La Lanterne (politique, sujets de société)

28 mai, 2012

« Sur mesure », avec Bernard Mabille – Théâtre Saint-Georges

Classé dans : Culture,theatre et 7e art — llanterne @ 23:53

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Bernard Mabille, Sur Mesure, Théâtre Saint-Georges, 13 décembre 2011 – 6 mai 2012

« Sur Mesure », c’est le dernier spectacle en solo de Bernard Mabille, en représentation du 13 décembre 2011 au 6 mai dernier, au théâtre Saint-Georges, à la représentation traditionnellement éclectique, accueillant un registre de spectacles, relevant essentiellement de la comédie ou du spectacle de boulevard. Tailleur de costards depuis 1976, parolier-auteur de Thierry Le Luron, Bernard Mabille brocarda à l’époque, avec talent (se focalisant essentiellement sur la vie politique), les rivalités entre Giscard et Mitterrand, sans oublier les crises de nerfs de Georges Marchais.

Du journalisme écrit au web, en passant par la radio (RTL), célèbre pour son sens de la formule assassine, ses réparties et son humour ravageur, Mabille sera longtemps resté dans les coulisses. Après son adaptation de l’oeuvre de Frédéric Dard, en 2001, au Théâtre Marigny (« Les Libres pensées de San Antonio »),  il se découvre ainsi en homme de scène à une nouvelle reprise, dans ce talentueux numéro en solo, et surtout profitant du vent des présidentielles, pour tailler des costards « Sur mesure ». De Sarkozy à DSK, en passant par Hollande, Ségolène Royal, Montebourg, DSK, mais aussi Bolloré, Eva Joly, Delanoë, les vélib’ et les autolib’, rien ne lui échappe, tout y passe, durant deux heures de spectacle, servis par un certain talent, et un sens de la dérision pour le moins abrasif, mais truculent et efficace…

                                                                                                                      J. D.

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11 mai, 2012

Le phénomène Mélenchon, suite et fin ?

Classé dans : Politique — llanterne @ 19:05

Il conviendrait à l’issue de ce deuxième tour, de revenir sur l’une des surprises de cette élection, la 4e place de Jean-Luc Mélenchon (avec environ 11,1 % des voix). Mais cela dit, pour le candidat que l’on annonçait autour des 15 %, voire même devant Marine Le Pen – l’autre grande figure populiste du 1er tour, dans le rôle du père en 2002 -, la retombée est plutôt dure. Il a d’ailleurs du mal à le digérer, et on le comprend. Son talent exceptionnel en aura légitimement fait la vedette de cette campagne du 1er tour. Et il se trouve ainsi fort mal récompensé. Il est vrai, qu’il avait un peu fini, par se laisser étourdir par les sondages, pris un certain temps, par un succès militant le dépassant, qui le faisait grimper tel un cycliste dopé.

Il s’était mis à rêver qu’il battrait Marine Le Pen. Mais elle l’a, hélas pour lui, visiblement écrasé (en engrangeant plus de voix qu’en 2002). « Front contre front », plastronnait-il. Mais c’est le sien qui a cédé ; même s’il aura peut-être légèrement grignoté, émietté d’1 à 2,5 % (?), la base électorale de sa grande rivale. Mélenchon s’était voulu le candidat autoproclamé de la classe ouvrière, dans cette tonitruante campagne. Mais elle est éclatée, et les ouvriers n’ont finalement pas voté pour lui. Son offensive musclée contre le Front national, ne lui a pas rapporté d’électeurs, mais paradoxalement, l’a également rapproché dans une marche en crabe, de « ces gens parfumés », comme il dit, et qu’il déteste, ces « bo-bos » libéraux. Ou voire même de Laurence Parizot, la patronne du Medef… Toujours aussi paradoxalement, elle l’a ainsi banalisé, voire rendu conformiste. Il fut le tribun de la République, plus que le tribun du peuple. Son discours de Marseille et son ode au métissage, adressé à « ses frères du Maghreb », a été également, dans une approche idéologique, et cela sans aucun doute, le début de sa dégringolade sondagière.

En l’ignorant, en partie, l’électorat populaire lui a signifié, qu’on ne pouvait pas à la fois tenir un discours ouvriériste et un discours anti-raciste de gauche. Parler comme feu Georges Marchais dans les années 80, et parler comme SOS Racisme. On est l’avocat du peuple, ou celui des « bo-bos ». Dans une approche électorale, en effet, on ne peut être à la fois le candidat de la France rurale et péri-urbaine, qui souffre réellement de la mondialisation et de l’immigration, et le candidat des habitants des grandes métropoles, qui sont intégrés à cette même mondialisation. Le front de classe des vieux marxistes, ou la nouvelle alliance des femmes et des enfants de l’immigration, chère à Terra Nova. Mélenchon n’a finalement eu, ni l’un, ni l’autre. « Qui embrasse trop, mal étreint ». Oui, Mélenchon s’est finalement avéré le champion d’une classe moyenne intégrée – avec ses plus de 11 % -, plutôt masculine et diplômée, fonctionnaire ou cadre moyen, et qui ne supporte plus l’arrogance des nouvelles aristocraties financières.

