La Lanterne (politique, sujets de société)

29 avril, 2020

Carnet littéraire – Coups de coeur

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« La Peste », Albert Camus, Folio

A l’aune de ce confinement, je me suis replongé dans la lecture de ce chef – d’oeuvre d’Albert Camus, La Peste. Dans une autre approche philosophique, ce qui est intéressant dans la solitude du confinement, c’est le destin collectif résultant d’une somme de destins individuels dans ce type de crise. En témoigne le rebond des ventes du roman La Peste d’Albert Camus, premier grand succès littéraire de l’écrivain (prix Nobel 1957), couplé au soixantième anniversaire de sa mort. La ressemblance est prophétique, y étant décrit la ville d’Oran, en Algérie alors française, dans les années 1940, où s’abat une épidémie de peste dans l’insouciance du printemps. Y est témoigné dans ce roman, toute la pugnacité des médecins et du préfet pour tenter de juguler l’épidémie par les mesures appropriées. Mais surtout ce roman témoigne avec justesse des attitudes collectives face à une crise sanitaire (nettement plus grave et sérieuse, du moins sur le plan de la mortalité, dans le roman).

Le roman souligne l’aléatoire et le subjectif de la vie, s’avérant que nous sommes tous peu de choses (parfois), face à la maladie. C’est une méditation sur le mal, l’absurdité mais aussi la solidarité humaine, au travers cette lecture pas si anxiogène qu’il n’y paraît. C’est un portrait d’une société à qui on a ôté les libertés fondamentales. On y trouve différents personnages : Bernard Rieux, médecin oranais pragmatique et luttant contre la maladie, les autorités décidant le confinement de la population oranaise, Rambert, journaliste cherchant à fuir la ville, Tarrou tenant une chronique quotidienne sur l’évolution de la maladie, Paneloux, prêtre jésuite voyant dans la peste une malédiction divine. La Peste était aussi une allégorie du nazisme, dans le contexte de l’après-guerre.

Ce qu’il en ressort est que les hommes sont plutôt bons que mauvais, du moins selon Camus. « Chacun la porte en soi, la peste, parce que personne, non, personne au monde n’en est indemne… ». Vu sous un autre point de vue, le confinement est une épreuve psychique à ne pas sous-estimer pour certains, susceptible d’engendrer : anxiété, dépression, frustration. Ce type de quarantaine ne se révèle pas être une expérience anodine, nécessitant parfois un soutien psychologique approprié. A ce titre, la médecine se fait le relais des crises d’angoisse et des insomnies ayant suivi la courbe de l’épidémie actuelle. S’y ajoute la peur pour l’entourage, le sentiment personnel de vulnérabilité face à la maladie dans une impermanence des choses, la crainte certes non réellement justifiée (mais réelle chez certains) d’une catastrophe sanitaire généralisée.

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4 février, 2019

Carnet littéraire – Coups de coeur

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« La Fontaine; Une école buissonnière », Erik Orsenna, Le Livre de poche

Que savons-nous de La Fontaine, sans doute le plus grand poète de notre langue française ? Erik Orsenna nous livre le récit d’une promenade d’un certain Jean, né le 8 juillet 1621, dans la ville de Château-Thierry, juste à l’entrée de la Champagne. Bientôt voici Paris, le joyeux Quartier latin et quelques bons camarades : Boileau, Molière, Racine…. Voici un protecteur, un certain Fouquet, trop brillant surintendant des Finances et qui est bientôt emprisonné. On ne fait pas sans risque de l’ombre au Roi-Soleil. Voici un mari trompé mais également peu fidèle, et qui souffre de la pauvreté en dépit du succès des Fables, sans parler de ces Contes, que l’Education nationale nous interdit d’apprendre, car on y rencontre trop de grivoiseries. Après notamment Pasteur, Le Nôtre, Erik Orsenna nous livre une biographie imagée, avec son talent habituel, sur cet auteur toujours enseigné.

« Le premier homme », Albert Camus, Folio

« En somme, je vais parler de ceux que j’aimais », écrit Albert Camus dans une note pour Le premier homme. Le projet de ce roman auquel il travaillait au moment de sa mort était ambitieux. Il avait dit un jour que les écrivains « gardent l’espoir de retrouver les secrets d’un art universel qui, à force d’humilité et de maîtrise, ressusciterait enfin les personnages dans leur chair et dans leur durée ».

Il avait jeté les bases de ce qui serait le récit de l’enfance de son « premier homme ». Cette rédaction initiale a un caractère autobiographique qui aurait sûrement disparu dans la version définitive du roman. Mais c’est justement ce côté autobiographique qui est précieux aujourd’hui. Après avoir lu ces pages, on voit apparaître les racines de ce qui fera la personnalité de Camus, sa sensibilité, la genèse de sa pensée, les raisons de son engagement. Pourquoi, toute sa vie, il aura voulu parler au nom de ceux à qui la parole est refusée.

« La ruée vers l’Europe », Stephen Smith, Grasset

L’Europe vieillit et se dépeuple. L’Afrique déborde de jeunes et de vie. Une migration de masse va se produire. Son ampleur et ses conditions constituent l’un des plus grands défis du XXIe siècle.

L’Union européenne compte aujourd’hui 510 millions d’habitants vieillissant : l’Afrique 1,25 milliard, dont quarante pour cent ont moins de quinze ans. En 2050, 450 millions d’Européens feront face à 2,5 milliards d’Africains. D’ici à 2100, trois personnes sur quatre venant au monde naîtront au sud du Sahara.

L’Afrique « émerge ». En sortant de la pauvreté absolue, elle se met en marche. Dans un premier temps, le développement déracine : il donne à un plus grand nombre les moyens de partir. Si les Africains suivent l’exemple d’autres parties du monde en développement, l’Europe comptera dans trente ans entre 150 et 200 millions d’Afro-Européens, contre 9 millions à l’heure actuelle.

Une pression migratoire de cette ampleur va soumettre l’Europe à une épreuve sans précédent, au risque de consommer la déchirure entre ses élites cosmopolites et ses populistes nativistes. L’Etat-providence sans frontières est une illusion ruineuse. Vouloir faire de la Méditerranée la douve d’une « forteresse Europe » en érigeant autour du continent de l’opulence et de la sécurité sociale des remparts – des grillages, un mur d’argent, une rançon versée aux Etats policiers en première ligne pour endiguer le flot – corrompt les valeurs européennes.

L’égoïsme nationaliste et l’angélisme humaniste sont unanimement dangereux. Guidé par la rationalité des faits, cet essai de géographe humaine assume la nécessité d’arbitrer entre intérêts et et idéaux.

Journaliste-écrivain et universitaire, Stephen Smith a tenu la rubrique Afrique de Libération (1988-2000) puis du Monde (2000-2005). Il a travaillé comme analyste pour les Nations unies et L’international Crisis Group. Depuis 2007, il est professeur à l’Université de Duke aux Etats-Unis, où il enseigne les études africaines. Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages publics en France, dont Négrologie : pourquoi l’Afrique meurt ou Oufkir, un destin marocain et d’ouvrages co-écrits avec Antoine Glaser comme Ces Messieurs Afrique ou Comment la France a perdu l’Afrique.

La ruée vers l'Europe

« En marche vers l’immobilisme », Agnès Verdier-Molinié, Albin Michel

Agnès Verdier-Molinié occupe les écrans, auréolé d’un statut de chercheuse à l’Ifrap, fondation ultra-libérale présentée parfois selon certains médias comme un vrai-faux institut de recherche, étant plutôt assimilé selon certains à un lobby tenu par certains financements issus du privé et enregistré comme tel à l’Assemblée nationale. Toujours est-il que cette dernière, au travers de nombreux ouvrages publiés depuis neuf ans (traitant surtout de fiscalité), livrent parfois certaines analyses intéressantes, car relativement sourcées, chiffrées. En marche vers l’immobilisme, tel est le titre de son dernier ouvrage, décryptant les six premiers mois du quinquennat Macron, guère convaincants de son point de vue.

