La Lanterne (politique, sujets de société)

20 novembre, 2010

La dernière recomposition gouvernementale

Classé dans : Politique — llanterne @ 22:14

La dernière recomposition gouvernementale  dans Politique latern

Concernant cette recomposition gouvernementale, finalement François Fillon est reconduit et les défis seront nombreux pour cette nouvelle équipe, notamment en matière économique. Un gouvernement de droite, plus classique dans sa composition et cela pour la première fois depuis 2007. A maintenant, il est vrai, moins de deux ans des élections présidentielles. L’objectif semble clairement de se recentrer sur l’électorat de droite. Une recomposition attendue et annoncée depuis des mois, à un tel point que cela en devenait lassant. Elle est marquée par l’entrée d’Alain Juppé au gouvernement, qui reçoit le portefeuille de la Défense. Cela marquerait-t-il son retour sur le devant de la scène politique nationale, cantonné qu’il était à sa mairie de Bordeaux, depuis 2007. Un questionnement soulevé, parmi d’autres. Un ministère a été supprimé, le Centre tire mal son épingle du jeu et certaines personnalités politiques ambigües – issues de l’ouverture ou de la diversité -, sont finalement passées à la trappe.

Par ailleurs, nouveauté passée assez inaperçue, le ministère de l’identité nationale a été supprimé. Fustigé par les médias et méprisé par les beaux esprits parisiens, certains analystes murmurent que sa disparition serait la compensation, pour le renvoi du gouvernement des deux icônes médiatiques, issues de la diversité, Fadela Amara et Rama Yade. Fadela Amera est remplacée au ministère de la ville, par Jeannette Bougrab de La Halde. Rama Yade, elle, a fini par payer sa place au gouvernement, pour ses prises de position certes courageuses, associées à un droit-de-l’hommisme exigeant. Ce ministère de l’identité nationale, au final, n’aura vraisemblablement pas été une tentative très habile. Il ne fallait peut-être pas procéder ainsi, l’idée étant essentiellement d’attirer l’électorat du Front National. Mais l’intitulé de ce ministère portait à la confusion et était plutôt mal défini, comme l’a confirmé le fiasco de ce débat national, lancé dans les préfectures par Eric Besson. L’associer à l’immigration, aux yeux de la gauche et de certains milieux, lui donnait des relents vichystes. En effet, les bien-pensants ont eu vite fait d’ouvrir la chasse aux dérapages. Il faut dire par ailleurs, que nommer une personnalité telle Eric Besson, surtout à ce poste, était ambigüe. Ce-dernier s’est vu échoir le ministère de l’industrie dans ce nouveau gouvernement, ce qui n’a rien à voir, on pourrait dire. Mais il est le seul politique, issu de l’ouverture, encore en poste. Bernard Kouchner quitte enfin un quai d’Orsay, qui ne le regrettera pas. Tout réel retour en politique, sera vraisemblablement malaisé pour le « french doctor ». Il n’a plus de carte au PS et personne ne veut de lui au centre ou à droite.

Et Jean-Louis Borloo dans tout cela, a raté Matignon d’un cheveu. Il en est ressorti, fortement déçu et il tente dès à présent, tournant le dos à Sarkozy, blessé et humilié, de se poser en candidat du centrisme pour 2012, à la tête du parti radical. C’est une défaite d’ailleurs – du moins en l’apparence -, pour les centristes, car à part le ministère de la justice, ils se retrouvent sans portefeuille important. Ils excellent en général dans la chasse aux places, entre la droite et la gauche. Comme le rappelait judicieusement Eric Zemmour, Jean-Louis Borloo « est resté célèbre en 2002, pour avoir obtenu un poste ministériel », à l’avance, que ce soit la droite ou la gauche qui passe. Cette habileté proverbiale des centristes suscita longtemps les sarcasmes méprisant de la gauche et de la droite, n’étant pas sans rappeler le positionnement des radicaux opportunistes de l’entre-deux-guerres, sous la IIIe République, les rad’ soc’, qui retournaient sans cesse leur veste, comme dans cette célèbre chanson de Dutronc.

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Cependant, il est vrai, Valéry Giscard d’Estaing avait bouleversé la donne au milieu des années 1970, en fédérant les libéraux et les démocrates chrétiens au sein de l’UDF, présenté comme une alternative à la droite néo-gaulliste, à savoir un parti libéral, européen et décentralisateur, soit tout l’envers du gaullisme. L’objectif sociologique était de rassembler deux Français sur trois, en clair faire de l’UDF, « le parti de la classe moyenne salariée » de la fin des Trente glorieuses. Le centrisme a ainsi percé en 1974, parce qu’il a annoncé en fait, les grandes lignes idéologiques qu’allaient imposer la mondialisation, avec son bras armé, l’Union européenne.

Mais trente ans de mondialisation sont en train de saper les fondements sociologiques de cette idéologie consensuelle du centrisme… Cette France giscardienne de deux Français sur trois meurt sous nos yeux. En effet, de nouvelles fractures et conflits naissent dans une société française marquée par l’implosion de la classe moyenne, en voie de prolétarisation, cumulés à de nombreux problèmes sociaux et sociétaux, tels que l’insécurité, l’immigration, etc. Cette classe politique française de ces dernières années, caractérisée notamment par cette émergence centriste, est plongée dorénavant dans une crise aux profondeurs insondables. Le centre n’a su se positionner et se démarquer par la suite, leurs divisions multiples, leurs querelles d’hommes, en 2007 avec Bayrou, ayant vu le processus de décomposition de l’UDF s’accélérer, servi par les atermoiements du Béarnais.

Mais l’UMP et le PS ne devraient pas se réjouir, ils sont eux aussi atteints par le même danger. Le centrisme est devenu progressivement de moins en moins influent, parce qu’il y a de moins en moins d’électeurs et cela, quoi qu’il en soit, la classe politique actuelle doit l’intérioriser. Le scénario de l’entre-deux-tours de 2002 pourrait très bien sinon se reproduire, et  2012, c’est dans dix-huit mois.

                                                                                                                                                                                     J. D.

7 novembre, 2010

De la rationalisation des AAI (Halde, CNDP, CNCDH…)

Classé dans : Politique — llanterne @ 20:04

De la rationalisation des AAI (Halde, CNDP, CNCDH...) dans Politique latern

L’actualité récente nous offre l’occasion de revenir sur la finalité et l’utilité réelle d’organismes subventionnés par l’Etat, tels la Halde, la Commission Nationale du Débat Public - CNDP - ou encore la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme - CNCDH -, faisant souvent doublon et cela dans un contexte de réduction budgétaire drastique. Il s’en crée en moyenne, un ou une par an. On les appelle les AAI : Autorités Administratives Indépendantes. Il y en a déjà six cent quatre vingt-douze répertoriées, dont quarante-deux plus importantes. La plupart sont inconnues, générant le plus souvent des dépenses conséquentes. Un rapport parlementaire récent préconise de maîtriser les dépenses les concernant, voire de regrouper un certain nombre de conseils, autorités, commissions ou commissariats. Elles logent dans des locaux somptueux, beaucoup plus spacieux que l’administration, dans les beaux quartiers parisiens.

Le loyer de La HALDE - Haute autorité de lutte contre les discriminations, mise en place après les émeutes de 2005 -, est de deux millions d’euros par an. Sarkozy depuis son élection, a toujours rêvé de dissoudre la HALDE, à la tête de laquelle a été placée, Jeannette Bougrab, dont la nomination avait fait temps débat. Au passage, il en va de même de l’association SOS Racisme, faisant doublon avec la LICRA créée en 1927. Mais c’est un autre débat et c’est une question relevant du domaine associatif subventionné. Cela prouve en tout cas, une saine gestion des deniers publics. Une seule est située en banlieue parisienne, une seule autre est en province.On connaît la phrase célèbre de Clémenceau : « Quand je veux enterrer un problème, je crée une commission ». Mais l’origine de ces AAI est à chercher au-delà aussi de la lâcheté ou de l’habileté des politiques, dans toute une philosophie née dans les années 1970, inspirée d’autres modèles – des exemples scandinave ou anglo-saxon  – issu de la doctrine anglo-saxonne du « New Public Management » remettant en cause le rôle régalien de l’Etat, particulièrement puissant, au sortir des années de Gaulle et Pompidou.

