La Lanterne (politique, sujets de société)

4 février, 2011

La TVA sociale : l’éternel débat

Classé dans : Economie,Politique — llanterne @ 11:43

La TVA sociale : l'éternel débat dans Economie latern

Sur le plan de la politique intérieure, les débats et polémiques autour de la TVA sociale, ont été réanimés par Jean-François Copé, secrétaire général de l’UMP, mardi dernier. Mais François Fillon l’a renvoyé dans les cordes. Et depuis, chacun y va de sa petite phrase, pour approuver ou pour rejeter l’idée de cette hausse de la TVA, idée intéressante et pragmatique qui permettrait de lutter contre les délocalisations. Mais le débat sur la TVA sociale n’arrive jamais au bon moment, en empruntant l’analyse récente d’Eric Zemmour. En effet, à chaque fois, les discussions de fonds sur son sujet, sont décidément parasitées par les querelles politiciennes… 

En 2007, Borloo puis Fillon avaient avalé maladroitement le morceau, entre les deux tours des législatives, sous l’œil goguenard des socialistes. Cette – fois ci, la querelle de succession entre Copé et Fillon attirent les regards et biaisent les réactions. Copé se laisse lui-même englué dans ses petites arrière – pensées tacticiennes, en prônant une hausse d’un petit point de la TVA. Mais pour être efficace, il faudrait augmenter notre taux d’au moins trois points, pour ne pas dire cinq, suivant l’exemple suédois (au taux de 25 %, le plus élevé d’Europe), qui permet à ce pays de faire financer une grande partie de sa protection sociale, par sa TVA. Les entreprises suédoises ont ainsi pu réduire les charges sociales qui pesaient sur les salaires, tout en améliorant leur remarquable compétitivité. La TVA n’est pas payée à l’exportation, c’est l’un de ces avantages. Elle revient donc à faire payer une partie de notre protection sociale, par les grands groupes mondialisés. Elle permettrait de ralentir enfin, le rythme mortel des délocalisations. C’est ce qu’on fait les Allemands en 2007, en augmentant de trois points leur TVA. Notre heure de travail nous coûte désormais plus cher chez nous, que chez eux. 

Si la TVA sociale est l’impôt parfait, il est vrai, alors pourquoi ne pas l’avoir mise en place plus tôt. Le fait est que la TVA est loin de faire l’unanimité, rencontrant de multiples oppositions politiques et idéologiques. La gauche n’a jamais aimé la Taxe sur la Valeur Ajoutée, cet impôt proportionnel et non progressif, qu’elle accuse toujours de cibler les plus pauvres, à savoir jeunes, chômeurs, retraités, parce qu’ils consomment. Mais il est difficile de faire supporter le coût de notre système de protection sociale, aux seuls salariés. Et puis surtout, on ne peut cumuler économiquement à la fois les 35 heures, l’euro et les effets de la mondialisation. La vraie crainte des dirigeants français est sinon que l’on détruise le seul moteur de la croissance française, à savoir la consommation, sans toutefois que les moteurs de l’investissement et des exportations ne se mettent à vrombir… Il faut cependant choisir. Et puis, l’avantage de la mondialisation – d’ailleurs peut-être le seul -, est qu’à force de concurrence mondialisée sur le coût, elle réduit au maximum la hausse des prix des produits. 

Mais en effet, le moment est mal choisi, cette ouverture des débats s’associant à l’annonce de la remontée des prix du pétrole et des produits alimentaires. La TVA sociale risquerait ainsi, d’être accusée de relancer l’inflation, et cela à un an des élections présidentielles. Les défenseurs de cette TVA sociale – à l’image de nombreuses autres réformes -, n’ont décidemment pas de chance, les débats à son sujet n’arrivent jamais à point nommé…

                                                                                                                                         J. D.

31 janvier, 2011

Cette dernière réunion du G20

Classé dans : Economie,Monde — llanterne @ 5:27

Cette dernière réunion du G20 dans Economie latern

La France a pris la présidence du G 20 et Nicolas Sarkozy en a présenté les multiples priorités, lundi dernier, à savoir : régulation du prix des matières premières, stabilisation des marchés, amélioration de la gouvernance économique mondiale. Nicolas Sarkozy l’a clamé haut et fort, il faut taxer et réguler. Ces premiers débats entre les membres du G20, se sont ainsi clos vendredi, à Séoul, sur des accords à minima, avec quelques points de convergence, mais aussi le constat de nombreuses difficultés à résoudre et à surpasser, notamment en matière monétaire. 

Les dirigeants des vingt pays membres, se retrouveront à Cannes, à la fin 2011. Un positionnement de Nicolas Sarkozy, à cette occasion, dans l’ouverture de ses chantiers colossaux, qui lui a ainsi valu d’être présenté dans le journal « Le Monde » en véritable « social-démocrate, adepte du colbertisme ». Une formule qui ne manque pas de piquant, quand on se rappelle un temps pas si lointain, où les détracteurs de l’actuel président de la République le surnommaient « Sarkozy l’Américain ». Mais la crise de 2008 est passée par là, et entre-temps Nicolas Sarkozy a viré sa cuti. Mais derrière ces prises de positions affichées par le président de la République, plus que louables et de circonstance, et cette idée quelques peu chimérique de régulation mondiale, en réalité, on peut s’interroger sur les véritables marges de manœuvre pour cette présidence. 