Tout devait changer : allègement des normes, baisse des dépenses et des impôts… Mais, dix-huit mois plus tard, la réalité est bien différente. Le décalage, pour ne pas dire le fossé, se creuse tous les jours. Certaines grandes réformes (prélèvement à la source, taxe d’habitation…) paraissent d’ores et déjà aussi ambitieuses qu’inutiles. D’autres, nécessaires (baisse des effectifs publics, réforme des retraites, réduction de la dépense sociale…), patinent dangereusement. Au-delà des mots rassurants, c’est bien un choc de complexité auquel sont confrontés les Français : multiplication des contraintes administratives et fiscales, organisation kafkaïenne des territoires… Où est la simplification sans cesse annoncée ?

Cet ouvrage dresse, à travers de nombreux exemples, le tableau de l’ancien monde qui, selon l’auteur, refuse de disparaître. L’heure tournerait et, malgré quelques mesures ponctuelles pertinentes, la grande transformation annoncée se fait attendre. La France va-t-elle encore rester immobile ou est-elle en marche ? Sans partager systématiquement les points de vue de l’auteur, très libérale à mon goût et assez péremptoire, abordant des thématiques souvent récurrentes dans ces ouvrages (suppression intégrale de l’ISF, fiscalité des hauts-patrimoines, privatisations…), ce constat livré reste intéressant et certains points soulevés intrigants, au travers des informations chiffrées et sourcées.

« Bilan de faillite », Régis Debray, Gallimard

Un dépôt de bilan peut se consigner la bonne humeur, avec clins d’oeil et sourires. C’est cette variante teintée d’humour, rarement pratiquée au  tribunal de commerce, qu’a choisie Régis Debray, dans cette lettre d’un père à son fils bachelier, en quête de conseils sur la filière à suivre. Littérature, sociologie, politique, sciences dures ? En empruntant le langage entrepreneurial, celui de notre temps, l’auteur lui expose les bénéfices qu’un jeune homme peut dorénavant attendre ces divers investissements.

En lui recommandant instamment d’éviter la politique. Bien au-delà de simples conseils d’orientation professionnelle, ce livre – testament voudrait faire le point sur le métier de vivre dans le monde d’aujourd’hui, sans rien sacrifier aux convenances. Beaucoup d’adultes et quelques délurés sans âge particulier pourront sans doute y trouver leur compte.

« Qu’est-ce qu’un chef ? », Pierre de Villiers, Fayard

« Je ne suis ni philosophe, ni sociologue, ni capitaine d’industrie. Je suis un praticien de l’autorité qui s’est toujours efforcé de placer les relations humaines au coeur de son engagement au service de la France et de ses armées. Car l’autorité n’est pas spécifiquement militaire, c’est le lien fondamental de toute société humaine. Fort de ces convictions, je propose dans ce livre quelques jalons pragmatiques, simples et avérés pour sortir d’un mal-être sociétal croissant, diriger avec justesse et discernement. »

Le général Pierre de Villiers signe un essai ambitieux sur l’ordre, remettant l’Homme au centre du système. Comme le ferait un officier, il indique au lecteur le cap qu’il faut tenir dans un monde complexe et sa méthode pour y agir utilement.

Mêlant une réflexion puissante sur les problèmes profonds que traverse notre époque et des solutions efficaces, le général de Villiers met ici son expérience unique au service de tous.

Après quarante-trois années d’une carrière militaire qui l’a conduit à devenir chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers est président d’une société de conseil en stratégie. Il a publié en 2017 Servir aux éditions Fayard.

« There is no society », Christophe Guilluy, Champs – Flammarion

« There is no society » : la société, ça n’existe pas. C’est en octobre 1987 que Margaret Thatcher prononce ces mots. Depuis, son message a été entendu par l’ensemble des classes dominantes occidentales. Il a pour conséquence la grande sécession du monde d’en haut qui, en abandonnant le bien commun, plonge les pays occidentaux dans le chaos de la société relative. La rupture du lien, y compris conflictuel, entre le haut et le bas, nous fait basculer dans l’a-société. Désormais, no more society. La crise de la représentation politique, l’atomisation des mouvements sociaux, la citadellisation des bourgeoisies, le marronnage des classes populaires et la communautarisation sont autant de signes de l’épuisement d’un modèle. La vague populiste qui traverse le monde occidental n’est que partie visible d’un soft power des classes populaires qui contraindra le monde d’en haut à rejoindre le mouvement réel de la société ou bien à disparaître.

Christophe Guilluy, géographe, est notamment l’auteur de deux essais très remarqués : La France périphérique et Le Crépuscule de la France d’en haut (Champs – Flammarion).

« Le crépuscule de la France d’en haut », Christophe Guilluy, Flammarion

La bourgeoisie triomphante du XIXe siècle a disparu. Ses petits-enfants se fondent désormais dans le décor d’anciens quartiers populaires, célèbrent la mixité sociale et le respect de l’Autre. Fini les Rougon-Macquart, bienvenue chez les hipsters… Bénéficiaire des bienfaits de la mondialisation, cette nouvelle bourgeoisie en oublie jusqu’à l’existence d’une France d’en bas, boutée hors des nouvelles citadelles que sont devenues les métropoles.

Pendant ce temps, dans la France périphérique, les classes populaires coupent les ponts avec la classe politique, les syndicats et les médias. Leurs nouvelles solidarités, leur souverainisme n’intéressent personne. Le grand marronnage des classes populaires, comme avant elles celui des esclaves qui fuyaient les plantations, a commencé. On croyait la lutte des classes enterrée, voici son grand retour…

Christophe Guilluy est géographe. Il est l’auteur des essais remarqués Fractures françaises (Champs, 2013) et La France périphérique (Champs, 2015).

« Balzac », François Taillandier, Folio

« N’est-ce pas un martyre pour un homme qui ne vit que par l’épanchement des sentiments, qui ne respire que tendresse, et qui a besoin de trouver sans cesse près de lui une âme pour asile, de méditer, de comparer, d’inventer, de chercher sans cesse, de voyager dans les espaces de la pensée, quand il aime à aimer ? »

En trente ans de travail acharné, harassé par les soucis d’argent, Honoré de Balzac (1799-1850) édite un monument romanesque sans égal, donnant vie à des dizaines de personnages devenus mythiques – Eugénie Grandet, Le père Goriot, Le colonel Chabert, Rastignac, La cousine Bette, etc. -, tout en rêvant à l’amour de sa vie, une aristocrate polonaise qu’il n’épousera qu’à la veille de sa mort. Balzac, ou le destin d’un génie foudroyé.

« La France périphérique ; Comment on a sacrifié les classes populaires », Christophe Guilluy, Champs actuel

Désormais, deux France s’ignorent et se font face : la France des métropoles, brillante vitrine de la mondialisation heureuse, où cohabitent cadres et immigrés, et la France périphérique des petites et moyennes villes, des zones rurales éloignées des bassins d’emplois les plus dynamiques. De cette dernière, qui concentre 60 % de la population française, personne ne parle jamais.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Pourquoi a-t-on sacrifié les classes populaires sur l’autel d’une mondialisation volontiers communautariste et inégalitaire, aux antipodes des valeurs dont se réclame la classe politique ? Comment cette France populaire peut-elle changer la donne, et regagner la place qui est la sienne – la première ?