En se basant, par exemple, sur les travaux du sociologue Grosier. L’idée était de démembrer l’Etat, afin de le rendre moins dangereux pour les libertés – liberté de penser et liberté économique. Cette notion d’AAI n’a jamais être clairement définie par la loi ou la jurisprudence. Ces structures résultent le plus souvent du mouvement d’agencification. La plupart des Etats modernes disposent d’autorités administratives indépendantes ou d’équivalents (agences indépendantes ou agences régulatrices). Selon le Conseil d’Etat, les autorités administratives indépendantes sont des « organismes administratifs qui agissent au nom de l’Etat et disposent d’un réel pouvoir, sans pour autant relever de l’autorité du gouvernement« . Seulement trente ans plus tard, la situation s’est exactement inversée. L’Etat n’est plus trop fort, mais plutôt trop faible. La plupart de ses compétences le plus souvent régaliennes ont été arrachées par les collectivités locales, l’Europe, le marché et les Autorités Administratives Indépendantes.

Mais ni les commissaires européens, ni les présidents de ses autorités n’ont été élus du peuple. Seul le politique national, mais aussi local est encore responsable démocratiquement. Ces Autorités Administratives Indépendantes ont des pouvoirs de réglementation, pouvant assigner les contrevenants devant les tribunaux ! Elles provoquent doublon et confusion, s’arrogeant des marges de pouvoir exécutif, législatif et judiciaire  »sans aucune légitimité démocratique ». Les rémunérations des agents et contractuels sont accordées en-dehors des règles de la fonction publique. Les contrôles sont tardifs et bien-sûr souvent très peu coercitifs. « Comme si la France vivait sous le règne des vase-communicants », dixit Eric Zemmour. Ce fameux rapport parlementaire évoque leur nécessaire rationalisation en rassemblant des organismes aux compétences voisines. Seulement, il faut aller plus loin et il ne suffit pas de rationaliser, même si cela est toujours un début et pointe le problème du doigt. Il s’agit de remettre réellement en cause la nécessité et la légitimité de ces organismes foisonnant. Surtout en cette période de résurgence partielle du pouvoir étatique, dans un cadre régulateur et protecteur.

C’est l’Etat qui a la légitimité historique et démocratique et lui seul. A la rigueur, certaines problématiques devraient sinon amener à la création de commissions ministérielles, dotées d’une réelle marge de manœuvre. Car c’est de l’Etat et d’aucune autre autorité « que les Français attendent protection et efficacité ». 

                                                                                                                                           J. D.

 

 

Les dessous du traité de défense et de sécurité

Classé dans : Diplomatie,Europe,Politique — llanterne @ 19:07

Les dessous du traité de défense et de sécurité dans Diplomatie latern

Revenons sur le récent traité de défense et de sécurité, signé le 2 novembre 2010, entre la France et le Royaume-Uni. Accords qui concernent entre autres une force expéditionnaire commune, mais aussi une étroite coopération dans la construction et la fabrication des porte-avions, et dans le domaine de la dissuasion, le partage de simulateurs nucléaires en Bourgogne. Mais que signifie cet accord entre notre pays et la « perfide Albion » ? Est-ce un progrès dans la défense européenne ou un accord strictement bilatéral et relevant de la coopération entre deux Etats, sous couvert de l’OTAN ?

Concrètement, ce n’est pas la première fois que les Anglais et les Français édifient des programmes militaires en commun. Nous avons déjà conçu ensemble les avions d’attaque au sol Jaguar – régulièrement employés en soutien, lors d’interventions en Afrique noire dans les années 70 et 80, au point qu’on les a baptisés, les missions « Jaguar ». Aussi les hélicoptères Puma… Pour le reste, ce retour à l’Entente cordiale, cent ans après, ne semble pas s’inscrire dans le cadre d’une défense européenne. Dont les Anglais d’ailleurs, ne veulent pas. D’ailleurs personne n’en veut en Europe… Sauf la France… Pour les vingt-six autres pays de l’UE, la défense européenne s’appelle l’OTAN et le protecteur militaire de l’Europe, en fait les Etats-Unis. Tous les pays européens baissent d’ailleurs leurs budgets militaires. C’est justement plutôt pour additionner leurs queues de cerises budgétaires, que les deux anciennes plus grandes puissances militaires mondiales se mettent ensemble.

Mais les Français font semblant de n’avoir pas compris. Il faut dire que Nicolas Sarkozy avait justifié le retour de la France dans le giron de l’OTAN, dans le cadre d’une stratégie visant à donner enfin sa chance à la défense européenne. Cela devait garantir à la France une position géostratégique et lui accorder le commandement de l’OTAN en Europe de l’ouest notamment. Par agrégation, cette stratégie aurait pu permettre à la France de créer un noyau opérationnel, autour d’elle, au sein de la direction européenne de l’OTAN. Mais même s’il l’a cru un jour, Sarkozy semble en avoir fait désormais son deuil. « En s’associant aux Anglais, les Français veulent seulement en réalité montrer aux Américains qu’ils sont des partenaires aussi loyaux et crédibles que leurs alliés ! » L’Etat-major français – qui a pu goûter au luxe ouaté des bureaux de l’OTAN – aimerait beaucoup traiter les affaires militaires à trois, avec les Anglais et les Américains. Une idée qui va sûrement ravir les Allemands, avec lesquels les désaccords stratégiques se multiplient ces temps-ci. Mais une idée qui semble curieuse aussi, au moment où le président américain prône une forme d’isolationnisme vis-à-vis de l’Europe.

Il y a d’ailleurs un clin d’oeil historique piquant à cette histoire, qui est que cette troïka à la tête de l’OTAN réclamée en sous-main par les Français, correspond exactement au mémorandum proposé par le général de Gaulle lui-même en 1958. Mais le contexte historique était alors différent. Les Américains avaient refusé de partager leur prédominance sur l’alliance militaire occidentale et ce refus américain avait alors poussé de Gaulle à sortir la France de l’alliance intégrée de l’OTAN, où Sarkozy l’a ramené. De Gaulle avait édifié une arme nucléaire indépendante, disposant de vecteurs indépendants. L’histoire de la Force de dissuasion nucléaire française, aussi nommée Force de frappe, commence officiellement en 1958, pendant la guerre froide, lorsque le général de Gaulle décide de doter la France d’une force de dissuasion nucléaire. Alors que les Anglais donnaient aux Américains, une clef de leur armement atomique. 

La base de la doctrine française a toujours reposé sur la volonté de conférer à l’arme nucléaire un rôle fondamentalement politique, concept que ses successeurs - de Pompidou à Chirac, en passant par Giscard et Mitterrand -, n’ont jamais remis en cause.  »Et beaucoup plus inquiétant, quand on entend parler aujourd’hui de collaboration nucléaire entre nos deux pays, cela signifie-t-il alors que les Français mettent sans le dire, ouvertement leur dissuasion nucléaire sous la tutelle des Américains ?! »

                                                                                                                                      J. D.

28 octobre, 2010

Des dernières nominations « méritoires » en date

Classé dans : Politique — llanterne @ 22:45

Des dernières nominations

Des nominations au Conseil d’Etat et au Conseil économique et social ont été officialisées récemment. Cela a pu être brièvement relaté au travers de la presse écrite, radio… Des nominations qui vont sans doute être commentées, critiquées dans les prochains jours. Il est vrai, si on se penche plus sur la question, elles défrayent – de nouveau -, la chronique, avec la nomination d’Arno Klasrfeld au Conseil d’Etat ! Ayant déjà habilement manœuvré (?) en pratiquant une ouverture contestée, à des personnalités ambigües telles que Bernard Kouchner, Nicolas Sarkozy s’assimile quelques peu à son illustre prédécesseur, François Mitterrand, qui était passé maître dans l’art des nominations – provocations. Mitterrand avait ainsi intercédé, en 1989, dans la nomination au Conseil économique et social de la chanteuse Georgette Lemaire…

Comme le commentait M. Zemmour avec ironie : « déjà la course en sac lancée depuis plusieurs mois depuis l’Elysée, pour Matignon, les ministères, ou encore la présidence de l’UMP, ressemblait furieusement au cynisme narquois avec lequel Mitterrand mettait en concurrence », nombre de dirigeants du PS dans les années 80 et la première moitié des années 90. Laurent Fabius avait coutume de dire, que Mitterrand était darwinien : « ce qui signifie que l’on veut voire le meilleur gagner ». Mais cela ne se vérifie pas toujours excatement dans les faits, rimant le plus souvent avec copinage. Et « quand le copain n’est pas le meilleur, il y a le conseil économique et social ». Il est évident que quand on lit les noms de l’escrimeuse Laura Flesselle, la navigatrice Maud Fontenoy ou Marie-Claude Tobaou, la veuve d’un ancien dirigeant kanak, et quant on voit confirmer Pierre Charon, conseiller et ami du président, Hervé Marseille, le maire de Meudon ou nommer Hugues Martin, le maire-adjoint d’Alain Juppé, « on se dit pudiquement que les considérations politiques ne sont pas absentes de ce choix ».