Cette régulation mondiale est devenue le rêve de certaines élites françaises, qui ont reconverti l’universalisme hexagonal passé, en un fantasme de gouvernement mondial. Sarkozy emprunte ainsi « les patins » de certains nos grands technocrates, qui ont dirigé ou dirigent encore des organismes internationaux : Jacques Attali, Pascal Lamy, Dominique Strauss-Kahn ou Jean-Claude Trichet. Tous « ces machins » dénoncés jadis, par de Gaulle. Mais les marges de manœuvre pour Sarkozy, sont plus que minces, voire même nulles, et il le sait si bien, qu’il a même renoncé, en réalité, à sa seule proposition réellement iconoclaste et authentiquement révolutionnaire de nouveau système monétaire mondial, vieille idée française, mais butant sur les réalités géo – stratégiques.

Nicolas Sarkozy ne peut se limiter qu’à quelques condamnations, au nom des bons principes. Il a annoncé sa rencontre prochaine avec Dominique Strauss-Kahn. Il défend maintenant une conception plus protectionniste, l’idée de battre monnaie et jouer de sa valeur, dénonçant le souhait d’enterrer l’affaire, « sans fleurs ni couronnes ». Double discours diront ses détracteurs, mais surtout désarroi d’une France et d’une Europe, qui ne parviennent plus à imposer leurs conceptions, dépouillées de leur souveraineté et se cachant derrière une sémantique de coopération, pour mieux reculer face à la perspective de l’inéluctable affrontement économique.                           

                                                                                                                                          J. D.

Un pavé dans la marre du dollar…

Classé dans : Diplomatie,Economie,Monde — llanterne @ 0:03

Un pavé dans la marre du dollar... dans Diplomatie latern

Le président chinois Hu Jintao a effectué récemment une visite aux Etats-Unis, qui a été marquée par une offensive sur la question monétaire. On a pu retenir à cette occasion cette formule du dirigeant chinois, qui a marqué les esprits : « Le système monétaire international est devenu un produit du passé ». Voilà de quoi jeter la confusion parmi les esprits les plus idéalistes, toujours à l’affut d’une hypothétique communauté internationale, qui s’idéalisaient que la planète serait dirigée désormais par un consortium sino-américano, le fameux G2. Il est vrai, les dernières déclarations du président Hu Jintao, devraient déciller les yeux les plus embués. Car en remettant ouvertement le rôle de monnaie de réserve du dollar, les Chinois s’attaquent, en effet, au cœur nucléaire de l’impérium américain.        

Le général de Gaulle le savait mieux que quiconque, ayant expliqué avec une rare maestria, il y a plus de quarante ans, les avantages inouïs que les Américains tiraient de ce privilège exorbitant - consécutif aux accords de Bretton-Woods -, celui de battre leur propre monnaie, comme monnaie-référence du monde entier. La décision de Nixon de supprimer la convertibilité du dollar en or, à partir de 1971, avait fait disparaitre le seul talon d’Achille des Américains. Depuis lors, l’armée américaine avait financé sans douleurs la croissance infinie et exorbitante de ses équipements, en faisant jouer la planche à billets. Privilège exorbitant dont ne disposait pas l’Union soviétique Soviétique, et qui a empêché, en plus des absurdités de leur système économique, les communistes de suivre le rythme fou imposé par l’Oncle Sam, dans la course aux armements.Après avoir mis à genoux leur rival soviétique en 89, les Américains devaient réduire à néant, un autre concurrent, à savoir le Japon. En contraignant les Japonais, protégés par leur parapluie nucléaire, à réévaluer leur monnaie par rapport au dollar, les Américains sont parvenus à enrayer leur fantastique machine exportatrice, qui ne cessait alors de tailler des croupières à l’économie américaine.

Vingt ans après, l’économie japonaise ne s’en est toujours pas remise. D’où l’offensive du président chinois à Washington, car les Chinois veulent éviter ces deux écueils, à proprement parler. Ils augmentent de 2 % par an leurs dépenses militaires, et refusent de réévaluer le Yuan. Les Chinois ont aussi pris comme un casus-belli, la décision de la Banque Centrale Américaine de déverser 600 milliards de dollars, pour relancer une nouvelle fois la machine économique américaine et faire baisser le dollar. Les pays émergents sont également furieux. En attaquant ainsi publiquement le dollar, les Chinois incitent l’Arabie saoudite à abandonner la monnaie américaine, comme monnaie de paiement pour les exportations pétrolières. Alors on en aurait fini de la diplomatie du dollar. Et les Américains eux-mêmes, se battent avec une main attachée dans le dos.

Ces-derniers sont surendettés, et en effet, un débiteur parle toujours respectueusement à son banquier. Et aux Etats-Unis, le lobby chinois constitué des grandes industries qui ont délocalisé à tours de bras leurs usines depuis dix ans, et de Wall-Mart, le Carrefour américain, qui importe dans ses grandes surfaces tous les produits Made in China, ont fait la fortune de leurs dirigeants, sur la complaisance à l’égard de la Chine. Les Etats-Unis ont poussé à l’entrée de la Chine à l’OMC. Dixit M. Zemmour, dans une formule qui résume bien le propos : « Ce lobby chinois tel Frankestein a fabriqué un monstre au prix d’une désindustrialisation massive aux Etats-Unis… Et désormais le monstre se retourne contre son créateur »…

                                                                                                                                                               J. D.

31 décembre, 2010

Après la Grèce, le tour du Portugal

Classé dans : Diplomatie,Economie,Europe,Monde — llanterne @ 22:11

Après la Grèce, le tour du Portugal dans Diplomatie latern

Après la Grèce, vient maintenant le tour du Portugal, comme dans une implacable théorie des dominos. Le salut de la zone euro viendrait-il de l’Empire du Milieu ? C’est l’interrogation que l’on finit par soulever.