Dans cet essai retentissant, Christophe Guilluy dresse un diagnostic sans complaisance de notre pays, et esquisse les concours d’une contre-société à venir.

Christophe Guilluy est géographe. Il est l’auteur, avec Christophe Noyé, de L’Atlas des nouvelles fractures sociales en France (Autrement, 2004) et d’un essai remarqué, Fractures françaises (Champs-Flammarion, 2013).

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15 mai, 2018

Carnet littéraire – Coups de coeur

Classé dans : Focus litteraire — llanterne @ 3:03

« Au plaisir de Dieu », Jean d’Ormesson, Folio

En hommage à la mémoire de son grand-père, symbole de la tradition, contraint de s’éloigner à jamais de la terre de ses ancêtres, le cadet d’une vieille famille française enfermée dans l’image du passé raconte ce qui a été et qui achève de s’effondrer. Le berceau de la tribu, le château de Plessis-lez-Vaudreuil, est au centre de cette longue chronique qui embrase, depuis les croisades jusqu’à nos jours, l’histoire du monde, du pays, de tout ce que la lignée a incarné et en quoi elle a cru, et qui s’est peu à peu effrité. Un mariage d’amour et d’argent, les idées contemporaines et subversives, les livres, les mœurs nouvelles ouvrent successivement des brèches dans la forteresse de la tradition. L’histoire du XXe siècle, avec ses situations paradoxales, précipite la mutation et la décadence d’une famille qui avait su, à travers tous les cataclysmes, maintenir ses privilèges et conserver son charme. Disparu le 5 décembre dernier, Jean d’Ormesson, de l’Académie française, ancien élève de l’Ecole normale supérieure, agrégé de philosophie, a écrit des œuvres où la fiction se mêle à l’autobiographie. C’est là son 1er roman, à redécouvrir.

« Désir de ville ; Petit précis de mondialisation V », Erik Orsenna, Robert Laffont

A ce jour, mars 2018, cinquante agglomérations dépassent, sur notre planète, les dix millions d’humains. Soixante-cinq millions à Hong Kong et dans les alentours de la rivière des Perles ; quarante-deux millions pour Tokyo et son proche voisinage ; trente-cinq millions pour Jakarta… D’ores et déjà, la moitié de nos compatriotes vivent en ville. Bientôt, dans quinze ans, dans vingt ans, ce seront les deux tiers…

Et si la ville était le creuset de toutes les inventions, le plus formidable des réservoirs de la vie ? Voilà pourquoi, en pestant, en ronchonnant, en rêvant de campagne, on se précipite pour y vivre. Alors, bienvenue dans deux cents villes d’aujourd’hui, dont trente françaises, de Paris à Guéret, de Lyon à Montfermeil. Bienvenue dans la vie moderne. Erik Orsenna, prix Goncourt 1988 pour L’Exposition coloniale, élu à l’Académie française en 1998, est l’auteur d’une cinquantaine de livres. Il publie simultanément, chez Robert Laffont, dans la collection « Bouquins », Dernières nouvelles du monde. Architecte et paysagiste, Nicolas Gilsoul est docteur en sciences à l’Institut des sciences et industries du vivant et de l’environnement, à Paris. Lauréat de l’Académie de France à Rome, pensionnaire de la Villa Médicis, il a remporté de nombreux prix d’architecture. Après le coton, le papier, l’eau, la géopolitique du moustique, c’est là un cinquième opus de la collection Petit précis de mondialisation écrit cette fois-ci à quatre mains par ces deux auteurs, Orsenna préfaçant l’ouvrage.

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« Promenades en bord de mer et étonnements heureux », Olivier de Kersauzon, Points

De Brest à Tahiti, des Marquises au détroit de Magellan, Olivier de Kersauzon nous emmène en mer. Là où le temps est autre : long, dense, il s’étend pour permettre de réfléchir, aimer ou se battre. Anecdotes des quatre coins du globe, souvenirs doux-amers et contemplations enchantées… Voici le catalogue singulier d’un marin-poète, amoureux de la nature et des éléments qui se déchaînent. Profitons de ce qui émerveille, dépêchons-nous de saisir la lumière du monde ! Né en 1944, Olivier de Kersauzon est chroniqueur, écrivain et navigateur, connu pour avoir battu le record du monde en solitaire en 1989. Son récit Le monde comme il me parle est disponible en Points.

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« Entrez dans la danse », Jean Teulé, Roman Julliard

Le nouveau roman de Jean Teulé s’inspire d’une réelle épidémie de danse mortelle, survenue en 1519. Après Le Montespan, O Verlaine, Fleur de tonnerre, Mangez-le si vous voulez, Charly 9, autant d’horreurs puisées dans l’histoire, l’auteur a déniché une curiosité hallucinante. 

A Strasbourg, au début du XVIe siècle, dans un contexte de pauvreté et de famine et à l’aune d’une hypothétique invasion ottomane, une partie de la population emboîte le pas à la femme de l’imprimeur Melchior. Cette-dernière, subitement saisie de folie après avoir balancé son nourrisson dans la rivière, se met à danser sans s’arrêter. L’épidémie se répand, c’est la panique chez le maire et la stupéfaction angoissée chez l’évêque. Qu’est-ce donc que cette ronde envoûtante, se répandant, au fur et à mesure que les gigoteurs s’épuisent, couverts d’abcès, de purulences et de pustules ? Certains se mirent à danser et ne cessèrent jour et nuit, pendant deux mois, sans interruption, jusqu’à tomber inconscients, voire jusqu’à la mort. Même les corps encore vivants tombent en morceaux dans cette danse macabre, au travers ces faits véridiques relatés par l’auteur de romans noirs historiques.

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23 octobre, 2017

Carnet littéraire – Coups de coeur

Classé dans : Focus litteraire — llanterne @ 3:11

« Ce que doit faire le (prochain) président », Agnès Verdier-Molinié, Albin Michel

Etait-ce inconvenant de suggérer ce que DEVAIT faire le prochain président, en pleine campagne, il y a quelques mois de cela ? Non : car ceci est plus un plan qu’un programme. C’est une obligation morale de résultat. La situation de la France est en effet à haut risque. Elus, syndicats, gestionnaires, ministres en portent la responsabilité. Nous avons pourtant toutes les clés pour éviter le mur. En sortant de l’asphyxie fiscale et de la prolifération des normes et des lois. On croit que c’est impossible de réformer notre pays car tout – les dépenses folles, le chômage, la dette – est à reconstruire ? C’est juste qu’il faut « faire le job », maintenant. La feuille de route est là, il suffit de la mettre en oeuvre.

Agnès Verdier-Molinié est directrice de la Fondation iFRAP, un think tank qui évalue les politiques publiques. Elle est intervenue régulièrement sur les thématiques de la campagne présidentielle et a déjà publié entre autres, avec succès, On va dans le mur ! Au travers cet ouvrage publié avant l’élection d’Emmanuel Macron, elle livre quelques pistes de réformes bien éclairantes.

« Tout ce qu’il ne faut pas dire », Bertrand Soubelet, Plon

Le 18 décembre 2013, Bertrand Soubelet, général de corps d’armée et directeur des Opérations et de l’Emploi de la Gendarmerie, a été écarté pour avoir dit la vérité : la sécurité dans notre pays n’est pas assurée comme elle le devrait. Que s’est-il passé ? Au Palais-Bourbon, devant les députés, ce jour-là, il a expliqué, en toute franchise, les difficultés que rencontre la gendarmerie : six mille emplois supprimés, une procédure trop complexe, une justice sans moyens, des délinquants dans la nature malgré l’engagement des gendarmes et des magistrats, des coupables mieux considérés que les victimes. A ce titre, Bertrand Soubelet ne peut s’empêcher de penser aux attentats de janvier et au carnage de novembre 2015. C’est le résultat de plus de trente ans de mollesse dans la lutte contre l’insécurité, analyse-t-il. 

