La Lanterne (politique, sujets de société)

12 juin, 2018

Néandertal, l’expo – Musée de l’homme

Classé dans : Culture — llanterne @ 14:54

Néandertal, l’expo, Musée de l’homme, 28 Mars 2018 – 7 Janvier 2019

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Depuis sa découverte, en 1856, dans la vallée (thal) de Neander en Allemagne (d’où son nom), l’Homme de Néandertal fascine autant qu’il intrigue. Grâce aux grandes découvertes archéologiques et paléoanthropologiques récentes, et les nombreuses productions artistiques et populaires réalisées depuis le milieu du XIXe siècle, cette passionnante exposition riche et interactive dresse le portrait d’un cousin, source de nombreux fantasmes véhiculés par un fertile imaginaire collectif.

Au fil d’un parcours immersif, le public est invité à découvrir ses comportements à travers des objets, etc., issus des collections du Muséum et de prêts de grandes institutions françaises et européennes, rarement exposés au public, voire jamais présentés en France. Espèce éteinte du genre Homo, l’homme de Néandertal a vécu en Europe, au Moyen-Orient et en Asie centrale, jusqu’à 35 000 ans avant notre ère. Selon une étude génétique publiée en 2016, il partage un ancêtre commun avec l’homme de Denisova (environ 450 000 ans avant notre ère). Depuis sa découverte, son statut a varié. L’homme de Néandertal fut un temps considéré comme une sous-espèce d’Homo Sapiens. Depuis le séquençage de son ADN réalisé en 2006 et publié en 2010, on a démontré un flux de gênes opéré entre l’homme de Néandertal et l’homme moderne d’Asie et du Proche-Orient, acquis par hybridation lors de leur probable sortie d’Afrique, et leur rencontre au Moyen-Orient. Il a pu ainsi être déterminé que l’homme moderne a de 0,8 à 2,5 % de gênes néandertaliens en lui et dans des proportions graduelles sensiblement plus élevées au sein des populations non-africaines (européenne, moyen-orientale ou asiatique). Très proche physiquement de l’homo sapiens (ou homme moderne), l’homme de Néandertal se caractérise par sa culture matérielle appelée Moustérien. Après une difficile reconnaissance scientifique, l’homme de Néandertal a longtemps pâti d’un jugement négatif par rapport à l’homo Sapiens, considéré dans l’imagerie populaire comme un être simiesque, fruste, laid et attardé. Les progrès de l’archéologie et de la paléonthropologie depuis les années 1960 ont en fait révélé une espèce d’un certain développement culturel.

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L’homme de Néandertal était physiquement plus robuste et plus trapu que l’homo Sapiens en raison de son développement dans un environnement plus froid. Il avait un cerveau un peu plus volumineux en moyenne, mais avec un coefficient d’encéphalisation légèrement moindre. De nombreux points restent encore à élucider, comme son ascendance précise ainsi que la date et les causes exactes de son extinction après plus de 400 000 ans d’existence !… Certains outils découverts à Gibraltar et attribués aux Néandertaliens pourraient dater de 28 000 ans avant notre ère. Soit à l’époque de l’homme de Cro-magnon ou homo Sapiens. L’homo Sapiens (ou homme moderne) serait sorti d’Afrique entre 194 000 et 177 000 ans avant notre ère, peut-être d’une vaste région située entre l’Egypte et l’Ethiopie actuelles, selon toute vraisemblance, avant de se déplacer au Moyen-Orient et en Europe occidentale puis orientale (continentale et méditerranéenne), où il a donc croisé l’homme de Néandertal avant sa disparition, ayant ponctuellement cohabité avec lui (violemment et / ou pacifiquement, selon les cas…), pendant plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d’années !…

À travers l’évolution du regard porté sur cette « autre humanité », l’exposition interroge notre perception de la différence et notre rapport à la notion d’espèce humaine. « Néandertal n’était ni supérieur, ni inférieur à l’homme moderne, il était différent. La hiérarchisation est contraire à la démarche scientifique. Rien n’est fixé ou linéaire, l’évolution humaine est buissonnante, tant d’un point de vue biologique que culturel ».