D’autant que l’on se demande à quoi sert, par exemple, le Conseil économique et social ? Le Conseil économique, social et environnemental est une assemblée consultative prévue par la Constitution française. Il peut être consulté par le Gouvernement ou le Parlement. Son siège est située au palais d’Iéna, à Paris, dans le 16e arrondissement. Même si le général de Gaulle avait eu d’autres ambitions pour lui, le Conseil économique et social est surtout devenu, en tout cas, un de ces organismes consultatifs dont la France a le secret, rédigeant des rapports « instructifs » qu’on s’empresse d’oublier sur une pile, où ils prennent la poussière. Le Conseil d’Etat – créé sous l’impulsion de Bonaparte en 1799 -, peut jouer un rôle normatif plus important, à l’occasion, notamment en matière de blocage juridique et constitutionnel.

Les conseillers d’Etat retiendront sans doute un cri d’horreur, stupeur et de fureur mêlé à la nomination d’Arno Klasrfeld. Est-ce une énième ouverture à la gauche ? Ce sympathique quadragénaire, avocat ayant peu plaidé, a juste rempli quelques missions en Haïti, pour le compte de Matignon. Il a aussi effectué quelques missions sur la question des sans-papiers et des mal-logés… Ces nouveaux collègues ne manqueront pas d’insinuer, que son amitié avec Carla Bruni a plaidé en sa faveur. « Que l’on se croirait revenu au temps où Madame de Maintenon, l’épouse de Louis XIV, faisait les nominations ». De plus, Nicolas Sarkozy peut avec délectation savourer sa revanche sur ces conseillers d’Etat, la crème de l’ENA, tous ces premiers de la classe, dont il souffre tant de n’avoir jamais fait parti…

                                                                                                                                                         J. D.

22 octobre, 2010

Les réalités du dernier sommet de Deauville

Classé dans : Diplomatie,Europe,Politique — llanterne @ 5:52

Les réalités du dernier sommet de Deauville dans Diplomatie latern

A Deauville, sur les planches, ce récent sommet franco-germano-russe (le 17 octobre) a parlé politique, ayant réuni Nicolas Sarkozy, Dimitri Medvedev et Angela Merkel, qui ont parlé notamment sécurité au cours de cette rencontre tripartiste. Ils s’étaient déjà rencontrés en 2003. Jacques Chirac, Vladimir Poutine et Gerard Schroeder manifestaient alors avec éclat leur opposition à la guerre en Irak, engagés par les Américains et les Anglais. Comme une alliance continentale, réveillant le spectre d’une opposition géostratégique entre les puissances continentales européennes et les puissances maritimes anglo-saxonnes.

Mais cette Europe de Brest à Vladivostock, était déjà l’idée aussi du général de Gaulle, lorsque dans les années 60, il développa une politique de détente, d’entente et de coopération avec l’Union soviétique. Mais les mâchoires de la guerre froide se refermèrent sur lui. Et puis comme l’analysait récemment Eric Zemmour, dans une perspective historique, à la fin du XIXe siècle, la France de la IIIe République s’alliait déjà à la Russie, et esquissait même un rapprochement avec l’Allemagne, qui se brisa sur l’Alsace-Lorraine. L’idée de cette grande alliance continentale était née, en 1807, à Tilsitt, lors de la célèbre rencontre entre Napoléon et le tsar Alexandre Ier, sur le Niemen. Mais cette alliance qui devait garantir la domination de la France sur l’Europe se brisa entre autre sur les intérêts commerciaux de l’aristocratie russe qui ne voulait pas renoncer à son commerce fructueux avec l’Angleterre. A vieille histoire, nouveaux acteurs : l’ambiance n’est aujourd’hui plus la même, l’Allemande Angela Merkel a dès son élection renoué avec Washington, Medvedev est un libéral et Nicolas Sarkozy s’est empressé de ramener notre pays, dans le giron protecteur de l’Otan, où nos meilleurs officiers obéissent en langue anglaise, à leurs homologues américains.

Mais alors pourquoi cette réunion ? D’abord pour des raisons économiques, les Russes savent que leurs richesses en hydrocarbures ne sont pas éternelles. Depuis des années déjà, les entreprises allemandes ont investi l’eldorado russe. Tardivement les industriels français leurs ont emboîté le pas. Mais plus profondément, Sarkozy qui avait commencé son mandat, avec les idées russophobes d’un philosophe tel M. Glucksmann, s’est peu à peu converti aux thèses traditionnellement pro-russes du quai d’Orsay. Les désaccords avec Obama se sont multipliés, et de même après avoir fait ratifier le traité de Lisbonne, Sarkozy refuse désormais avec véhémence, la tutelle des instances communautaires qu’avait prévue ce même traité. Cette accumulation de stratégies souvent opposées et peu cohérentes, trouble notre discours et le regard sur notre pays. Elle est comme le reflet des hésitations et des contradictions françaises. Nicolas Sarkozy est comme son mentor Balladur, un occidentaliste. Pour lui, la principale alliance reste avec l’Amérique. Mais il a donné des gages à l’Europe fédérale, et à ses yeux, le rassemblement avec l’Allemagne et la Russie n’est pas incompatible avec ses autres choix. Seule une crise grave pourrait l’obliger à choisir, car cela s’imposera un jour.

Au final, cette réunion à Deauville, a été marquée par des gestes d’ouverture du président russe à l’égard de l’Otan, et il a confirmé qu’il irait à son prochain sommet. L’Otan qui est un mort très fringant. Avec la chute du mur de Berlin, l’Otan avait perdu son adversaire et sa raison d’être. On sait que le général de Gaulle ne rêvait que de mettre fin à ce qu’il appelait le « protectorat américain », d’où sa politique d’ouverture avec l’Europe de l’est. On sait aussi que François Mitterrand a cru un moment, que lorsque le mur de Berlin tomberait, l’Otan mourrait de sa belle mort et qu’une défense européenne prendrait sa place. Il n’en a rien été. Vingt ans plus tard, le protectorat américain de l’Otan sur l’Europe, se porte comme un charme. Les pays de l’ancien bloc du pacte de Varsovie sont les plus demandeurs de protection. Les pays européens ont renoncé dans leur ensemble de se défendre. Ils baissent tous, tous les budgets de leurs armées, même le Royaume-Uni et la France. La crise aggrave encore ce tropisme.

L’Europe a sous-traité sa défense aux Américains, comme les Rois se payaient des lansquenets allemands ou suisses. A défaut que ce sont là, les Américains qui payent et qui commandent. Les Américains ont sorti l’Otan du champ de bataille européen et en ont fait une machine de guerre intervenant partout dans le monde. Non seulement les Français les ont suivi partout, au Kosovo, en Afghanistan, non seulement ils ont réintégré l’alliance intégrée, mais Nicolas Sarkozy semble accepter désormais le principe de bouclier antimissile américain. Bien-sûr l’Elysée précise que ce sera un complément de notre force de dissuasion. Mais à partir du moment où l’on est protégé par les Américains, notre force de dissuasion nucléaire n’est plus tout à fait indépendante. Et les Allemands nous ont poussés dans cette voix, car notre supériorité nucléaire est notre seule réelle prédominance stratégique sur eux. Les Russes sont les derniers à ne pas céder devant les pressions de l’Otan. Mais les Russes ont de grosses faiblesses économiques et démographiques. Eux aussi cherchent des alliés. Depuis des années, ils jouent du rapprochement improbable avec les Iraniens ou d’autres réprouvés de l’ordre international.

