La Lanterne (politique, sujets de société)

2 octobre, 2015

« Ce soir ou jamais » de Frédéric Taddéï – « Face à l’afflux de réfugiés, que faire ? »

Classé dans : Diplomatie,Europe,Monde,Politique,sujets de societe — llanterne @ 21:15

L’émission « Ce soir ou jamais », présentée par Frédéric Taddeï sur France 2, réunissait dans son dernier numéro, plusieurs personnalités, dont le philosophe Edgar Morin, le député (Les Républicains) Henri Guaino, l’économiste Jacques Attali, la géopoliticienne Béatrice Giblin, le philosophe et mathématicien Olivier Rey, ainsi que la journaliste Eugénie Bastié, pour débattre de la crise des migrants. Comme toujours dans cette émission, la tonalité était souvent subsersive, mais les échanges s’avéraient être sans langue de bois, enrichissant et instructifs.

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21 décembre, 2013

Retour sur cet hommage à Mandela

Classé dans : Diplomatie,Monde,Politique — llanterne @ 5:18

Après l’hommage unanime et consensuel adressé à Nelson Mandela, selon la formule zemmourienne, « les effluves d’encens médiatique se sont peu à peu dissipées ». A ce titre, l’icône Mandela a été célébré aux quatre coins de la planète, à l’image d’un Gandhi. 90 chefs d’Etat se sont précipités en Afrique du sud pour honorer la mémoire du grand homme. Ils n’avaient guère le choix, il est vrai, sur le plan de la com’. Que celui que ses fidèles appelaient « Madiba » ait été terroriste et plus ou moins communiste dans sa jeunesse n’a guère d’importance. Mandela a su, après 29 années de bagne, lancer le plus beau mot d’ordre et pas des moindres, celui de la réconciliation, du pardon. Peu de vainqueurs ont eu ce courage. Mais une fois cet petit monde envolé, une fois le mythe consacré, reste aussi la dure réalité, qui est celle de l’Afrique du sud contemporaine.

Effectivement, il y a vingt ans, quand Mandela accède au pouvoir en Afrique du sud, en 1994, il a le grand mérite de prôner la réconciliation entre noirs et blancs et d’éviter ainsi un bain de sang. Tous ceux qui connaissaient l’Afrique du sud de l’apartheid craignaient que le jour où les choses basculeraient, où les descendants de colons européens afrikaners perdraient la partie, on assisterait à la pire des guerres civiles et que les noirs se vengeraient sans pitié de décennies de persécutions. Ce fut la seule « décolonisation » réussie, au 1er abord. Né le 18 juillet 1918 dans l’ancien Transkei, décédé le 5 décembre 2013, Nelson Mandela était un Xhosa issu de la lignée royale des Thembu, éduqué à l’européenne par des missionnaires méthodistes. Il commença ses études supérieures à Fort Hare, université destinée aux enfants des élites noires, avant de les achever à Witwatersrand, au Transvaal, au coeur de ce qui était alors le « pays boer ». Il s’installa ensuite comme avocat à Johannesburg. Nelson Mandela était avant tout un révolutionnaire, un combattant, un militant qui mit « sa peau au bout de ses idées ». Il fut ainsi l’un des fondateurs de l’aile militaire de l’ANC, qu’il co-dirigea avec le communiste Joe Slovo, planifiant et coordonnant plus de 200 attentats et sabotages pour lesquels il fut condamné à la prison à vie.

A sa libération et à son avènement, Mandela a trouvé en le président De Klerk de l’époque, un parfait alter-égo, qui renonce alors à défendre le pouvoir et l’apartheid, alors même que l’ANC n’avait pas les moyens militaires de battre l’armée sud-africaine. Il faut dire que diplomatiquement, depuis la chute du mur de Berlin, l’Afrique du sud ne sert plus de bastion contre le communisme et le soutien tacite de l’occident au régime d’apartheid, durant les années 1970-80, n’a plus de raison d’être, l’abandonnant au nom des bons sentiments. Il fut ainsi hissé au pouvoir par un président De Klerk appliquant à la lettre le plan de règlement global de la question sud-africaine décidé par Washington. Mais seulement, certains chiffres viennent ensuite noircir le tableau du post-apartheid. Le taux de criminalité en Afrique du sud est, en 2013, le plus élevé au monde, avec une moyenne de 43 meurtres quotidiens. Entre 1970 et 1994, en 24 ans, alors que l’ANC était en guerre contre le régime d’apartheid, une soixante de fermiers blancs furent tués. Depuis avril 1994, plus de 2 000 fermiers blancs ont été assassinés. Cependant, il faut reconnaître à Mandela l’intelligence, à son arrivée au pouvoir, d’avoir compris que s’en prendre aux élites économiques blanches, coulerait l’Afrique du sud. Il avait l’exemple de la Rodhésie, devenu le Zimbawe.