 

11 juin, 2018

Sarkozy et le financement lybien, les dessous de cette mise en examen

Classé dans : Politique — llanterne @ 22:59

Il convient de revenir sur cette mise en examen de Nicolas Sarkozy, consécutive à sa garde à vue de la mi-mars, étant maintenant fixé sur son sort. N’ayant pas fait appel de sa mise sous contrôle judiciaire, consécutive à sa mise en examen depuis le 21 mars dernier, Sarkozy contre-attaque depuis peu. L’ancien président français a demandé d’annuler pour vices de procédure son inculpation dans l’enquête sur des soupçons de financement lybien entourant sa campagne de 2007. Selon le JDD, l’avocat de l’ancien président a saisi la chambre d’instruction de la cour d’appel de Paris pour réclamer la nullité de la mise en examen pour « corruption passive », « financement illégal de campagne électorale » et « recel de détournement de fonds publics lybiens ».

Dans son recours, Thierry Herzog recense des manquements d’une « particularité grave » justifiant, selon lui, la suspension de l’enquête jusqu’à l’arrêt de la cour d’appel. On ignore encore si cette demande en cours d’annulation pour vices de procédure est recevable, sur le plan juridique. Cette garde à vue, c’était du jamais vu pour un président la République. L’affaire du présumé financement lybien avait connu un rebondissement, Nicolas Sarkozy n’ayant jamais été interrogé directement dans ce dossier. On parle d’une somme faramineuse, voire colossale, cinquante millions d’euros selon Mediapart, apparaissant dans cette nébuleuse des hommes d’affaires sulfureux tel le marchand d’armes Ziad Takieddine.

Effectivement on était face à un événement, il ne faut pas le nier, un ancien président de la république sous le régime de la garde à vue, c’était exceptionnel et historique. Ce n’est pas n’importe qui Nicolas Sarkozy, étant présumé innocent. Mais il faut souligner la manière dont il a été associé à tout un arsenal de procédures liées au financement de la vie politique, avec l’affaire Bettencourt, l’affaire lybienne, l’affaire Bygmalion, son nom ayant aussi été évoqué dans l’affaire Karachi autour du financement de la campagne d’Edouard Balladur, ayant toutes ses dérives liées au système de financement des partis. Ce qui pose au-delà de la personnalité de Nicolas Sarkozy, la question de ces financements. 

Est-ce autorisé ? Comment réagit la droite ? Est-ce qu’il y a une sorte d’union sacrée au sein du parti Les Républicains, autour de Nicolas Sarkozy ? Est-ce qu’il faut que l’on augmente ce solde des comptes de campagne ? Ou bien est-ce qu’il faudrait que les hommes politiques se restreignent un peu ? Quelle est l’affaire la plus dangereuse ?  Pourquoi un dossier tel Bygmalion n’est-il toujours pas résolu ? En 1974, est-ce que cela aurait pu avoir lieu ?  Quel est le délai de prescription pour les différents faits reprochés ? Quels sont les nouveaux éléments dont dispose la justice pour mettre en garde à vue Sarkozy ? Est-ce que dans ces dossiers, Nicolas Sarkozy risque la prison ? Quel aurait été l’intérêt d’aller faire la guerre à quelqu’un qui lui aurait rendu service en le finançant ? Ce sont là autant de questions soulevées.

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Ce qui frappait le plus, dans cette garde à vue effectuée au mois de mars, c’était la durée. Nicolas Sarkozy a bénéficié d’un régime particulier, ayant eu le droit de rentrer dormir chez lui, étant normalement un moyen de pression psychologique pour faire craquer les mis en examen que de les garder des heures, des heures et des heures. La garde à vue était de 48 heures, car elle ne peut excéder cette durée, hors affaire de terrorisme, pour ce qui relève du droit commun. Alors évidemment, c’est un ancien président de la République, c’est ce qui peut interpeller les Français. Jacques Chirac a déjà été entendu, mais très peu de temps et Sarkozy dans une autre affaire. Mais là, ce fut long, étant interrogé par le juge Tournère, qui est un redoutable juriste. 