Le paradoxe est que les Américains remportent cette victoire totale, au moment où ils ont un président se détournant le plus de l’Europe et où leur affaiblissement économique éclate au grand jour. Au moment surtout où la guerre des monnaies fait rage et où le dollar faible cause un grand tort à l’économie des pays européens, sans que le continent européen ne réagisse. Mais précisément, cette dépendance géostratégique ne serait-elle pas la cause de notre incompréhensible passivité économique…

                                                                                                                                                    J. D.

21 octobre, 2010

La visite au Vatican ou les rapports ambigus de la France avec l’Eglise

Classé dans : Politique — llanterne @ 19:26

La visite au Vatican ou les rapports ambigus de la France avec l'Eglise dans Politique latern

Nicolas Sarkozy a été reçu par Benoit XVI, vendredi dernier. Après l’audience papale, dans un moment de prière aux dires du Vatican, de recueillement pour l’Elysée, on a vu le président se signer plusieurs fois et même réciter le « Notre père ». Résultat : des critiques à gauche, François Hollande y voyant notamment des manquements au principe de la laïcité. Décidément, Nicolas Sarkozy en fait toujours trop avec le Pape. Lors de son premier voyage au Vatican, il dépassait les limites de la désinvolture. Aujourd’hui, il excède les limites de la dévotion.

Il pourrait plaider que ses excès sont une tradition bien française, seul un sujet du Roi de France, Guillaume de Nogaret, envoyé de Philippe le Bel, osa frapper un Pape – qui décéda quelques jours plus tard. Mais seul un Roi de France aussi consacra son pays à la Vierge Marie, c’était Louis XIII. La France est la fille aînée de l’Eglise, qui entretint toujours des rapports si ambigus avec elle. C’est la France républicaine qui donna aussi cette couleur si anti - cléricale à son principe de laïcité. Le seul président catholique réellement pratiquant de notre Ve République, qui fut de Gaulle, quand il assistait à un office en ses qualités de chef de l’Etat, par souci de retenue et de respect du sacro-saint principe de laïcité, s’imposait de ne pas communier à l’issue de l’office.

Mais cette époque est passée, révolue. Les catholiques pratiquants sont devenus, on pourrait dire une minorité active – 4,5 % des Français se disent pratiquants réguliers, 8 % pratiquants occasionnels ; 79 % de la population restant cependant baptisée en 2010 – et dont on se dispute âprement les suffrages, notamment dans un certain électorat de droite. Certes, l’électorat catholique n’est la propriété de personne, il n’est d’ailleurs pas monolithique et nous devons respecter cette minorité, comme le rappelle le père Bernard Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France – CEF -, qui inscrit, lui, la visite de Nicolas Sarkozy « dans une nécessité de dialoguer » avec le Vatican. Ils ne représentent plus par ailleurs, un quelconque « danger » d’influence en soit, dans notre République laïque. Le haut-clergé, ne joue plus aucun rôle politique, comme ce put être encore le cas au XIXe siècle, jusqu’au début du XXe siècle, à la faveur de la crise de 1905.

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Les évêques de l’Eglise de France aujourd’hui penchent d’ailleurs plutôt à gauche et sont souvent, il faut le dire, très politiquement corrects. C’est d’ailleurs sous la pression des évêques de France, que Benoit XVI s’est vu contraint de rappeler à l’ordre Sarkozy sur la politique à l’égard des Roms, n’ayant pas spécialement l’intention de stigmatiser la France sur ce point, au début. Les catholiques perçoivent la deuxième rencontre de Nicolas Sarkozy avec le pape Benoît XVI au Vatican plutôt comme « une tentative de reconquête d’un électorat déçu, une opération qui laisse certains dubitatifs ». Selon l’institut de sondage Ifop, contre 74 % des catholiques pratiquants ayant voté pour Sarkozy en 2007, plus que 50 % continuent à le soutenir. « L’idée est plutôt de donner des gages et de rassurer une partie de cet électorat catholique dans lequel il a beaucoup perdu », analyse Frédéric Dabi, directeur du département opinion chez Ifop.

Pour Christine Boutin, secrétaire général du Parti Chrétien Démocrate, parti fondateur de l’UMP, il faut adopter des attitudes qui soient en cohérence, pour pouvoir renouer avec l’électorat UMP en général, un électorat catholique pratiquant plus en particulier. « Je ne suis pas la porte-parole des catholiques français ! », rappelle-t-elle par ailleurs, sans cesse sollicitée dans les médias, pour commenter la visite de Nicolas Sarkozy. Elle avance que le déplacement du chef de l’Etat est « un geste de paix », dans un premier temps. Mais cependant la politique gouvernementale de son point de vue, est difficilement lisible, et aujourd’hui par ailleurs, 70 % de catholiques pratiquants – de sensibilité de gauche comme de droite -, ayant voté Sarkozy, sont déstabilisés. Le Parti Chrétien-Démocrate se veut cependant agnostique, nombre de ses militants étant athée ou relevant d’une autre confession, mais se rattachant à certaines valeurs humaines – relevant essentiellement de la morale chrétienne.

La politique du gouvernement sur la retraite des femmes, la suppression des avantages fiscaux pour le mariage, la diminution de l’allocation d’accueil pour le jeune enfant  – ou encore le débat souterrain sur le fameux contrat union civile ou cuc, auquel j’ai consacré un article récent -, sont très mal perçues par les catholiques de droite. Quant à ceux qui ont une sensibilité de gauche, représentés également par le PCD, ils sont choqués par l’expulsion des Roms, analyse l’ancienne ministre du Logement. Le message est clair : peu sensible « à l’image » renvoyée par une rencontre maladroite comme d’habitude, avec Benoit XVI, l’électorat catholique attend « d’autres gestes » de Nicolas Sarkozy, dans une politique claire et cohérente, sans va-et-vient médiatique permanent, incompréhensible, visant à détourner l’attention de l’actualité.

Comme le commente Eric Zemmour, cela « pose et repose également, sans cesse la problématique des racines chrétiennes de la France ». « Des racines chrétiennes qui sont pourtant indéniables dans l’Histoire de notre pays et celle de l’Europe ». Car on ne peut s’approprier la civilisation de notre pays, son Histoire sans assimiler culturellement certes  – et non cultuellement -, ces notions et racines chrétiennes. Même les républicains les plus laïcards de la IIIe République s’étaient ainsi revendiqués de la morale chrétienne, vidée de son contenu, dans une certaine mesure, pour inculquer les bons principes aux petits écoliers et collégiens en blouse noire. Enfin, il apparaît que ce n’est pas un hasard, si ce principe de laïcité ait parvenu à s’imposer en France, dans une nation imprégnée de valeurs judéo-chrétiennes.

                                                                                                                                                   J .D.

14 octobre, 2010

Les réalités de la percée « populiste »

Classé dans : Politique — llanterne @ 21:51

Les réalités de la percée

L’actualité est marquée par des percées de partis populistes, dans plusieurs pays européens. Aux Pays-Bas, les Chrétiens démocrates ont pactisé avec l’extrême-droite, dans le cadre d’une coalition autour du parti libéral au sein d’un gouvernement. Ce parti populiste hollandais est celui de M. Gert Wilders. En Suède aussi, Jimmie Akesson – 31 ans -, a changé la donné politique, suite aux élections législatives du 19 septembre dernier voyant un parti d’extrême-droite entré au parlement suédois. Cela dit, cela passe comme une lettre à la poste, en Europe.

Il paraît bien loin le temps, en effet, où l’arrivée de Haider dans le gouvernement autrichien, provoquait en Europe, une crise politique majeure, parallèlement à la percée électorale en Italie de la ligue lombarde, aux accents disons « populistes » - phénomène toujours d’actualité dans la botte. Partout en Europe, la vie politique est bouleversée par l’arrivée au pouvoir de mouvements aux contours mal définis, que la presse qualifie d’extrême-droite ou populiste. Ils ont en commun de recueillir des suffrages populaires ou du troisième âge, qui ne veulent plus voter pour la social-démocratie. Mais ils n’ont pas de ligne idéologique commune. Leur rattachement aux partis fascistes et d’extrême-droite d’avant-guerre est une facilité journalistique et polémiste. Déjà historiquement, il est vrai, comme le soulignait récemment Eric Zemmour, c’est oublié que Mussolini fut avant tout socialiste et qu’il y a eu beaucoup de militants d’extrême-droite à Londres, autour du général de Gaulle, sympathisants de gauche et d’extrême-gauche pacifiste à Vichy. Gert Wilders, le leader hollandais est un homosexuel revendiqué (à l’image de son prédécesseur populiste Pim Fortuyn), loin de toute bigoterie, c’est avant tout un homme de droite traditionnel, qui rejette trente ans de tolérance batave et ses fissures.