En octobre dernier, les Chinois volaient déjà au secours de la république hellénique, englué dans la crise financière, s’offrant au passage la dernière activité compétitive de la Grèce : sa marine marchande et son activité portuaire. Et c’est maintenant l’annonce d’une aide chinoise au Portugal, qui s’est vue de nouveau réserver un bon accueil à Bruxelles, le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, saluant ouvertement « le soutien exprimé par les autorités chinoises » à « la stabilité de la zone euro ». Selon le quotidien économique lusophone Jornal de negocios, la Chine serait prête à acheter quatre à cinq milliards d’euros de dette souveraine portugaise, à l’image des achats de titres grecs d’octobre dernier. Mais alors qu’une aide chinoise à l’économie espagnole commence déjà à se profiler, ce soutien inattendu est décidemment peu analysé et commenté. Car il a pourtant ses dessous et conséquences politiques. Et cela me fait penser de nouveau à « l’histoire du loup dans la bergerie »… 

Ce soutien chinois au Portugal, comme pour la Grèce, pourrait certes sembler bien venu au premier abord. Et il est vrai, Bruxelles ne peut de tout de façon, empêcher la Chine d’acheter des obligations. C’est encore une fois, le principe même du libéralisme. Mais un libéralisme auquel la Chine applique souvent sa propre conception. Les Chinois se fichent, en effet, des lois de l’économie de marché, étant sur ce point encore communistes. La Chine conserve une monnaie sous-évaluée, dans un implacable dumping salarial et monétaire, sourde à toutes remontrances. L’Empire du milieu pratique l’espionnage industriel sans vergogne, pillant le savoir-faire technologique occidental, les responsables chinois rétorquant aux rodomontades épisodiques de l’OMC ou de l’UE, au nom des bons principes, avec un haussement d’épaules et une mauvaise foi caractéristique, « nous n’avons toujours pas touché les royalties de la boussole, de la poudre ou du papier ». Et petit à petit, l’Empire du Milieu nous dicte sa loi en matière économique. Face à une Commission européenne qui se refuse à tout protectionnisme mesuré et raisonnable, auquel le président Obama se résout pourtant aux Etats-Unis. Et qui continue à croire aux dogmes du laissez-faire, laissez-passer, au nom de vertus libérales nullement ébranlées par la crise de 2008, et sans qu’aucune voix ne s’élève au passage dans le paysage politique européen.   

Car cette aide n’est évidemment pas désintéressée, elle a ses dessous. Avec leurs 2 648 milliards de dollars de change en 2010, les Chinois essaient avant tout de diversifier leurs réserves de change, par tous les moyens. Ils ont aussi un intérêt direct à préserver la santé économique de l’Europe, à savoir leur principal débouché commercial - qu’ils inondent de leurs produits textiles et high-tech  »bon marché » – passée devant les Etats-Unis se relevant progressivement de la crise. Les Chinois atténuent ainsi leur dépendance à l’égard de la dette américaine, rendant les Européens vulnérables et de plus en plus redevables à leur égard, et se dotant de moyens de pression non négligeables en matière diplomatique. Les Chinois rachètent ainsi la dette du Portugal et de la Grèce, pour consolider un euro déjà beaucoup trop fort, ruinant les efforts de nos dernières industries encore compétitives à l’exportation, comme nous le dénoncions dans le cas récent de la Grèce. 

Car après la Grèce et le Portugal, ce sera le tour de l’Espagne, l’Irlande, et en-dehors de ces trois « PIIGS » – charmant surnom en langage technocratique bruxellois, pour désigner les quatre pays membres « à la traîne », à savoir Portugal – Irlande – Italy – Greece – Spain -, peut-être justement l’Italie, voire même ensuite la France. Comme dans une marche irrésistible, les Chinois sortiront à chaque fois leur carnet de chèques, pour « sauver » une zone euro chancelante, un espace économique de moins en moins souverain, et surtout de moins en moins concurrent… 

                                                                                                                                 J. D.

19 décembre, 2010

« Ressortir des 35 heures », l’éternel débat à droite

Classé dans : Economie,Politique — llanterne @ 17:14

« Ressortir des 35 heures », l'éternel débat à droite dans Economie latern

Faut-il une bonne fois pour toute, revenir sur les 35 heures ? Voilà que la question est de nouveau posée, dans la majorité. On a entendu Gérard Longuet, le président du groupe UMP au Sénat défendre cette position, rejoint par Jean-François Copé. Mais voilà, Xavier Bertrand, le ministre du travail ou encore le ministre du Budget, François Baroin ont dit clairement, que ce n’était pas d’actualité. On croyait la question des 35 heures rangée dans les placards de l’Histoire, mais elle continue à faire débat.