Etant avant tout un ancien chef de l’Etat, l’idée était d’opérer une sorte de pression psychologique, cela faisant quelques semaines que Nicolas Sarkozy devait se préparer à cette question-là. Cela a permis aux policiers de se former à ce dossier extrêmement compliqué, tentaculaire. S’il était resté à Nanterre, il y aurait eu huit heures de sommeil décomptés, donc moins de temps de garde à vue, la question étant de savoir si c’était un traitement de faveur. Mais en fait, un certain nombre d’avocats pénalistes expliquaient que cela aurait pu au contraire signifier que le juge Tournère voulait profiter à cœur de ces quarante-huit heures. La garde à vue, c’est on vous met dans une cellule, on vous sort, on vous y remet, on vous sort et ainsi de suite, ce qui est terrible sur le plan psychologique. Il avait pu se préparer, ces avocats ayant vu la chose venir. La garde rapprochée de Nicolas Sarkozy était au courant.

Deux éléments ont accéléré la procédure. L’ex-directeur de cabinet de Kadhafi en exil, Bechir Salé a échappé à une tentative d’assassinat. Béchir Saleh doit sa survie à la France. Suite aux révélations de Médiapart, Nicolas Sarkozy opère son exfiltration vers la France, puis vers le Qatar, alors qu’il est recherché par Interpol, avant de gagner l’Afrique du sud. Il sort de son silence récemment et se fait tirer dessus en février dernier. Ensuite la justice française veut entendre parler Alexandre Djhouri, personnage sulfureux qui a été arrêté à Londres, ayant permis à Bechir Salé d’être exfiltré. Normalement, Djhouri doit être extradé vers la France, l’été 2018, et a été retrouvé dans la propriété de ce-dernier des documents qui pourraient être compromettant.

En 2007, on a dit que l’UMP aurait été financé en partie par la Lybie. Nicolas Sarkozy s’engage pleinement dans la libération des infirmières bulgares détenues en Lybie (accusées par le régime lybien d’avoir inoculé le sida à plusieurs enfants lybiens). La contre-partie de ce service rendu aurait été de rendre une partie de cet argent. Après il y a eu une série d’événements. Claude Guéant a été mis en examen en 2012, quand l’affaire éclate. Mais c’est la première fois que l’ex-chef de l’Etat est auditionné directement dans ce dossier, interrogé sur le financement de sa campagne de 2007, les médias étant à l’affût de la moindre image. C’est une attention particulière pour un ancien président.

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Dans sa famille politique, l’affaire passe mal. Le gouvernement n’entend pas polémiquer sur le sujet. Parmi les autres réactions, on a pu noter celle de Ségolène Royal teintée d’une pointe d’ironie voire d’amertume, elle qui a été battu par Nicolas Sarkozy en 2007. Le juge Tournère a déjà suivi Sarkozy dans l’affaire Bygmalion. Réputé tenace, le magistrat cherche à savoir s’il a été rétribué par Kadhafi. L’homme d’affaires franco-libanais Takieddine a prétendu avoir joué les intermédiaires entre la France et Tripoli, des accusations toujours rejetées par Sarkozy. Il n’est pas le seul à avoir été entendu par les policiers anti-corruption, Claude Guéant l’ayant été dans une audition libre, pour faux, usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée. 