Des pressions ont été exercées sur lui pour le faire quitter la gendarmerie qui a été sa vie pendant trente-cinq ans. Désormais personne ne peut lui opposer un pseudo devoir de réserve, d’où ce livre. Son diagnostic est simple : la sécurité est l’affaire de tous. Il est temps de réagir, grand temps. Il y a urgence. Notre société est en danger. Jamais le danger n’a été aussi menaçant. Il ne fait pas de polémique, il ne roule pas pour un parti politique. Simplement, il alerte. Parce qu’il aime son pays.

« Sans autorité, quelle liberté ? », Bertrand Soubelet, Editions de l’Observatoire

« La France va dans le mur ». « On ne peut plus continuer comme ça » : tous les citoyens font ce constat d’échec, quand les politiques, eux, s’obstinent à rester aveugles, à diviser au lieu de rassembler. Qu’il s’agisse de la justice ou du maintien de la tranquilité publique, il est grand temps d’apporter les remèdes pour guérir un système malade. 

De son poste, Bertrand Soubelet a vu ce que la société française comportait d’espoir, de besoin de changement et d’institutions fortes. Il a vu aussi, ses zones de non-droit et ses exclusions. Il faut s’indigner, lutter, rétablir une autorité bienveillante. Il a été l’un des plus hauts responsables de la gendarmerie française. A la demande des élus de la République, il a expliqué les carences et les défis, auxquels nous devions faire face. Cette vérité, détaillée dans un livre, lui a coûté cher (« Tout ce qu’il ne faut pas dire »), ayant provoqué son exclusion de cette institution. Désormais libre de parole et loin de la « Grande Muette », il ne veut plus rien cacher.

« Le monde au défi », Hubert Védrine, Fayard

Pour Hubert Védrine, la « communauté internationale » est un objectif, pas encore une réalité. Ni les idéaux de l’ONU, ni le marché global n’ont suffi à la fonder. Le monde est éclaté, le pouvoir est émietté, les mentalités s’opposent, chaque peuple est mû par ses propres passions et ses intérêts immédiats.. Et si la cohésion de l’humanité se créait autour de la vie sur la planète ?

Dans ce nouvel opus, Hubert Védrine trace un portrait lucide de notre monde et tente de jeter un pont entre la géopolitique et l’écologie. Il nous livre, là, un éclairage clair et puissant, sans langue de bois, sur la réalité du monde d’aujourd’hui par l’ancien ministre des Affaires étrangères. 

« Un fauteuil sur la Seine », Amin Maalouf, Grasset

En racontant la vie et les aventures des dix-huit personnages qui se sont succédé au 29e fauteuil de l’Académie française depuis 1634, Amin Maalouf nous fait revivre de manière charnelle, incarnée, quatre siècles de l’histoire de France. Son premier occupant se noie dans la Seine, Montherlant se suicide dans son appartement avec vue sur la Seine, et l’Académie elle-même siège dans un périmètre longé par la Seine, entre le Louvre et le quai Conti : unité d’un lieu à partir duquel se déploie le kaléidoscope de l’Histoire.

Le pouvoir des rois et des cardinaux, des hommes d’épée et des négociateurs, l’autorité grandissante ou déclinante des philosophes et des savants, l’influence des poètes, des librettistes, des dramaturges et des romanciers : autant de visages de la gloire qui nous parlent des âges différents de la Nation. On revisite ici la révocation de l’Edit de Nantes, la Fronde et le jansénisme, l’expulsion des jésuites et l’émergence de la franc-maçonnerie, la Révolution de 1789, l’insurrection du 13 Vendémiaire et le coup d’Etat du 18 Brumaire, le Second Empire, la guerre de 1870 et la Commune de Paris, l’invention de l’anesthésie et celle des funérailles nationales, l’affaire Dreyfus et les grandes guerres du XXe siècle…

A partir d’un simple fauteuil, lieu de mémoire fragile et chaleureux posé sur les bords de la Seine, Amin Maalouf nous fait redécouvrir à la fois la permanence et les métamorphoses de notre « génie national ».

« Des hommes qui lisent », Edouard Philippe, JCLattès

Des hommes qui lisent est le récit d’un homme par les livres qu’il a aimé, qui l’ont marqué : des livres qui ont fait de lui un fils, un père, un citoyen, un homme politique. Il explique un engagement, une vision, une pensée, des doutes et des choix.

Edouard Philippe et Premier ministre. Il a été député et maire du Havre. Il est l’auteur de deux romans écrits avec Gilles Boyer : L’Heure de vérité et Dans l’ombre.

« La France est-elle finie », Jean-Pierre Chevènement, Fayard

La France va-t-elle se résigner à sortir définitivement de l’Histoire pour devenir un simple parc d’attractions, à l’extrémité occidentale d’une Europe elle-même marginalisée ? Ou bien trouvera-t-elle la force de redevenir une nation de citoyens dont elle a fourni le modèle, pour offrir un avenir à sa jeunesse et continuer son histoire ?

Dans ce livre décapant, Jean-Pierre Chevènement éclaire le chemin par lequel nous en sommes arrivés là. Au moment où la monnaie unique, créée il y a vingt ans à Maastricht, prend l’eau, il montre comment le « pari pascalien » de François Mitterrand sur un au-delà des nations appelé « Europe » n’a pas seulement recouvert le ralliement de la gauche française au néo-libéralisme, mais s’enracine dans un doute plus ancien de nos élites sur la France.

Méditation sur le destin de notre pays entre de Gaulle et Mitterrand, il rend enfin lisible, dans toute sa cohérence, l’histoire de notre dernier siècle. Il fournit ainsi les clés qui peuvent permettre un retour de la France du XXIe siècle au premier rang des nations.

Jean-Pierre Chevènement est l’un des artisans décisifs du Congrès d’Epinay (1971) qui a refondé le Parti socialiste, il est l’auteur des programmes de ce parti en 1972 et 1979 et l’un des négociateurs du Programme commun de la gauche (1972). Plusieurs fois ministre de 1981 à 2000 (Recherche, Industrie, Education nationale, Défense, Intérieur), il défend depuis longtemps l’idée d’une « autre politique ». Président d’honneur du MRC, sénateur du Territoire de Belfort, il est aussi vice-président de la Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat.

« Un défi de civilisation », Jean-Pierre Chevènement, Fayard

Sidération : les attentats et le spectre de la guerre civile nous ont pris à l’improviste. Comme en 1870 et en 1940, la France se redécouvre un ennemi qu’elle n’avait pas vu venir et qu’elle peine d’ailleurs à définir. D’abord comprendre : nommer les maux, mais avec de justes mots. La gravité des attentats tient aux faiblesses qu’ils révèlent et que nos élites ont laissé se creuser au fil des ans. Pour remonter aux causes, déplaçons notre regard du terrorisme djihadiste mondialisé vers une « globalisation » devenue folle. Cette globalisation a modifié la hiérarchie des puissances, créé des fractures sociales, géographiques, générationnelles, miné la démocratie, suscité frustrations et rejets, particulièrement dans le monde musulman. Elle a mis en crise le modèle républicain et périmé le projet européen initié par la France après 1945.