C’est « le paradoxe Mélenchon ». Géographiquement, il n’a ainsi pas hérité des anciennes places fortes du PCF, au nord ou à l’est de la France, lui qui aura pourtant arraché ses cinq cent signatures, en puisant dans le vivier des élus locaux communistes, fort du retrait d’Olivier Besancenot. Jean-Luc Mélenchon réalise ses meilleurs scores, dans le grand Ouest ou au Sud-Ouest, comme les socialistes de François Hollande. Son électorat est ainsi indifférencié, géographiquement, sociologiquement du socialiste. Il est son brillant second. Il l’accompagne, sans le savoir. Il recueille, en réalité, les voix d’un électorat PS, qui juge qu’Hollande n’est pas assez à gauche, auquel s’ajoute peut-être un électorat « bo-bo », potentiellement centriste, morcelé aux deux bouts, à même de se rabattre sur Eva Joly, Bayrou ou Hollande, sur simple prestation. Mais en 2002, Lionel Jospin avait des rivaux autrement plus dangereux, en Olivier Besancenot et Arlette Laguiller à l’extrême-gauche et Chevènement au centre, lui reprochant pour les deux premiers d’avoir capitulé devant le capitalisme, et pour le second d’avoir bradé la France sur l’autel de l’Europe. A eux trois, ils totalisèrent plus que Jospin, au 1er tour de 2002. Mais ce n’est pas le cas de Mélenchon avec Hollande, en 2012.

Dans la réalité des faits, il permet seulement au total gauche, d’être plus élevé qu’en 2007, avec Ségolène Royal, mais toujours moins qu’en 1981, ou qu’en 88. Il était donc contraint d’appeler, ouvertement et sans condition, à voter contre Sarkozy. Ces électeurs l’auraient fait sans en demander l’autorisation. Mais en réalité, cet électorat ne lui appartient pas réellement. Alors, il les suit.

                                                                                                           J. D.

L’heure des faux semblants

Classé dans : Politique — llanterne @ 16:57

La scène de mardi matin, à l’Arc de triomphe, mérite un bref détour, à savoir celle du président élu François Hollande et Nicolas Sarkozy, ayant déposé ensemble une gerbe sur la tombe du Soldat inconnu, pour la cérémonie du 8 Mai. François Hollande a ainsi répondu à l’invitation du président sortant, battu dimanche dernier, à assister à ses côtés à la commémoration nationale. Les deux hommes se sont salués, juste avant le début de la cérémonie, ont déposé la gerbe et rallumé la flamme sur la tombe, avant d’écouter, côte-à-côte, la Marseillaise, puis le Chant des partisans. Le chef de l’Etat sortant, à son arrivée, avait passé les troupes en revue. Il avait auparavant déposé une gerbe devant la statue du général de Gaulle sur les Champs-Elysées. L’image des deux adversaires réunis pour l’occasion est inédite. « Deux présidents pour le prix d’un, nous n’avions jamais vu cela ».

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Le 8 mai 1995, Mitterrand finissant y avait bien convié Chirac, à peine élu, mais ce-dernier était demeuré trois pas derrière lui. François Mitterrand était un monarque républicain, qui ne partageait pas sa souveraineté. Mais Sarkozy n’est pas Mitterrand, plus égalitaire, plus décontracté, plus « américain », plus démocrate. Après la cérémonie, François Hollande n’a pas manqué de déclarer que l’image « du rassemblement devait se faire ». « Président encore en exercice, président élu qui va prendre ses responsabilités le 15 mai, nous devions être l’un et l’autre présents à cette cérémonie », a-t-il ajouté, pendant que Nicolas Sarkozy serrait des mains dans la foule. « L’un et l’autre nous devions être ici unis pour rendre hommage à toutes celles et à tous ceux qui sont tombés pour la France », a insisté le vainqueur du second tour. Et décidemment, Nicolas Sarkozy ne parviendra jamais à devenir un monarque à la française, retenu, froid, distant. Pendant cinq ans, le pays dans ses profondeurs lui en a fait grief. Après un long moment de fascination, les médias finirent aussi par le lui reprocher. Bien que l’on puisse cependant saluer, en se plaçant sous un autre point de vue, son pragmatisme et son intelligence – certaine, bien que relativement stérile -, il est vrai également, qu’après avoir fait rouler la couronne à ses pieds, il devient difficile de la recoiffer ensuite. « La désacralisation, voilà l’ennemi ».