A part les policiers qui l’interrogent et les juges, personne ne connaît la réalité immédiate de ce qui est reproché à Sarkozy. La méthode n’est cependant pas très discutable et cette affaire met l’éclairage sur un certain nombre de personnages assez sulfureux, dont les témoignages peuvent être au moins sujets à caution. La publication des documents par Médiapart a été validé par la justice. Alexandre Djhouri était assez fréquemment à l’Elysée, du temps de la présidence de Sarkozy où il rencontrait souvent Claude Guéant, lui qui a exfiltré le fameux Béchir Saleh de Lybie vers la France à la révolution de 2011, puis de France vers le Qatar. Donc il est certain qu’il a fréquenté de très près ces personnages. La réaction était toujours de le soutenir, la victimisation dont savait très bien jouer Nicolas Sarkozy fonctionne bien.

Nicolas Sarkozy reste la figure tutélaire de la famille, d’où un soutien tacite. Il ne faut pas oublier que Laurent Wauquiez était dans les sarkozystes, qu’il est allé s’excuser platement auprès de lui au cours d’un déjeuner en tête-à-tête, après son étalage à l’EM Lyon. Car il sait parfaitement que Sarkozy est toujours le chef. Ce qui est intéressant, c’est ce que c’est vraiment un roman de John Le Carré absolument tentaculaire, où il y a des morts, Sarkozy ayant déclaré la guerre à la Lybie de Kadhafi en 2011, après plusieurs événements, de la libération des infirmières en passant par la visite du guide lybien en 2007 et la tente bédouine plantée dans les jardins de l’Elysée.

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Au début, on parle de cinquante millions d’euros. Après Takieddine parle de cinq millions d’euros ramenés dans un voyage express entre Tripoli et Paris, puis une troisième somme entre trois-cent-quarante et cinq-cent-mille euros avoués par Eric Woerth, selon qui des enveloppes étaient distribuées durant la campagne de 2007 à des employés. François Fillon aurait touché des enveloppes. En 2012, il n’y en a pas eu durant la campagne et des employés de l’UMP se sont plaints et ont protesté. Eric Woerth aurait rétorqué qu’en 2007, c’était des dons qui auraient été distribués et anonymement. 

En 2011, Kadhafi se fait taper dessus par Sarkozy, au travers l’intervention aérienne franco-britannique en soutien à l’insurrection lybienne, éclatée quelques mois plus tôt et visant au renversement du guide lybien. Il est vrai que l’on peut faire taire Kadhafi en allant le tuer. Le seul qui relaie cette accusation de financement, c’est le fils de Kadhafi, avant les bombardements. Il a exhumé la seule preuve écrite, dont l’authenticité a été contestée. C’est l’entourage de Kadhafi qui l’avait dissuadé d’utiliser cet argument, ce qui apparaît hypothétique. Mais cette circulation d’argent et de valises de billets, cela existe. 

A chaque fois, en 2007 et 2012, il y a eu des dépassements. On se souvient du fameux Sarkothon, en dépit de la loi des années 1990. Incontestablement, de l’argent non déclaré a été utilisé durant cette campagne. Cet argent aurait été distillé, sans que personne ne s’en rende compte. En 2003 – 04, un contrat signé avec l’Arabie saoudite a été l’objet d’une vraie guerre au sein de l’Elysée entre Villepin et Sarkozy, car il y avait des rétro-commissions, Chirac étant parvenu à bloquer un virement au dernier moment. 

Sur le long terme, c’est cela qui pose problème, à savoir comment on finance les campagnes présidentielles et ce que l’on fait pour éviter ce type de montage. Nicolas Sarkozy a toujours nié en bloc, toutes ces accusations, dans toutes ces affaires, la justice lui ayant donné raison, que ce soit dans l’affaire Bettencourt (du nom de feu Liliane Bettencourt, héritière de L’Oréal, première fortune de France et accusée de lui avoir versé des pots-de-vin), l’annulation de ses comptes de campagne. 