Le fond de l’affaire ne serait-il pas que nous ne savons plus aujourd’hui qui nous sommes ni ce que nous voulons faire ? Face à une globalisation, mère d’un nouveau chaos mondial, la France a encore les moyens de faire face, en donnant vie, de concert avec l’Allemagne, au projet d’Europe européenne, de l’Atlantique à l’Oural, que le général de Gaulle avait conçu pour elle. Seul levier pour peser au XXIe siècle entre les Etats-Unis et la Chine, et renouer avec l’universel en ouvrant au monde, y compris musulman, un horizon de progrès. Dans les épreuves, des forces de résilience insoupçonnées sont en train de surgir, qui sont aussi des forces spirituelles : regain d’un patriotisme républicain, à la fois de principes et enracine dans toute notre histoire, laïcité éclairée par la Raison, universalisme du réel. Le bateau France a encore les moyens de se redresser. Jean-Pierre Chevènement dessine la carte d’une confiance retrouvée. Le bateau France n’a besoin que d’un cap : un projet politique qui soit aussi un projet de civilisation.

« Alstom, scandale d’Etat », Jean-Michel Quatrepoint, Fayard

Le 19 décembre 2014, presqu’à la sauvette, les actionnaires d’Alstom décident de vendre à l’américain General Electric les activités énergie du groupe, un des leaders mondiaux pour l’équipement des centrales électriques. Une bonne affaire pour GE. Une mauvaise pour la France. Après Pechiney, Arcelor, Alcatel, c’est le dernier acte du grand démantèlement de l’industrie française. La France perd le contrôle d’un secteur stratégique : l’électricité, l’un des piliers de la croissance économique du XXIe siècle. D’Alstom, il ne reste que la branche Transport.

De la fabrication des turbines Arabelle indispensables à la nouvelle génération des EPR à la maintenance du parc existant de centrales nucléaires, c’est toute la filière nucléaire française qui est ainsi déstabilisée. Au moment même où Areva est en grande difficulté. Il n’y aura pas d’« Airbus européen » de l’énergie non plus.Comment une telle chose a-t-elle pu se produire ? Pourquoi n’a-t-on pas négocié un accord équilibré ? Pourquoi l’État n’a-t-il rien vu venir ? Quel rôle ont joué les deux ministres, Montebourg, puis Macron ? Oui, il y a bien une affaire Alstom.

Jean-Michel Quatrepoint mène une enquête serrée autour de ce dossier. Il raconte la nouvelle stratégie des États-Unis pour faire main basse sur les fleurons industriels européens, et français en particulier. Notre classe dirigeante se révèle impuissante à faire prévaloir les intérêts du pays. Jean Michel Quatrepoint est journaliste. Après onze ans passés au Monde, il a dirigé les rédactions de l’Agefi, de la Tribune et du Nouvel Economiste. Il a été pendant quinze ans le patron de La Lettre A. Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont La Crise globale (Mille et une nuits, 2008) et Le Choc des empires (Gallimard, 2014).

« Bandes à part, Pour en finir avec la violence », Jean-Claude Barreau, Plon

Des territoires interdits. Voilà ce que sont devenues nos cités HLM. La violence, le racket, le trafic de drogue, la corruption, les émeutes y règnent en maîtres. Et de très jeunes bandes d’adolescents y entretiennent une terreur contre laquelle la police ne peut plus rien… Comment venir à bout de ces zones de non-droit, dans lesquelles même les médecins n’osent plus se hasarder la nuit ?

Jean-claude Barreau, ancien prêtre, ancien éducateur de rue dans le XVIIIe arrondissement (auprès des blousons noirs, dans les années 1960-70) de Paris et conseiller particulier de François Mitterrand – mais aussi de Charles Pasqua – dans les années 1980, livre sa réponse. Une réponse ? Non. Un véritable plan de campagne. Son ouvrage (sorti en 2002) tranche dans un débat d’actualité brûlante, propose des solutions originales et nous donne enfin l’espoir d’une paix retrouvée dans nos banlieues…

« Luke Rhinehart, L’homme dé », George Powers Cockcroft

Le psychanalyste Luke Rhinehart a décidé de transformer son existence en un immense jeu de hasard : il laisse de simples dés prendre pour lui toutes les décisions de son existence. Très vite, le « syndrome du dé » se répand dans la population. Et les autorités s’inquiètent. Marié, âgé de 32 ans, habitant à New-York, Luke Rhinehart est recherché par le FBI. Motif : subversion de la vie quotidienne. Le Dr Rhinehart a peut-être inventé, sans le savoir, le moyen d’en finir pour toujours avec la civilisation. Assez troublant…

L’Homme-dé, manifeste subversif affirmant le droit à l’expression de tous les fantasmes, est devenu très vite une sorte de mot de passe pour initiés. Après sa publication quasi clandestine en France (1971), il fait désormais partie des « livres cultes » dont la lecture s’impose à chacun. 

Né en 1932, Georges Powers Cockcroft, alias Luke Rhinehart, a enseigné la littérature et la psychologie. Il vit à Majorque.

« Changez d’alimentation », Pr Henri Joyeux, Pocket

Notre organisme est heureusement très cohérent. Si nous lui donnons les bons aliments, nous avons le maximum de chances de rester en excellente santé. Quels sont alors les aliments à éviter ? Quels sont ceux qui, au contraire, peuvent nous permettre de préserver, voire d’améliorer notre santé ? Comment une bonne nutrition peut-elle freiner ou stopper les symptômes de nombreuses maladies ? Peut-on se protéger contre le cancer ? Et que penser du gluten, du lait et de la viande ?

Dans ce livre, le professeur Joyeux répond à toutes ces questions, et bien d’autres, et permet à chacun de savoir comment se nourrir. 

Chirurgien cancérologue et chirurgien des hôpitaux, professeur honoraire à la faculté de médecine de Montpellier, Henri Joyeux a publié de nombreux ouvrages consacrés à la santé, et notamment à l’alimentation.

 

 

23 août, 2015

Carnet littéraire estival – Coups de coeur

Classé dans : Focus litteraire — llanterne @ 16:31

« Petit dictionnaire amoureux de Venise », Philippe Sollers, Pocket

Revenu d’un séjour estival en Italie, à Venise, je ne peux que recommander ce « Petit dictionnaire amoureux de Venise ». D’Accademia à Zaterre, Philippe Sollers évoque Venise à travers sa passion et son expérience personnelle de la ville qu’il parcourt chaque année depuis sa jeunesse. Suivez le guide au coeur de la Sérénissime…

« Peste & Choléra », Patrick Deville, Points

Jeune chercheur de la « bande à Pasteur », Alexandre Yersin rêve de nouveaux horizons. A l’image de Livingstone, il veut être savant et explorateur. De la rue d’Ulm à l’Indochine, il découvre le monde en même temps que le bacille de la peste, loin du brouhaha des guerres. Marin, médecin, baroudeur, cet oublié de l’histoire aura fait de sa vie une folle aventure scientifique et humaine. Grand voyageur, esprit cosmopolite, Patrick Deville est né en 1957. Il a publié une dizaine de livres, et « Peste & Choléra » est un roman dépaysant à la Stevenson, et mystérieux comme un Jules Verne.

« Doit-on le dire ? », Jacques Bainville, Les Belles Lettres, « le goût des idées » de Jean-Claude Zylberstein

Ce volume, formé des articles qui paraissent chaque semaine dans Candide, est l’un des plus représentatifs du talent de Jacques Bainville. La variété des sujets traités y est le signe de la curiosité et l’étendue de l’esprit de son auteur.

L’article court, genre qui oblige à une concentration de pensée et d’expression devait tout naturellement tenter un écrivain comme Jacques Bainville. A lire ce recueil, on verra qu’il y a excellé. Sur toutes les affaires, petites ou grandes, qui ont occupé Paris et la France depuis 1924, Jacques Bainville confie ici ses impressions. Une représentation théâtrale, une lecture, une publication des lettres de Napoléon, une candidature aux élections législatives, les déclarations d’un ministre, les crises financières, les difficultés diplomatiques, tout est objet de remarques pittoresques et de réflexions valables. Mais ce qui fait la valeur exceptionnelle de ces articles séparés, c’est que Jacques Bainville qui avait une vaste culture et qui avait beaucoup réfléchi savait qu’il n’y a pas de questions isolées. Ce recueil est le livre d’un historien et d’un philosophe d’où sa sérénité constante et son unité.

