« Sur la route du papier ; Petit précis de mondialisation III », Erik Orsenna, Stock
Après « Son voyage au pays du coton », paru en 2006, puis « L’avenir de l’eau , en 2008, dans la trilogie « Petit précis de mondialisation », Erik Orsenna s’attaque maintenant au papier.
De la Chine à la forêt canadienne, en passant par la Finlande, la Suède, la Russie, l’Inde, le Japon, l’Indonésie, l’Ouzbékistan, le Brésil, l’Italie, le Portugal et bien sûr la France, il a rendu visite aux souvenirs les plus anciens du papier. L’infatigable Erik Orsenna décrypte à nouveau l’histoire de la mondialisation, cette fois à travers celle du papier : celui d’hier, « allié de la mémoire » et « dépositaire de tous les anciens temps », celui d’aujourd’hui, recyclé à 60 %, issu de technologies ultra-modernes, mais aussi celui de demain, que l’on dit menacé. Notre globe-trotter encyclopédiste nous propose ainsi un voyage dans le temps et aux quatre coins du monde, aux côtés des plus éminents spécialistes. Cet esprit curieux, qui n’hésite pas non plus à battre en brèche les idées reçues, signe là une enquête captivante, en regardant de près la fabuleuse histoire du papier et des livres.
« L’Eglise va-t-elle disparaître ? », Jean-Claude Barreau, Seuil
Né en 1933, Jean-Claude Barreau, l’enfant terrible de l’Eglise fut ordonné prêtre sous Jean XXIII avant de quitter le clergé pour se marier, en désaccord avec le Vatican sur le fonctionnement de l’Eglise. Vibrant polémiste, il a publié de nombreux essais sur l’Eglise, la foi, l’engagement chrétien, mais aussi de nombreux ouvrages de synthèse, dont son dernier grand succès : « Toute l’histoire du monde ».
Faute de prêtres et de vocations, l’Eglise catholique va-t-elle disparaître ? Partout, dans les pays développés, l’Eglise s’efface progressivement ; ailleurs, dans le tiers-monde, le phénomène des sectes menace son développement. Affaiblie dans ses structures, concurrencée sur le marché des religions, l’Eglise forme bien davantage aujourd’hui des « déistes moralisants » que des chrétiens véritables. Pourtant, l’Eglise peut encore être sauvée et elle le mérite. Comment lui redonner vie et dynamisme ? Faisant écho à l’un de ses tout premier ouvrage « La Foi d’un Païen », publié chez le même éditeur, il y a près de cinquante ans, l’auteur au fil des pages, signale avec une lucidité courageuse quelques vérités oubliées.
« Fleur de tonnerre », Jean Teulé, Julliard
Jean Teulé a publié récemment son quatorzième roman « Fleur de tonnerre ». Après « Le Montespan », « Charly 9 », le romancier délaisse la biographie, pour le fait divers historique. « Je n’ai encore jamais trouvé moi-même d’idées de romans. A chaque fois, c’est le hasard », confie-t-il. Au salon du livre de St-Malo, un admirateur apporte à l’auteur dédicaçant ses livres un gâteau, lui présentant « - Tenez, c’est pour vous. C’est le gâteau d’Hélène Jégado, vous connaissez… une empoisonneuse bretonne. Une pâtisserie à Rennes fait toujours le gâteau d’Hélène Jégado. Mais sur le gâteau, il y a une bande où il y a écrit « garantie sans arsenic » ».
On dit trente-sept meurtres, l’auteur dit probablement davantage. Elle devrait être considérée comme la « star » absolue du crime. Et elle ne l’est pas, pour une raison simple, c’est que son histoire criminelle a rencontré l’histoire de France. Son procès a démarré le samedi 6 décembre 1851, et il se trouve, que quatre jours avant, le mardi 2 décembre, ce fut le coup d’Etat du futur Napoléon III, qui occulta complètement les faits. Passée dans les oubliettes de l’histoire, Hélène Jégado dite « Fleur de tonnerre » a grandi dans une terre de superstitions, de légendes extravagantes, de surnaturel. Après avoir empoisonné sa mère, dès l’âge de huit ans, elle est partie sur les chemins de Bretagne. Elle empoisonne comme par distraction, comme si elle lançait des graines aux pigeons. Jeune domestique, elle a traversé la Bretagne de part en part, de place en place, tuant avec détermination tous ceux qui croisèrent son chemin. Elle empoisonne des familles entières, des religieuses dans un couvent, des soldats dans un bordel à Port-Louis, partout où elle va, sans être associée. Elle tue tout le monde sur son passage, les hommes, les femmes, les vieillards, les enfants et même les nourrissons. Elle s’appelait Hélène Jégado, et le bourreau qui lui trancha la tête le 26 février 1852 sur la place du Champs-de-Mars à Rennes ne sut jamais qu’il venait d’exécuter la plus terrifiante meurtrière de tous les temps.
« Ma grand-mère avait les mêmes ; Les dessous affriolants des petites phrases », Philippe Delerm, Points
L’auteur de la première gorgée de bière est toujours aussi doué pour coucher sur le papier, ces instants pleins de banalité que nous avons tous vécus, mais dont la poésie nous a échappée. On peut appeler ça des petites phrases toutes faites. Mais, tout à coup, les voilà dépoussiérées, démasquées, à l’affût d’une histoire derrière le mot, d’une aventure derrière l’expression : « Il a refait sa vie… », « Y a pas d’souci… », « Il pourrait bien neiger… » : voilà des souvenirs, des anecdotes, entre un demi-sourire et une brassée d’émotions. Avec Philippe Delerm, les petites phrases communes prennent un sens nouveau. L’écrivain sait en termes justes évoquer un moment familier, un sentiment enfoui mais jamais oublié. Philippe Delerm continue à nous donner le goût des mots avec ce florilège de phrases toutes faites, illustrées par un propos plein d’humour, de profondeur et de poésie.