Partout, l’Europe rejetée, le chômage, des sujets sociaux et sociétaux divers, ont pris une importance centrale, inquiétant certaines classes populaires, déjà frappée par un chômage de masse. Entre les deux grandes formations politiques suédoises, par ailleurs, les sociaux-démocrates de Mona Sahlin et les modérés dirigés par le Premier ministre sortant, Fredrik Reinfeldt, ce fut à qui promettait au « troisième âge » les plus gros avantages fiscaux. Finalement, Reinfeldt, dont la proposition était plus modérée, l’a emporté sur Sahlin qui avait pourtant présenté un « paquet fiscal » beaucoup plus généreux (33% de plus) que la concurrence. Cet électorat populaire – en général – est sinon d’autant plus furieux, que les élites de leur pays – de gauche comme de droite, libérales ou sociale-démocrates, mais aussi vertes, atlantistes ou non -, au nom de l’Europe fédérale et d’un idéalisme abstrait, ont souvent rejeté l’idée même de nation. Or comme disait Jaurès : « La nation est le seul bien des pauvres ». En France, la situation est paradoxale. Le Front National est à la fois l’aîné de tous ces mouvements et le plus ostracisé. Nicolas Sarkozy a coupé le FN de sa base électorale, en donnant dans les sirènes populistes lors de la campagne présidentielle de 2007.

Marine Le Pen briguant la succession de son père, cherche à renouer avec sa base militante, et a suivi le même chemin de ses voisins, qui a si bien réussi. Elle s’efforce désormais de reprendre à son compte, dans le cadre d’une politique habile, l’héritage républicain et assimilationniste, qu’ont rejeté, aux yeux de l’opinion, nos élites politiques depuis trente ans. Mais c’est justement ce que lui reproche une partie des militants du FN, qui sont séduits par un discours plus traditionaliste. Pour l’instant, du côté du FN comme de l’UMP, on se refuse avec horreur à tout rapprochement, mais comme le commentait récemment Eric Zemmour, «  2012, c’est demain ».

                                                                                                                                                     J. D.

20 septembre, 2010

La France a-t-elle encore les moyens de sa politique intérieure ?

Classé dans : Politique — llanterne @ 15:36

La France a-t-elle encore les moyens de sa politique intérieure ? dans Politique latern

Du projet de déchéance de la nationalité, à l’affaire des gens du voyage, en passant par les incidents de Grenoble et de Saint-Aignan du mois de juillet, jusqu’au projet de loi d’interdiction du port du voile intégral en France, passé à la rentrée devant le Sénat, l’actualité intérieure a été pour le moins sécuritaire et polémique, ces deux derniers mois. Mais l’Etat français a-t-il de toute manière en 2010, encore les moyens de sa politique en la matière ?

Nicolas Sarkozy est maintenant au pouvoir depuis huit ans. Il est arrivé place Beauvau en septembre 2002, suite au coup de semonce de l’entre-deux-tours. Le souvenir de l’échec de la gauche s’efface peu à peu et la marge de manœuvre de la droite, à l’approche des présidentielles de 2012, risque de se rétrécir dangereusement… Les chiffres de la délinquance ne sont pas en baisse, loin de là. Comme on l’a vu, cet été, à Grenoble, certains quartiers populaires continuent bel et bien à vivre sous la coupe réglée de bandes… L’actualité est là pour nous le rappeler. En matière migratoire, dont Nicolas Sarkozy avait fait un sujet de campagne électoral important, 200 000 étrangers continuent à entrer légalement ou non chaque année, à peu près autant que sous le gouvernement Jospin. Les cas d’expulsés touchent essentiellement des clandestins dans les DOM-TOM (ile de la Réunion, Mayotte ou Guyane) et peu la France métropolitaine… Les liens entre délinquance, étrangers, insécurité, chômage, immigration depuis près de vingt-cinq à trente ans, sont le sujet « tarte à la crême » de la vie politique française, d’ailleurs « interdits au nom de la morale par une armée d’intellectuels, de médias français et internationaux, de bien-pensants », dixit M. Zemmour. Même si la réalité sociologique, les policiers sur le terrain, etc. en apportent parfois une part de preuve…

Sont ré exhumés aussitôt en réponse par la gauche et certains milieux bien-pensants, « les fantômes défraîchis » de Pétain, de Laval, de Vichy, « de la rafle du Vel d’hiv ». « Le Front national est rituellement invoqué comme le diable à repousser ». Ceux dénonçant les vieilles ficelles sécuritaires et populistes, « disent-ils de Sarkozy », il faut le reconnaître, n’ont certes pas beaucoup plus d’imagination, nous resservant à chaque reprise « les mêmes incantations religieuses ». Il est vrai, l’exaspération et la souffrance des Français sont telles, que celui qui ose transgresser ces tabous et se fait insulter par ces bien-pensants est sûre de se faire entendre du peuple. C’est ce qui a permis à Nicolas Sarkozy de se faire élire en 2007. Et cela, Nicolas Sarkozy dès son arrivée, place Beauvau, l’a fort bien compris. Et il l’a utilisé, en a usé et abusé… Mais là n’est pas le fonds du problème. Il se trouve sinon que l’Europe n’a aucune politique et convergence de vue précise en la matière, à proprement parler. Le gouvernement espagnol a régularisé deux millions de sans-papiers (mais il en reste encore près d’un million et demi, en Espagne, en particulier en Andalousie)… Toutes politiques en la matière, ne peut se concevoir qu’au niveau européen, dans un cadre clair et en partenariat, ainsi qu’avec les pays tiers. Tout le reste n’est que démagogie.

Concernant l’affaire de la déchéance de la nationalité française, Nicolas Sarkozy a tranché, elle sera étendu aux français naturalisés depuis moins de dix ans, reconnus coupables de meurtre sur dépositaires de l’autorité publique, c’est-à-dire policiers, gendarmes, magistrats. Cette question de la déchéance a d’ailleurs suscité fantasmes et délires estivaux ; on a évoqué Vichy, et le sort des juifs persécutés. Cela fait écho encore une fois, aux sirènes de l’actualité, à savoir les incidents de Grenoble du mois de juillet 2010. Mais cette mesure, de tout de façon fait double effet. La déchéance de la nationalité a toujours existé dans la République. Le conseil constitutionnel l’a déjà béni. Ce sont les socialistes, sous Jospin, qui en 1998 en ont restreint exagérément le champs d’application au domaine du seul terrorisme. Il suffisait de revenir au statut-quo ante. La plupart des tireurs, comme à Grenoble, sont nés en France et naturalisés depuis trop longtemps pour être concerné par le « durcissement de cette loi », l’extension du champ de la mesure (« au mieux quelques dizaines de cas par an »). On a fait mine de croire qu’on allait créer des apatrides par milliers, alors que les conventions internationales et surtout « européennes » signées par la France, l’interdisent formellement. Ce furent posture et imposture. Il convient de tout de façon, de prendre le problème à la racine. Et de demander aux préfectures de revenir à une approche sérieuse de la question, en exigeant que les associations à l’activisme dont c’est l’étendard, cogérant trop souvent ces demandes au sein des préfectures, ne puissent plus faire pression sur les autorités de l’Etat. En tenant ce type de propos, je ne relève d’aucune logique partisane.

