La Lanterne (politique, sujets de société)

15 avril, 2012

L’Espagne et l’austérité

Classé dans : Economie,Europe — llanterne @ 16:51

Ces derniers jours, nous avons beaucoup parler de la situation en Espagne, évidemment, au lendemain de cette grève générale, qui a paralysé une partie du pays et même dégénéré à Madrid, comme à Barcelone. Mariano Rarol, le président du gouvernement de droite, va présenter un projet de budget d’austérité, qu’il qualifie lui-même de très sévère. Ainsi après le feuilleton grec, qui n’est pas terminé, voici maintenant venu le tour de l’Espagne. Endettement induisant la rigueur, l’austérité, puis mécontentement, et enfin grève générale. Le scénario est toujours le même. Mais qu’en est-il, alors que les Espagnols appellent à la grève générale ?

Ces manifestations dans la rue, ce conflit social ne perturbent pas tant le nouveau premier ministre. Car ils le posent en grand réformateur libéral. Il imite un peu Sarkozy, lors de la réforme des retraites. Tous jouent à Margareth Thatcher, pour séduire les marchés et leur prouver leur détermination sans faille. Dans une approche schématique, tous les gouvernements européens en sont là. Car la politique ne se fait pas au taux d’intérêt. Mais elle se fait au spred, qui détermine le taux d’intérêt, auxquels ils empruntent sur les marchés internationaux. Or, le spred de l’Espagne est au plus mal, il est plus haut désormais que celui de l’Italie. Les Espagnols ont en effet reconnu, qu’ils ne respecteraient pas leur objectifs de réduction des déficits budgétaires. Leur organisation fédéraliste avec leurs régions si puissantes, qui faisait l’admiration de tous les modernes, se retournent contre eux. Les régions sont surendettées, certaines au bord de la faillite, en plus de l’Etat central.

La moitié de la jeunesse espagnole est au chômage, l’autre est payée une misère. Certains ingénieurs, jeunes diplômés se retrouvent serveurs. Les Espagnols retrouvent le chemin de l’immigration vers l’Allemagne, le Canada, l’Australie, comme leurs grands-parents étaient venus en France, pour trouver un emploi à la hauteur de leurs compétences, mais aussi dans des secteurs comme le bâtiment, au travers une régression historique inouïe. Le tableau est sombre, et on a le sentiment quand même d’une douche froide, avec ce nouveau plan de rigueur, en Espagne. Parce qu’on pensait tout de même que l’Europe avait évité le pire et mangé son pain noir. On croyait la crise de l’euro partiellement passée, pour l’instant. En France, la campagne présidentielle n’en parlait plus. La Banque Centrale Européenne avait éteint l’incendie, en inondant les banques de mille milliards d’euros confiés au taux ridicule de 1 %. Celles-ci, ravies, ont prêté à leur tour cet argent aux Etats européens, à un taux beaucoup plus élevé. Les banques continuent à s’engraisser et les Etats ont financé leurs précieuses dettes. Tout le monde est satisfait. Mais la crise de l’euro n’est pas seulement un manque de liquidité. Elle est aussi et d’abord une crise de solvabilité. L’économie espagnole n’est pas compétitive. Son modèle de croissance reposait essentiellement sur une bulle immobilière artificielle qui a éclaté. Pour retrouver un certain dynamisme économique, elle devrait dévaluer sa monnaie, de 20, 30 %, peut-être. Mais l’euro ne lui appartient pas. Sa Banque Centrale à Madrid ne sert à rien, la politique monétaire est dictée par la BCE à Francfort. Elle ne peut pas prêter à l’Etat espagnol, et elle ne peut pas financer les investissements pour relancer la croissance.

L’euro est tiré vers le haut, par la super-compétitivité des pays du nord, Allemagne en particulier. C’est le drame de la monnaie européenne, que d’avoir été distribué à des économies structurellement divergentes. Ainsi, pour retrouver sa compétitivité, l’Espagne n’a plus le choix. Puisqu’elle ne peut pas dévaluer sa monnaie, il lui faut baisser les salaires du public, comme du privé, d’au moins de 20 %,  directement, brutalement, sauvagement. Alors après la Grèce, maintenant l’Espagne et demain, à qui le tour ?, pour paraphraser le truculent Zemmour.

                                                                                                                               J. D.

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