Mais tout se renverse depuis sa défaite. Son discours de vaincu, dimanche soir, « pourtant plein de pathos sentimental », et à la tonalité que j’ai trouvé assez fausse, est cependant apparue comme digne et respectueux de son vainqueur et de la démocratie. Hier, tout le monde vantait sa générosité, sa loyauté, sa dignité. « Erreur hier, vérité aujourd’hui », dixit Monsieur Zemmour. Avec les mêmes qualités, et les mêmes défauts, il réussit sa sortie, là où il avait manqué son entrée : soirée du Fouquet’s, escapade avec Bolloré, course à pieds dans le bois de Boulogne, la trilogie maudite est enfin effacée, du moins mise entre parenthèses le temps de la sortie. Les médias vomissaient sa campagne à droite, bien qu’elle lui aura cependant permis, selon toute vraisemblance, sa sortie digne, en comblant l’écart et en évitant l’humiliation électorale. Ils louent désormais sa dignité dans la défaite, « sa logique rassembleuse, soucieuse de la paix civile et de la réconciliation des deux camps », qui s’étaient affrontés, ceux-là même qui le fustigeaient encore, il y a peu. Mais n’était-ce pas déjà ce même souci de rassemblement, et de réconciliation, qui l’avait conduit à sa politique d’ouverture, peut-être l’une des erreurs politiques majeures de son quinquennat.

Cela dit, il est vrai, on a reproché à Sarkozy d’être clivant, d’avoir une vision disons, assez manichéenne de la France. On a accusé le président sortant, contrairement à un Chirac – mauvais rassembleur, au demeurant -, d’avoir monté les Français les uns contre les autres, les jeunes contre les vieux, les salariés du privé contre ceux du public. Mais cela dit en passant, se contentant seulement parfois, de dire le réel, en montrant une société plus divisée, disparate, plus antagoniste qu’elle ne l’aura jamais été. On le glorifie désormais de placer, traiter son adversaire en égal, presque en ami. Mais il met seulement « la poussière sous le tapis, le temps d’une journée solennelle ». Sarkozy et Hollande sont côte à côte, et on les applaudit. Comme hier, où ils furent côte à côte, à la une de Paris Match, afin de défendre le oui au référendum de 2005 ; et où ils furent agonis d’injures. Et ces images consensuelles, pleines de connivence, rappelleront aussi très vite à certains, dès que les premières difficultés apparaîtront, que les passions politiques renaitront, la collusion des deux grands partis, le fameux UMPS, cher à Marine Le Pen.

En effet, tout cela reviendra vite, bien que pour l’instant – mais pour l’instant seulement – tout reste encore en suspens, en apesanteur, entre parenthèses. Mais cela, grâce aussi à Sarkozy, toujours sous tension durant les cinq ans de son mandat, mais aussi durant les trente ans de sa vie politique. Un Nicolas Sarkozy qui paraît, en réalité, apaisé par sa défaite, comme « soulagé, décontracté, libéré »

                                                                                                    J. D.

10 mai, 2012

Les clés de la défaite de Sarkozy

Classé dans : Politique,sujets de societe — llanterne @ 22:51

Hier soir, à vingt heures, c’était la chronique d’une défaite annoncée, depuis des jours et des jours, depuis des mois même. La défaite de Nicolas Sarkozy était écrite, inévitable, inéluctable. Elle n’a jamais fait l’ombre d’un doute, sauf pour ceux qui ne voyaient pas la réalité en face. Fruit à la fois de la crise de 2008, qui a balayé tous les sortants européens, mais aussi de son discrédit personnel, de ces manières, son style, ses inconstances et ses incohérences, voire ses trahisons.

La question qui restait en suspens, n’était donc pas celle de la victoire et de la défaite, mais celle de l’ampleur de cette défaite. Surtout cette campagne a suscité beaucoup de polémiques, de sarcasmes, surtout pour les belles âmes de la droite et du centre, « campagne qui courait après le Front national », comme on l’a dit, décrié de Villepin à Bayrou, ou de Juppé à Raffarin dont le silence fut parlant. Les chiffres leurs répondent, la mobilisation du peuple de droite, a incontestablement payé, car Sarkozy a fini à 48 %. Il pourra longtemps regretter de n’être pas parti plus tôt en campagne. Mais il pourra surtout regretter de n’avoir pas tenu les promesses faites en 2007, à l’électorat populaire qui avait misé sur lui.

Il avait ainsi siphonné les voix du Front national, en parlant de laïcité, d’immigration, de patriotisme, de protectionnisme et de frontières, de chômage, leur donnant une porte de sortie gouvernementale, sans outrance verbale, mais aussi sans faiblesse. Sarkozy n’a pas respecté ses promesses, c’est la clef évidente de sa défaite. La campagne Buisson ne pouvait combler cinq ans de renoncements, d’incohérences. Pourtant, son discours de 2012 sur la frontière en a séduit plus d’un. Et Sarkozy laisse son parti avec un nouveau discours, mais qui déplaît fortement à certains. Les centristes et les modérés se sont tus, mais en échange, ils voudront reprendre en main la situation.

On ne sait ce que fera la droite populaire, le seul courant en phase avec l’esprit de la campagne sarkozyste. On ne sait ce que réalisera le Front national aux législatives. On ne sait également, si des élus de droite, accepteront de composer, de dialoguer avec le Front national comme le dit Gérard Longuet. Comme, on ne sait si l’unité de l’UMP y résistera.

                                                                                                                 J. D.

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