Jacques Bainville (1876-1936), historien français et journaliste, fut élu à l’Académie française en 1935. Dans les premières années du XXe siècle, il se consacra essentiellement au journalisme, sous la férule de Charles Maurras, à la rubrique de politique étrangère à L’Action française. Parallèlement, Bainville devait également collaborer à La Liberté, au Petit Parisien, à La Nation belge et à La Revue universelle dont il assura aussi la direction.

« Richie », Raphaëlle Bacqué, Grasset

« Richie ». C’est ainsi que ses étudiants le surnommaient, brandissant sa photo comme s’il s’agissait d’une rock star ou d’un gourou. La nuit de sa mort dans un hôtel de New York, une foule de jeunes gens se retrouva, une bougie à la main, devant le temple de la nomenklatura française, Sciences Po. Quelques jours plus tard, le visage de Richard Descoings couvrait la façade de l’église Saint-Sulpice. Politiques, grands patrons et professeurs défilèrent silencieusement devant l’épouse et l’ancien compagnon, qui pleuraient ensemble sa disparition. Voici l’histoire de l’ascension vertigineuse d’un fils de bonne famille, tenté par toutes les transgressions. Le Tout-Paris l’adorait. A peine s’interrogeait-on sur ce directeur homosexuel marié à une femme dont il avait fait sa principale adjointe. Sur ses pas, Raphaëlle Bacqué nous entraîne au coeur d’un pouvoir méconnu : dans les boîtes du Marais, les cabinets ministériels, les soirées déjantées avec ses étudiants, et les plus grandes universités du monde. Personne n’a résisté à la folie de Richie. Surtout pas lui. Raphaëlle Bacqué est grand reporter au Monde. Elle est l’auteur de plusieurs livres, parmi lesquels La femme fatale (avec Ariane Chemin) et, sous la couverture jaune, Le dernier mort de Mitterrand (prix Aujourd’hui).

« Ainsi va le monde… », Vincent Hervouët, Albin Michel

L’interview présidentielle est comme le lever du Roi à Versailles : le Pouvoir se met en scène. Il faut guetter l’instant de vérité avant l’épreuve, pendant l’émission, à l’instant de se démaquiller. Alors, le Roi est nu. Après avoir sillonné le monde en crise, le journaliste Vincent Hervouët a rencontré les hommes qui le gouvernent (du moins, souvent en apparence). Mouammar Kadhafi, Bill Clinton, Mikhaïl Gorbatchev, Benjamin Netanyahou, Nicolas Sarkozy, Laurent Gbagbo, Recep Tayyip Erdogan, François Hollande… Plus d’une centaine de chefs d’Etat ont fendu l’armure. Une galerie de portraits tragiques ou jubilatoires qui vous permettra de cerner le pouvoir et de dire : Ainsi va le monde.

Vincent Hervouët est un pionnier de l’information continue. Il a participé au lancement de France Info et de LCI dont il dirige le service étranger. Il collabore à divers médias internationaux.

« Le Brasier ; Le Louvre incendié par la Commune », Nicolas Chaudun, Actes Sud

Au cours des derniers jours de mai 1871, le gouvernement d’Adolphe Thiers se résolut à réprimer dans le sang la Commune de Paris. La Semaine sanglante s’accompagna d’un gigantesque incendie. Plus que les morts par milliers, cet embrasement frappa les témoins immédiats. Parmi les destructions à déplorer, notre mémoire embrumée retient celle du château des Tuileries. Ce que l’on retient moins, c’est que, se communiquant aux ailes par les pavillons de Flore et de Marsan, le feu menaça dangereusement le Louvre et ses collections. Les incendiaires s’en prirent également à la Bibliothèque impériale, au coeur même du palais, livrant aux flammes son fonds de cent mille volumes précieux… Face au sinistre, deux hommes : un conservateur jusque-là confit dans ses notices de catalogue, et un officier que rien ne prédisposait au sauvetage du sel de la civilisation. Se livrant, chacun à sa manière, à une course contre la montre, ces deux héros oubliés déjouèrent la tuerie et défièrent l’imbécilité d’enragés des deux bords. Jamais l’épisode n’avait fait l’objet d’une enquête aussi détaillée. Le récit du fait d’armes se passe d’effets. La réalité, sèche, vaut ici tous les romans.

Après avoir dirigé la rédaction de Beaux-Arts magazine, Nicolas Chaudun a créé sa propre maison d’édition d’art, qu’il a quittée en 2013 pour se consacrer à l’écriture. Il est notamment l’auteur d’une biographie du baron Haussmann qui fait référence, Haussmann, Georges-Eugène, préfet-baron de la Seine (Actes Sud, 2009), d’un récit historique, L’Eté en enfer (Actes Sud, 2011), plusieurs fois primé, et de La Majesté des centaures, prix Pégase 2007 (Actes Sud, 2006).

12 mars, 2013

Carnet littéraire – Coups de coeur

Classé dans : Focus litteraire — llanterne @ 23:30

« Sur la route du papier ; Petit précis de mondialisation III », Erik Orsenna, Stock

Après « Son voyage au pays du coton », paru en 2006, puis  « L’avenir de l’eau  , en 2008, dans la trilogie « Petit précis de mondialisation », Erik Orsenna s’attaque maintenant au papier.

De la Chine à la forêt canadienne, en passant par la Finlande, la Suède, la Russie, l’Inde, le Japon, l’Indonésie, l’Ouzbékistan, le Brésil, l’Italie, le Portugal et bien sûr la France, il a rendu visite aux souvenirs les plus anciens du papier. L’infatigable Erik Orsenna décrypte à nouveau l’histoire de la mondialisation, cette fois à travers celle du papier : celui d’hier, « allié de la mémoire » et « dépositaire de tous les anciens temps », celui d’aujourd’hui, recyclé à 60 %, issu de technologies ultra-modernes, mais aussi celui de demain, que l’on dit menacé. Notre globe-trotter encyclopédiste nous propose ainsi un voyage dans le temps et aux quatre coins du monde, aux côtés des plus éminents spécialistes. Cet esprit curieux, qui n’hésite pas non plus à battre en brèche les idées reçues, signe là une enquête captivante, en regardant de près la fabuleuse histoire du papier et des livres.

« L’Eglise va-t-elle disparaître ? », Jean-Claude Barreau, Seuil

Né en 1933, Jean-Claude Barreau, l’enfant terrible de l’Eglise fut ordonné prêtre sous Jean XXIII avant de quitter le clergé pour se marier, en désaccord avec le Vatican sur le fonctionnement de l’Eglise. Vibrant polémiste, il a publié de nombreux essais sur l’Eglise, la foi, l’engagement chrétien, mais aussi de nombreux ouvrages de synthèse, dont son dernier grand succès :  « Toute l’histoire du monde ».

Faute de prêtres et de vocations, l’Eglise catholique va-t-elle disparaître ? Partout, dans les pays développés, l’Eglise s’efface progressivement ; ailleurs, dans le tiers-monde, le phénomène des sectes menace son développement. Affaiblie dans ses structures, concurrencée sur le marché des religions, l’Eglise forme bien davantage aujourd’hui des « déistes moralisants » que des chrétiens véritables. Pourtant, l’Eglise peut encore être sauvée et elle le mérite. Comment lui redonner vie et dynamisme ? Faisant écho à l’un de ses tout premier ouvrage « La Foi d’un Païen », publié chez le même éditeur, il y a près de cinquante ans, l’auteur au fil des pages, signale avec une lucidité courageuse quelques vérités oubliées.