Mais plusieurs héritiers de Mandela  n’ont pas cette intelligence, que ce soit Thabo Mbeki (1999-2008) et Jacob Zuma (depuis 2009), l’Afrique du sud étant devenu un Etat du « tiers-monde » dérivant dans un océan de pénuries, de corruption, de misère sociale et de violences, réalité en partie masquée par quelques secteurs ultraperformants. Le PIB de l’Afrique du sud a chuté considérablement en quinze ans. Selon les statistiques de l’ONU, l’Afrique du sud est désormais classée parmi l’un des cinq pays les moins performants du continent africain, devant les Comores, Madagascar, le Soudan et le Swaziland. Le chômage toucherait près de 25,6 % de la population active en 2013, mais en réalité environ 40 % des actifs. Quant au revenu de la tranche la plus démunie de la population noire, il est aujourd’hui inférieur de moitié, à ce qu’il était avant 1994. En 2013, près de 17 millions de noirs sur une population de 51 millions d’habitants, ne survécurent que grâce aux aides sociales. S’y ajoute des problèmes d’ordre sanitaire, le Sida faisant des ravages (près de 20 % de la population étant séropositive), au sein de la population noire. Le pays est toujours aussi divisé et cloisonné, après des décennies d’apartheid, blancs et noirs ne se cotoyant guère, et les clivages politiques étant toujours les mêmes, lors de chaque élection, les noirs votant pour l’ANC, les blancs et les métis pour l’Alliance démocratique.

Entre noirs même, l’ANC connaissant de graves tensions entre Zulu et Xhosa (la tribu dont était issue Mandela), entre doctrinaires post marxistes et « gestionnaires » capitalistes, entre africanistes et partisans d’une ligne « multiraciale », à la kényane. Un conflit de génération oppose également la vieille garde aux jeunes loups prônant une « libération raciale » et la spoliation des fermiers blancs, comme au Zimbawe. Ces successeurs se sont révélés incompétents et corrompus. La misère grandissante accroît la violence sociale et la répression est souvent féroce. Ainsi selon une tirade d’Eric Zemmour, concluant bien le propos, une fois Mandela disparu, on risque de s’apercevoir vite, que l’Afrique du sud ne constitue pas une nation, mais un agrégat de peuples opposés, désunis et déchirés, réunis par le colonisateur britannique, peuples dont les références culturelles sont étrangères, et même souvent irréductibles, les unes aux autres, que la nation « Arc-en-Ciel » n’est qu’un mythe.

                                                                                                                                                                                                 J. D.

30 novembre, 2013

La Françafrique a de beaux restes

Classé dans : Diplomatie,Monde,Politique — llanterne @ 23:29

Comme nous avons pu le constater, depuis ces derniers mois, la Françafrique a encore de beaux restes. Après cette victoire de courte durée au Mali, François Hollande a décidé d’envoyer 1 600 parachutistes en République centrafricaine pour protéger nos compatriotes en danger. Ce pays est ainsi plongé au milieu d’un chaos sanguinaire, avec des bandes de bandits de grands chemins pillant, rançonnant la population et perpétuant multiples exactions. Et un Etat qui n’en est pas un, dirigé depuis mars dernier (suite à un coup d’Etat) par d’anciens rebelles plus ou moins islamistes venus de l’est du pays, les Sékélas.

Mais outre l’aspect humanitaire, que François Hollande souhaite remettre de l’ordre dans la durée, dans ce pays perdu au coeur du continent noir, deux fois plus étendu que la France, mais peuplé de moins de cinq millions d’habitants, est déjà plus discutable. En effet, plus d’un demi-siècle après les indépendances, la France doit-elle encore être le gendarme de l’Afrique. Ainsi Hollande souhaite désarmer les groupes rebelles s’entretuant et massacrant la population, mais la tâche risque d’être complexe. Qui sont les bons et qui sont les méchants, dans ce conflit chrétiens / musulmans entre Sékélas et anti-Balakas. Où sont la légalité et la légitimité ? Les imbrications politico-ethnico-religieuses restent complexes à dénouer. Ce conflit politique entre partisans de Djotodia et partisans de Bozizé s’apparente bel et bien à un nouvel épisode de ces conflits religieux embrasant le Mali, la Côte-d’Ivoire ou le Nigéria, parmi tant d’autres. 

Depuis des décennies, tous nos présidents, y compris Hollande, de Giscard à Mitterrand, en passant par Chirac et Sarkozy, nous ont dit et répété que la « Françafrique » n’existait plus. On aurait voulu le croire, quitte à inaugurer de nouveaux rapports avec l’Afrique francophone. Laurent Fabius nous a seriné que la Centrafrique est « au bord du génocide » et Jean-Yves Le Drian, que nous assistons à l’effondrement d’un Etat avec une tendance à l’affrontement confessionnel. Il est vrai que l’histoire de la Centrafrique depuis plus d’un siècle est aussi liée, à celle de la France. Des compagnies françaises se sont taillées des concessions plus étendues qu’un département où les autochtones étaient traités comme des sous-hommes tout juste bons à ramasser du caoutchouc et à fournir de l’ivoire. Passé la libération - où la Centrafrique, baptisée à l’époque l’Oubangui-Chari -, est venu le temps de l’indépendance. Mais ce fut une indépendance formelle, avec des présidents choisis par la France, soutenus par elle contre vents et marées (qu’on se souvienne de l’Empereur Bokassa Ier) ou flanqués d’un numéro 2 envoyé par Paris.