Après cette affaire est un peu plus particulière, par la personnalité aussi de Kadhafi, en arrière-plan en cette fin de quinquennat, l’explosion des dépenses de campagne de 2012 ayant fait porter un autre regard sur la campagne de 2007. Si cela est avéré, c’est grave. Immédiatement après, il y a une question qui se pose sur le déclenchement de l’opération franco-britannique, certes internationale, non justifiée par la volonté d’effacer l’ardoise. Cette question sera posée, de même que celle de l’élimination de Kadhafi et la fuite de sa localisation passée par les services secrets français, d’où un scandale assez international. C’est une histoire qui intrigue l’opinion et les magistrats, l’ayant réhabilité avant de lui faire la guerre quatre ans plus tard, Sarkozy ayant reçu Kadhafi sous les ors de la République française, à l’occasion de sa visite officielle en France, peu après son élection. Il faut se replacer dans le contexte de 2007.

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Sarkozy s’est rapproché de Bachar El-Assad et de tous les chefs d’Etat du Moyen-orient et d’Afrique du nord (Kadhafi, Mohammed VI, Bouteflika, Ben Ali, Moubarak…), presque tous balayés par les printemps arabes, quatre ans plus tard (de l’Egypte à la Tunisie, en passant par la Lybie, à l’exception de la Syrie, de l’Algérie et du Maroc), à l’époque au nom de cette idée d’Union de la méditerranée. Sarkozy pensait qu’il allait déclencher ce processus, et faire la paix dans ces pays troublés et insuffisamment développés. Mais cela a échoué. 

La Lybie est un régime éminemment corrupteur, qui a passé le plus clair de son temps à financer et soudoyer des responsables, essentiellement dans les pays d’Afrique. Kadhafi est le paria sur la scène internationale, parce qu’il est accusé d’avoir financé le terrorisme en Afrique, ayant eu deux grandes périodes, d’abord le panarabisme, puis le panafricanisme, suite à l’échec de la première doctrine. Et pour la plupart d’entre elles, les républiques africaines voisines ont cédé à cela. Il a toujours entretenu de très mauvais rapports avec les Occidentaux. Souhaitant entretenir de meilleures relations, il avait besoin de Nicolas Sarkozy, jusqu’à planter sa tente en plein Paris, dans le VIIe arrondissement.

Quelques petits contrats sont également signés dans l’aviation civile (cependant peu significatifs), à l’occasion de sa visite en France, dans le cadre d’une tournée européenne. A une époque où Kadhafi était en quête de reconnaissance internationale, en distribuant de l’argent pour se gagner une respectabilité. Il a aussi facilité cette libération des infirmières bulgares, avant de revenir dans le concert des nations. Il devait devenir le meneur et le porte-drapeau du continent africain. Il avait besoin pour cela de Nicolas Sarkozy, et le pétrole lybien, c’est très intéressant, le satrape lybien pouvant accompagner la mise en place de ce projet d’Union de la méditerranée. Dans un enregistrement audio, Kadhafi déclare qu’il a apporté à Sarkozy les financements nécessaires à sa campagne de 2007. Dans ce système, il y aurait des intermédiaires, tels Alexandre Djhouri et Ziad Takieddine. 

C’est un scandale d’Etat, le plus grave de la Ve République, à savoir la corruption d’une démocratie, la France, par une dictature, avec tout ce que cela subodore et sous-tend, dans la définition même de corruption, sur le plan sémantique. A savoir la perversion ou le détournement d’un processus ou d’une interaction avec une ou plusieurs personnes dans le dessein, pour le corrupteur, d’obtenir des avantages et des prérogatives particulières et / ou pour le corrompu, d’obtenir une rétribution en échange de sa complaisance. Sarkozy aurait monnayer ces intérêts personnels au travers sa stature de chef de l’Etat récemment élu, et non pas au nom, voire même au détriment de la raison d’Etat.

