabattre sur lui, au second tour. Sa présence en haut de l’affiche était un contre-sens, dans une campagne sarkozyste, qui a tout misé sur la transgression ferraille ou fait mine de ferrailler, contre un système dont elle est un des plus beaux fleurons. Villepinte, c’était l’anti-NKM. Cela dit, on peut aussi penser que c’était un contre-pied astucieux, pour ratisser un peu plus large. Nadine Morano aurait pu davantage incarner cette ligne populaire, mais Sarkozy n’en a pas voulu.

Comme si, il ne savait pas faire avec les femmes. Rachida Dati qui insulte son premier ministre, Rama Yade qui l’a trahi, puis est venue le supplier pour obtenir une circonscription à Paris, Roselyne Bachelot qui comme NKM est à gauche sur tous les sujets de société, ou encore Valérie Pécresse qui ne parvient pas à sortir de son style techno. Les autres ont beaucoup de qualités, mais ne sont pas connus du grand public. En politique décidemment, les femmes, ce n’est pas son truc.

                                                                                                                       J. D.

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