Gérard Longuet déclarait dans un entretien récent accordé au journal Le Monde : « Ou on sort de l’euro ou on sort des 35 heures ». Le président du groupe UMP au Sénat analyse ainsi la crise de la zone euro, à la faveur de la séquence du remaniement. Gérard Longuet a plaidé sinon pour le rachat par la Banque Centrale Européenne – BCE -, de la dette des pays les plus fragilisés. Pour accompagner cette dévaluation de fait, dit-il, il faudra consentir des efforts drastiques. Sarkozy s’était d’ailleurs abondamment servi de cette idée, durant la campagne de 2007, en jouant sur du velours. Les 35 heures avaient déjà pourri la campagne de 2002 de Jospin. Pour la droite, elles demeuraient l’horreur absolue au nom de la valeur du travail et de la compétitivité des entreprises. Mais elles étaient aussi devenues l’ennemi des classes populaires, des ouvriers et employés du secteur des services, à qui elles avaient interdits de mettre du beurre dans les épinards, en opérant des heures supplémentaires. Leur détricotage avait été organisé par le gouvernement Fillon, dans un relatif consensus. Même les socialistes admettaient globalement mesa-voce, qu’il était très difficile de cumuler à la fois les 35 heures et une monnaie européenne tirée vers le haut, par l’excellence de la machine exportatrice allemande.

Dans la guerre de la mondialisation, nos entreprises ne pouvaient supporter le double effet de renchérissement du prix de nos produits, l’euro et les 35 heures de la fille Aubry. « Les dynasties ministérielles ont beau être une tradition française depuis Colbert et Louvois sous Louis XIV, elles coûtent parfois trop chères », comme le commentait M. Zemmour. Mais c’est là que la crise de 2008 est arrivée. Seulement, double effet de cette crise, les entreprises françaises n’avaient et n’ont désormais plus besoin d’heures supplémentaires. Elles avaient déjà du mal à remplir leur carnet de commandes. Les délocalisations se poursuivaient et continuent à se poursuivre sur un rythme immuable. Le détricotage, subtil, s’avérait inutile. Tout l’édifice du « travailler plus pour gagner plus » s’écroulait. Si le gouvernement voulait aller plus loin, supprimer radicalement les 35 heures, faire travailler de nouveau les gens aux 39 heures, le slogan de la campagne de 2012 risquait de devenir, « travailler plus pour gagner moins ». Idéal pour perdre la présidentielle. C’est pourquoi, on est loin de faire l’unanimité à droite.

Dès que Jean-François Copé et Gérard Longuet ont ressorti l’idée du placard, Xavier Bertrand, le ministre du travail et le président de la république lui-même se sont empressés de leur claquer la porte au nez. Trop dangereux. Pourtant la note laissée par Martine Aubry et les 35 heures est certes salée : « une vingtaine de milliard d’euros tous les ans, de subventions aux entreprises, pour dédommagements. Une paille. », dixit M. Zemmour. Surtout au moment où notre énorme déficit est dans le collimateur des agences de notation et où le ministre du Budget se bat comme un chiffonnier avec le parlement, pour quelques centaines de millions d’euros d’économies. Vingt milliards d’économies, en seulement quelques années ! Ca fait rêver Bercy. Mais pas la patronne du MEDEF, Laurence Parisot. D’ailleurs, argumente-t-elle, ses subventions ne corrigent pas vraiment le coût des 35 heures, mais compensent les charges sociales sur les bas salaires. On avait du mal comprendre. Ou alors trop bien compris, les poisons et délices du libéralisme à la française.

                                                                                                                                                           J. D.

14 décembre, 2010

La bataille parlementaire de la rigueur : mais jusqu’où ?

Classé dans : Economie,Politique — llanterne @ 22:50

La bataille parlementaire de la rigueur : mais jusqu'où ? dans Economie latern

Le tournant de la rigueur… Vaste problématique politicienne pour la droite. Et François Baroin, l’ancien petit poulain de Chirac – nommé ministre du budget à la faveur de la dernière recomposition – se bagarre sérieusement en ce moment, au Sénat, pour le vote du budget 2011. Le climat est assez électrique et survolté. Pour quelques centaines de milliers d’euros d’économies, il faut batailler des heures. Mais quand en est-il dans les faits ? Quelle rigueur ? Jusqu’où aller ? Quel en sera le prix électoral ?

Pourtant François Baroin ne devrait logiquement pas avoir à faire de soucis. Michel Debré, le père de la constitution de la Ve République a tout prévu : seconde délibération, dernier mot à l’assemblée sur le Sénat et puis si cela ne suffit pas, vote bloqué et même mise en jeu de la responsabilité du gouvernement sur un texte. Comme l’avait exigé Raymond Barre en 1979, pour briser la rébellion des députés du RPR. Alors les parlementaires craignant d’être démis par une dissolution, se soumettent toujours. Mais il est aussi des victoires parlementaires, qui s’avèrent être des défaites politiques, comme l’analysait M. Zemmour. En 1981, les électeurs avaient renvoyé la droite giscardienne à ses études. La révolte d’aujourd’hui est moins grave, mais la question politique reste tout de même essentielle.  Jusqu’à présent, les parlementaires plaidaient plutôt, à fronts inversés, pour plus d’économies. Le gouvernement dénonce les abus et les sénateurs prédisent le retour du travail au noir. Peut-être que le Sénat pense aussi qu’il y a mieux à faire ailleurs, plus gros en terme d’économies à aller chercher. C’est sûr que la position du gouvernement est affaiblie par la modestie des sommes en jeu, quelques centaines de millions d’Euros.

