Néandertal, l’expo – Musée de l’homme
Néandertal, l’expo, Musée de l’homme, 28 Mars 2018 – 7 Janvier 2019
Depuis sa découverte, en 1856, dans la vallée (thal) de Neander en Allemagne (d’où son nom), l’Homme de Néandertal fascine autant qu’il intrigue. Grâce aux grandes découvertes archéologiques et paléoanthropologiques récentes, et les nombreuses productions artistiques et populaires réalisées depuis le milieu du XIXe siècle, cette passionnante exposition riche et interactive dresse le portrait d’un cousin, source de nombreux fantasmes véhiculés par un fertile imaginaire collectif.
Au fil d’un parcours immersif, le public est invité à découvrir ses comportements à travers des objets, etc., issus des collections du Muséum et de prêts de grandes institutions françaises et européennes, rarement exposés au public, voire jamais présentés en France. Espèce éteinte du genre Homo, l’homme de Néandertal a vécu en Europe, au Moyen-Orient et en Asie centrale, jusqu’à 35 000 ans avant notre ère. Selon une étude génétique publiée en 2016, il partage un ancêtre commun avec l’homme de Denisova (environ 450 000 ans avant notre ère). Depuis sa découverte, son statut a varié. L’homme de Néandertal fut un temps considéré comme une sous-espèce d’Homo Sapiens. Depuis le séquençage de son ADN réalisé en 2006 et publié en 2010, on a démontré un flux de gênes opéré entre l’homme de Néandertal et l’homme moderne d’Asie et du Proche-Orient, acquis par hybridation lors de leur probable sortie d’Afrique, et leur rencontre au Moyen-Orient. Il a pu ainsi être déterminé que l’homme moderne a de 0,8 à 2,5 % de gênes néandertaliens en lui et dans des proportions graduelles sensiblement plus élevées au sein des populations non-africaines (européenne, moyen-orientale ou asiatique). Très proche physiquement de l’homo sapiens (ou homme moderne), l’homme de Néandertal se caractérise par sa culture matérielle appelée Moustérien. Après une difficile reconnaissance scientifique, l’homme de Néandertal a longtemps pâti d’un jugement négatif par rapport à l’homo Sapiens, considéré dans l’imagerie populaire comme un être simiesque, fruste, laid et attardé. Les progrès de l’archéologie et de la paléonthropologie depuis les années 1960 ont en fait révélé une espèce d’un certain développement culturel.
L’homme de Néandertal était physiquement plus robuste et plus trapu que l’homo Sapiens en raison de son développement dans un environnement plus froid. Il avait un cerveau un peu plus volumineux en moyenne, mais avec un coefficient d’encéphalisation légèrement moindre. De nombreux points restent encore à élucider, comme son ascendance précise ainsi que la date et les causes exactes de son extinction après plus de 400 000 ans d’existence !… Certains outils découverts à Gibraltar et attribués aux Néandertaliens pourraient dater de 28 000 ans avant notre ère. Soit à l’époque de l’homme de Cro-magnon ou homo Sapiens. L’homo Sapiens (ou homme moderne) serait sorti d’Afrique entre 194 000 et 177 000 ans avant notre ère, peut-être d’une vaste région située entre l’Egypte et l’Ethiopie actuelles, selon toute vraisemblance, avant de se déplacer au Moyen-Orient et en Europe occidentale puis orientale (continentale et méditerranéenne), où il a donc croisé l’homme de Néandertal avant sa disparition, ayant ponctuellement cohabité avec lui (violemment et / ou pacifiquement, selon les cas…), pendant plusieurs milliers, voire dizaines de milliers d’années !…
À travers l’évolution du regard porté sur cette « autre humanité », l’exposition interroge notre perception de la différence et notre rapport à la notion d’espèce humaine. « Néandertal n’était ni supérieur, ni inférieur à l’homme moderne, il était différent. La hiérarchisation est contraire à la démarche scientifique. Rien n’est fixé ou linéaire, l’évolution humaine est buissonnante, tant d’un point de vue biologique que culturel ».