Soutien aux pouvoirs en place, pillage des ressources, cécité face au trafic de stupéfiants, exportation d’un pseudo-modèle démocratique : le bilan politique de la présence française en Afrique subsaharienne et au Sahel a été escamoté par la France socialiste. Assiste-t-on, pour autant, au retour de la Françafrique, à proprement parler ? Cette expression, que l’on doit au premier président ivoirien Félix Houphouët-Boigny, créée pour saluer « une communauté de destin » entre la France et l’Afrique, est désormais synonyme du pire : l’existence d’une diplomatie parallèle, la concussion des dirigeants français et africains, l’utilisation discrète des caisses noires, etc… Comme l’analyse Nicolas Beau, François Hollande n’a cédé à aucune de ces dérives, contrairement à ces prédécesseurs. Il reste que des chefs d’Etat africains usés jusqu’à la corde ont été sollicités, choyés, récompensés par la France socialiste pour les besoins de l’opération militaire précédente, au Mali, avec en tête de ces vieux chevaux de retour le Tchadien Idriss Déby Itno et le Camerounais Paul Biya. Alors que la France de François Hollande s’apprête à organiser le 7 décembre 2013 à Paris une grand-messe où les chefs d’Etats africains sont conviés, la dénonciation de la Françafrique ne suffit pas à définir un véritable projet. La posture guerrière des derniers mois a masqué un vide politique abyssal, de nature à préparer des lendemains qui déchantent.

Ainsi, quoi qu’il en soit, les Français en ont assez de voir le chef de l’Etat, empêtré dans son absence de charisme, jouer au bonneteau devant eux, tout en sortant de ses poches trouées, un pseudo-génocide au fin fond de l’Afrique, des interventions militaires mal ficelées et aux conséquences souvent désastreuses, une diplomatie maladroite, une pseudo-réforme sociétale, un projet fumeux de grande réforme fiscale. La diversion et l’amateurisme, nous en sommes las…

                                                                                                                                                                                     J. D.

28 novembre, 2013

La fin de la diplomatie gaullienne

Classé dans : Diplomatie,Economie,Monde,Politique — llanterne @ 2:30

Téhéran et les Occidentaux ont trouvé - ce week-end -, un compromis sur l’épineux dossier du nucléaire. Si la communauté internationale se réjouit, Israël s’en inquiète, fustigeant « une erreur historique ». Après dix ans de crise diplomatique, de sanctions économiques et de négociations ardues, l’Iran et les grandes puissances ont scellé à Genève un premier accord pour contenir le programme nucléaire iranien. La France s’y était un temps opposée. Mais la France a-t-elle réellement bien manoeuvré dans ce dossier ?

Revenons sur ce coup de tonnerre diplomatique. Il y a deux semaines, Paris a empêché un accord avec l’Iran sur le nucléaire, accord auquel la Maison blanche, pourtant, semblait prête. Du coup, nous étions redevenus populaires à Washington. En Israël, le premier ministre a félicité chaleureusement Laurent Fabius. Pour reprendre l’analyse zemmourienne, on se croyait revenu au temps, où Guy Mollet et les pilotes français faisaient la guerre à bord d’avions israéliens, contre l’Egypte de Nasser. De leur côté, les Iraniens étaient furieux. Obama et son ministre Kerry regardaient Fabius et Hollande de travers. Le socialiste Hollande était acclamé par la droite outre-atlantique et la droite israélienne, comme un vulgaire Sarkozy. On croyait que l’arrivée de Hollande au pouvoir, aurait au moins le mérite de marquer une rupture avec ce tropisme atlantiste de son prédécesseur et un retour aux subtilités diplomatiques d’antan. Et le pire, c’est que ce n’est pas la première fois.

Dans l’affaire syrienne, notre président avait voulu punir Bachar El-Assad pour l’usage d’armes chimiques, tandis qu’Obama s’avérait beaucoup plus modéré et conciliant. Au Mali, de même, les Français se sont précipités pour combattre les terroristes, reprenant là encore, la terminologie des néo-conservateurs américains, sans discuter du bien-fondé de cette intervention aux racines complexes. Mais toujours est-il qu’à l’heure actuelle, Hollande s’avère être la pointe émergée de l’Otan, quand l’Amérique est tentée par un isolationnisme prudent. On se souvient, Sarkozy avait lui aussi renversé Kadhafi avant de menacer la Syrie d’Assad et l’Iran des Mollahs. Hollande se révèle le frère jumeau de Sarkozy. Comme si l’identité des générations était bien plus déterminante que les clivages politiques. Ainsi, les deux hommes viennent tout de même, en quelques années, de balayer d’un revers de main, quarante ans de politique gaullienne. Le général, au nom de l’indépendance de la nation, n’hésitait pas à s’opposer à l’Amérique, s’avérait méfiant à l’égard des Anglais, s’ouvrait à la Chine de Mao et à l’URSS de Khroutchev, pourtant communistes, et soignait sa popularité dans le tiers-monde, comme le petit qui n’a pas peur des grands.