Les sénateurs socialistes ont beau jeu de dire que la baisse de la TVA sur la restauration, à elle seule, coûte trois milliards. Chacun défend en fait ses clientèles électorales. En effet, les grands gisements sont ailleurs, de tout de façon, dans les substantielles réductions fiscales accordées aux entreprises pour les 35 heures ou encore dans le généreux assistanat social aux sigles innombrables. Devant ces montagnes d’économies à escalader, où l’unité passe à la dizaine de milliards, tout le monde semble tétanisé ! Ainsi lorsque les députés proposent d’imposer un droit d’entrée de 30 euros, pour les clandestins étrangers qui se font soigner gratuitement au titre de l’aide médicale d’Etat, la fameuse ALE, les sénateurs l’annulent. Lorsque le gouvernement met le nez dans les niches fiscales des entreprises, la patronne du MEDEF, Laurence Parisot, se scandalise.

La prudence du gouvernement s’explique : il veut en réalité donner des signes de rigueur aux agences de notation. Pour ne pas mettre en cause notre fameuse note triple AAA, qui nous permet d’emprunter à taux réduits, tout en ne brisant pas le rythme de la consommation des ménages, notre seul moteur de croissance depuis des années. Car la croissance de la Grèce, de l’Irlande, de l’Espagne, ou du Portugal risque d’être tuée par la hache de la rigueur, à la faveur de la crise financière récente, ayant rendu la problématique encore plus excruciante. Seul le Royaume-Uni peut espérer s’en sortir. Mais pour redonner de la souplesse à l’économie britannique, la Livre sterling avait été dévaluée de 30 %, tandis que notre Euro censé nous protéger, est de tout de façon, tiré vers le haut par les performances à l’exportation de l’Allemagne…

                                                                                                                                       J. D.

12 décembre, 2010

La dernière visite en Asie, un miroir aux alouettes…

Classé dans : Diplomatie,Economie — llanterne @ 15:48

La dernière visite en Asie, un miroir aux alouettes...  dans Diplomatie latern

L’actualité des derniers jours aura bel et bien été à la diplomatie. Nicolas Sarkozy a été accompagné dans sa visite officielle en Inde, par sept ministres, et soixante-dix industriels. Depuis son élection en 2007, le président s’évertue à jouer énergiquement son rôle de Vrp de l’Entreprise France, au travers de chacun de ses nombreux déplacements à l’étranger. Il emboîte ainsi le pas à son prédécesseur, Jacques Chirac, qui se déplaçait aussi à chaque fois, accompagné d’une cohorte de chefs d’entreprise. L’Inde que Sarkozy a l’intention de soutenir, dans sa démarche pour un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. De nombreux chefs d’Etat se déplacent d’ailleurs en Asie, actuellement - marché important, continent comptant deux futurs géants du XXIe siècle. Le gouvernement français qui estime que cette visite, va nous rapporter près de 17 milliards d’euros de contrats, signés ou annoncés. C’est la version rose de la mondialisation heureuse, le fameux gagnant-gagnant, que nous ont vanté et seriné depuis vingt ans, les partisans du libre-échange.

Mais un gagnant-gagnant qui se révèle être de plus en plus un miroir aux alouettes. Car à chaque fois que l’on vend à l’Inde, à la Chine ou au Brésil et à d’autres, ces pays exigent des transferts de la technologie la plus récente. Ils développent donc à une vitesse inégalée dans l’Histoire, des concurrents pour nos industries, dans les secteurs les plus en pointe. La Chine prépare un airbus et va construire elle-même 42 lignes de TGV, la Corée du Sud a détrôné Areva sur un contrat, et il ne faut pas oublier que c’est l’Indien Mittal qui avait racheté Arcelor. L’Inde qui perce également dans le secteur informatique – Sarkozy s’étant d’ailleurs déplacé à Bangalore, au coeur de « la silicon valley » indienne -, mais également dans l’industrie pharmaceutique.

Par ailleurs, l’Inde comme la Chine ont dépassé le milliard d’habitants. Les centaines de millions de pauvres restent un réservoir inépuisable pour conserver chez eux, des usines avec une main-d’œuvre très bon marché. C’est désormais la classe moyenne occidentale qui subit une lente mais inexorable paupérisation, après les classes plus populaires dans les années 80 et 90. Pékin comme Delhi et Bombay savourent ainsi avec délectation leur revanche, comme dans un gigantesque retournement historique. En effet, comme le commentait récemment Eric Zemmour : « Au XVIIIe siècle, l’Inde et la Chine tenaient la dragée haute aux Européens les plus avancés. C’est l’ouverture forcée de leur marché, arrachée et imposée à coups de canon par la puissance coloniale anglaise, qui avaient permis aux manufactures de Manchester, de ruiner la concurrence raffinée des tissus indiens. » Et il est vrai « deux siècles plus tard, le même libre-échange est le moyen imprévu de leur revanche historique !… »

Cette mondialisation voulue et imposée par une puissance américaine au fait de sa puissance, à la chute du mur de Belin, et approuvée avec enthousiasme par les élites européennes, aura donc comme résultat de permettre la revanche historique des deux grands vaincus de la diplomatie occidentale des derniers siècles… « Une incontestable réussite… ».