Sans retour réel et très significatif pour l’économie française, dans les faits, sur le plan des contrats signés avec l’Etat lybien, au cours d’une visite officielle longue, et qui a échappé à un moment à tout contrôle sur le plan du protocole, par la personnalité singulière et légèrement déjantée du satrape lybien. En réhabilitant un dictateur associé au terrorisme international dans les années 1980, dont la France fut victime, comme au travers de l’attentat de l’avion de la TWA et ayant déstabilisé de nombreuses régions en Afrique subsaharienne, dont le Tchad.

Ayant d’ailleurs entraîné une intervention militaire de la France, à l’époque, l’opération Epervier en février 1986, après le franchissement du 16e parallèle par les forces armées lybiennes venues soutenir le dictateur renversé Goukouni Oueddei. Qui s’avère être, en tant qu’intervention militaire, dans des conditions et interprétations géopolitiques certes éloignées (mais s’étant déroulé dans le même secteur géographique), l’antécédent lointain de l’opération Barkhane déclenchée en août 2014 par l’armée française. 

Après sept mois de bombardements (essentiellement de la France, de l’Italie et du Royaume-Uni), c’est la chute et la mort du dictateur à Syrte, après une révolution enclenchée fin 2010 en Lybie, dans la lignée des printemps arabes (et ayant fait vraisemblablement près de cent-vingt-mille morts). A la suite de quoi, la Lybie a implosé, la situation évoluant vers une deuxième guerre civile toujours en cours.

Le pouvoir est scindé entre trois gouvernements rivaux ainsi que plusieurs groupes djihadistes, dont le gouvernement de Tobrouk, internationalement reconnu jusqu’en mars 2016, basé à l’est du pays et comptant sur la loyauté de l’armée lybienne commandée par le Maréchal Khalifa Haftar, soutenu par l’Egypte et les Emirats arabes unis. On compte également le gouvernement de Tripoli basé à l’ouest dans la capitale du même nom, dominé par les Frères musulmans et soutenu par le Qatar, le Soudan, la Turquie et le gouvernement d’union nationale du Conseil présidentiel14 présidé par Fayez el-Sarraj, à partir de mars 2016. 

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Ainsi que plusieurs groupes djihadistes, la branche lybienne de l’Etat islamique (qui est partiellement réduite dans la région de Syrte, voire presque dissoute), des affrontements opposant également dans le sud lybien des milices toubous, touarègues et arabes, soit un chaos véritable… Ce sont des réseaux particuliers, il n’est pas évident qu’avant et après Sarkozy, le même type de problèmes se pose. Aujourd’hui, on est passé dans un mode de relations différent entre la France et le continent africain, et les pratiques sont de plus en plus placées sous le regard de la justice et des médias, Médiapart ayant tout de même suivi les choses d’assez près et il y a eu une évolution. Il faut bien que les médias fassent leur boulot.

Le problème, c’est que le conseil constitutionnel valide le compte de campagne des élections présidentielles de 2007, mais beaucoup plus tard. Il se voyait mal quelques mois après, remettre en question un vote. On se souvient que durant la campagne d’Emmanuel Macron, les journalistes se sont interrogés sur l’origine des fonds de sa campagne. On établit toujours le rapport avec ces campagnes américaines qui atteignent les milliards d’euros avec l’achat de temps d’antenne de campagnes publicitaires télévisées.

En octobre dernier, le parquet a demandé le renvoi de l’ancien chef de l’Etat devant un tribunal correctionnel dans l’affaire Bygmalion, à savoir des fausses factures établies pour camoufler des dépassements de dépenses de campagne électorale. Mais aucun fait lié au dossier Bygmalion ne lui ayant été reproché, Nicolas Sarkozy n’a pas été mis en examen. Le parquet demande le renvoi en correctionnelle de Sarkozy, de même bénéficiant d’un non-lieu dans l’affaire Bettencourt. Son nom revient également dans d’autres affaires, pour lesquelles il n’a jamais été mis en examen, comme Karachi. Mais également durant l’affaire Tapie, Sarkozy bénéficie de l’immunité présidentielle, étant accusé d’avoir apporté une orientation favorable à l’homme d’affaires.