La France de Sarkozy et Hollande laisse à l’Allemagne réunifiée d’Angela Merkel, les joies du commerce, de l’entente et de la coopération, avec la Russie et la Chine. Sarkozy et Hollande poursuivent les mêmes chimères de l’Europe de la Défense, dont les Français sont les seuls à vouloir. Mais pour être le gendarme de la méditterranée, il faut des moyens. Alors même qu’Hollande, comme Sarkozy, ne cesse de réduire les budgets militaires. Or, il est vrai, ne pas accorder sa politique militaire avec sa politique étrangère, comporte de gros risques. Mais les deux hommes comptent manifestement sur la même planche de salut, à savoir le chéquier bien garni des pétro-monarchies du Golfe - Arabie saoudite, Qatar -, pays sunnites qui feront tout pour avoir la peau des Chiites (Iraniens, Syriens), suivant l’analyse d’Eric Zemmour. Pays du Golfe également, qui n’ont aucun intérêt à ce que l’Iran revienne sur le marché vendre son pétrole, ce qui aura pour effet de faire baisser les coûts. A cet effet, rien ne serait plus périlleux, aujourd’hui, que de décrypter les tumultes secouant le monde arabe par le prisme de l’opposition entre démocratie et dictature. Cette grille d’analyse permet également de souligner le flagrant manque de perspicacité de la diplomatie hollandaise, au sujet du dossier iranien.

Il s’agit en effet de l’importation de catégories occidentales, celles de l’opposition entre « démocrates » et « intégristes », ou entre dictatures et démocraties, dans une région qui ne les connaît pas comme telles. Outre la distinction fondamentale entre les deux branches principales de l’Islam, une analyse de la situation géopolitique actuelle, et notamment de la place de l’Iran, reste à apporter. Touchant plus précisément au cas iranien, la question à poser est « Faut-il avoir peur de l’Iran ? ». L’étude des quatre pôles du pouvoir en Iran, le Guide, le président, les Gardiens de la Révolution (ou Pasdaran) et le clergé, met en évidence les crises que traverse le régime actuel. Là encore, le lien entre le religieux et le politique apparaît comme indiscutable. Quant à la perception de l’Iran en Occident, elle s’explique par une diabolisation d’abord fondée sur des intérêts stratégiques que sur la réalité du pouvoir iranien, quoi qu’il en soit des dessous du dossier nucléaire.

La comparaison avec le Qatar et l’Arabie saoudite, alliés de l’Occident malgré leur rigorisme religieux et social, semble en effet justifier cette assertion. Enfin, il convient de s’interroger sur le rôle des puissances occidentales au Proche et Moyen-Orient, et particulièrement sur la place de la France et son influence déclinante. Entre la Révolution française et 1919, de nombreux contacts se nouent entre les deux pays, avec la mise en place d’une influence culturelle française grandissante en Perse. Ces relations sont périodiquement ternies par les manœuvres des grands empires occidentaux (russe et britannique principalement) visant à peser sur le destin de l’Iran, stratégiquement situé sur les routes entre le Proche-Orient et l’Inde. L’Iran du XXIe siècle aura besoin de se tourner vers les puissances occidentales (notamment en matière de coopération dans certains secteurs de pointe, tels le nucléaire civil), en opérant son envol économique. L’Iran est un futur pays émergent. Or, les anglo-saxons sont mis sur la touche, pour des raisons historico-géopolitiques. 

La France a une carte à jouer. Cependant, depuis la révolution iranienne et le soutien de la France à l’Irak lors de la guerre Iran-Irak, les relations se sont dégradées. Le refus de l’Iran de stopper l’enrichissement de l’uranium, et le fait que la France soutient le renvoi de l’Iran devant le Conseil de Sécurité des Nations unies ont encore plus éloigné les deux pays. Mais l’atout fondamental de la diplomatie française dans cette région était sa capacité à dialoguer avec tous les régimes. Un pays n’a pas d’amis, il n’a que des intérêts, disait le général de Gaulle. Mais c’est ainsi en reconstruisant cette force diplomatique que la France pourrait redevenir une grande puissance au Moyen-Orient, en renouant avec ce pragmatisme originel.