On a instauré cet examen de connaissance de la langue française et de nos valeurs, mais qui se révèle en réalité souvent dérisoire. En revanche, tel le rappelle justement Eric Zemmour, principal, presque seul et essentiel chroniqueur à avoir réellement couvert le sujet dans l’actualité récente, « le degré d’assimilation était naguère le fondement de toute approche sérieuse de la question ». Cet article du code n’ayant pas été abrogé, « il pourrait être réutilisé systématiquement, l’assimilation n’est pas l’intégration aux critères platement économiques » ; c’est « l’acquisition des codes culturels ancestraux et de notre mode de vie, bref de notre civilisation ». Le polygame de Nantes, au vu de ses accoutrements et de ses quatre épouses, ne se serait ainsi jamais vu accorder la nationalité française. Il serait aussi plus efficace de rompre l’obtention quasi-automatique de la nationalité française, pour tous les étrangers qui épousent un citoyen français. C’est devenu un système efficace pour obtenir des papiers, obtenir la nationalité enfin. Ce sont les fameux mariages blancs. Mais ça ne règlera pas tout le problème. Concernant l’affaire plus significative des Roms, les plus subtils ont pu bien-sûr décelés dans cette contre-offensive médiatique, une volonté de détourner l’attention de l’affaire Woerth, le ministre de la justice tenant de plus en plus difficilement sous les attaques médiatiques. C’est la formule de Claude Guéant, conseiller spécial de M. Sarkozy à l’Elysée : « La France n’a pas vocation à accueillir tous les Roms »… Cela résume bien la problématique en France et en Europe, à l’heure actuelle sur le sujet ; même si elle paraphrase la fameuse tirade de Michel Rocard : « La France n’a pas vocation à accueillir toute la misère du monde… ».

Cela était écrit. Tout le monde le savait « à Paris, à Bruxelles, à Rome, à Berlin, à Bucarest aussi ». Si la Roumanie et la Bulgarie, furent les deux derniers pays du défunt bloc communiste, à intégrer l’Union Européenne en 2007, ce fut à cause de la corruption des dirigeants politiques et du retard économique… Mais aussi en grande partie à cause des Roms. Les neuf millions de Roms, très pauvres, pour la plupart jamais scolarisés en Roumanie, affolaient tous les dirigeants européens. Il était en effet, à craindre, « un déferlement d’enfants dressés pour mendier et voler et la prostitution massive de très jeunes filles ». Pourtant, il convient de le rappeler, les traités européens prévoient une restriction à la liberté de circulation, pour lutter contre la criminalité, qui en relève souvent. Lors des négociations d’adhésion de la Roumanie, des clauses de sauvegarde avaient de surcroît été négociées, permettant à Brice Hortefeux d’affirmer avec raison, que les camps des Roms sont illégaux et qu’il respecte la loi française et la loi européenne…

Mais les mesures de démantèlement des Camps Roms ne suffiront pas ; les Roms ont pris volontiers les 300 euros distribués par la République et le contribuable français ; mais ils reviendront. Le principe de libre circulation en Europe leur sert de viatique et de protection. C’est pourquoi les Italiens veulent déjà aller plus loin, et demandent qu’on puisse expulser des citoyens communautaires des pays où ils vivent, et constituent un fardeau pour les systèmes sociaux. Il y a quelques mois déjà, Berlusconi s’était lui aussi, vu administrer une admonestation papale, pour sa conduite envers les Roms. Mais la France attire particulièrement, en raison de ses structures sociales et scolaires, cumulant harmonieusement générosité et laxisme.

On apprend récemment, toujours à propos des Roms, que la commission européenne menace de poursuivre la France en justice. La commissaire chargée de la justice et des droits fondamentaux, la luxembourgeoise Viviane Reding, très en colère, a assuré ainsi « que de tout de façon, la question de la circulaire au sujet des Roms, rend la situation de la France, intenable vis-à-vis des lois européennes ». La presse britannique, un journaliste récemment dans le quotidien « The Guardian », fustige la France droit-de-l’hommiste, critique sa politique migratoire et populiste, allant dans le sens des rappels à l’ordre de Bruxelles. Mais l’enjeu est plus vaste. Il s’agit de savoir, si un pays communautaire a encore le droit de faire respecter sa souveraineté. Si la menace à l’ordre public, évidente dans le cas des Roms, peut encore justifier les expulsions d’étrangers même communautaires. Ou si l’Europe consiste désormais à faire prendre en charge par les pays fondateurs de l’Union, les populations dont ne veulent pas les pays récemment entrés. 

La République française, dans la réalité des faits, s’est comme « volontairement attachée les mains ». Depuis des années, comme cela a déjà été précisé, l’Etat français signe en effet, à tours de bras, des conventions internationales et « européennes » au nom des droits de l’homme, qui le confinent en réalité, à l’impuissance (regroupement familial, interdiction d’expulsions collectives, suppression des frontières, etc). Longtemps les plus grands juges français, ont refusé au nom de la souveraineté de la nation, de soumettre la République, à ces traités. Avant-guerre, la IIIe République  (celle de Clémenceau, Jaurès…) n’en faisait qu’à sa tête, quand elle estimait défendre les intérêts de la nation. Il faut dire que la République française avait alors, « une autre idée de la souveraineté, arrachée, il est vrai depuis peu à la tête des Rois ». « On faisait une grande distinction entre français et étrangers, non par xénophobie, mais parce que comme disait Jaurès : « La nation est le seul bien des pauvres ». La République avait été fondée pour défendre farouchement les intérêts de la nation ». Entre temps, l’Histoire a suivi son cours. Il y a eu la seconde guerre mondiale, la Libération, et la construction européenne… Et depuis le milieu des années 80, la gauche au pouvoir a entamé avec l’acte unique, l’édification d’un marché unique européen, réglé par la libre circulation des capitaux et des marchandises, celle des hommes.

Aussitôt après son élection, Nicolas Sarkozy lui-même, s’était empressé de faire ratifier par le Parlement, le fameux traité de Lisbonne, copie conforme de la constitution proposée par Giscard, que le peuple français avait repoussé par référendum, deux ans plus tôt et ayant valu la chute du gouvernement Raffarin. Et c’est au nom de la Charte des droits de l’Union Européenne, qui n’a pris valeur obligatoire qu’avec ce traité, adopté en sous-main, que Bruxelles veut précisément faire condamner la France. Nicolas Sarkozy regrette-t-il aujourd’hui son choix ? La France ne dispose en réalité, que d’une marge de manœuvre restreinte, en matière de politiques d’expulsions de nos jours, au sein de l’Union européenne.

Bucarest dans l’affaire, somme la France de mener une politique d’intégration en faveur de ces populations, soit faire ce que la Roumanie n’a jamais fait, alors que le nouveau pays entrant, va percevoir entre 2007 et 2013, près de vingt milliards d’euros d’aide de Bruxelles ; mais n’a pas encore trouvé le temps, ni les moyens, d’en affecter une partie aux Roms. Pour conclure sur cette tirade zemmourienne résumant bien le propos : « Il y a quelques mois, la fourmi allemande était déjà contrainte de faire un gros chèque, pour sauver la cigale grecque. Aujourd’hui, l’école de la République française est réquisitionnée pour scolariser les enfants Roms… L’Europe, c’est quand même merveilleux. Mais on ne sait plus si c’est un rêve ou un  cauchemar ? ».

                                                                                                                                                    J. D.

 

 

Eclaircissements sur la réforme des programmes d’histoire

Classé dans : Politique,sujets de societe — llanterne @ 14:42

Eclaircissements sur la réforme des programmes d'histoire dans Politique latern

Cette réforme des programmes scolaires de 2009/10 est décidément sujette à polémique. D’autant plus que dans cette affaire, « une polémique peut en cacher une autre ». La suppression annoncée de l’enseignement de l’histoire en terminale S, l’an dernier, avait déjà suscité un tollé. Mais dont l’écho n’est pas parvenu cependant rue de Grenelle, le ministère ayant maintenu sa décision. Sur fonds de réduction drastique des heures de cours consacrées à l’étude de l’histoire et au français et alors que l’on sait que les livres de seconde arriveront en retard, on apprend maintenant que les figures de Louis XIV et Napoléon se voient condamnées à une quasi-disparition des manuels et programmes d’histoire ?!…