« Fleur de tonnerre », Jean Teulé, Julliard

Jean Teulé a publié récemment son quatorzième roman « Fleur de tonnerre ». Après « Le Montespan », « Charly 9 », le romancier délaisse la biographie, pour le fait divers historique. « Je n’ai encore jamais trouvé moi-même d’idées de romans. A chaque fois, c’est le hasard », confie-t-il. Au salon du livre de St-Malo, un admirateur apporte à l’auteur dédicaçant ses livres un gâteau, lui présentant « - Tenez, c’est pour vous. C’est le gâteau d’Hélène Jégado, vous connaissez… une empoisonneuse bretonne. Une pâtisserie à Rennes fait toujours le gâteau d’Hélène Jégado. Mais sur le gâteau, il y a une bande où il y a écrit « garantie sans arsenic » ».

On dit trente-sept meurtres, l’auteur dit probablement davantage. Elle devrait être considérée comme la « star » absolue du crime. Et elle ne l’est pas, pour une raison simple, c’est que son histoire criminelle a rencontré l’histoire de France. Son procès a démarré le samedi 6 décembre 1851, et il se trouve, que quatre jours avant, le mardi 2 décembre, ce fut le coup d’Etat du futur Napoléon III, qui occulta complètement les faits. Passée dans les oubliettes de l’histoire, Hélène Jégado dite « Fleur de tonnerre » a grandi dans une terre de superstitions, de légendes extravagantes, de surnaturel. Après avoir empoisonné sa mère, dès l’âge de huit ans, elle est partie sur les chemins de Bretagne. Elle empoisonne comme par distraction, comme si elle lançait des graines aux pigeons. Jeune domestique, elle a traversé la Bretagne de part en part, de place en place, tuant avec détermination tous ceux qui croisèrent son chemin. Elle empoisonne des familles entières, des religieuses dans un couvent, des soldats dans un bordel à Port-Louis, partout où elle va, sans être associée. Elle tue tout le monde sur son passage, les hommes, les femmes, les vieillards, les enfants et même les nourrissons. Elle s’appelait Hélène Jégado, et le bourreau qui lui trancha la tête le 26 février 1852 sur la place du Champs-de-Mars à Rennes ne sut jamais qu’il venait d’exécuter la plus terrifiante meurtrière de tous les temps.

« Ma grand-mère avait les mêmes ; Les dessous affriolants des petites phrases », Philippe Delerm, Points

L’auteur de la première gorgée de bière est toujours aussi doué pour coucher sur le papier, ces instants pleins de banalité que nous avons tous vécus, mais dont la poésie nous a échappée. On peut appeler ça des petites phrases toutes faites. Mais, tout à coup, les voilà dépoussiérées, démasquées, à l’affût d’une histoire derrière le mot, d’une aventure derrière l’expression : « Il a refait sa vie… », « Y a pas d’souci… », « Il pourrait bien neiger… » : voilà des souvenirs, des anecdotes, entre un demi-sourire et une brassée d’émotions. Avec Philippe Delerm, les petites phrases communes prennent un sens nouveau. L’écrivain sait en termes justes évoquer un moment familier, un sentiment enfoui mais jamais oublié. Philippe Delerm continue à nous donner le goût des mots avec ce florilège de phrases toutes faites, illustrées par un propos plein d’humour, de profondeur et de poésie.

 

 

1 juillet, 2012

Carnet littéraire – Coups de coeur

Classé dans : Focus litteraire — llanterne @ 19:00

« Un capitalisme à visage humain, Le modèle vénitien », Jean-Claude Barreau, Fayard

« Issu d’une lignée mi-juive, mi-athée » selon ses dires, orphelin en fuite sous l’occupation, prêtre éducateur dans les années 70, mais aussi conseiller de Mitterrand, puis de Pasqua, Jean-Claude Barreau a eu mille vies. En profond désaccord avec les positionnements du pape Paul VI sur le mariage des prêtres et la question de la contraception, il abandonne la prêtrise pour se marier. Sa vie oscille ensuite entre l’édition, le journalisme et la politique. Mais comment un républicain aussi convaincu que Jean-Claude Barreau peut-il choisir l’oligarchie vénitienne, comme modèle pour notre société ? Avant tout, parce qu’elle sut inventer un capitalisme intelligent, redistributeur, fondé sur le sens de l’Etat de ses élites, parce qu’y avoir de l’argent y impliquait plus de devoirs que de droits. Jean-Claude Barreau confesse ainsi dans ce récent essai, sa coupable admiration pour une oligarchie disparue.

Venise n’a pas toujours été une ville morte, un musée à ciel ouvert saturé de touristes, menacée par les eaux, telle que nous la connaissons aujourd’hui. Des siècles durant, Venise fut l’exemple le plus accompli de la thalassocratie dominante, à l’image de la Londres victorienne, la cité comptant elle-même, quelque deux cent mille habitants, ce qui en fit longtemps la plus importante ville d’Europe, jusqu’à ce Paris la dépasse au XVIIIe siècle… Mais cette civilisation où un libertaire comme Casanova avait sa place, était surtout caractérisée par la conviction de la supériorité de la collectivité sur l’individu, du public sur le particulier. Derrière cette culture chatoyante, se cachait un Etat fort et respecté, Richelieu lui-même le constatant pour le déplorer. Venise savait que pour produire des bénéfices à long terme, le capitalisme ne doit pas être insupportable aux pauvres, et surtout insensible au bien commun. Venise commerçait comme le disait Fernand Braudel, avec l’économie monde de son époque : celle du « tri-continent » (Europe, Asie, Afrique), depuis la Baltique jusqu’à la Chine, puis après sa découverte par les monarchies ibériques, avec le Nouveau Monde.

Mais le gouvernement agissait aussi en matière économique, la loi réglant minutieusement les droits de douane et les courtages. Gravitant autour de la Bourse, le capitalisme vénitien était un capitalisme redistributeur, pratiquant pourtant les techniques de la finance moderne. Il tint toujours à en partager les risques et les gains. Les faillites y étaient ainsi rares, le capitalisme vénitien particulièrement fluide. Mais surtout, Venise fut longtemps la première place industrielle d’Europe, avec les milliers d’ouvriers de l’Arsenal et des verreries, des chantiers navals, les artisans des imprimeries et des filatures, des industries de luxe, mais aussi les sidérurgistes de ses fonderies de canon, à la fabrication « taylorisée » avant l’heure. Entreprises de tout genre, privées ou publiques, la cité sut toujours garder de puissantes manufactures locales, sources de profits et bassins d’emploi, pour éviter le chômage, qui fut un souci permanent des élites en place.