                                                                                                                                                                       J. D.

16 septembre, 2013

« Ce soir ou jamais » de Frédéric Taddéï – Intervention de Michel Collon

Classé dans : Diplomatie,Monde — llanterne @ 3:00

Dans le dernier numéro de « Ce soir ou jamais », émission présentée par Frédéric Taddeï, sur France 2, plusieurs invités étaient réunis, dont Michel Collon, journaliste et essayiste belge. Le débat a gravité autour de l’actuelle crise syrienne, mettant notamment en exergue, autour des récentes menaces d’intervention, ce qui est assimilé à des contradictions sur le plan diplomatique. Comme souvent dans cette émission, la discussion était assez subversive, mais la tonalité parfois intéressante.

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27 avril, 2013

« Z comme Zemmour » – Hollande et la Chine

Classé dans : Diplomatie,Monde,Politique — llanterne @ 14:21

Dans sa chronique matinale sur RTL, Eric Zemmour s’amusait de la diplomatie express de nos Présidents, et notamment de François Hollande qui boucle un voyage de 36 heures en Chine. Il aura passé moins d’une journée à Pékin et quatre heures à Shangaï. Ca va trop vite ?

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2 avril, 2013

L’Irak, dix ans après la guerre

Classé dans : Diplomatie,Monde,Politique — llanterne @ 13:57

Gangrené par la violence, la corruption et l’instabilité politique, l’Irak a marqué dans la plus grande discrétion le dixième anniversaire de son invasion par une coalition militaire américano-britannique. La guerre d’Irak, parfois connue sous le nom de troisième guerre du Golfe, a commencé le 20 mars 2003 avec l’invasion de l’Irak par la coalition menée par les Etats-Unis contre le parti Baas de Saddam Hussein. Il s’agissait de chasser Saddam Hussein et de faire triompher la démocratie. C’était aussi l’époque du « French Bashing », parce que Jacques Chirac avait dit non à l’Oncle Sam. Nous étions des lâches, des capitulards, d’infâmes pacifistes, hantés par l’esprit de Munich, des vieux Européens décadents, des alliés ingrats, qu’ils se promettaient bien de punir. L’opinion publique outre-atlantique était hantée par les attentats de New-York, alors que l’administration Bush en orchestrait la récupération.

Les Américains s’amusaient alors à récapituler toutes nos défaites depuis 1940. Mais seulement, dix ans après, les Américains doivent reconnaître que les Français n’avaient pas tort. Les plus sévères jugent le bilan de leur intervention en Irak comme un fiasco. « Les grandes puissances font rarement des choix, qui leur explosent aussi violemment à la figure », lit-on dans le prestigieux New York Times (quotidien de référence des démocrates et républicains modérés). Plus de 4 000 boys ont laissé leur vie, dans une guerre qui a coûté au bas mot, 2 000 milliards de dollars. Ainsi, George Bush avait promis de détruire des armes de destruction massive qui n’existaient pas, et d’établir la démocratie provoquant dix ans de guerre civile. On estime que plus de 115 000 civils irakiens sont morts dans les violences (essentiellement des attentats). S’ajoute aux milliers de victimes du côté irakien, près de 250 000 réfugiés, sans compter les dommages aux infrastructures civiles (services de santé, hôpitaux, routes, centrales électriques, centres de communication…), sur fond d’insécurité générale (pillages, incendies et prises d’otage).

Depuis le 18 décembre 2011, l’armée américaine a plié bagages, mais les attentats continuent, les Sunnites contre les Chiites, des Chiites contre les Kurdes. Les Américains ont disloqué cet Etat, forgé de toutes pièces par les Anglais, il y a près d’un siècle (en 1921). Les Kurdes ont pris une quasi-indépendance, tandis que les cadres sunnites de Saddam Hussein, évincés par les Américains, rejoignaient Al-Qaïda dans sa lutte contre le Grand Satan. Cependant, est-ce qu’on peut dire quand même, que l’Irak est plus démocratique en 2013, qu’elle ne l’était en 2002 ? Le droit de vote, la liberté d’expression, la multiplication des médias, oui, tout cela existe. Il y a eu installation d’un gouvernement provisoire irakien, choisi par la coalition, en vue de réorganiser la vie politique irakienne, puis le vote d’une constitution acceptée à 75 % (principalement par les Kurdes et les Chiites), accompagné du retour au pays de réfugiés politiques, exilés dans les pays voisins, l’organisation des 1ères « élections libres » depuis plus de 50 ans. Mais seulement, il n’y a pas de citoyens, seulement des communautés ethniques et des tribus… Le suffrage universel a donné les clefs d’un « d’un camion plein de pétrole », à une majorité chiite.