Tout d’abord, si l’on opère une analyse de la question, les contenus des programmes scolaires ont eux aussi, connu leur évolution dans l’histoire de l’enseignement en France. Place n’a d’ailleurs pas toujours été accordé à l’Histoire. Avant la loi de 1833, on n’avait jamais parlé de cette discipline dans les écoles. Louis XIV dit même « que les jeunes gens de son époque ignorent l’Histoire de France, et Rollin avoue, avec humiliation, qu’il ne la connait pas non plus ». Les Conventionnels, à la faveur de la Révolution, avaient voulu réorganiser l’enseignement. C’était une œuvre utile et considérable, qu’ils n’eurent pas le temps de mettre en pratique, « mais, dans leur plan d’études, ils ne mentionnaient pas d’Histoire ». Il n’est plus question de l’Histoire non plus, sous l’Empire, les maîtres se contentent d’apprendre à lire, écrire, chiffrer à leurs élèves, en 1808. Il faut arriver à la loi de 1833, qui a fait beaucoup pour l’enseignement, pour voir la Géographie et l’Histoire de France compter parmi les matières obligatoires dans l’enseignement primaire. En 1834, on décrète que l’enseignement de l’Histoire et de la Géographie sera donné aux élèves les plus avancés des écoles primaires élémentaires. En 1850, on ne mentionne l’Histoire et la Géographie que comme matières facultatives. Avec la loi de Victor Duruy du 10 avril 1867, l’Histoire et la Géographie prennent rang parmi les matières obligatoires. C’est une loi de 1882 qui a fait occuper à l’Histoire la place qu’elle a aujourd’hui.

Dans la France des années 1880, jusqu’au début du XXe siècle, dans l’approche des programmes, place importante est sinon accordée à une discipline en particulier, à savoir la Géographie. Suite à la guerre de 1870-71, la France s’est vue amputée de l’Alsace et la Lorraine. Les deux départements sont couverts d’un voile noir, tenu par une ficelle, sur la carte de France accrochée au fonds de toutes les salles de cours. A l’époque des « Hussards noirs de la IIIe République », l’enjeu est surtout pour les écoliers qu’ils puissent s’approprier leur territoire national, qu’ils le connaissent avec ces départements, parfois leurs chefs-lieux (qu’ils convenaient d’ailleurs de connaître par cœur, jusque dans l’après-guerre), avec les noms des fleuves, des principales grandes villes, des massifs. L’enseignement de l’histoire était sinon centré sur l’Histoire de France, les batailles et ses grands hommes. C’était peut-être réducteur, mais utile et important.

Ce programme scolaire a certes connu ensuite des évolutions significatives, au fil du temps. Durant l’entre-deux-guerres, survient une nouvelle réforme au niveau des programmes scolaires. Le contenu varie quelques peu. Le régime de Vichy innove peu en matière scolaire. A la libération, le gouvernement provisoire institue une commission de réflexion sur l’éducation. C’est le rapport Langevin-Wallon, qui propose de nombreuses mesures de modernisation de l’enseignement. A la suite de la révolte de mai 1968, l’université est réformée, menant entre autre à plus d’autonomie et à une démocratisation de son administration (loi Faure de 1968). La mixité filles/garçons est appliquée à tous les niveaux d’enseignement. La Loi Haby (1975) instaure le principe de collège unique pour tous les élèves. Une réforme consécutive a également touché le contenu des programmes scolaires, et en particulier l’enseignement de l’histoire et de la géographie. La pédagogie a en effet accordé une place importante aux autres civilisations (Grèce antique, Egypte ancienne), jusqu’à la dernière réforme de 2009, dans les classes de 6e et de 5e, où elles occupaient l’essentiel du programme en histoire.

Par ailleurs influencée par les sciences de l’éducation, la pédagogie évolue et interroge la place de l’enseignant en termes de directivité ou de non-directivité. Dans les années 1970, Ivan Illitch va jusqu’à remettre en question l’existence d’un système scolaire institué par l’Etat. Les pédagogies nouvelles (Montessori, Freinet…), suscitent un important débat, bien que restant marginales. La loi Jospin de 1989 semble toutefois aller dans le sens des nouvelles pédagogies, en plaçant l’élève « au centre du système éducatif ». Dans ce cadre, le pédagogue Philippe Meirieu envisage que l’Ecole devienne un moyen de réalisation du projet de l’élève. Le triangle pédagogique est remis en cause. Comme l’écrit Pierre Lunel, ce sont bel et bien « dans les années 1970 et 1980 que l’enseignement de l’histoire a été mis à mal », les gouvernements de droite et de gauche y ayant d’ailleurs, leurs parts de responsabilité respectives. Sous l’influence de l’école dite des Annales, s’est opérée l’irruption dans les classes de la « nouvelle histoire et les méfaits d’un pédagogisme abscons issu de la recherche universitaire ». Des mouvements intellectuels se sont conjugués pour bannir de l’enseignement, le portrait dressé et établi des grands hommes, le récit de leurs actions. On renonce à la chronologie, les cours magistraux perdent de leur prépondérance, au profit d’une place accrue accordée à l’étude de documents.

Comme cela est décrypté dans « Valeurs actuelles », par le pédagogue Pierre Lunel en « remplaçant le récit chronologique par l’étude de documents », l’école a fait fausse route, déjà en aval. « Il faut revoir l’enseignement de l’histoire ». « L’intelligence de l’enfant se nourrit d’imagination, pas seulement de concepts et de notions ». Pierre Lunel affirme ainsi être persuadé « qu’on ne peut enseigner l’histoire et la faire aimer à ses élèves sans avoir le goût du récit et la passion des hommes qui l’ont faite ». Agrégé de droit romain et ancien président de l’université Paris-VIII-Vincennes, également délégué interministériel à l’orientation, ce-dernier a récemment publié un ouvrage au titre corrosif et sans détour, « La Manufacture des ânes ». Comme le constatait Michel Debré, le 30 mai 1980, devant l’Assemblée nationale, dans un gouvernement de droite alors : « Il suffit d’aller dans une école pour se rendre compte que l’histoire n’existe plus en tant que telle. L’histoire, c’est d’abord la chronologie : la chronologie a disparu. L’histoire, ce sont ensuite des récits : il n’y a plus de récits ». Max Gallo, porte-parole du gouvernement, en arrive à affirmer à l’Elysée, le 31 mai 1983, « que le président était « angoissé » par « les carences de l’enseignement de l’histoire qui conduisent à la perte de la mémoire collective des nouvelles générations ».

Certes, il y a toujours eu des cancres, « dont les sottises ont fait, dans les années 1960, le succès de Jean-Charles et d’autres humoristes », dont « certaines perles » mériteraient même d’être rappelées : « Le gouvernement de Vichy siégeait à Bordeaux » ; « Toute sa vie, Montaigne a voulu écrire, il n’a fait que des essais ». Cependant « les auteurs de ces absurdités étaient précisément des cancres, dont l’ignorance n’était pas, à l’époque, couronnée par le baccalauréat (85,4 % de réussite cette année !) ». Par ailleurs, il faut le dire, la France n’est pas l’Allemagne qui se confond avec son peuple, ni l’Angleterre, que de Gaulle ou le comte de Paris comparaient, non sans malice, à une « vielle maison de commerce ». Les Français sont liés par une histoire commune façonnée, qu’on le veuille ou non (d’ailleurs souvent par la Chrétienté). « Toute culture nationale est bénie, les nations sont les couleurs de l’humanité » (Soljenitsyne, « La Russie sous l’avalanche, 2000 »). Droite et gauche s’entendent là-dessus, ou de moins le devraient… Ce passé, ce sont nos racines, et c’est grâce à ces racines qu’une plante se nourrit et s’épanouit. « Voilà pourquoi nous devons transmettre à nos enfants ce patrimoine indivis ». De plus, l’éducation nationale a été aussi un instrument d’assimilation efficace. Si les gens ne prennent conscience de l’histoire du pays, qui les a vus naître (ou qui les accueille), la nation se délite. 

Les nouveaux arrivants doivent comprendre qu’ils participent à une histoire et à un projet commun qu’ils doivent respecter. Encore faut-il, que la France soit toutefois, fière de son passé, à regarder en face, avec ces parts d’ombre aussi comme dans l’histoire de toutes nations humaines, sûre de ses valeurs et qu’elle les transmette aux jeunes générations. Surtout à une époque, même si cela peut sembler toutefois un peu réactionnaire et rétrograde, où la conscription nationale a été suspendue, depuis 1996… Sans vouloir tomber dans la caricature, comme l’écrit, le polémique Alain Finkielkraut, pour le citer, notamment dans un récent ouvrage et dans un entretien accordé sur le sujet : « l’école est en train de devenir une petite enclave soviétique, dans notre univers démocratique… ». Mais même si l’on considère, que le niveau de formations s’est élevé (avec près de 80 % d’une classe d’âge bachelière), le rôle d’ « ascenseur social » du système éducatif est depuis les années 1980, fortement contesté.