                                                                                                                                                     J. D.

                             

 

7 décembre, 2010

Quand Eric Cantona s’attaque aux banques…

Classé dans : Economie — llanterne @ 21:33

Quand Eric Cantona s'attaque aux banques... dans Economie latern

« S’il y a trois millions de gens qui retirent leur argent  des banques (…) ou dix millions, le système s’écroule ». « La révolution se fait par les banques ». Car c’est par elles, que tout le système tient. C’est la teneur des propos tenus par Eric Cantona, dans un entretien filmé avec un journaliste, et dont la vidéo tourne sur le web depuis fin octobre. Eric Cantona – quand il revient sur le devant de la scène médiatique -, a souvent le goût des déclarations à l’emporte-pièce, on le sait. Souvent vulgaire, il avait dans les années 80, traité le sélectionneur Henri Michel de « sac à merde »… Plus récemment, plus poétique, il avait dit de Raymond Domenech, qu’il était « le plus mauvais sélectionneur français depuis Louis XVI »… Mais alors, il ne sortait pas encore de son périmètre sportif. Avec son attaque des banques, Cantona joue « les Mandrin électroniques », les mauvais garçons au grand cœur, remonté en l’occurrence contre le système bancaire, et les banquiers rapaces. Il se compare lui-même à Spaggiari, le célèbre braqueur ayant délesté une agence de la Société générale, dans  les années 70, sans armes, ni sang, ni violence (en accédant simplement avec complices, durant la nuit, à la salle du coffre-fort par les égouts…).

Une date-butoir a été fixée, pour inciter certains à franchir le pas, à savoir celle du mardi 7 décembre. Le coup médiatique devrait vraisemblablement s’arrêter là. Mais les élucubrations d’un ancien footballeur reconverti en acteur, n’aurait suscité aucun commentaire au départ, si les gens ne l’avaient pris au mot au travers de cette vidéo visionnée des dizaines de milliers de fois sur youtube, si 25 000 personnes rien qu’en France, ne s’étaient inscrits sur Facebook pour le soutenir. Si la ministre de l’économie et des finances, Christine Lagarde, à la fin, n’avait daigné même lui « répondre », pour le tancer comme un mauvais garnement, sans se rendre compte qu’elle lui donnait ainsi une crédibilité d’interlocuteur, quasi-politique…

Il a réussi son coup, on pourrait  dire. Cet incroyable emballement prouve en tout cas, comme le soulignait le chroniqueur Eric Zemmour récemment, « la puissance prise » par la banque de données internet, et outre mesure, « la violence vindicative qui monte contre les banques dans tous les pays d’Europe, tandis que les plans de rigueur s’accumulent, alors qu’aux yeux de l’opinion, les banques semblent toujours s’en sortir, soutenus qu’elles sont par les gouvernements ». Mais cela prouve aussi la faiblesse des relais politiques et en particulier de la gauche, voire de l’extrême-gauche… Car après tout, l’idée de mettre notre argent à l’abri des fièvres spéculatives n’est pas une idée stupide, infondée et illégitime à la base. C’est d’ailleurs ainsi que fonctionnaient nos anciennes banques de dépôts, il y a d’ailleurs encore vingt-cinq ans de cela, il est vrai, avant que les gouvernements européens, en vertus de certains accords, renoncent progressivement à des contrôles coercitifs, notamment sur les transactions financières et les mouvements de capitaux bancaires.

Cela prouve aussi l’évolution, voire la dégradation / quasi-disparition du statut de l’intellectuel réactionnaire dans notre pays. Jadis, c’étaient eux, les intellectuels, les instigateurs de tels mouvements d’opinions. De la fin du XVIIe jusqu’au milieu du XXe siècle, ce furent les intellectuels, essayistes, romanciers et philosophes, « de Voltaire à Sartre, en passant par Zola, d’appels en pétitions, de la prison de la Bastille à un tonneau devant les usines Renault de Boulogne-Billancourt, qui conduisirent les révoltes de l’opinion contre l’injustice ». Il y a quelques dizaines d’années, Régis Debray constatait déjà, dépité, que les intellectuels avaient laissé la place aux journalistes d’investigation dans ce positionnement. Aujourd’hui, les dirigeants d’opinions, ce sont de plus en plus les stars, vedettes du spectacle, comiques populaires ou sportifs, délivrant la bonne parole, prédicateurs sentencieux, grandes gueules… « mais surtout rois et reines » de la société audimateuse. Les exemples de Coluche avec les restos du cœur, et la lutte contre la pauvreté dans les années 80, Josiane Balasko aujourd’hui ou Emmanuelle Béart à une époque, pour la défense des sans-papiers, viennent le confirmer.

Diverses questions d’importance ont été ainsi abandonnées à des personnalités sans réelle légitimité, si ce n’est médiatique, le plus souvent issues du monde du spectacle. Comme cela était analysé dans un papier récent sur Causeur, on pourrait presque aussi englober dans cette parenthèse, certaines personnalités politiques, telles Bernard Kouchner pour l’humanitaire et la diplomatie – le french doctor médiatisé des sacs de riz -, ou Nicolas Hulot pour l’écologie – le sympathique présentateur de l’émission Ushuaïa. « Autres temps, autres mœurs. Mais le peuple, il faut dire, a aussi parfois les élites qu’il mérite… ». 