Outre le bouleversement des statu quo liés à la géopolitique du pétrole, en éliminant Saddam Hussein, les Américains ont abattu le seul élément résistant au voisin iranien, dans la région. Les Américains avaient pour objectif de protéger Israël et ses alliés arabes du Golfe de la menace irakienne. Ils les ont placés sous une menace iranienne, encore plus puissante, préparant tranquillement sa bombe atomique. Ainsi, on assiste avec concomitance à un double renforcement à l’est et au nord de la puissance politique de l’islam Chiite et donc de l’Iran, qui peut désormais soutenir pleinement son allié syrien, et au nord de la puissance politique de l’islam Sunnite et donc de l’Arabie saoudite. Après l’Irak et l’Afghanistan, deux fiascos, Obama a des délicatesses « d’un éléphant dans un magasin de porcelaine », pour paraphraser le truculent Eric Zemmour. Surtout ne pas bouger, pour ne rien casser. Alors, comme des enfants privés de jouets, ayant renoué avec leur isolationnisme originel, les Américains regardent avec envie nos troupes caracolaient au Mali, à la poursuite du terroriste. Ils nous admirent, ils nous louent. On fait le sale boulot à leur place.

Pourtant, rien ne dit que notre guerre-éclair au Mali servira à  quelque chose, et que les fameux terroristes ne reviendront pas, dès que l’armée française aura le dos tourné. Et rien ne dit qu’on ne fera pas là-bas, les mêmes erreurs qu’eux. Alors pour citer Eric Zemmour et cette formule concluant bien le propos « Allez sans rancune, et comme on dit chez nous, « Rendez-vous dans dix ans ! » ».

                                                                                                                                                                                                               J. D.

 

5 février, 2013

« Z comme Zemmour » – Cette guerre-éclair au Mali

Classé dans : Diplomatie,Monde,Politique — llanterne @ 21:45

Dans sa chronique matinale sur RTL, Eric Zemmour revenait sur cette guerre-éclair au Mali. Trois semaines après le début de l’opération Serval, le gouvernement français estime que l’intervention a « réussi ». Bamako est sauvée et les grandes villes du Nord sont reprises les unes après les autres, l’ennemi ayant détalé de lui-même sans livrer le moindre combat. Et une nouvelle phase s’ouvre avec la recherche de Djihadistes ayant opéré un repli tactique dans les zones désertiques.

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15 avril, 2012

Mali, la suite du feuilleton

Classé dans : Diplomatie,Monde — llanterne @ 16:52

Mali, la suite du feuilleton  dans Diplomatie latern

Les premiers ressortissants français, invités par le Quai d’Orsay, à quitter le Mali, sont arrivés dans la matinée du 3 avril 2012, à Roissy. Un groupe islamiste touareg a pris, hier, le contrôle de la ville de Tombouctou, au nord-ouest du Mali, et il s’agit peut-être là, il est vrai, d’un effet collatéral de la chute de Kadhafi, en Lybie. Ces Touaregs, ces hommes bleus, « c’était les siens ». Ils sont nombreux à avoir combattu pour lui, durant la guerre civile lybienne (les fameux mercenaires africains). Ils le considéraient un peu, « comme leur parrain », lui qui finança les guérillas indépendantistes locales, depuis des années, et qui se faisait souvent le défenseur de leur cause.

A sa chute, des bandes de mercenaires Touaregs se sont repliées, dans leur fief sahélien du nord du Mali, que d’ailleurs, au passage, les Touaregs n’ont jamais considéré réellement, comme étant leur pays (depuis l’indépendance). Le Mali est un pays inventé par la colonisation française, qui n’a jamais été une nation, comme beaucoup d’autres. Les Touaregs n’ont jamais accepté d’y être dominés par la majorité noire, et ils se sont toujours sentis humiliés, rejetés, méprisés, dans cette contrée, où les principes démocratiques s’inclinent, de toute façon, devant les relations tribales et ethniques. C’est ce que n’ont pas compris - ou feint de ne pas comprendre -, les Français et les Anglais en renversant Kadhafi, au nom de la démocratie et des droits de l’homme. Déjà en Lybie aussi, les tribus de l’est du pays revendiquent leur indépendance, et font la guerre au nouveau pouvoir. Les nombreuses armes parachutées par les Français et les Anglais, n’ont pas été perdues pour tout le monde. Toute la région en est déstabilisée. C’est ce qu’avait expliqué à Nicolas Sarkozy, le président tchadien, Idris Debhi, pour le dissuader d’envoyer l’armée française abattre Kadhafi. En vain. Le président tchadien sait bien, lui, que dans tous les pays de la région, la présence de ces tribus de Touaregs, nomades, misérables et se jouant des frontières, constituent une poudrière qui ne demande qu’à exploser.