Mais c’est précisément cette affaire lybienne, d’Etat à Etat, qui est la plus destructrice pour Sarkozy, contribuant à ternir son image, à savoir la corruption d’une campagne électorale d’une démocratie par un dictateur, tout comme la relation entre VGE et Bokassa. Les sommes d’argent ne sont cependant pas les mêmes, l’affaire des diamants de VGE ne correspondant absolument à rien, mais ayant été dévastatrice pour lui. Toutefois, la dynamique ayant porté Nicolas Sarkozy n’a pas été lancé uniquement par l’argent, c’est une certitude. Car il n’y a jamais eu de tel écart qu’en 2007 avec 53 % des voix au deuxième tour pour Nicolas Sarkozy face à Ségolène Royal.

Ce n’est pas le fait qu’il ait pu éventuellement toucher des sommes d’argent qui l’a fait élire, ayant fait 31 % au premier tour, Jacques Chirac n’ayant jamais dépassé les 20 % que ce soit en 1988, en 1995 et en 2002. Cette affaire Bygmalion n’est pas finie, quant à elle et l’on peut se demander pourquoi. Il y a eu des recours, c’est une affaire qui est très longue et complexe, reportée à 2020. S’il est avéré que Sarkozy est directement impliqué dans le transfert de fonds, il serait passible de peines de prison pour trafic d’influence, corruption. Mais il faut savoir qu’il y a un certain nombre d’intermédiaires, comme Copé dans l’affaire Bygmalion.

Dans le scandale de Panama dans les années 1890, il n’y a qu’un député qui a été condamné, car il s’était dénoncé, les cent-vingt-cinq députés et sénateurs incriminés et accusés d’avoir touché de l’argent, ayant été innocentés. Nicolas Sarkozy était revenu sur la scène publique et non la vie politique et il cherchait en tant que grand référent à être aimé, s’étant associé à certains sujets comme la lutte contre le cancer. Ce qui était une manière de se détacher de cette image de fin de mandat d’homme attaché à l’argent. Mais au-delà, pour les Français, il était en train de se construire une autre image. La popularité de l’homme est intacte, du moins il semblerait, auprès d’une partie de l’opinion publique et puis ce n’est pas parce qu’on est populaire dans une frange de l’électorat de droite, qu’on est à même de se faire élire, comme on l’a vu aux primaires « Les Républicains » en 2016. 

A chaque élection présidentielle, il y a toujours une histoire (1995, 2007 et 2012). Il n’y en a pas pour celle de 2017, du moins pas encore. On n’a jamais vu un président autant attaqué, mais on a jamais vu également un président associé à autant d’affaires. Mais pour autant, les prédécesseurs de Nicolas Sarkozy ne sont pas non plus des saints. Dans les années 1960, il y a eu l’affaire Ben Barka. Durant le septennat de Giscard, il y a eu quatre morts. Sous Mitterrand, il y a eu les suicides de Bérégovoy, Grosrouvre, l’affaire des écoutes téléphoniques de l’Elysée. Chirac a été condamné dans l’affaire du financement des HLM de la ville de Paris. C’est d’ailleurs pour cette raison principale que l’UMP a changé de nom.

L’américanisation des formes de propagande, de campagne électorale, de mise en scène télévisuelle, cela choque et coûte cher et de plus en plus cher. Chirac a inauguré cette pratique dans les années 1980 avec des campagnes RPR à la Reagan (à défaut d’idées et de programmes réels), Nicolas Sarkozy ayant poursuivi dans cette voie, lors de la campagne de 2007. Le but de transformer chaque meeting en show télévisé a fait flamber les coûts des dépenses de campagne. Mais il faudrait vraisemblablement fixer une limite sur le plan juridique à ces dérives, cela accompagnant à juste titre dans l’opinion publique, la perception d’une vie politique se limitant de plus en plus à de la communication…

                                                                                                                                                                                           J. D.

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