                                                                                                                                             J. D.

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22 novembre, 2010

Notre diplomatie économique : un véritable marché de dupes

Classé dans : Diplomatie,Economie,Politique — llanterne @ 1:53

Notre diplomatie économique : un véritable marché de dupes dans Diplomatie latern

Le président de la République Populaire de Chine, M. Hu Jintao, s’est vu dérouler le tapis rouge au cours de sa récente visite d’une semaine dans l’hexagone. Ce qui laisse quelques peu dubitatif. En effet, aucune prise de position réellement courageuse n’a été prise à l’occasion de cette visite. Quand la Chine s’éveillera, le monde tremblera, avait averti Alain Peyrefitte. Et la Chine entretemps s’est levée… Elle a pris un essor phénoménal, prédateur redoutable et pour le moins irrésistible. Sa diplomatie économique est sans failles et elle a encore une fois tiré ses épingles du jeu. On ne peut que s’interroger devant la couardise de Paris et son manque de combativité, en matière de diplomatie économique. Il conviendrait d’opérer un bilan de cette visite, dans un premier temps, placée sous le signe d’une indéfectible amitié entre notre pays et l’empire du milieu, suivie par la dernière réunion G20.

Des commandes auraient été passées par la Chine à des entreprises françaises – à hauteur de 20 milliards d’Euros -, en particulier à certains de nos fleurons hexagonaux : Areva, Total, Alcatel-Lucent, PSA… Mais en réalité, cela s’opère bel et bien au détriment du « Made in France »… Des contrats passés, en réalité souvent déjà négociés, ressortis à l’occasion de cette visite telle une grande victoire arrachée. Une commande de 102 airbus a été passée, Areva s’est vu confirmer un contrat de 3,5 milliards de Dollars, soit la fourniture de 20 000 tonnes d’uranium sur dix ans, au groupe d’électricité chinois CGNPC et juste un accord de coopération. Total a confirmé la signature d’une lettre d’intention concernant la construction en Mongolie intérieure d’une usine de transformation et Alcalet-Lucent, comme cela était commenté dans un article récent de Marianne 2 (http://www.marianne2.fr/), « plus gâté », a décroché un contrat de 1,1 milliard de Dollars. PSA se serait peut-être vu confirmer l’installation d’une usine automobile en Chine !…

 Mais il s’agit de la face émergée de l’iceberg. Car les avions airbus seront fabriqués dans des usines chinoises, détenues à 50 % par des capitaux chinois, accompagnés de transferts technologiques, soit un vrai marché de dupes comme à l’accoutumée. Car bientôt, les Chinois sauront fabriquer leurs propres airbus, pour nous concurrencer sur ce même marché ensuite. Il en a été ainsi d’Alstom, implanté en Chine pour un fructueux contrat ferroviaire, accompagné d’un transfert de technologie acquis. Et qui n’a pas été renouvelé en 2009, les Chinois ayant décidé de construire 42 lignes de TGV désormais, tous seuls… Il en a été de même pour Areva. Il n’y a que le groupe de grande distribution, Carrefour, qui ait parvenu à se maintenir. Accepter ce principe du transfert de technologies, c’est tout bonnement scier la branche sur laquelle nous sommes assis. La Chine ne se contente plus seulement d’être l’atelier du monde, ni même son laboratoire, elle aspire à elle, toutes les richesses, le travail, les sociétés à fort potentiel technologique. Bientôt, les Chinois seront présents à l’exportation dans certains nouveaux secteurs, avec une combattivité imbattable, liée à leur faible masse salariale. Car le décollage économique chinois, précisons-le, n’est nullement accompagné d’une réduction des inégalités sociales et salariales. Le pauvre salarié mingong continue d’être exploité et sous-rémunéré, car tout ce dynamisme économique chinois repose sur ce dumping salarial et monétaire, que les oligarchies chinoises ne sont près pour rien au monde, à remettre en cause.

A Séoul, pour le G20, les tensions ont été très fortes et c’est bel et bien un conflit qui s’est déroulé autour de la table; mais auquel la France n’a pas réellement pris part. Ce conflit est monétaire et commercial. Il a déjà chamboulé les rapports de force internationale et les alliances traditionnelles, ayant même vu les Allemands s’alliaient aux Chinois contre les Américains ! La presse outre-Rhin titrait ainsi, il y a peu : « La Chine ou la mort ». La convergence franco-allemande et européenne est inexistante sur ce point. Les Allemands font notamment cavalier seul. En effet, la Chine et l’Allemagne sont les deux plus grands pays exportateurs de la planète et grands accumulateurs de devises – il est bien connu que les Allemands sont imbattables sur le marché des machines-outils, où ils nous taillent des croupières à l’exportation, constamment depuis des années. Mais la crise de 2008 a laissé les Etats-Unis sur le carreau, à savoir un important marché. Les consommateurs américains surendettés et appauvris, recommencent tranquillement à épargner. Obama a réinjecté 600 milliards de Dollars dans leur économie. Le plan de sauvetage américain a été plus conséquent d’ailleurs qu’en France, même s’il a fallu pour cela faire jouer la planche à billets. Mais il faut dire que les Américains, eux, disposent encore de cette marge de manœuvre.

Pour le reste du monde, les conséquences immédiates seront de tout de façon, l’inflation et la récession. Les Chinois s’en fichent, ils ont calé leur yuan sur le dollar. « Ils se moquent des lois de l’économie », étant sur ce point encore bel et bien communistes, comme le soulignait ironiquement M. Zemmour. Les Allemands ont sinon hurlé, au cours du G20 – et cela pouvait paraitre légitime -, au sujet de l’Euro qui va encore monter et rogner les ailes de leur magnifique machine exportatrice. Mais élément pondérateur, les Allemands opèrent 65 % de leurs exportations au sein de l’UE et là, miracle monétaire de l’Euro, leurs concurrents ne peuvent jouer le jeu de la dévaluation, comme le font les Américains avec le Dollar.