S’y ajoute naturellement le coup d’Etat militaire au Mali qui, le 22 mars, a renversé le régime « modèle » du président malien Amadou Toumani Touré, ajoutant à la confusion régionale. Secouée par les nouvelles rébellions de mouvements touaregs, la bande saharo-sahélienne pâtit également de l’impunité des groupes armés se réclamant d’Al-Qaïda au Maghreb islamique. Le Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’Etat (CNRDRE) a suspendu les institutions et mis fin au processus électoral, tout en assurant qu’il ne souhaitait pas « confisquer la démocratie », mais simplement « rétablir l’unité nationale et l’intégrité territoriale ». Mais s’il se maintient, rien ne dit cependant que ce régime militaire, unanimement condamné, sera en mesure de retourner la situation à son profit dans un Nord en déshérence. Seule activité économique dans les zones les moins peuplées du Sahel, le tourisme est à l’arrêt. Et de plus, ces derniers mois, le retour de Lybie de milliers de combattants – en majorité touaregs -, la prolifération d’armes et l’explosion des trafics de cocaïne ou de cigarettes ont achevé de propager une guerre larvée.

Ces soulèvements armés touaregs ayant jailli dans les années 1960 dans l’Azawad (Mali), l’Aïr, l’Azawagh (Niger) ou l’Ajjer (Algérie) ne sont guère surprenants, contingents, imprévisibles, car s’inscrivant dans la prolongation de la résistance des Touaregs aux empires coloniaux. Les années 1950 et 1960 virent la création des Etats du Mali, du Niger, de l’Algérie, de la Lybie, du Burkina Faso (anciennement Haute-Volta). Les Touaregs refusèrent d’être « des pièces rapportées sur la trame artificielle des nouveaux Etats » ; mais leur contestation fut écrasée, et se bricolera alors une autre phase de la résistance aux marges. C’est ce qu’ont bien compris, les islamistes d’Aqmi - la branche algérienne d’Al-Qaïda -, qui les enrôle et les finance généreusement, grâce aux trafics de drogue ou aux rançons payées par les pays occidentaux, pour libérer leurs otages, régulièrement enlevés. Un jeu qui s’avère lucratif. Le seul qui sorte ces jeunes touaregs, de la misère endémique.

Et beaucoup s’y précipitent, avec d’autant plus d’enthousiasme, qu’ils ne risquent rien. Ou pas grand-chose. Car à part l’Algérie, aucun pays de la région n’a de structures étatiques, digne de ce nom. Et ce n’est pas le coup d’Etat récent, d’officiers maliens d’une armée en débandade, qui y changera quelque chose. Alors pillage, nomadisme, Islam rigoriste du désert. « Tout se passe comme si cette région de l’Afrique de l’ouest, reprenait le cours millénaire de son histoire, avant que la France  n’y imprime sa marque colonisatrice », pour citer Monsieur Zemmour. Une histoire millénaire, ancestrale, mais transformée, bouleversée par sa rencontre improbable, avec la face la plus noire de la modernité, celle du crime mondialisé ! Trafic d’armes, de drogues, et d’immigrés clandestins aussi. C’est une ancienne colonie, zone d’influence française. On n’interviendra pas militairement, a déclaré Alain Juppé. Que peut faire la France ?

La France n’a que de mauvaises solutions. Soit elle accepte la partition du Mali, et reconnait aux touaregs leur indépendance. On pourrait alors retourner ces farouches combattants, contre les terroristes islamistes. Mais ce serait ouvrir la boite de Pandore. Inadmissible pour tous nos grands alliés dans la région, de la Côte-d’Ivoire au Sénégal. Soit on intervient militairement avec ces pays-là, encore une fois, on chasse les putschistes de Bamako, on réprime la rébellion touareg. Et on offre ces tribus surarmées aux terroristes islamistes d’Aqmi. Ou on ne fait, ni l’un, ni l’autre, ou un peu des deux, et on a tous ses inconvénients. « Au loin, on croit entendre, le rire caverneux de Mouhammar Kadhafi ».

                                                                                                                        J. D.

                                                                                                                 

31 décembre, 2011

Malheur au vaincu

Classé dans : Diplomatie — llanterne @ 12:31

 Malheur au vaincu dans Diplomatie latern

Transféré le 30 novembre 2011, au centre de détention de La Haye, Laurent Gbagbo a comparu pour la première fois, devant la Cour Pénale Internationale, le lundi 5 décembre dernier, au travers d’une série d’audiences qui se poursuivent, à l’heure actuelle. L’ex-président ivoirien est le premier chef d’Etat, à comparaitre devant le Tribunal Pénal International, né en 2002. Il est poursuivi pour quatre chefs d’accusation, en tant que co-auteur indirect, au cours de la récente crise post-électorale ivoirienne, ayant tourné à la guerre civile entre décembre 2010 et avril dernier, entre le nord et le sud de la République de Côte-d’Ivoire. Les grands mots sont de sortie, à cette occasion : « Crimes contre l’humanité, communauté internationale, justice ».