Outre le caractère original de son capitalisme, il met en valeur son caractère exemplaire et toujours actuel. Venise aimait le profit, mais avait compris que le profit ne saurait ignorer le bien commun. La cité des Doges fut l’exemple d’une économie mixte, alliant les capitaux et l’Etat, comme la France colbertiste qui créa les Eaux et Forêts, les Ponts et Chaussées, ainsi que les manufactures royales, ou celle des Trente Glorieuses où la liberté d’entreprendre existait, mais les banques de dépôt (Société Générale, Crédit Lyonnais) étaient en partie nationalisées. Comment construire un capitalisme un visage humain ? En ces temps de crise, la question est d’une grande urgence. Venise nous livre une partie de la réponse, et Jean-Claude Barreau une magistrale leçon d’économie politique, au travers ce déroutant essai. A découvrir…

« Le trottoir au soleil », Philippe Delerm, Gallimard

Romancier, essayiste, l’auteur à succès de « La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules » (1997), passé le cap de la soixantaine, pressent maintenant avoir franchi le solstice d’été… Ainsi, y aura-t-il « encore de jolis soirs, des amis, des souvenirs d’enfance, des choses à espérer », mais c’est ainsi, l’on est sûr d’avoir franchi le solstice, une goutte de nostalgie s’infiltrant au coeur de chaque sensation, au quotidien, pour la rendre ainsi « plus durable et menacée »…

Derrière la sensation du temps qui passe, des lilas persistants à la saveur de la figue séchée, en passant par le fameux pudding de Le Bras, le Naples-Oberkampf, ou encore un voyage en train remémorant de lointains souvenirs d’enfance, Philippe Delerm reste « léger dans les instants, avec les mots », le solstice d’été étant peut-être déjà l’été indien…  Comment rester solaire, les jours passant, tout en conservant l’envie de guetter la lumière… Relevant certes de la petite littérature en prose, « Le trottoir au soleil » c’est le dernier essai de Philippe Delerm, plus ou moins dans la lignée de « La première gorgée…», et dans ce style désuet et de l’observation que l’on lui connaît, peut-être plus intime qu’à l’accoutumée, mais à l’écriture toujours savoureuse…

Carnet littéraire - Coups de coeur dans Focus litteraire

 

3 juin, 2012

Carnet littéraire – Coups de coeur

Classé dans : Focus litteraire — llanterne @ 17:52

« Le bottin des lieux proustiens », Michel Erman, la petite Vermillon

Professeur à l’université de Bourgogne, Michel Erman est notamment l’auteur d’une biographie de Proust (Fayard, 1994), de « La Cruauté », essai sur la passion du mal (PUF, 2009) et du « Bottin proustien » (la petite Vermillon, 2010).

Michel Erman, après avoir recensé les quelque deux cent êtres de fiction peuplant « A la recherche du temps perdu », explore ici l’espace proustien et montrer à quel point, il ne constitue pas une simple toile de fond. « J’avais autrefois l’illusion de ressaisir Bablec, quand, à Paris, Albertine venait me voir et que je la tenais dans mes bras », écrit Proust dans « Albertine disparue ».

De la chambre de Cambray aux hôtels particuliers du faubourg St-Germain, de la cité balnéaire à la cité des Doges, les lieux sont lourds de sens, et recensés, répertoriés, Michel Erman nous les fait revisiter. Réels ou inventés, ils font esprit et corps avec les personnages qui les habitent, qui les arpentent ou qui les hantent.

« L’art d’avoir toujours raison », Arthur Schopenhauer, Circé poche

Rédigé à Berlin en 1830-31, ce traité du célèbre auteur et philosophe allemand, fut publié pour la première fois en 1864, suivi dans la présente édition par une postface de Franco Volpi. A savoir, un court traité à l’usage de quiconque croit sincèrement « aux dividendes de la pensée ». Trente-huit ficelles, tours et autres passes, pour ainsi garder raison à tout prix, en ayant objectivement tort (ou non). Ou comment terrasser son adversaire, en étant parfois, de plus mauvaise foi encore qui lui. Un traité théoricien d’usage, à l’adresse de la classe politique actuelle…

 

 

22 avril, 2011

« Crimes et fraudes en Côte-d’Ivoire » – Jacques Vergès et Roland Dumas

Classé dans : Diplomatie,Focus litteraire,Monde — llanterne @ 2:19

Maître Jacques Vergès a livré une conférence de presse, le 8 avril 2011, à Paris, annonçant la sortie de son dernier livre - co-rédigé avec Roland Dumas -, « Crimes et fraudes en Côte d’Ivoire » (éditions Edites). Coutumier des prises de position à contre-courant, Maître Vergès présente ainsi son interprétation, chaque camps ayant autant triché que l’autre et les élections en Côte d’Ivoire étant de son point de vue, à réorganiser, tel qu’il l’expose au travers de cette intervention au ton sulfureux, mais qui reste intéressante et à découvrir…

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Carnet littéraire – Coups de coeur

Classé dans : Focus litteraire — llanterne @ 0:54

« Charly 9 », Jean Teulé, Julliard  

Jean Teulé a publié récemment son treizième roman, « Charly 9″ ». Après « Le Montespan », « Mangez-le si vous voulez », l’ami des poètes (Verlaine, Rimbaud, Villon) nous fait revisiter les méandres du règne de Charles IX, associé dans l’imaginaire collectif au massacre de la Saint-Barthélémy. Sa responsabilité réelle continue de diviser les historiens, mais l’auteur présente cependant « Charly 9″ » en pantin placé entre les mains de sa mère, Catherine de Médicis. En proie aux remords et aux hallucinations, le jeune roi aurait accumulé les initiatives désespérées. Sa santé ayant toujours été médiocre, les tumultes d’un complot déjoué contre lui, finirent de l’affaiblir, et atteint de maux divers, il s’éteint le 30 mai 1574, un mois avant son vingt-quatrième anniversaire. C’est ainsi le bref règne de celui, de tous les rois de France, qui aurait été « l’un des plus calamiteux », que Jean Teulé nous fait redécouvrir, à sa manière, dans ce style bien à lui.

« Eloge des frontières », Régis Debray, Gallimard

Et si le sans-frontiérisme n’était pas plutôt « un leurre, une fuite, une lâcheté » ? C’est l’interrogation soulevée par Régis Debray, dans « Eloge des frontières ». Le philosophe rassemble dans ce petit essai, le contenu de conférences prononcées en mars 2010, à la Maison franco-japonaise de Tokyo, tournant progressivement au fil du récit, à l’attaque en règle des chantres d’une globalisation indifférenciée. En « bon Européen », Régis Debray choisirait ainsi « de célébrer ce que d’autres déplorent : la frontière comme vaccin contre l’épidémie des murs ». Parce que partout « sur la mappemonde, et contre toute attente, se creusent ou renaissent de nouvelles et d’antiques frontières »… L’ancien militant d’extrême-gauche s’inscrit dans un positionnement quelques peu chevènementiste, au travers de ce petit manifeste à rebrousse-poil, à découvrir.

 « J’y crois pas », Orimont Bolacre, David Reinharc & Parti de l’In-nocence

Contredire Stéphane Hessel, par son passé de résistant, sa carrière, son âge, et surtout au travers de son succès littéraire récent (avec Indignez-vous !), peut sembler ardu, médiatiquement parlant. Même si pourtant, Stéphane Hessel ne laisse en face de lui, que des portes ouvertes, « y compris celles qu’il défonce doucement ». Et c’est l’exercice malaisé, auquel s’est livré Orimont Balacre (avec un talent relatif), dans un récent opuscule « J’y crois pas », que l’auteur a voulu du même format que l’ouvrage auquel il répond, et qui a attiré récemment mon attention dans une librairie, placée sur un présentoir, juste à côté d’« Indignez-vous ».

A savoir certes, un opuscule à l’intitulé pour le moins laconique, elliptique et succinct, mais en guise de réponse à un autre ouvrage au titre non moins lapidaire. Agé de trente et un ans, l’auteur ne parle pas de si haut. Mais visiblement proche du parti de l’In-nocence du controversé Renaud Camus, il s’est évertué cependant à décrypter ces « indignations » successives destinées aux « jeunes générations », les jugeant prévisibles et assez sélectives. Tous ces « grands principes de la Résistance, invoqués par l’ancien ambassadeur, [qui] ne seraient plus opérationnels en ce début de XXIe siècle mondialisé »

 

 

 

 

 

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