Au final, les Français perdent sur tous les tableaux : celui monétaire et celui du libre-échange. Selon un rapport de la Direction du Trésor, 63 % des emplois perdus entre 2000 et 2007 l’ont été à cause de la conjoncture internationale ! Mais Sarkozy n’ignore rien du prix à payer : délocalisation, désindustrialisation et chômage. En guise de traité de paix, il avait proposé une réforme globale du système monétaire international. Au G20, personne ne lui a dit non, mais personne ne lui a dit oui, non plus. Les Français jouaient les éléments pondérateurs, alors que les autres défendaient âprement leur bout de gras, autour de la table des négociations. Il s’imposerait de changer enfin de stratégie. Et c’est d’ailleurs peut-être pour cela que Sarkozy ait rentré pour transformer son équipe gouvernementale en équipe de combat. Du moins espérons-le, car les défis gouvernementaux en matière économique, sont loin d’être négligeables.

                                                                                                                                                         J. D.

14 octobre, 2010

Le procès Kerviel

Classé dans : Economie — llanterne @ 22:32

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Dernière en date, Jérôme Kerviel -le fameux agent de change de la Société Générale, ayant défrayé la chronique à l’automne 2008- a donc été condamné le 5 octobre 2010, à cinq ans de prison -dont trois ferme- et à rembourser l’intégralité du préjudice subi à la Société Générale, soit quatre milliards neuf-cents millions d’euros. Mais le procès de Jérôme Kerviel fut celui de tout un système bancaire et boursier, dont ce-dernier n’était qu’un des simples rouages.

En effet, Jérôme Kerviel est un peu l’âne dans Jean La Fontaine et la fable des animaux malades de la peste. « L’âne qui peine, pour épargner tous les autres ». Parce qu’il est plus misérable que puissant. Non pas qu’il ne soit pas coupable, il l’est et énormément. Mais Jérôme Kerviel n’était pas seul, au milieu d’une île déserte, comme nous ne le savons bien. Il était entouré, contrôlé, surveillé -ou justement pas assez. C’est le bouc-émissaire dans cette affaire, celui qui paye pour les pots cassés, les dessous d’un système. Surtout, il faisait partie d’une banque, la Société générale, petite par la taille, comparée à certaines banques anglo-saxonnes, mais grande par le talent et l’inventivité de ses agents de change, réputés dans le monde entier. « L’audace de ce-dernier était dans les gênes de la Société générale ».

Mais sa condamnation sévère fera aussi plaisir à tous ceux, qui veulent croire qu’il était un « mouton noir ». Elle fera plaisir à tous ceux qui considèrent que la crise de 2008, ne fut qu’une crise financière, de banquiers immoraux ou bien d’agents de change accusés de cupidité, poussés à prendre des risques excessifs. Mais hélas, la cupidité a toujours été un moteur consubstantiel au capitalisme et la prise de risques est l’essence même du capitalisme. Il suffit de relire Adam Smith. Car cette explication par une crise exclusivement financière ne permet pas de comprendre, pourquoi les Etats ont donné les clefs aux banques, « pourquoi elles ont laissé faire n’importe quoi, jouer à saute-mouton par-dessus les frontières et les prudences les plus élémentaires », dixit Eric Zemmour.

C’est que la mondialisation avec son cortège de délocalisations dans les pays pauvres, et de chômage de masse dans les pays riches a entraîné une crise de la demande, au sein de nos pays. Pour compenser, les gouvernements ont poussé les banques à prêter des sommes énormes, d’abord aux classes moyennes, puis aux foyers plus modestes. Ce système a atteint des sommets aux Etats-Unis, mais aussi en Espagne, au Royaume-Uni, créant d’énormes bulles spéculatives. Les banques n’ont pas voulu rester avec des créances dont elles savaient, qu’elles ne seraient jamais remboursées. Elles ont donc inventé des techniques financières de plus en plus sophistiquées, pour se défausser sur les autres. Jusqu’à ce que le pot aux roses soit découvert.

Cette schizophrénie collective dans certains milieux bancaires et financiers a pu être décrite et analysée par l’essayiste Michel Drac, au travers de son dernier ouvrage « Crise ou coup d’Etat ? » -qui est un grand succès en librairie-, et la thèse d’une crise du sens, au sein de nos sociétés occidentales. Le ton est assez subversif, mais l’analyse est originale. Aujourd’hui, les milieux financiers, économiques occidentaux sont confrontés à la montée en puissance d’autres pôles, à l’échelle géo-stratégique mondiale, bouleversant la donne, dans leur vision mercantiliste. Pris dans un engrenage, ils se mettent à appliquer du surcodage. Ils se montrent incapables de sortir de leur logique d’endettement. Atteints d’une forme de pathologie collective, pris dans leur système de pensée et de fonctionnement, dont ils se montrent incapables même de percevoir les limites -largement atteintes-, ils se lancent ainsi dans une fuite en avant, particulièrement dangereuse.

La finalité à long terme pourrait être la faillite d’un grand Etat, dans les années à venir. Mais en tout cas, suite à la dernière réunion du G20 consacrée en grande partie aux conséquences de cette crise financière, le système n’a guère été remis en cause.

                                                                                                                                                      J. D.

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