Le procureur du TPI y tenait, lui qui n’avait pu accrocher à son tableau de chasse, le soudanais Omar El-Beshir, qui est toujours président de son pays. Certes, cette juridiction est un progrès historique du droit et de la justice. Le TPI est une épée de Damoclès au-dessus de la tête des tyrans, on ne le conteste pas, surtout dans le cadre de conflits civils particulièrement cruels, où des populations innocentes sont le plus souvent prises pour cible. Ils ne sont plus impunis et ne peuvent plus jouir de leurs crimes et de leurs rapinages, sur le principe. Mais ce grand progrès historique se révèle également, il convient de l’analyser, être la mise en forme judiciaire d’une des plus vieilles lois de l’humanité et qui n’a, elle, rien de nouveau : « Malheur aux vaincus ». Car Laurent Gbagbo n’aurait -hélas- jamais été jugé, s’il n’avait pas perdu la guerre civile, qui l’opposa à son adversaire, Alassane Ouattara (aidé par l’armée française). On reproche à Gbagbo de n’avoir pas accepté sa défaite électorale. Mais rien ne prouve -tels l’ont établi de nombreux spécialistes- qu’il a davantage triché que son rival. Et personne ne sait, ce que sont devenus les officiers de Ouattara, ayant commis d’autres crimes contre les civils, non moins affreux. Non seulement, ils n’ont pas été jugés, mais ils ont été promus par le nouveau président ivoirien.

Ce conflit n’était d’ailleurs pas un bras de fer entre des « gentils » et des « méchants ». Mais une lutte pour le pouvoir entre les représentants d’ethnies, composant la population d’un Etat africain aux frontières tracées artificiellement -tenu sous la férule autoritaire d’Houphouët-Boigny, durant une quarantaine d’années-, et dans le cadre de problématiques antérieures à la colonisation, ressurgies à partir des premières manifestations de 1994, en Côte-d’Ivoire, à la faveur de la hausse des prix du cacao, et de la politique opportuniste poursuivie par ses successeurs -à commencer par Henri Konan Bédié-, autour du concept d’ivoirité. Et si pour les partisans de Alassane Ouattara, c’est ainsi la victoire de leur camps, pour les pro-Gbabo, cette victoire post-électorale ne serait que la traduction politique d’une descente de l’Islam vers le sud du pays, interrompue et ralentie durant l’épisode de la colonisation. Ainsi, ce conflit ivoirien n’est, hélas, en rien résolu sur le fond, comme nous le savons bien. Par ailleurs, avant Gbagbo, des officiers serbes ont eux aussi, connu la paille des cachots hollandais. Pas des tendres, non ces serbes, ni des innocents, on ne le conteste pas. Mais surtout des vaincus, qui durent subir la loi des avions de l’Otan. Certains officiers croates ou bosniaques, ne sont pas moins absous de nombreux crimes, perpétués durant ces conflits d’ex-Yougoslavie, particulièrement cruels à l’égard des populations civiles. Personne ne jugera Poutine, pour avoir massacré les Tchétchènes. Personne ne jugera les dirigeants du parti communiste chinois, pour avoir envoyé les chars sur les manifestants de la place Tian’anmen, le 4 juin 1989, faisant de très nombreuses victimes. On pourrait continuer longtemps cette nouvelle version du deux poids / deux mesures…

La guerre, c’est malheur au vaincu, nous l’avons dit. Mais les lois de la guerre traditionnelle entre rois européens, qui ont régi pendant des siècles les relations internationales, ne condamnaient pas le vaincu au nom de la morale. Cette inflexion est récente. Elle date du XXe siècle. Les Allemands furent considérés, moralement, comme responsables de la guerre de 14-18. Et c’est d’ailleurs poussé par une opinion publique traumatisée par la guerre, et prétextant que « le boche doit payer », que les exigences envers l’Allemagne ont pu être considérées par certains comme exorbitantes, nombre d’historiens contemporains estimant que Clémenceau porte une certaine responsabilité dans les erreurs du traité de Versailles. Les grands dignitaires nazis furent jugés à Nuremberg pour crimes contre l’humanité, ce qui fut un grand progrès dans l’histoire de la justice internationale, à l’image du « procès de Tokyo », mené par le tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient, inculpant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, vingt-huit personnalités nippones.

Cependant, cette manière de juger l’adversaire vient plutôt de la tradition anglo-saxonne. Napoléon était déjà présenté par la propagande anglaise, comme un ogre, ennemi de l’humanité. Et les Américains conjugueront cet héritage anglais, avec leur isolationnisme originel. S’ils se décidaient à guerroyer en-dehors de leurs frontières, ce ne pouvait être à leurs yeux puritains, que pour faire le bien. Et leur adversaire ne pouvait donc incarner que le mal, dans une vision manichéenne qui ne les a jamais quittés, sur le plan diplomatique. Saddam Hussein fut présenté comme un nouvel Hitler. Le paradoxe est que les Américains n’ont jamais reconnu, ni ratifié le traité de Rome, qui fonda la Cour Pénale Internationale, dans une problématique qui devra bien conduire à une résolution diplomatique sur la forme, un jour ou l’autre. La justice, ils la rendent eux-mêmes, en faisant la guerre sur le territoire de ceux qu’ils considèrent comme une incarnation du mal. « A l’ancienne »

                                                                                                                   J. D.

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