Il est vrai que les enfants des milieux aisés, s’orientent de plus en plus vers l’enseignement privé confessionnel sous contrat, de manière quasi systématique, et cela parfois même dès le primaire. Les classes les plus défavorisées se contentent d’envoyer leurs rejetons, dans l’enseignement public, avec l’instauration d’une école à deux vitesses. « Seules les familles détiennent un capital culturel adapté permettant à leurs enfants de réussir leur parcours scolaire ». Ces nouveaux programmes de 2009-10 avaient certes, au départ, pour ambition d’opérer une synthèse entre les deux approches. Il s’agissait donc de revenir à davantage de chronologie et à l’étude des grands hommes. Mais c’était sans compter sur les résistances de la gauche syndicale. Ainsi la liste des grands hommes prévus de Philippe Auguste à de Gaulle est passée à la trappe. Le règne de Louis XIV est rétrogradé de la 4e à la 5e.  « Le Roi-Soleil ne nous darde plus de ses rayons ». Louis XIV est également étudié dans un cadre plus vaste, de la montée de l’absolutisme en Europe au XVIIe siècle (pourquoi pas ?). Mais seulement, l’on apprend qu’il se retrouve par contre, en fin de programme… Autant dire que les collégiens n’arriveront jamais à cette mise en perspective, fusse-t-elle intelligente et intéressante. Quant à Napoléon, il se retrouve toujours en 4e, dans l’ensemble consacré à la Révolution française ; mais n’y est évoqué aucune de ses batailles. « Le seul rival de Jules César et d’Alexandre »  est donc étudié pour son code civil, ses lycées, ses préfets et sa légion d’honneur. En revanche, une place est accordée à la dynastie chinoise Han, à son apogée…

Comme le dit M. Zemmour : « Au bout du compte, rien n’est plus approfondi et l’on se contente d’un saupoudrage culturel, livrant une maigre base », surtout aux élèves des milieux les plus simples et défavorisés… Dans les décennies à venir, dans cette société post-soixante-huitarde, le fossé du savoir sera de plus en plus creusé entre les uns et les autres…

                                                                                                                                                         J. D.

Le nouveau paysage syndical français : une recomposition de façade

Classé dans : Economie,Politique — llanterne @ 14:29

Le nouveau paysage syndical français : une recomposition de façade dans Economie latern

C’est un grand classique de la rentrée, des mouvements sociaux paralysent la France avec son cortège de défilés, la pléthorique fonction publique et ses syndicats, se rappelant ainsi à notre bon souvenir. La journée du 7 septembre 2010 fut ainsi marquée par les défilés syndicaux à Paris (environ 2 millions de manifestants réunissant « CGT et CFDT », environ 1,3 million, selon la Préfecture de Police). Dans les faits, le paysage syndical français a connu de sérieux et profonds changements, ces derniers temps, les plus significatifs en France depuis la Libération… Mais au milieu de tout cela, qu’en est-il de la réalité du syndicalisme aujourd’hui ?

La récente législation a en effet abandonné les références datées à la résistance et à la guerre, ne restent que les seuls critères démocratiques. Depuis la loi du 21 août 2008, les règles de représentativité syndicale ont en effet changé. Désormais ce sont les élections en entreprise qui vont la conditionner au niveau du secteur privé, des branches professionnelles et au niveau inter-professionnel, mettant fin à une représentativité syndicale figée à l’après-guerre, le paysage syndical français ayant très significativement évolué depuis. Il était certes temps. Les syndicats sont désormais rémunérés non plus au regard de ces conventions passées, mais au regard de leurs poids actuels (représentativité réelle).

Mais toujours est-il que le syndicalisme français a toutefois la particularité, encore en 2010, de compter le plus grand nombre de syndicats, pour le plus petit nombre de syndiqués (seulement deux millions de syndiqués en France, sur vingt millions de salariés ; contre à titre de comparaison : 28 % de syndiqués outre-Rhin, principalement réunis dans le syndicat DGB). Mais plus pour très longtemps. Derrière les slogans pour la retraite à 60 ans, dont on se demande parfois s’ils y croient vraiment, Bernard Thibault et François Chérèque, les secrétaires généraux de la CGT et de la CFDT, tentent ainsi surtout d’installer leur domination sur le paysage syndical français ; un véritable quondominium. Cette alliance CGT / CFDT, a ainsi au moins le mérite et l’avantage pragmatique de la complémentarité. A eux deux, ils font un syndicat à peu près sérieux et présentable.

La CGT tient ses bastions dans les services publics, l’énergie, les transports, la CFDT est plus présente dans le post – industriel : les services et le grand commerce (grande distribution). La Confédération générale du travail (ou CGT), un des plus vieux syndicats français, qui faisait partie des cinq confédérations de syndicats de salariés français considérées comme représentatives par l’Etat, est celle qui a obtenu le plus de suffrages (34 %) aux dernières élections prud’hommales de décembre 2008. La Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC), syndicat de salariés français se référant à la morale sociale chrétienne, depuis la récente loi se veut encore le deuxième syndicat à l’échelle nationale.

« A ce petit jeu, la CGT et la CFDT écrasent leurs rivaux (CFTC, Force Ouvrière, CFE-CGC…), qui sont condamnés à disparaître », comme l’a souligné Eric Zemmour récemment sur RTL, dans son allocution matinale. C’est pourquoi, ils ont soudé leur alliance « de la carpe et du lapin » ; et les cégétistes ravalent leurs sarcasmes sur la CFDT  et notamment sur sa propension à négocier, à tout bout de champs. Ce compromis ravit le conseiller en relations sociales de l’Elysée, Raymond Soubie. Ce sexagénaire est l’actuel conseiller (en matière sociale) du président de la République, Nicolas Sarkozy. Il se voit chargé, depuis 2007, de la délicate mission d’apaiser les tensions à la faveur des réformes gouvernementales prévues et promises, par sa connaissance du paysage syndical français et ses puissants réseaux et appuis, notamment au sein du Medef.

Cet ancien élève de l’ENA, a été formé à rude et bonne école. Entré au cabinet du ministre du Travail Joseph Fontanet en 1969, il a été le conseiller social de Jacques Chirac à Matignon de 1974 à 76, puis de Raymond Barre, premier ministre de Giscard. Avec l’arrivée de Mitterrand, en 1981, Raymond Soubie s’était reconverti dans le privé, en apportant ses compétences dans la direction du groupe de presse Liaisons, spécialisé dans le social, de 1982 à 1991. Avant de fonder en 1992, le cabinet de conseil en ressources humaines Altedia, cabinet conseillant les entreprises pour les restructurations, la gestion des carrières et la communication, tout en restant proche des sphères du pouvoir. Proche de Fillon, il a conseillé le gouvernement Raffarin, à l’époque, sur l’épineuse réforme des retraites. M. Soubie a en effet, « besoin de partenaires sociaux responsables, qui fassent passer des compromis dans le cadre d’une démocratie sociale apaisée », dixit M. Zemmour, à l’heure actuelle. « Ce vocabulaire, ces concepts sont nés dans les années 1970 ». Raymond Soubie était déjà, à l’époque, conseiller dans les cabinets de Jacques Chirac, puis de Raymond Barre.

Un gouvernement a besoin de « syndicats puissants », pour pouvoir négocier. C’est en tout cas, ce que fait ainsi semblant de croire l’Etat et le grand maître des relations sociales à l’Elysée, M. Raymond Soubie. Mais en réalité, en effet cette subtile ingénierie sociale a été balayée par la mondialisation, les délocalisations, le chômage de masse et la création de grands groupes mondialisés, employant à l’étranger. L’internationalisme a été littéralement renversé. C’est dire, il est vrai « dans ce terrible renversement » de la donne  même les puissants syndicats allemands, au bout du compte, ont dû reculer… 

                                                                                                                                                         J. D.

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